Mémoires et histoire d’un conflit : la Guerre
d’Algérie
Rappel : La « guerre
d’Algérie » est un conflit qui dure de 1954 à 1962. On pourrait dire qu’elle oppose une métropole, la France, à sa colonie, l’Algérie, désireuse d’accéder
à l’indépendance. Mais ce serait très réducteur. En effet, cette guerre asymétrique
est aussi une guerre civile qui
oppose des algériens entre eux.
S’affrontent, par exemple, ceux qui font le choix de la France appelés par
extension les "harkis", et les partisans de l’indépendance. Par
ailleurs, parmi ces militants, les membres du FLN combattent les partisans du MNA. Ce conflit divise
également les français. Il y a ceux qui restent attachés au maintien de
l’Algérie française et ceux qui acceptent, voir soutiennent l’accession à
l’indépendance de ce territoire. En 1958, De Gaulle arrive au pouvoir,
soutenu par les partisans de l’Algérie française. Il amorce pourtant un
processus qui aboutit à l’indépendance
de l’Algérie. Le bilan du conflit s’avère particulièrement lourd.
L’historien Guy Pervillé estime à 300000 le
nombre de victimes côté algérien dont 150000 à 250000 civils, et à 30000, le
nombre de victimes côté français (dont 2800 civils). 420 000 "Harkis"
restent, bien obligés pour la plupart, en Algérie. Ces chiffres font cependant
l’objet de controverses entre historiens et de part et d’autre de la
Méditerranée. Ces divergences témoignent du fait que tout le monde ne s’accorde
pas sur le récit de ce passé
douloureux.
La mémoire
et l’histoire s’emparent de ce récit. La mémoire se distingue par son caractère
subjectif tandis que l’Histoire cherche à être une science humaine objective. La
mémoire peut être individuelle. C’est la mémoire de
chacune des personnes concernées par l’événement. Elle peut aussi être collective lorsqu’un groupe développe
un récit commun sur le passé. On parle alors de groupe porteur de mémoire. Mais la mémoire peut également être plurielle lorsque ces récits sur ce
même passé ne concordent pas. Dans ces conditions, la mémoire collective peut être définie comme une pratique sociale
ayant pour objet la représentation du passé et l'entretien du souvenir.
L’Histoire, elle, est une pratique qui cherche à retranscrire la vérité en
confrontant les sources, en utilisant les archives par exemple. Mais cette
science humaine a des limites. Pierre Nora dit d’elle qu’elle « […] est la reconstruction toujours problématique et
incomplète de ce qui n'est plus ». L’Histoire est donc une construction qui repose sur les capacités
de recherche du moment. Le récit historique n’est donc pas définitif même s’il
cherche à faire émerger une vérité incontestable.
Pb : Quelles sont
donc les mémoires de la guerre d’Algérie ? Quelles relations
entretiennent-elles entre elles ? Dans ce contexte, les historiens
peuvent-ils faire entendre un discours dépassionné reposant sur des réalités
vérifiées ?
MNA : Mouvement National Algérien fondé par Messali Hadj.
FLN (Front de Libération Nationale): parti nationaliste
créé entre autres par Ben Bella à Alger en 1954. Son groupe armé s’appelle l'ALN (Armée de Libération
nationale)
Mémoire : pratique individuelle
ou collective, à caractère subjectif,
ayant pour objet la représentation du passé et l'entretien du souvenir.
Histoire : science
humaine qui cherche objectivement, en confrontant les sources, à établir un
récit rigoureux sur la réalité du passé (pour approfondir la définition de
l'histoire, cliquez
ici).
Guerre
asymétrique :
conflit opposant des forces déséquilibrées en puissance et différentes par
leurs organisations. Exemple :
guérilla opposant un groupe limité de combattants sous équipés mais très mobilisés
à une armée régulière de type colonial ou impérialiste.
