Séries : TS

 

Titre : Le Proche et le Moyen-Orient : foyers de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale

 

L'actualité internationale nous fait régulièrement tourner le regards vers le Proche et le Moyen-Orient. Cette région est agitée par de nombreuses tensions. Elle se confond en partie avec ce qu’on appelle parfois l’arc des crises ou des conflits. Dans cet environnement se sont  développés des terrorismes globaux qui frappent dans le monde entier. Avant de chercher à expliquer la présence de ce point chaud sur le plan géopolitique,  il convient d’abord de l’identifier. Le Proche-Orient correspond globalement à l’ancien Levant. C’est une région qui, sur la rive Est de la Méditerranée, s’étend de la Turquie à l’Egypte en passant par le Liban, Israël, la Palestine, la Syrie, l’Irak et la Jordanie. Le Proche-Orient est compris dans un espace plus étendu qu’on appelle Moyen-Orient. Pour les Français le Moyen-Orient s’étend vers l’est jusqu’à l’Iran. Pour les Britanniques, il faut y associer l’Afghanistan et le Pakistan. Les Américains, eux, intègrent le Maghreb nord africain dans cet ensemble. 

 

Problématique : Dans une approche analytique, la question se pose de savoir pourquoi cette région du monde est depuis si longtemps un foyer de conflits. L’approche doit cependant également être chronologique. Seulement depuis 1945, le contexte a évolué. On peut se demander s’il en est de même des enjeux, des acteurs. Les guerres elles-mêmes ont pu changer de nature. On peut donc chercher à définir les phases et les traits marquants de cette évolution. Mais on peut aussi s’interroger sur les permanences qui caractérisent les conflictualités dans la région.

 

 

I (A lire ) Etude de cas : Samouni Road de Stefano Savona

 

Le documentaire réalisé par Stefano Savona fait le récit d'un famille palestinienne vivant au nord de la bade de Gaza. Ce petit territoire palestinien de 365 km2 représente à lui seul bien des enjeux de conflits au Moyen-Orient depuis au moins la fin de la Seconde Guerre mondiale. Inscrire le film de Stefano Savona dans son contexte permet de le démontrer.

 

a) Dans un contexte colonial, deux nations réclament le même territoire.

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, Gaza fait partie d'un territoire contrôlé par la couronne Britannique. Depuis 1922, en effet, après la victoire de l'Entente sur l'Empire Ottoman, le Royaume-Uni est mandaté par la SDN pour administrer la Palestine. Avant même de la posséder, les Britanniques la promettent aux Arabes en 1915 contre leur aide face aux Ottomans.  En 1916, avec les Français, ils s'entendent sur le partage de la région à l'occasion des accords Sykes-Picot. En 1917, Lord Balfour, ministre aux affaires étrangères de sa majesté le roi  George V se dit favorable à l'installation d'un "foyer national juif" en Palestine. C'est la déclaration Balfour. Conformément au projet sioniste, un  certain nombre de juifs s'installent donc dans la région. Entre 1918 et 1948, la population juive passe de 65 000 à 650 000 personnes. Si dans un premier temps, les deux communautés cohabitent pacifiquement, les relations se tendent progressivement et dans les années 30, elles s'affrontent à de nombreuses reprises.. Après avoir accepté l'immigration juive, les Britanniques la restreignent dans les années 30, en particulier à la veille de la Seconde Guerre mondiale alors que la menace antisémite se précise en Allemagne et dans toute l'Europe. En 1947 encore, ils refusent le débarquement de l'Exodus un navire emprunté par des juifs survivants de la Shoah pour regagner clandestinement la Palestine. Les Britanniques sont désormais plus qu'embarrassés par la gestion de ce territoire.  Ils confient donc le problème à l'ONU. Celle-ci propose avec la résolution 181, un plan de partage avec deux Etats, l'un juif, l'autre arabe comprenant la bande de Gaza d'une part et la ce qu'on alors la Judée-Samarie (actuelle Cisjordanie ou West bank).Jérusalem convoitée comme capitale par les deux communautés a un statut international spécial. Le 14 mai 1948, David Ben Gourion déclare l'indépendance de l'Etat d'Israël dont il est le premier ministre. Le pays est immédiatement attaqué par les Arabes de Palestine et les Etats arabes voisins : l'Egypte, la Syrie, l'Irak et la Transjordanie. Israël sort vainqueur de ce conflit. Il n'est plus question d'Etat arabe et les Palestiniens sont poussés à l'exil. C'est la guerre d'indépendance pour les uns, le premier conflit israélo-arabe pour les autres. C'est la naqba ou catastrophe en arabe pour les Palestiniens.

