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Le Proche et le Moyen-Orient : un foyer de conflits depuis la fin de la première guerre mondiale.

 

Le Moyen-Orient désigne les territoires compris entre l’est de la Méditerranée, le sud de la Mer Noire, l’Océan Indien et l’Iran. Le Proche-Orient est une partie du Moyen-Orient située entre la Turquie et l’Egypte sur les bords de la Méditerranée. Mais, nous le verrons plus loin, tout le monde ne s’accorde pas sur cette délimitation. L’intitulé officiel nous invite à étudier la région depuis la fin de la première mondiale. Il faut peut-être étendre l’étude à des époques plus anciennes pour deux raisons. La première est liée au fait que la région est un enjeu dès le début de la première guerre mondiale. La seconde résulte du poids des représentations (Y. Lacoste) dans cette partie du monde. Certaines références à un passé lointain sont donc nécessaires pour expliquer les tensions qui l’agitent. Un conflit désigne un différend entre des acteurs égaux ou inégaux à toutes les échelles (internationale, régionale, nationale, locale). Le terme ne signifie  donc pas forcément « guerre ouverte » avec affrontement militaire (B. Giblin).

 

Pourquoi le Proche et le Moyen-Orient constituent-ils un foyer de conflits depuis la première guerre mondiale ? Quelles sont les tensions qui parcourent cette région du globe ? Quelle en sont les enjeux ? Une issue est-elle envisageable ?  La paix est-elle possible ?

 

I  Acteurs et  territoires, pour une approche diatopique (B. Giblin) de la question.

 

a)     Il s’agit d’une région…

…dont les définitions ne sont pas admises par toutes les chancelleries. Ainsi les Britanniques  considèrent que le Moyen-Orient s’étend de la rive est de la méditerranée jusqu’à l’Irak et au Koweit. Pour les français, il englobe la péninsule arabique. Les américains  intègrent dans leur vision du Moyen-Orient, l’Afghanistan, le Pakistan et le Maghreb.

 

b)     …faite de territoires inégalement pourvus en ressources…

L’eau n’est pas rare, mais elle n’est pas abondante et elle est très inégalement répartie. Les gisements peuvent devenir des enjeux majeurs dans les relations compliquées qu’entretiennent les Etats de la région. C’est le cas par exemple du Golan, territoire syrien annexé par Israël. Il s’agit d’un véritable « château d’eau » pour la région. Pour continuer, la région abrite 64% des gisements prouvés de pétrole. L’Arabie saoudite détient 20% des réserves prouvées, l’Irak 12%, l’Iran 9%. Concernant Israël, des réserves ont été découvertes en Méditerranée. Le gisement Mary-B est en exploitation, le gisement Léviathan reste en réserve. Cette ressource peut motiver des conflits comme entre l’Irak et le Koweït en 1990. Le transit des ressources et des marchandises est également extrêmement important. Ceci explique le caractère stratégique du canal de Suez, du détroit d’Ormuz et de conduites comme le trans-arabian pipeline (tapline).

 

Ressources : éléments du milieu exploités par une société pour satisfaire ses besoins.

 

c)     …et marquée par un peuplement d’une grande diversité culturelle.

Le  Moyen-Orient comme d’autres régions du monde est loin d’être homogène d’un point de vue culturel. Au niveau linguistique par exemple, l’hébreu et l’arabe ont de commun d’être des langues chamito-sémitiques. Mais il faut compter aussi avec le persan en Iran et le Kurde. Le turc, lui est une langue ouralo-altaïque. Il existe une multitude d’autres langues minoritaires dans la région. Par exemple, l‘araméen y est encore parlé dans les régions du « levant ». D’un point de vue religieux, cette région du monde est le berceau des trois grands monothéismes : le judaïsme, le christianisme et l’Islam. Ces religions sont elles-mêmes divisées. C’est le cas de l’Islam. Il y a notamment des sunnites, des chiites et des druzes pour ne pas citer toutes les traditions. Le christianisme n’est pas plus homogène. Ainsi, plusieurs églises se partagent les lieux saints du christianisme à Jérusalem. Il est à rappeler que les réalités linguistiques ne recoupent pas systématiquement les réalités religieuses loin de là. Ainsi qui est arabophone n’est pas forcément musulman. C’est le cas des arabes chrétiens du Proche-Orient présents en Israël, au Liban et en Syrie.