Harkis : en principe il
s'agit de supplétifs ("auxiliaires") de l'armée française engagés
dans des "Harka". Mais en réalité le terme a fini par désigner tous
les français "musulmans" d'Algérie qui ont fait le choix de la France
pendant la guerre d'Algérie, c'est à dire les supplétifs (Harkis, Mokhaznis, etc), les soldats
réguliers (engagés et appelés), et les
fonctionnaires et élus soit au total environ 450 000 personnes.
I (1962-1982) La divergence
initiale des mémoires officielles de part et d’autre de la Méditerranée ...
a) En Algérie, la mémoire
est alors mythifiée
« Nous avons très longtemps travaillé la photo en laboratoire pour
qu’elle ressemble à l’image télévisée ou à celle des grands reportages dans les
hebdomadaires. Ainsi le spectateur se sent-il concerné » Gillo Pontecorvo, in Le
Nouveau Cinémonde,
n°1840,
ed. SFEPI, 1970.
En 1965, les militaires sont au pouvoir en
Algérie et le FLN devient un parti unique. Pour P. Baum, "le" nouvel
Etat " [met] l'histoire au service
de la construction de sa propre légitimité" et impose une forme d’unanimisme autour du récit officiel
de la «révolution nationale». Ce discours repose sur le mythe de l’unité du peuple algérien pendant
la guerre d’indépendance. Il exalte les temps
forts du combat des hommes et des femmes du FLN pour l’indépendance comme
l'embuscade de Djerrah (Palestro)
qui fit 17 morts parmi les appelés français le 18 mai 1956. Les cérémonies se multiplient. En 1982 est
érigé un Mémorial du martyr en
hommage aux morts de la « guerre
d’indépendance ». Guy Pervillé parle à ce sujet d’une forme d’hypermnésie. Benjamin
Stora et Mohamed Harbi
évoquent une frénésie commémorative.
Cette mémoire officielle occulte les
faits concernant les divisions politiques parmi les militants
indépendantistes. Par exemple, le massacre
de Melouza, perpétré en en 1957 au cours duquel
des membres du FLN ont assassiné des villageois restés fidèles au MNA, n’est
pas évoqué. Cette mémoire insiste sur
les violences commises par l’armée française et les partisans de l’Algérie
françaises. Ainsi le FLN, soutient la réalisation du film de Gillo Pontecorvo primé à la biennale de Venise en1966 : La bataille d’Alger. Cette mémoire sélective évoque moins les
exactions commises par l'ALN comme la mutilation
des victimes de Palestro. Même si les Historiens doutent de l'ampleur
de ces mutilations [Raphaëlle
Branche. Un exemple intéressant de réflexion sur la valeur des sources. ]
b) En France, elle est « ensevelie » [Benjamin
Stora]
" Les vérités que
l'on tait deviennent vénéneuses" Nietzsche
En France, la sortie du film La Bataille d'Alger en salles est
compromise par l’action d’associations de rapatriés et d'anciens combattants.
Le film n’est diffusé à la télévision qu’en 2004. D’une manière plus
générale, les autorités françaises
semblent occulter certains aspects de ce qu’on appelle jusqu’ alors «les événements» d’Algérie. Les faits de
tortures sont niés ou présentés comme exceptionnels jusqu'à une date récente.
Une forme d’amnésie, de politique de
l’oubli, semble peser sur « ce passé qui ne passe pas » [expression d’Henry Rousso
au sujet de la seconde guerre mondiale réutilisée par Benjamin Stora]. La
guerre d’Algérie est alors une « guerre
sans nom ». Il n’y a pas alors en France de cérémonies de
commémoration de la guerre d’Algérie.
c) Les rapports entre mémoires
officielles et histoire sont alors difficiles.
En France comme en Algérie se pose le problème de l’accès aux sources. Dans les deux pays l’accès aux archives est le plus souvent
interdit. En France, les travaux d’historiens sont rares, à l’exception notable du livre La torture sous la République de Pierre-Vidal Naquet. Si ces travaux existent, ils ont du mal à être
diffusés. En Algérie, le travail d’historiens non conforme au discours officiel
est censuré. Marc Ferro parle
d’une histoire sur la «guerre de la
libération» « sous surveillance ».
