Le climat, enjeu des relations
internationales : les accords internationaux (Sommets de la Terre, COP…)
Un an après la 28ème
édition de la Conférence des parties (COP 28), quelques semaines après la
réélection à la présidence américaine du climatosceptique Donald Trump, il peut
être intéressant de se pencher sur la naissance et l’affirmation d’une forme de
gouvernance climatique.
Comment les Etats
ont-ils pris conscience de la nécessité d’une gouvernance globale pour traiter
la question climatique ? De quels moyens se sont-ils dotés pour coopérer
dans ce domaine ?
Gouvernance : Le terme « gouvernance » est né dans les
années 30 dans le milieu des économistes américains pour évoquer
l’administration des entreprises. Il finit par désigner un mode de gestion
des affaires communes impliquant les individus, des acteurs publics et privés,
des institutions officielles, des états ou des collectivités. La gouvernance
peut alors reposer aussi bien sur des accords, des normes juridiques que sur
des arrangements informels. Dans les années 80, il connait un certain
succès à l’heure où les libéraux remettent en cause l’efficacité du pouvoir
exercé par les formes traditionnelles de gouvernement. Le terme gouvernance est
discutable car il est mal défini et son interprétation dépend du contexte dans
lequel il est employé. Par ailleurs, le terme de gouvernance renvoie avant tout
à une obligation d’efficacité, alors que celui de gouvernement implique que le
pouvoir est légitime et responsable de la politique qu’il mène.
I Au temps de la prise de conscience…
a)
…Dans les années 70,
…, les Etats prennent consciences des enjeux
environnementaux et climatiques. Cette prise de conscience est ensuite relayée
au niveau des instances dirigeantes
internationales. En 1972 a lieu à Stockholm,
le premier Sommet de la Terre. C’est lors de la Conférence de Genève de 1979 que l’idée d’un traité international
sur le climat apparaît. Il s’agit de la première conférence mondiale sur le climat. En 1987 le rapport Bruntland, rédigé sous l’égide de
l’ONU, met en lumière la notion de développement
durable.
Développement
durable :
il s’agit d’un développement qui permet de satisfaire aujourd’hui les besoins
des populations sans compromettre les capacités des générations futures à en
faire autant. L’environnement, la société et l’économie sont les trois piliers
du développement durable.
b)
Dans les années 80-90,
…sont
mises en place des institutions.
Progressivement, l’ONU et ses
différentes agences s’imposent comme les acteurs majeurs dans ce domaine.
En 1988, l’ONU mandate un certain
nombre de scientifiques pour observer l’évolution du climat. Il s’agit du GIEC (Groupe
d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Les membres du
GIEC observent ainsi un réchauffement climatique depuis l’industrialisation et
une accélération depuis les années 70 en moyenne 0.17° par décennie.
En 1992, le
sommet de la terre de Rio définit un programme
d’action pour le développement durable au XXIe siècle, l’Agenda 21. Il s’agit d’un « code des bonnes
pratiques » en 27 principes pour le climat, l’environnement et le
développement. Il formule des plans
d’action dans des domaines variés (pauvreté santé, qualité de l’air gestion des déchets, logements). Depuis le sommet de la terre de Rio en 1992, le
GIEC insiste sur la nécessité de limiter à 1.5° C le réchauffement global par
rapport à l’ère industrielle pour limiter au maximum les effets du changement.
A
l’occasion du sommet de Rio, les
Etats ont signé une convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) qui prévoit
l’organisation de conférences
annuelles des parties. C’est la naissance des COP. Elles accueillent les représentants de 195
pays et des acteurs variés comme des entreprises, des lobbies et des ONG. A
partir de 1995, les COP deviennent
annuelles.
II …succède celui des engagements.
a)
…à Tokyo
La COP3
se tient à Tokyo en 1997. A cette occasion est adopté un texte, le protocole de Kyoto qui fixe les premières mesures contraignantes. Pour la première fois, dans un
contexte où le multilatéralisme
semble possible, de nombreux Etats ,dont la France, signent un protocole et s’engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de
serre d'au moins 5% par rapport aux niveaux de 1990 durant la
période 2008-2012. Le protocole est entré en vigueur en 2005.