 

d)     Cette complexité est perceptible à plusieurs échelles.

Jérusalem offre un exemple de la proximité de plusieurs communautés. Il y a dans la vielle ville un quartier arménien, un quartier arabe musulman, un quartier arabe chrétien et un quartier juif. On trouve d’autres exemples de cette proximité à grande échelle dans d’autres métropoles de la région comme Beyrouth au Liban, Bagdad en Irak ou Alep en Syrie. A plus petite échelle, la plupart des Etats présentent une certaine diversité de leurs composantes. Le Liban compte de nombreuses minorités que la constitution tente de satisfaire à travers son organisation institutionnelle. En Syrie une minorité alaouite dirige un pays peuplé de chiites, de sunnites, de chrétiens, de circassiens, de druzes, de kurdes et de juifs. Même si l’Etat d’Israël se présente comme un « Etat juif », il n’est pas plus homogène. En effet, certains citoyens israéliens sont arabes (20% de la population). Les uns sont musulmans, les autres chrétiens. Il y a également des druzes. De plus, le peuplement israélien est aujourd’hui complété par des immigrations récentes. Cette question démographique est une des préoccupations des autorités israéliennes. Pour terminer, cette présentation du rapport entre état et communauté. Il convient de rappeler que les palestiniens n’ont pas d’Etat. Certes, la représentation à l’UNESCO est reconnue depuis peu mais l’autorité palestinienne n’a qu’une souveraineté très limitée. 

 

Schéma :

 

e)     Il faut par ailleurs tenir compte des jeux d’influences dans la région.

A l’échelle régionale, Israël peut sembler isolé au milieu d’Etats qui, pour certains, lui sont carrément hostiles. Ce sentiment d’isolement est d’ailleurs renforcé par les récents accords de Genève concernant le nucléaire iranien. F.  Encel parle a ce titre de complexe de Massada. L’antagonisme avec la Syrie ou avec l’Iran est avéré. Au Liban, chacune de ces trois puissances régionales cherche à appuyer la minorité susceptible de servir son jeu. Ainsi, la Syrie et l’Iran soutiennent le hezbollah chiite. Les monarchies du golfe soutiennent, les sunnites libanais tandis qu’Israël est l’allié des chrétiens maronites.  Au-delà de cette première sphère, F. Encel démontre que l’Etat cherche à se concilier des Etats dans la région pour constituer une deuxième voire une troisième ceinture et former ainsi des alliances de revers. Enfin dans le jeu diplomatique de la région, il faut tenir compte du rôle des grandes puissances. Depuis 1967, Israël est clairement soutenu par les Etats-Unis. La Russie reste un allié fidèle de Bachar-al-Assad comme en témoigne l’impossibilité actuelle à trouver un règlement international au conflit syrien. 

 

Cette première partie a donc pour intérêt de montrer qu’on ne saurait réduire les causes des conflits dans cette région à un seul enjeu.

 

II Représentations et conflits, pour une approche diachronique (B. Giblin) de la question.

 

a)     Les représentations se renforcent sous différents empires.