Les principales tentatives destinées à
informer ou à sensibiliser le grand public sur cette histoire sont le fruit
d’efforts de journalistes , comme Yves Courrière qui publie avec succès
une Histoire de la guerre d’Algérie ou encore de cinéastes comme René Vautier, réalisateur en 1972, d’un film intitulé Avoir
20 ans dans les Aurès. A cette époque,
La visite de Valery Giscard d’Estaing, en
1975 est l’un des rares signes de rapprochement entre les deux pays alors.
II…n’empêche pas l’émergence de groupes
porteurs de mémoires rivales voire conflictuelles (ensemble de la période).
On
observe progressivement la mise en place d'une concurrence entre groupes porteurs de mémoires. Leurs
mémoires peuvent parfois s’opposer. Benjamin Stora parle à ce sujet de « guerre des mémoires ».
a) La mémoire ignorée des rapatriés d’Algérie
Les rapatriés
d’Algérie qu’on appelle communément les « pieds noirs » sont près de 700000 en 1962. Ils s’organisent
progressivement pour faire entendre leurs voix. Beaucoup d’entre eux évoquent un retour difficile en métropole
à la suite de l’indépendance de l’Algérie en 1962. Nombreux sont ceux qui se
considèrent comme trahis par De Gaulle et son choix d’accepter
finalement l’indépendance de l’Algérie. Plus communément se développe dans la
communauté des rapatriés d’Algérie une forme de nostalgie du passé colonial qui est présenté par elle sous un
aspect positif : la valorisation du territoire algérien, l’entente entre
les communautés, la douceur de vivre de l’autre côté de la méditerranée.
Certains parlent de « nostalgérie »
Pieds-noirs : habitants de
l’Algérie d’origine européenne.
Rapatriés : ensemble des
personnes en provenance d’Algérie réfugiées en France.
b) La mémoire ignorée des
harkis.
" Nous ne devons
pas nous laisser envahir par la main d'œuvre algérienne, qu'elle se fasse
passer ou non pour des harkis ! Si nous n'y prenons garde, tous les algériens
viendraient s'installer en France".
De Gaulle,1962, propos rapportés par Alain
Peyrefitte.
Au moment de l’indépendance, les « harkis», supplétifs musulmans de
l’armée française, sont
"abandonnés" [réflexion d'A. Moumen sur
le terme] en Algérie et massacrés pour certains
par le FLN. Le bilan avancé pour ce massacre est compris entre 10000 et
150000. Certains historiens retiennent le chiffre de 70000 victimes. Les
quelques 42 000 " harkis" qui parviennent à venir
officiellement en France sont
rassemblés dans un certain nombre de camps, des cités ou dans quelques communes
rurales comme à Mirande où 21 familles furent installées d'abord dans des
tentes puis dans des maisonnettes. Les anciens supplétifs de l'armée française,
souvent d'origine paysanne, sont alors employés à des activités de forestage
dans la forêt de Berdoues. Souvent, les conditions de
vie sont difficiles et les chances d’intégration sont limitées. Dans ce
contexte, les harkis et bientôt leurs enfants réclament à partir des années 70
d’être mieux pris en compte par les
pouvoirs publics. A Mirande en 1971, le hameau est rasé. En Algérie, les
harkis restent présentés comme des
traîtres comme en témoigne cet extrait de manuel scolaire Algérien publié
dans les années 2000 : « Des groupes de personnes ont préféré se vendre à
l’ennemi et combattre leurs propres frères, déjà lors des premières révoltes du
XIXème siècle, en échange d’argent, de biens, de titres. Ces groupes de harkis
ont été responsables des pires répressions contre les civils algériens. Ce sont
eux qui ont été chargés de bruler les villages, des interrogatoires, de la
torture, soit de la sale besogne de l’armée française.
c)
La mémoire des enfants d’immigrés.