 

Sionisme : mouvement idéologique fondé au 19ème siècle par Théodore Herzl avec pour objectif la création d'un Etat juif en Palestine .

 

b) 1948-1967 : la bande de Gaza est sous contrôle égyptien.

Alors que la Jordanie annexe carrément, la Cisjordanie et Jérusalem-est, la bande Gaza passe sous contrôle Egyptien. Ce territoire est au cœur d'enjeux stratégiques locaux, régionaux et internationaux. Les habitants de la bande de Gaza, les gazaouis, sont considérés comme apatrides. De nombreux Palestiniens du reste du territoire s'y réfugient. Des camps sont crées pour les accueillir. Certains mènent des opérations contre Israël pour récupérer leurs biens. On les  appelle infiltrés puis fédayins.  En 1956, le président égyptien Nasser décide de nationaliser le canal de Suez.  Parce qu'ils ont des intérêts communs face à l'Egypte, la France, le Royaume-Uni et Israël s'unissent pour monter une opération militaire contre l'Egypte. A cette occasion, Israël traverse  la bande de Gaza et l'occupe la pendant quatre mois. Lors de cette opération  des gazaouis sont massacrés par les Israéliens. Selon les sources le bilan des victimes palestiniennes est compris entre 930 et 1200.  Finalement, dans le contexte de la guerre froide, les américains et les soviétiques font conjointement pression sur les Français et les Britanniques pour qu'ils cessent les combats. Israël est amené à céder la bande de Gaza et le Sinaï aux Egyptiens. On a là la confirmation que les conflits du Proche et du Moyen-Orient s'expliquent à plusieurs échelles.

 

c) 1967-1993 : occupation israélienne, coopération économique et lutte palestinienne.

Entre le 5 et le 10 juin 1967, à la suite de la décision de Nasser d'empêcher le passage du détroit de Tiran aux navires Israéliens, Israël attaque de façon préventive les Etats arabes voisins. En quelques heures, les aviations égyptiennes et syriennes sont clouées au sol. L'Etat d'Israël victorieux annexe le Golan, la Cisjordanie , Jérusalem Est, le Sinaï et la bande de Gaza. Ces annexions sont condamnées par la résolution 242 de l'ONU. Dans la bande de Gaza, 16 colonies israéliennes sont créées entre 1968 et 1977. Malgré le conflit, les relations économiques entre la bande de Gaza et Israël se développent. Les produits de l'agriculture gazaouie sont vendus sur les marchés israéliens. Des dizaines de milliers de Palestiniens travaillent en Israël. Or dans le même temps, la lutte palestinienne se structure. En 1969, Yasser Arafat prend la présidence de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) organisation née en 1964 de l'union de plusieurs mouvements Palestiniens dont le Fatah et le FPLP. Parallèlement, un mouvement islamiste, les Frères musulmans, commence à développer ses activités dans la bande de Gaza. Il propose à la population civile son assistance sur le plan social.  En 1987, dans le camp de réfugiés de Jabaliya débute la première intifada, la « révolte des pierres » qui oppose la jeunesse palestinienne aux militaires israéliens. Fin 1987, le sheikh Yassine fonde, le Hamas issu de la branche palestinienne des Frères musulmans.

 

Intifada : en arabe, soulèvement ou guerre des pierres.

Islamisme : c’est un projet qui vise à ré-islamiser la société et  à créer un système politique totalisant qui gérerait tous les aspects de la société, de l'économie en s'appuyant sur les seuls fondements de l'Islam (Olivier Roy).

 

d) 1993-2004 : Les espoirs de paix sont vite déçus. 