Cela est perceptible à Jérusalem. Aujourd’hui le mur des lamentations-mur occidental-mur d’al-Bouraq est reconnu par les israéliens comme le vestige du temple construit par Salomon. C’est un souvenir d’Eretz Israël, le royaume  des rois David (1010-971 avant J-C) et Salomon (971-931 avant J-C). A la suite des répressions des révoltes juives de 70,115 et 135 après J-C par les romains, les juifs sont réduits à la dispersion.  Ils forment  ce qu’on appelle la diaspora. Ceux qui restent ne forment qu’une communauté minoritaire dans la région. Le territoire passe donc sous contrôle romain. C’est sous cette première domination romaine que le christianisme émerge en Judée. Il se diffuse ensuite de proche en proche dans l’empire. Aux yeux des chrétiens, Jérusalem est la ville qui abrite le tombeau du Christ (Saint Sépulcre). Au 7ème siècle les arabes musulmans conquièrent Jérusalem. Ils réalisent alors la mosquée Al Aqça et le dôme du rocher qui illustre la tradition de l’Islam selon laquelle Mahomet à la suite d’un voyage nocturne se serait élevé au ciel depuis Jérusalem. Ces éléments font de Jérusalem une ville « trois fois sainte » dont les lieux sont revendiqués par différentes communautés religieuses. Les Israéliens comme les Palestiniens veulent faire de la ville leur capitale.  Ce n’est pas le seul exemple de la force des représentations dans la région. On peut par exemple signaler l’importance des tombeaux d’Ali et d’Hussein à Najaf et à Kerbala en Irak qui sont des lieux saint de l’Islam chiite. On peut aussi évoquer ce que représente la présence de non-musulmans en terre sainte d’Arabie aux yeux des néo-fondamentalistes, compagnons de Ben Laden. Si on se doit de discuter la notion de guerres de religions dans la région tant les enjeux sont nombreux et complexes, on constate que la force de ces représentations est instrumentalisée par les plus radicaux pour mobiliser le plus grand nombre autour de leurs idées.

 

Schéma représentation 1

Schéma représentation 2

 

Diaspora : communauté dispersée dans le monde entier.

 

b)     La région passe ensuite de la tutelle coloniale ….

Au moment de la première guerre mondiale. La région est sous domination ottomane. En Palestine, vivent des arabes, les palestiniens. Quelques communautés juives sont installées là conformément à l’idéal sioniste, et tentent une mise en valeur agricole. Pour affaiblir, l’empire ottoman, membre de la triple alliance, la Grande-Bretagne promet au début de la guerre  au chef des Bédoins, le  Cherif al-Hussein un royaume arabe unifié s’il accepte de combattre les ottomans.  Elle signe en même temps avec la France les accords Sykes–Picot (1916) qui prévoient le partage des vestiges de l’empire ottoman entre les deux puissances. Le pétrole est l’un des enjeux de ce partage. En 1917, par la déclaration Balfour, les britanniques promettent au lord Rothschild la création d’un foyer juif en Palestine. L’écrivain Arthur Koestler commente cette annonce de la façon suivante : «  en Palestine, une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième ». Cela n’empêche pas les Britanniques de soutenir la grande révolte arabe contre les ottomans par l’intermédiaire de Lawrence d’Arabie. Conformément aux accords Sykes-Picot, la SDN confie à la France des mandats sur le Liban, la Syrie et au Royaume-Uni, la Palestine, la Transjordanie et l’Irak. Dans l’entre-deux-guerres, la région est le théâtre de soulèvements juifs et palestiniens comme en 1921, 1929 et 1936. C’est aussi un enjeu de la seconde guerre mondiale. Par les Protocoles de Paris signés en 1941, le régime de Vichy cède aux Allemands l’usage de bases en Syrie. Il faut dire qu’il s’agit pour ces derniers de contester la suprématie britannique sur l’Egypte et sur l’Irak. A la fin de la guerre, après la shoah et la participation de 26 000 juifs de Palestine aux combats aux côtés des troupes britanniques la revendication d’un Etat juif prend plus de force encore. Mais les Anglais sont embarrassés par cette question comme en témoigne l’épisode de l’Exodus en 1946 au cours duquel des rescapés de la Shoah sont empêchés de débarquer en Palestine. Pour F. Encel, la fin de la guerre est l’occasion pour les américains et les soviétques de réduire l’influence britannique dans la région. En 1945, Roosevelt garantit au roi d’Arabie Ibn Seoud un soutien militaire permanent des EU contre l’assurance d'un approvisionnement en pétrole (Pacte du Quincy). En 1947, le plan de l’ONU, prévoit l’indépendance de la Palestine partagée entre un état juif et un état arabe et l’internationalisation de Jérusalem.