Dans les années 80, les enfants de
travailleurs immigrés algériens se manifestent également. Pendant les trente glorieuses, l’industrie et
l’agriculture françaises ont fait appel à cette main d’œuvre pour soutenir
l’effort économique. Or, dans le contexte de la crise des années 70-80
(stagflation), les enfants d’immigrés
peinent à se faire une place dans la société française. Ils souhaiteraient
également qu’un autre discours soit tenu sur la guerre d’Algérie et sur la
colonisation. Ils rappellent, notamment, que la mise en valeur coloniale de
l'Algérie s'est faite pour beaucoup en expropriant et en exploitant des
Algériens musulmans dépossédés de leurs droits.
La « marche des Beurs »
en 1983, traduit en partie ce malaise.
Groupe porteur de
mémoire :
ensemble d’individus partageant une même mémoire collective.
d) La mémoire des anciens combattants.
«Oh moi ! rien » : réponse
d’un appelé interrogé sur son rôle pendant la guerre d’Algérie dans le film de
Jacques Rozier : Adieu Philippine
Les soldats français mobilisés pendant la guerre d’Algérie souhaitent être reconnus comme des anciens combattants à part entière. Ce qui n’est pas possible tant que la «guerre d’Algérie » n’est pas considérée officiellement comme telle. Des associations d’anciens combattants sont créées comme la FNACA. Certains soldats témoignent de leur expérience combattante dans des ouvrages qu’ils publient. Mais chez les appelés qui furent obligés de faire leur service militaire en Algérie, il est parfois plus difficile de raconter. Le cas des militaires qui se sont ralliés à la cause de l’Algérie française est plus particulier (putch des généraux, OAS, etc.). Passibles de poursuites et de condamnation, ils finissent par bénéficier de plusieurs lois d’amnistie en 1962, 1968, 1974 et 1982
FNACA : Fédération
nationales des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie. Elle défend
les droits des anciens combattants.
Appelés : expression
désignant les deux millions de français appelés à combattre en Algérie dans le
cadre de leur service militaire.
Lois d’amnistie : lois qui
lèvent les peines pesant sur les militaires putschistes ou ayant commis des
actes de torture pendant la guerre d’Algérie.
OAS : Organisation Armée
Secrète, groupe politique et militaire clandestin défendant l’Algérie Française
de manière extrême, y compris terroriste.
e)
En Algérie la contestation de la mémoire du FLN.
En Algérie, également, le récit officiel sur le passé commence à être
contesté. La jeunesse algérienne a le sentiment que ce discours officiel
comporte des trous de mémoire concernant la diversité de la lutte pour
l’indépendance. Les berbères, par
exemple, victimes de la politique d’arabisation en Algérie dénoncent l’unanimisme de la mémoire officielle et rappellent la
diversité des combattants pour l’indépendance.
Dans les années 80, les
islamistes du FIS-GIA contestent brutalement l’autorité du FLN.
III. Entre crises et
convergences des mémoires (1980-nos jours)
a) Les progrès de
l’Histoire…
A partir des années 80, l’ouverture partielle de certaines archives, de nouveaux
témoignages et la volonté d’historiens français et algériens de travailler
ensemble permettent d’entreprendre un
travail scientifique rigoureux sur la guerre d’Algérie. Dans le courant des
années 90, des circulaires préconisent l'ouverture de certaines archives. En 1988, s’ouvre le premier colloque
universitaire sur la guerre d’Algérie. Jean-Pierre Rioux, Benjamin
Stora et Mohamed Harbi,
publient d’importants ouvrages sur la question. Depuis1992, les archives
publiques françaises sont en voie d'ouverture.
En 1997, le procès au cours duquel Maurice Papon est poursuivi
pour complicité de crime contre l’humanité pendant la Seconde Guerre mondiale
est l’occasion d’un rappel dans la
répression meurtrière de la manifestation organisée par la section
française du FLN le 17 octobre 1961.
