Série : 1L, 1ES, 1S
L’Union européenne et ses territoires dans la
mondialisation.
Aux yeux de certains observateurs
internationaux, l’Union européenne est un objet politique non identifié. Il
s’agit en même temps d’une instance de
gouvernance politique mais aussi d’une organisation
régionale économique. C’est même sur ce plan là qu’a débutée sa
construction avec la mise en place de la Communauté
Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) en 1951. Il est donc logique que cette
organisation s’inscrive dans le processus de mise en relation des différentes
parties du monde lié au développement des échanges dans de nombreux domaines. Réunissant désormais 27 Etats, ce vaste
ensemble comprend des territoires d’une grande diversité. On entend par territoire des espaces délimités,
appropriés et aménagés par des sociétés.
On peut donc se demander pourquoi et comment
l’Union européenne s’insère dans les flux de la mondialisation. On peut
également s’interroger sur la place des territoires qui la composent dans la
mondialisation. Sont-ils également
intégrés ? Jouent-ils le même rôle dans la participation de l’Union
européenne ?
I L’Union européenne
est une organisation régionale …
a) … économique cherchant à développer les échanges
Ce sont d’abord les productions de charbon et
d’acier qui sont mises en commun avec la création en1951, de la CECA. Le traité d’Union lancé à Messine en
1955 se concrétise à l’occasion du traité de Rome en
1957 par la mise en place du Marché Commun : La Communauté Economique Européenne (CEE).
La CEE ne rassemble alors que six pays. En 1992 est adopté le traité de
Maastricht. En 1993, le marché commun devient un marché unique
sans frontières intérieures. En 1999 est
créée une monnaie unique, l’Euro. Elle doit permettre de faciliter les
échanges. La Banque centrale
européenne (BCE) dont le siège est à Francfort est établie. Elle est
indépendante des gouvernements, elle définit la politique monétaire et veille à
la stabilité des prix. En 2002, les euros entrent en circulation
dans 12 pays (Ils sont 17 désormais).
La libre circulation des personnes se met
progressivement en place. Les accords de Schengen signés en
1985, rentrent en vigueur en 1995. Ils permettent une libre circulation des
ressortissants des pays membres Ils concernent aujourd’hui 22
pays et 4 Etats associés. Dans un autre domaine, on constate
que la politique agricole commune (PAC) est réorientée pour
une plus grande insertion dans les flux mondiaux. D’abord très protégée avec le
système des prix minima garantis et la préférence communautaire pour subvenir
aux besoins de la population, l’agriculture est désormais moins subventionnée et
plus exposée à la concurrence. Les prix
de soutien se rapprochent des cours
mondiaux.
Marché
commun :
non donné à l’Union douanière de la CEE.
Union
douanière :
zone de libre échange tarif extérieur commun (schéma)
Marché
unique : Union
douanière avec libre circulation des hommes et des capitaux
b) …non sans connaître quelques limites
La logique d’intégration dans les flux de la
mondialisation peut cependant connaître des limites. Ainsi les accords de
Schengen prévoient également un renforcement
des contrôles aux frontières extérieures. Il s’agit en effet de limiter les flux migratoires externes. Par
ailleurs, le programme FRONTEX cherche à coordonner l’action
contre l’immigration illégale.
L’Union européenne est également capable de
prendre des mesures protectionnistes
même dans le contexte de libéralisation
des échanges dans le cadre de l’OMC. C’est le cas lorsqu’elle décide de
surtaxer les importations de panneaux solaires en provenance de la Chine
soupçonnée de dumping.
OMC : organisation mondiale
du commerce. Elle règle les contentieux commerciaux et vise une réduction
généralisée des tarifs douaniers afin de favoriser la libéralisation des
échanges.
Dumping : vente à l’étranger à
un prix inférieur à celui pratiqué dans le pays d’origine ou au prix de revient.