 

Sionisme : principe de la restauration d’une entité politique juive en Palestine. C’est l’écrivain hongrois Théodor Herzl  qui se fait le grand promoteur de cette idée. Le principe est adopté en 1896 par le mouvement sioniste. Dès 1882, les premiers villages de pionniers sont formés dans une Palestine sous domination ottomane. Ils rejoignent les 24 000 juifs qui vivaient encore en Palestine en 1880 soit 4.4% de la population.

Mandats : anciennes colonies allemandes ou possessions ottomanes confiés à l'administration d'Etats vainqueurs de la première guerre mondiale par la société des nations.

 

 

c)     …..à l’influence des deux superpuissances.

 

Progressivement, dans la région des Etats accèdent à leur indépendance. (Irak-32, Liban-43, Syrie-46, Transjordanie-46). Dès le vote du partage par l’ONU débute une guerre civile opposant Juifs et Palestiniens. A la  proclamation d’Indépendance en 1948, Israël est attaqué par cinq Etats arabes voisins (Egypte, Transjordanie, Syrie, Liban, Irak) et par les Palestiniens qui ne le reconnaissent pas. C’est la guerre d’indépendance ou premier conflit israélo-arabe. Grâce à l’aide Tchécoslovaque et à la préparation de ses combattants, Israël résiste. Au terme de cette guerre en 1949, la Palestine n’existe plus, près de 750 000 palestiniens terrorisés par des massacres comme celui de Deir Yassine (250 victimes), se réfugient dans les pays arabes voisins, dans la bande de Gaza et en Jordanie (ce nombre avoisine aujourd’hui le million). C’est la Nakba (catastrophe en arabe). 

Dans ce contexte, les deux grands placent leurs pions. Le Pacte de Bagdad signé en 1955 par le Royaume-Uni, le Pakistan, l’Irak, l’Iran et la Turquie est favorable aux Etats-Unis. En juillet 56, désireux de financer un ambitieux projet de barrage sur le Nil, le président égyptien Nasser se rapproche des soviétiques et décide de nationaliser le canal de Suez dont la plupart des actionnaires étaient français ou britanniques. Les deux puissances européennes réagissent donc et préparent avec Israël une opération baptisée « mousquetaire ». Le 29 octobre 1956 les troupes Israéliennes attaquent donc l’Egypte et envahissent le Sinaï. Le 5 novembre, un corps franco-britannique de 60000 hommes débarque en Egypte en provenance de Chypre en prétendant séparer les forces israéliennes et égyptienne. Les alliés semblent l’emporter rapidement mais les soviétiques menacent Paris et Londres et les américains font pression pour que l’opération soit stoppée. Israël doit reculer. La crise de Suez en 1956, est révélatrice de la fin de l’ère des puissances coloniales.

En 1967, l'Etat d'Israël possède peut-être l’arme nucléaire lorsqu’il attaque de façon préventive la Syrie, l’Egypte, l’Irak et la Jordanie. C’est la guerre des six jours ou troisième guerre Israélo-arabe. Les aviations arabes (matériel en grande partie soviétique) sont détruites au sol. Tsahal (armée Israélienne) progresse vers le  Golan, le Sinaï, la Bande de Gaza et la Cisjordanie. L’ensemble de Jérusalem est annexé et le mur occidental devient accessible aux Israéliens. La résolution 242 de l’ONU demande le retrait de [des] territoires occupés par Israël et la reconnaissance du droit de toutes les nations de la région à vivre en paix. L’Etat hébreu devient un allié privilégie des Etats-Unis dans la région tandis que De Gaulle inscrit la France dans une longue tradition de politique étrangère plutôt pro-arabe (discours sur le  « peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur »).