Il était alors préfet de Paris. Il ne faut pas confondre cet événement avec les
violences policières qui font 9 morts au métro
Charonne en février 1962. Des
témoignages sont également publiés. En 2000, l’Algérienne Louisette Ighilahriz témoigne de la torture dont elle a été victime à 20 ans. En 2001, dans L’Humanité, le général Aussaresses reconnaît les tortures et exécutions sommaires (corvée de bois)
pratiquées par l’armée. L’ouverture ponctuelle des archives et la
multiplication des témoignages permettent à des historiens de travailler. C’est
ainsi par exemple que Raphaëlle Branche a rédigé sa thèse sur La torture et l’armée pendant la guerre
d’Algérie. En 2021, la ministre de
la Culture, Roselyne Bachelot annonce l’ouverture en 2022 des archives sur la
guerre d’Algérie.
b) …n’empêchent pas que
des tensions demeurent sur les enjeux de mémoire entre l’Algérie et la France.
Les autorités algériennes réclament une repentance unilatérale à la France pour
les exactions commises à l’occasion de la guerre d’Algérie. C’est l’objet d’un
discours que fait le président Algérien Abdul Aziz Bouteflika à
l’Assemblée nationale française le 14 juin 2000. En 2005, ce dernier qualifie
la loi sur le rôle positif de la colonisation de « cécité mentale,
confinant au négationnisme et au révisionnisme ». Finalement, en 2012, François
Hollande en visite officielle en Algérie dit de la colonisation que ce fut
« système profondément
injuste et brutal ». En 2018, Emmanuel Macron reconnait la responsabilité
de l’Etat français dans la disparition de Maurice Audin,
militant communiste français soupçonné alors d’aider le FLN. En 2021,
l’historien Benjamin Stora remet à Emmanuel Macron un
rapport sur la mémoire de la colonisation et la guerre d’Algérie dans
lequel il souhaite que la recherche historique franco-algérienne soit renforcée
et que les commémorations ne négligent aucun aspect de la guerre d’Algérie.
c) …et en France.
Les
questions mémorielles restent encore polémiques. La loi du 18 octobre 1999 permet de parler
officiellement de «guerre d’Algérie».
Les soldats ayant combattu en
Algérie peuvent donc désormais être
considérés comme des anciens combattants. En 2002, un « Mémorial de la guerre d’Algérie » est érigé à Paris. En
2003, le 5 décembre devient la journée nationale d'hommage aux Morts pour
la France pendant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de la
Tunisie. En 2003 également un décret
fait du 25 septembre, la journée nationale pour le sacrifice des harkis. En février 2005, le parlement vote une loi sur le rôle positif de la
colonisation en partie sous la pression d’associations
de rapatriés. Le vote de cette loi
mémorielle est contesté par des historiens et d’autres groupes porteurs de mémoire car le rôle de la colonisation
ne fut pas exclusivement positif. En janvier 2006, l’article de loi incriminé
est finalement abrogé par le Président de la République Jacques Chirac. En 2012, le
«19 mars» devient journée nationale du souvenir et de
recueillement à la mémoire des victimes de la guerre d'Algérie et des combats
en Tunisie et au Maroc. Si cette décision satisfait certaines associations
d’anciens combattants, elle est
contestée par les harkis et les rapatriés d’Algérie qui rappellent qu’après
le cessez-le-feu, un certain nombre de massacres
sont perpétrés par le FLN, contre les Harkis et des européens d’Algérie. Le
25 septembre 2016, François Hollande reconnait la responsabilité de l'Etat français dans l'abandon des harkis massacrés
par les nationalistes algériens après les accords d'Evian.
Conclusion : Il n’y a pas une mais des mémoires de la guerre
d’Algérie. Le caractère subjectif et émotionnel de ces mémoires explique
qu’elles s’opposent parfois les unes aux autres. Progressivement, la levée de
différentes formes de censure, l’accessibilité croissante aux sources permet
aux historiens de dépassionner certains débats et de dire la réalité de ce
conflit qui se poursuit dans les mémoires. Mais des polémiques demeurent et la
question qui reste posée est de savoir si la loi peut définir définitivement le
récit à tenir sur le passé alors que l'Histoire démontre que ce récit se
construit progressivement et rigoureusement en fonction des sources
disponibles.