II ….qui participe aux flux de la mondialisation….
a) ….de marchandises et
de capitaux
L’Union européenne s’inscrit pleinement dans
les flux de la mondialisation. Dans
le domaine des marchandises, le montant
total du commerce s’élève à 4963 milliards de $ ce qui en fait la plus grande puissance commerciale au
monde avec 17% des échanges mondiaux.
Elle reçoit et émet également une
grande quantité de capitaux. Elle représente 42 % des flux de capitaux en
2009. Ce rôle majeur s’explique par le poids de l’Union européenne dans l’économie
mondiale. Elle réalise en effet 28 %
du PIB mondial. Les principaux partenaires économiques de l’Union
européenne sont nord-américains ou asiatiques.
A ce titre, l’Union européenne est l’un
des trois pôles majeurs de la triade selon l’expression de Kenichi Ohmae. Mais grâce à des
accords comme la Convention de Lomé (1975) ou l’initiative
« tout sauf les armes » (2001), l’Ue développe également les échanges avec les
pays en développement.
On observe cependant que les 2/3 des échanges commerciaux se font entre
Etats membres. On parle donc à ce titre de continentalisation ou de régionalisation
des échanges. Le même phénomène s’observe également en Asie orientale.
Continentalisation : tendance au
développement des échanges sur un continent ou entre les pays d’une des aires
de puissance de l‘économie mondiale.
IDE :
Investissements directs à l’étranger. Création ou achat de firmes commerciales,
industrielles ou financières à l’étranger.
Initiative
« tout sauf les armes » : initiative de 2001 destinée à ouvrir le marché européen aux importations
en provenance des pays les moins avancés.
b) …. de personnes
Dans l’Union européenne, la mobilité des ressortissants est une priorité. A titre d’exemple,
les projets Comenius , Leonardo ou Erasmus sont destinés à favoriser les échanges de jeunes lycéens , étudiants ou apprentis
entre les Etats membres. L’harmonisation des diplômes s’inscrit également dans
cette logique. D’une manière plus générale,
dans l’Union européenne, 5 des 17 millions d’étrangers sont des étrangers communautaires.
Par contre depuis 1974, les pays membres de l’Union
européenne ont des politiques plutôt
restrictives en matière d’immigration externe. L’Union européenne reste
cependant attractive. Son solde migratoire est largement positif avec près de
900 000 personnes par an. 1/5 des immigrés du monde vivent dans l’Ue.
c)
…d’informations.
Même si elle peut connaitre un certain retard en matière
de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) la
stratégie de Lisbonne établie en 2000 vise à le rattraper et à développer l’économie de la connaissance. L’objectif
est de consacrer désormais 3% du PIB à la
recherche-développement. Les efforts s’avèrent cependant insuffisants. En 2009, l’Ue
a consacré 1,9% de son PIB à la recherche-développement, contre 2,8% aux EU et 3,4
au Japon.
NTIC :
technologies du traitement et de la diffusion des informations (internet,
téléphonie mobile, etc)
Recherche-développement : recherche destinée a avoir
des retombées rapides dans le domaine de la production.
Economie
de la connaissance : économie rassemblant toutes les
activités de production de connaissances (recherche, éducation, formation,
industries de hautes technologie, etc..)
III Mais ses
territoires sont différemment intégrés dans la mondialisation.
a) Certains sont des
espaces de contact.
Les grandes
métropoles sont souvent des nœuds de
communication. L’Union européenne compte ainsi plusieurs hubs de dimension mondiale. On peut
citer par exemple, les plateformes aéroportuaires
de Londres (LHR : 40 M de passagers/2012), Paris (CDG : 60 M) et
Francfort (FRA : 30 M) qui sont situées parmi les premières
mondiales. L’Union européenne est
également mise en relation avec le reste du monde par des ports qui sont autant de synapses
ouvertes sur le reste de la planète. Au nord-ouest, les ports de la northern range forment une importante interface
qui relie un arrière pays drainé par l’axe
rhénan à un avant pays constitué
par l’ensemble du monde. Rotterdam reste à ce jour le premier port européen
avec 440 M de tonnes de marchandises en 2012.