En septembre 1993, l'Israélien Itzhak Rabin et le Palestinien Yasser Arafat signent à Washington les accords d'Oslo. A cette occasion, l'OLP reconnait l'existence de l'Etat d'Israël et abandonne la lutte armée. Les Israéliens acceptent la création d'une Autorité Palestinienne, prélude d'un Etat palestinien. En attendant, la pleine souveraineté palestinienne s'étend uniquement sur la bande de Gaza sur les zones A  de Cisjordanie soit  2 % du territoire. L'Autorité Palestinien s'installe alors à Gaza. Mais bien vite les accords d'Oslo sont fragilisés par les extrémistes des deux bords. Le Hamas et le Jihad Islamique commettent de nombreux attentats et Itzhak Rabin est assassiné par un extrémiste Israélien, Ygal Amir, qui conteste les accords d'Oslo. En 2000,l'israélien Ariel Sharon, homme politique, vétéran de l'armée israélienne, hostile aux accords d'Oslo se rend sur l'esplanade des mosquées. Cet incident est perçu comme une provocation par les musulmans car c'est le  troisième lieu saint de l'islam. Il explique en partie la seconde intifada qui commence en 2000. La même année débutent les tirs de roquettes palestiniennes depuis la bande de Gaza vers Israël. Depuis les tirs de roquettes palestiniennes ont fait 13 victimes parmi les Israéliens. Il y a donc pour ce pays un enjeu de sécurité.

 

e) 2004-2019: divisions palestiniennes et conflits avec les Israéliens.

A la mort de Yasser Arafat en 2004, le Hamas et le Fatah se disputent le pouvoir. Le Hamas remporte les élections locales en 2005 puis les élections législatives en 2006. C'est finalement  une véritable guerre fratricide qui finit par opposer les deux partis. Finalement, l'autorité sur les territoires palestiniens est partagée en deux. En 2007, le Hamas finit par contrôler la bande de Gaza tandis que le Fatah s'impose en Cisjordanie. Les chefs du Hamas sont Moussa Abou Marzouk et Khaled Mechaal. Depuis Ramallah, l'Autorité Palestinienne est dirigée par Marhmoud Abbas du Fatah.

 

En 2005, Ariel Sharon devenu premier ministre décide le retrait des 21 colonies israéliennes de la bande de Gaza. Mais pour Israël, le Hamas au pouvoir à Gaza représente une menace immédiate. En septembre 2007,Israël déclare la bande de Gaza entité hostile. Le 27 décembre 2009 est déclenchée l'opération "plomb durci". Dans un premier temps, des bâtiments officiels, des infrastructures et des tunnels secrets permettant le passage de Gaza vers Israël et  l'Egypte sont bombardés. Dans un second temps les forces israéliennes pénètrent dans Gaza. Les opérations terrestres durent du  3 au 18 janvier. L'intervention fait de nombreuses victimes civiles. On dénombre au total 1300 tués dont 420 enfants et 5300 blessés. Parmi ces victimes, figurent les 29 membre de la famille Samouni, cette vieille famille d' agriculteurs gazouis qui  s'était jusqu'alors tenue à l'écart du conflit. Face à ce bilan, l'ONU adopte la résolution 1860 qui demande le cesse feu immédiat. Le 20 janvier Israël se retire de Gaza. Deux autres opérations militaires du même type suivront.  L'opération " pilier de défense " du 14 au 21 novembre 2012 fait 160 morts. Elle vise en priorité les infrastructures civiles et les médias L'opération " bordure protectrice"  se déroule du 8 juillet au 26 août 2014. Elle cause la mort  de 2257 personnes et fait plus de 10000 blessés essentiellement civils. Un demi million de personnes sont déplacées.

 

Mais la guerre prend d'autres formes. Il s'agit également d'une guerre économiqueles activités et les ressources sont des enjeux. Il s'agit de l'eau pour commencer. Israël prend l'habitude de pomper dans la nappe aquifère de Gaza en amont du territoire palestinien. Dans la bande de Gaza les pompages sont également excessifs. Le niveau de la nappe baissant, on assiste à un processus de salinisation de la seule source d'eau douce locale pérenne. S'ajoutent à cela les diverses pollutions liées aux activités agricoles, industrielles et domestiques.

 

C'est moins connu mais un important gisement gazier a été découvert en 2000 au large de Gaza. Un accord avait été trouvé entre l'Autorité Palestinienne et BP pour l'exploiter mais Israël et le Hamas se sont opposés à la mise en exploitation du gisement. Aujourd'hui, les pourparlers ont repris avec les Russes.