Le 6 octobre 1973 jour de la fête juive du Yom Kippour est lancée contre Israël une offensive éypto-syrienne préparé dans le plus grand secret. C’est la guerre du Kippour, la quatrième guerre Israélo-arabe. 10 jours plus tard, Israël reprend l’initiative. Les pays arabes soutiennent l’offensive égypto-syrienne en augmentant le prix du baril de pétrole et en décidant un embargo total envers le E-U et les Pays-Bas. Il faut la menace d’une intervention unilatérale de l’URSS et la mise en alerte nucléaire des E-U pour que le conflit cesse. La guerre du Kippour a été la plus internationalisée du Proche-Orient.

L’année 1978 est un tournant dans les relations internationales dans la région. Le président égyptien Anouar el-Sadate accepte de négocier avec Israël. Par les  accords de camp David signés en 1978-1979, l’Egypte reconnaît Israël qui évacue le Sinaï. Mais toutes les questions de la région ne sont pas réglées. Les palestiniens réfugiés dans les Etats arabes voisins s’organisent. Depuis le Liban, l’Organisation de la Libération de la Palestine (OLP) dirigée par Yasser Arafat  menace Israël. En 1975 débute une guerre civile au Liban. Israël qui souhaite frapper l’OLP sur sa base stratégique, intervient dans le conflit en 1978 puis en juin 82 en lançant l’opération Paix en Galilée (cinquième guerre israélo-arabe). L’armée israélienne envahit le Sud-Liban jusqu’à Beyrouth. Le 18 septembre 1982, des miliciens maronites encadrés par l’armée israélienne d’Ariel Sharon massacrent des civils palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila. Israël se retire du Liban en 1985, mais conserve une zone de sécurité au Sud-Liban de 10 km de large. C’est dans ce contexte que débute spontanément à Gaza la première intifada (1987-1993) qui oppose de jeunes palestiniens à l’armée israélienne.  C’est également dans ces années là que l’islamisme prend dans la région une autre dimension. Ce mouvement né dès la années 20 notamment en Egypte avec les frères musulmans, devient à la fin des années 70 une réalité géopolitique. Dans le contexte de l’essoufflement des modèles postcoloniaux (Egypte), du discrédit des élites dirigeantes (Iran) et de la crise économique, il connaît un certain succès. En 1979, les Etats-Unis perdent un précieux allié dans la région.  Le shah d'Iran Reza Palavi, est renversé par l'ayatollah Khomeyni. L’Iran devient une république islamique,  la charia est appliquée. En 1980, Saddam Hussein attaque l’Iran (guerre Iran-Irak-première Guerre du Golfe). Il redoute la contagion islamiste chiite et lorgne sur des territoires stratégiques du pays voisin. Il apparaît alors comme un rempart arabe, nationaliste, sunnite et potentiellement laïc face aux chiites islamistes. Ce conflit se solde par un retour à la situation d’avant guerre et fait entre 500 000 et 1 000 000 de victimes. En Afghanistan, des communistes soutenus par Moscou réalisent un coup d’Etat en 1978. Ils mettent en place une république socialiste pro-soviétique.  Mais très vite ce gouvernement est menacé par des islamistes hostiles à certaines des mesures, notamment celles concernant les droits des femmes. L’URSS intervient en 1979 pour soutenir ce gouvernement. Elle voit là l'occasion de contrôler une zone qui donne accès à des ressources pétrolières. Elle peut aussi ainsi se rapprocher des mers chaudes et contrer l'influence des EU sur le Pakistan voisin. Cette opération est une erreur. Les moudjahidines afghans (notamment le Commandant Massoud) résistent grâce au soutien américain et pakistanais. Des islamistes du monde entier (dont Ben Laden) convergent pour participer à ce nouveau Djihad. Face à ces oppositions, M. Gorbatchev finit par décider en 1989 le retrait des troupes soviétiques.

 

 

Intifada : en arabe soulèvement ou guerre des pierres.

Islamisme : c’est un projet qui vise à ré-islamiser la société et  à créer un système politique totalisant qui gérerait tous les aspects de la société, de l'économie en s'appuyant sur les seuls fondements de l'Islam (Olivier Roy).