L’inégale intensité du trafic dans
ces ports s’explique par l’inégale extension de l’arrière-
pays, par les différents niveaux d’activité qui les caractérisent
et par l’inégale qualité du maillage de voies de communication qui les drainent.
Il existe également des hubs portuaires. L’un des plus remarquables est celui de Gioia Tauro. Situé en Calabre, sur l’axe Suez –Gibraltar, ce port a un trafic de conteneurs proche du million
d’EVP. Il a été développé avec des fonds
structurels européens.
EVP : equivalent vingt
pieds. Unité de mesure du trafic de conteneurs.
Hub : aéroport qui
met en effet en relation des lignes court et moyen-courriers
avec des lignes long-courriers.
Arrière-pays (Hinterland): partie
continentale en arrière d'un port maritime constituant son aire
d'approvisionnement et de desserte.
Avant-pays (foreland) : espace outre-mer constitué par les partenaires
commerciaux du reste du monde.
Maillage : organisation en
réseau des voies de communication.
Interface : zone de contact
entre deux espaces différents, animée par de nombreux échanges et qui marque
également une discontinuité. schéma .
Synapse : zone de
contact entre deux territoires.
b) Des régions intégrées
Certains territoires sont mieux intégrés que
d’autres dans la mondialisation. Il s’agit notamment des métropoles de premier
rang de la hiérarchie urbaine. Particulièrement bien connectées les unes
autres grâce à un réseau efficient de communication, elles constituent ce que
Guy Baudelle appelle la « Pieuvre Rouge ». Les premières d’entre elles
participent même à l’Archipel Mégalopolitain
Mondial identifié par Olivier Dollfus. Il s’agit
des deux villes mondiales européennes Londres et Paris.
La dorsale
européenne ou Banane Bleue selon
Roger Brunet est le cœur économique de l’Union européenne. Elle concentre 60%
de l’activité européenne. Elle est particulièrement industrialisée et
urbanisée. Elle est traversée par l’axe
majeur européen.
En France, la dorsale européenne est en
quelque sorte doublée par un axe bifide
qui relie Lille et Le Havre à Marseille en passant par Paris. Bien que
l’intensité du trafic soit moindre que le long de la mégalopole, il s’agit
également d’un axe majeur européen.
c) …d’autres qui le sont
moins.
Certains
territoires sont en situation périphérique. Le niveau d’équipement en
infrastructures de transport est moins grand et le réseau de communication est
moins dense. Mais même dans les PECO,
on observe la présence de métropoles particulièrement bien intégrées dans la
mondialisation. Ainsi des villes comme
Vilnius en Lituanie ou Riga sont parmi les mieux connectées au monde
grâce à internet.
Il existe également des régions relativement enclavées ou marginalisées qui correspondent
aux régions de montagnes, aux espaces les moins densément peuplés ou aux
extrémités de la péninsule européenne. Pour désenclaver ces territoires et
améliorer les liaisons trans-européennes, l’Union
européenne a lancé, en 2003 ,30 projets
prioritaires de transports. Ils sont à 80 % ferroviaires. Parmi ces projets
prioritaires, on peut citer le projet polémique de traversée des Alpes entre
Lyon et Turin.
PECO : pays d’Europe
centrale et orientale.
Conclusion :
Oui l’Union européenne participe donc bien à
la mondialisation. Les échanges sont même inscrits dans ses fondements. Ils se sont développés entre les Etats
membres. On observe d’ailleurs une forme de régionalisation. Mais d’une manière
plus générale, l’Union européenne s’inscrit également dans les flux mondiaux. C’est
une puissance productrice, financière et
commerciale majeure. C’est un pole de la triade. Cette insertion dans l’espace
économique mondialisée est permise par des infrastructures et des espaces de contact performants. Il existe cependant
également en Europe des territoires moins intégrés dans la mondialisation,
faute d’équipements ou en raison de l’éloignement.
Auteur : Nérée Manuel
Dernière
mise à jour :
06/13