 

En 2007, les Israéliens décident d'un blocus terrestre, aérien et maritime contre la bande de Gaza dirigée par le Hamas.. La survie de la population dépend donc de l'aide internationale, de ce que les Israéliens acceptent de fournir et des importations illégales via les tunnels.

 

A partir du 30 mars 2018, les Palestiniens organisent la grande marche du retour. Ce mouvement désigne un cycle  de manifestations destinées à réclamer le retour des réfugiés de la Nakba mais aussi  à protester contre le blocus israélien et contre l'installation de l'ambassade des Etats-Unis est à Jérusalem. Les Israéliens tirent à plusieurs reprises sur les manifestants. A ce jour le nombre de victimes palestiniennes dépasse les 150 si on en croit Amnesty international.

 

Donc, le petit territoire de la bande de Gaza représente à lui seul bien des enjeux des conflits au Proche et au  Moyen-Orient. On ne saurait les réduire à des guerres de religions même si la ville trois fois sainte de Jérusalem cristallise les passions et même si les extrémistes religieux de tous bords envisagent de créer de véritables théocraties. On se rend rapidement compte que les revendications nationales l'emportent et qu'elles concernent souvent les mêmes territoires. Il ne faut pas pour autant croire que les communautés nationales sont homogènes. Elles sont parcourues par de profondes et brutales divisions politiques. Par ailleurs, les ressources, qu'elles soient rares ou abondantes suscitent toutes les convoitises. Pour finir, on voit bien que des puissance régionales essayent de faire valoir leurs droits mais il faut aussi ternir compte de l'influence de puissances plus lointaines pour une bonne lecture des conflits dans cette partie du monde. En effet, à plusieurs occasions, les grandes puissances de ce monde se sont manifestées pour y défendre leurs intérêts.

 

Vous vérifierez dans la leçon à suivre que l'on retrouve cette diversité d'enjeux et d'échelle  à l'études des conflits dans l'ensemble du Moyen-Orient.

 

II (A apprendre)  1945-1989 : les influences changent mais la région reste agitée par de nombreux conflits…

 

a)     La transition post coloniale….

 

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la plupart des territoires du Proche et du Moyen-Orient sont indépendants. Mais la Palestine, sous mandat britannique, fait figure d’exception. Le Royaume-Uni peine en effet à trouver une solution pour un territoire promis à deux peuples différents. En effet en 1915, la promesse d’un grand Etat comprenant la Palestine avait était faite par les britanniques aux arabes alors qu’en 1917, par la déclaration Balfour, ils faisaient aux juifs la promesse de favoriser la création d’un « foyer national juif » sur le même territoire. En 1916, les Français et les Britanniques se partagent d'ailleurs, par avance, la dépouille de l'empire ottoman avec les accords Sykes-Picot. En 1947, au sortir d'une Seconde Guerre mondiale marquée par le crime de  la Shoah, la situation n’est toujours pas réglée. Les Britanniques confient alors le règlement du problème à l’ONU.  Celle-ci propose par la résolution 181, la création de deux Etats : un Etat juif et un Etat arabe. Tandis que la ville trois fois sainte de Jérusalem devient ville internationale. De son côté, le président américain Roosevelt signe dès 1945 avec le roi d’Arabie Saoudite les accords du Quincy qui assurent aux EU des livraisons de pétrole contre l’assurance d’une protection du Royaume.

 

Pour approfondir l’étude de Jérusalem

Schéma

 

Mandats : anciennes colonies allemandes ou possessions ottomanes confiées à l'administration d'Etats vainqueurs de la première guerre mondiale par la société des nations.

 

b)     ,…n’empêche pas la répétition des conflits israélo-arabes et israélo-palestiniens

 

"Je suis sioniste jusqu'à la ligne verte" Richard Enderlin, attribué également à Yeshayahou Leibowitz

 