OLP : organisation pour la libération de la Palestine. A l’origine en 1964, elle réunit plusieurs courants politiques. Progressivement le Fatah  de Yasser Arafat s’impose comme le plus influent.

 

a)     La fin de la guerre froide ne marque  pas la fin des conflits de la région. 

 

En aout 90, Saddam Hussein envahit le Koweït (Guerre du Golfe ou Seconde Guerre du Golfe). Très affaibli et endetté à l’issue de la guerre Iran-Irak, il reproche au Koweït sa politique de forte production qui maintient le prix du pétrole à un niveau bas. Il convoite également les gisements de ce petit pays. Les EU ne sauraient accepter une telle violation du droit international et ne peuvent laisser l’Irak prendre le contrôle des 9% des réserves mondiales possédées par le Koweït. Ils constituent alors une vaste coalition comprenant des pays occidentaux et arabes. Le Roi d’Arabie Saoudite obtient des dignitaires religieux une fatwa autorisant  la présence de troupes infidèles en terre sainte pour permettre l’installation des forces de la coalition. La guerre dure du 15 janvier 1991 à la fin du mois de février. C’est un moment de rupture entre les autorités saoudiennes et Ben Laden. Celui-ci dénonce la compromission des monarchies pétrolières avec les occidentaux et développe un discours néo-fondamentaliste de rejet de l'occident incarné par les États-Unis.

 

En Afghanistan la situation ne s’améliore pas. Après le départ des soviétiques, les moujahidines prennent le pouvoir en 1992. Mais le désordre règne dans le pays. En 1996, les talibans (étudiants en religion) les remplacent. Ils sont soutenus et financés par le Pakistan voisin et apparaissent comme un recours pour rétablir l'ordre. Ils se rendent cependant coupables de nombreuses vexations contre les femmes et d'exécutions sommaires. L’Afghanistan devient également la base d’entraînement d’Al Qaida. Le 11  septembre 2001, un groupe de 19 personnes d'origine saoudienne pour la plupart, détourne quatre avions et détruit ainsi les tours jumelles du World Trade Center à New-York et endommage sérieusement le Pentagone à Washington. Le bilan humain est de 2995 victimes. Le monde entier découvre la nébuleuse terroriste dirigée par Ben Laden.

 

Seuls les accords d’Oslo, signés en 1993, représentent un espoir de paix. Ils permettent la reconnaissance mutuelle entre israéliens et palestiniens. Est également prévue la mise en place d’une autorité palestinienne avec un début de souveraine sur Gaza, Jéricho et une petite portion de la Cisjordanie (zone A). Mais le Fatah se discrédite assez rapidement et un mouvement islamiste palestinien, le Hamas, renforce son audience. Coté israélien, l’extrême droite n’accepte pas ce début de « processus de paix ». En 1995, un jeune colon extrémiste orthodoxe, assassine Yitzhak Rabin, signataire des accords pour Israël. Depuis les pourparlers peinent à progresser. Le déplacement d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées provoque le début de la seconde intifada en 2000. C’est peut-être à ce moment là que le conflit prend une dimension plus religieuse (B. Giblin).

 

Al Qaida : (la base en Arabe) est une structure informelle qui s'apparente plus à une nébuleuse ou une franchise terroriste de dimension mondiale qu'à un groupe terroriste.

Néo fondamentalisme : mouvement qui s’appuie sur une lecture très stricte du Coran. Il rejette l’occident, souhaite ré islamiser la société et condamne de la complaisance de l’Arabie Saoudite vis-à-vis des américains et des occidentaux en général. Le projet politique du néo fondamentalisme est moins clair que celui de l’Islamisme au sens strict.