Mais à l’époque, les engagements des accords de
Kyoto ne concernaient que les pays
développés et certains Etats ont refusé de ratifier ces accords. Il s’agit
notamment de la Chine, la Russie, le Japon, le Canada et les Etats-Unis.
b)
…puis Paris.
A la COP 21 de
Paris de 2015, les acteurs représentés sont plus nombreux et diversifiés.
Aux Etats et aux groupes d’Etats comme les Etats insulaires concernés par la montée des
eaux, s’ajoutent des citoyens, des métropoles ou des régions. Sont
également représentés des FTN et des ONG.
Pour la première fois, la COP 21 détermine un cadre universel
de coopération internationale. Ce qui en fait un accord historique. Elle fixe comme objectif global la une
limitation du réchauffement climatique entre 1.5 et 2 d’ici 2100.
Cependant, elle permet aux Etats de déterminer eux-mêmes leurs engagements au
niveau national. Pour certains, cet
objectif manque d’envergure compte tenu de l’urgence climatique.
A l’occasion de la COP 21, certains pays du sud longtemps réticents ont fini par soutenir la politique de limitation des émissions de
GES. La COP 21 fut donc ratifiée par 195 pays dont les Etats-Unis. Mais en
2017, le président américain républicain Donald Trump a annoncé le
retrait des Etats-Unis de la COP 21. Depuis, son successeur démocrate Joe
Biden a permis aux EU de réintégrer cet accord. En janvier 2025, Donald
Trump a enclenché à nouveau le processus de sortie de l'Accord de Paris.
c)
Les enjeux de la COP 28
Après Paris, les COP n’ont pas abouti à des
engagements nouveaux et les objectifs de réduction des GES ne sont pas
atteints. De façon paradoxale, c’est à Dubaï, pays exportateur d’hydrocarbure,
sous la présidence du sultan Al Jaber, que se réunit la COP 28.
Les enjeux des discussions sont les
suivants :
La réduction
de la production de ressources non-renouvelables.
Le développement
des ressources renouvelables.
L’aide aux
pays en développement
qui subissent la crise climatique et qui doivent aussi lutter contre le
dérèglement climatique.
L’indemnisation
des victimes des pays vulnérables face aux catastrophes climatiques.
Finalement le 13 septembre, les parties réunies
signent un accord qui pour la première fois fixe un objectif de sortie des
énergies fossiles. Mais pour l’instant l’engagement ne porte que sur une
transition dans cette direction. Le texte prévoit un triplement des énergies
renouvelables et compte sur le nucléaire pour réduire les GES. Le texte
réaffirme l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Pour un bilan plus
complet :
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/breves/quel-bilan-pour-la-cop-28
Depuis, les décisions
de la COP 29 qui s’est tenue en novembre 2024 à Bakou ont été jugées
décevantes par de nombreux pays dont la France. Elles prévoient cependant
un triplement de l’aide financière aux pays en développement victimes des
effets du réchauffements climatique, de 100 milliards à 300 milliards de $/an.
Conclusion : Après la prise de
conscience des années 70, la réponse
institutionnelle a donné l’espoir d’une forme de multilatéralisme dans la
gestion de la question climatique.
Aujourd’hui, malgré les différentes COP, des formes d’unilatéralisme
demeurent, chaque Etat défendant ses intérêts. A final, les résultats de la
coopération internationale en matière de lutte contre le réchauffement
climatique ne sont pas à la hauteur de l’urgence de la situation.
Climatosceptique : individu ou Etat
niant l’importance du réchauffement climatique actuel ou la responsabilité des
sociétés dans ce phénomène.
Neutralité
carbone :
l'équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption du carbone de
l'atmosphère par les puits de carbone