On compte en effet cinq grands conflits entre Israël et les Etats arabes voisins. En effet, au lendemain de la déclaration d’indépendance le14 mai 1948, Israël est attaqué par les Etats arabes voisins et les Palestiniens. Israël sort vainqueur de ce premier conflit appelé aussi « guerre d’indépendance » tandis que de nombreux Palestiniens s’exilent craignant des massacres comparables aux événements de « Der Yassin », c'est la Nakba. En 1956, la nationalisation, en Egypte, du canal de Suez par Nasser, entraine l’intervention des Français et des Britanniques associés aux Israéliens. C’est la deuxième guerre israélo-arabe. Cette  crise de Suez  est interrompue sous la pression de l’URSS et des Etats-Unis. En 1967, en réaction à la fermeture du golfe d'Aqaba par le président Egyptien Nasser, Israël lance une attaque préventive contre les Etats arabes voisins. C’est la guerre des six jours ou troisième conflit israélo-arabe. Les aviations égyptiennes et syriennes sont clouées au sol.  Israël s’étend à cette occasion en faisant la conquête du Sinaï, de Gaza, de la Cisjordanie (dont Jérusalem-Est)  et du Golan, le « château d’eau » de la région. Cette attaque est condamnée par la résolution 242 de l’ONU. En 1973, les Egyptiens et les Syriens profitent de la fête juive du Yom kippour pour attaquer Israël. C’est la guerre du Kippour ou quatrième conflit israélo-arabe. L’Etat d’Israël parvient à résister à cette épreuve mais il faut en retenir les conséquences internationales. En effet, les Etats arabes producteurs de pétrole soutiennent l’Egypte et la Syrie en décidant un embargo pétrolier contre les soutiens d’Israël. C’est l’origine du premier choc pétrolier. En 1975 débute au Liban un  conflit intra-étatique opposant les différentes communautés sunnites, chiites, druzes et maronites. En 1982, Israël s’estimant menacé par  l’OLP et le Hezbollah chiite soutenu par l’Iran et la Syrie, intervient au Liban. C’est l’opération paix en Galilée qu’on assimile parfois à un cinquième conflit israélo-arabe. Il illustre le fait que dans la région certaines guerres se déroulent sur fond de diversité culturelle et d’influences régionales. En 1987, éclate officiellement la première intifada ou guerre des pierres qui est un mouvement de protestation palestinien.  De nombreux conflits inter-étatiques opposent donc Israël aux Etats Arabes voisins et aux Palestiniens mais ces conflits ont des motifs multiples. Les enjeux sont  territoriaux. Ils sont également liés au contrôle de ressources. Ils prennent une dimension symbolique avec la ville de Jérusalem. Enfin, ils dépassent le cadre régional avec l’implication de l’ONU et de différentes  puissances. 

OLP : organisation pour la libération de la Palestine. A l’origine en 1964, elle réunit plusieurs courants politiques. Progressivement le Fatah  de Yasser Arafat s’impose comme le plus influent.

Intifada : en arabe soulèvement ou guerre des pierres.

 

a)     …Tandis que d’autres tensions s’inscrivent dans les logiques de la guerre froide tout en annonçant de nouvelles préoccupations

En effet, la région devint l’un des enjeux de la lutte d’influence que mènent les superpuissances de la guerre froide dans le monde. Les Etats-Unis, par exemple, sont les alliés fidèles d’Israël. Ils mettent également en place en 1955, le pacte de Bagdad avec le Royaume-Uni, le Pakistan, l’Irak, l’Iran et la Turquie.  Mais en 1979, la révolution iranienne remet en cause ce système d’alliance militaire. En effet, les islamistes chiites de l’ayatollah Khomeiny s’emparent du pouvoir en Iran. Ils prennent d’ailleurs en otage le personnel de l’ambassade américaine à Téhéran. La même année, les Soviétiques interviennent en Afghanistan pour soutenir un gouvernement qui leur était favorable. Ils s’enlisent alors dans un conflit qui les oppose à des moudjahiddines soutenus indirectement par les puissances occidentales et les Etats-Unis en particulier. En 1980 le dictateur irakien Saddam Hussein engage une guerre contre l’Iran voisin qui a d’importantes réserves de pétrole et qui menace d’étendre sa révolution chiite dans la région. C’est la première guerre du golfe ou guerre du Golfe persique. On l’appelle aussi guerre Iran-Irak, elle dure de 1980 à 1988.

 

Voir une leçon sur l'Iran

 

Islamisme : c’est un projet qui vise à ré-islamiser la société et  à créer un système politique totalisant qui gérerait tous les aspects de la société, de l'économie en s'appuyant sur les seuls fondements de l'Islam (Olivier Roy).

Charia : loi islamique qui s'applique au droit des personnes (mariage, héritage, statut de la femme) comme au droit pénal et public, qui prévoit des peines contre les crimes religieux.