 

 

b)     A partir de 2001, débute l’ère des conflits présentés comme des « guerres contre le terrorisme »

 

En réaction, George Bush applique la stratégie de la Global War on Terrorism (Guerre Globale contre le Terrorisme). Une coalition internationale menée par les États-Unis intervient en Afghanistan le 7 octobre 2001. Elle entraîne la chute du régime des talibans en cinq semaines. Mais le pays reste politiquement instable et la pression islamiste se maintient sous la forme d'une guérilla. Les Etats-Unis, comme la France et le Royaume-Uni, restent donc longtemps engagés dans la région.

En mars 2003, une autre coalition menée par les EU envahit l'Irak. Il s'agit d’une guerre préventive (troisième guerre du golfe). Les EU estiment, à tort, que l'Irak possède des armes de destruction massive et soutient le terrorisme international. Des doutes sont exprimés notamment par la France sur la légitimité de cette intervention et c'est sans mandat onusien que l'offensive est lancée. Achevée officiellement en mai 2003, cette guerre se mue en conflit asymétrique opposant des forces très différentes  par leurs natures et leurs puissances.

En Palestine, le Hamas, mouvement islamique sunnite, qui ne reconnaît pas l’Etat d’Israël, remporte les élections législatives de 2006 et prend le contrôle de Gaza. Par ailleurs, depuis le Liban, le hezbollah, mouvement chiite soutenu par l’Iran et la Syrie, poursuit ses attaques contre Israël. Ceci explique l’intervention israélienne au sud Liban en 2006. Les massacres perpétrés par Tsahal lui font perdre la guerre de l’image. En 2008 (opération plomb durci), puis en 2014 (opération bordure protectrice) l’armée israélienne intervient à nouveau à Gaza. Aujourd'hui les négociations butent toujours sur les questions suivantes : le retour des réfugiés palestiniens, les colonies israéliennes en territoire palestinien, la construction d’un mur de sécurité-barrière d’annexion par les israéliens, l'étendue de la souveraineté de l'autorité palestinien, la menace  islamiste (hamas).

 

c)     «Printemps arabe » et incertitudes.    

 

Sous Hosni Moubarak,  pour l’Egypte  et Bachar el Asad, pour la Syrie, les conflits directs entre Israël et ses voisins arabes sont en quelque sorte figés. En Egypte la chute du raïs, permet la prise du pouvoir par les islamistesdans un premier temps, puis par le maréchal Al-Sissi. La Syrie est actuellement secouée par une guerre civile dont on ne connaît pas l’issue. Elle peut cependant déstabiliser sérieusement l’ensemble la région. Israël reste menacé par des terroristes palestiniens et par le hezbollah libanais. Contre les roquettes de ce dernier, l’Etat hébreu tente d’étendre son « dôme d’acier ». Il cherche à élargir son glacis protecteur grâce aux implantations-colonies. Il poursuit la réalisation d’un dispositif de sécurité-mur de séparation pour empêcher les infiltrations terroristes. Depuis l’affaire de la « flottille » contre le blocus de Gaza les relations d’Israël avec la Turquie se sont refroidies.  Inquiet des capacités de l’Iran à se doter dans un très proche avenir de l’arme nucléaire, il réclame une guerre préventive contre Téhéran.

 

Conclusion : Nombreux sont donc les enjeux qui font du Proche et du Moyen-Orient, l’une des régions les plus conflictuelles du monde depuis près d’un siècle. Les ressources sont convoitées depuis longtemps notamment par les puissances coloniales. La région est également l’un des terrains de l’affrontement indirect qui a opposé les deux superpuissances de la guerre froide. Aujourd’hui, on ne saurait réduire les conflits à des guerres de religions. Certes les représentations cristallisent certains antagonismes. Il est  vrai également que l’islamisme est le moteur des mouvements les plus radicaux. Mais il faut rappeler que certaines tensions sont avant tout le reflet de revendications nationales ou de préoccupations sécuritaires.  Des questions comme celle du retour des réfugiés ou du statut de Jérusalem bloquent les négociations de paix tandis que plane sur la région la menace nucléaire.

 

Auteur : Nérée Manuel

 

Bibliographie :

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Sur la région :

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Sur l’islamisme :

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Dernière mise à jour : 01-15