Chiisme : 10 % des musulmans, estiment que le califat appartient de droit aux descendants du prophète et n'acceptent pas l'éviction d'Ali le gendre du prophète, assassiné en 661. Dans le chiisme , l'imam et les ayatollahs, sans constituer un clergé, conduisent la communauté des croyants.

Wahhabisme : islam sunnite puritain.

Sunnisme : représente la grande majorité des musulmans. Le sunnisme reconnaît la succession califale après la mort du prophète. Le sunnisme est divisé en quatre écoles qui n'accordent pas la même importance au Coran, à la Sunna et aux Hadiths.

Moujahid ou moudjahiddine : militant des mouvements nationalistes ou islamiques.

 

II …ces derniers (les conflits) ne disparaissent pas avec la fin de la guerre froide : 1989-aujourd'hui

 

a)     …Dans la région, l’espoir d’un nouvel ordre mondial...

 

En aout 1990, Saddam Hussein envahit le Koweït (Guerre du Golfe ou deuxième Guerre du Golfe). Très affaibli et endetté à l’issue de la guerre Iran-Irak, il reproche au Koweït sa politique de forte production qui maintient le prix du pétrole à un niveau bas. Il convoite également les gisements de ce petit paysLes EU ne sauraient accepter une telle violation du droit international et ne peuvent laisser l’Irak prendre le contrôle des 9% des réserves mondiales possédées par le Koweït. Ils constituent alors une vaste coalition comprenant des pays occidentaux et arabes. Le Roi d’Arabie Saoudite obtient des dignitaires religieux une fatwa autorisant la présence de troupes infidèles en terre sainte pour permettre l’installation des forces de la coalition. La guerre dure du 15 janvier 1991 à la fin du mois de février. C’est un moment de rupture entre les autorités saoudiennes et Ben Laden. Celui-ci dénonce la compromission des monarchies pétrolières avec les occidentaux et développe un discours néo-fondamentaliste de rejet de l'occident incarné par les États-Unis.

 

En Afghanistan la situation ne s’améliore pas. Après le départ des soviétiques, les moujahidines prennent le pouvoir en 1992. Mais le désordre règne dans le pays. En 1996, les talibans (étudiants en religion) les remplacent. Ils sont soutenus et financés par le Pakistan voisin et apparaissent comme un recours pour rétablir l'ordre. Ils se rendent cependant coupables de nombreuses vexations contre les femmes et d'exécutions sommaires. L’Afghanistan devient également la base d’entraînement d’Al Qaida.

 

Seuls les accords d’Oslo, signés en 1993, représentent un espoir de paix. Ils permettent la reconnaissance mutuelle entre Israéliens et Palestiniens. Est également prévue la mise en place d’une autorité palestinienne avec un début de souveraine sur Gaza, Jéricho et une petite portion de la Cisjordanie (zone A). Mais le Fatah se discrédite assez rapidement et un mouvement islamiste palestinien, le Hamas, renforce son audience. Coté israélien, l’extrême droite n’accepte pas ce début de « processus de paix ». En 1995, un jeune colon extrémiste orthodoxe, assassine Yitzhak Rabin, signataire des accords pour Israël. Depuis les pourparlers peinent à progresser. Le déplacement d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées provoque le début de la seconde intifada en 2000.

 

Al Qaida(la base en Arabe) est une structure informelle qui s'apparente plus à une nébuleuse ou une franchise terroriste de dimension mondiale qu'à un groupe terroriste.

Néo fondamentalisme : mouvement qui s’appuie sur une lecture très stricte du Coran. Il rejette l’occident, souhaite ré islamiser la société et condamne de la complaisance de l’Arabie Saoudite vis-à-vis des américains et des occidentaux en général. Le projet politique du néo fondamentalisme est moins clair que celui de l’Islamisme au sens strict.

 

b)     … est vite déçu par de nouvelles menaces.

Il s'agit pour commencer de la menace terroriste.  Le 11  septembre 2001, un groupe de 19 personnes d'origine saoudienne pour la plupart, détourne quatre avions et détruit ainsi les tours jumelles du World Trade Center à New-York et endommage sérieusement le Pentagone à Washington. Le bilan humain est de 2995 victimes. Le monde entier découvre la nébuleuse terroriste dirigée par Ben Laden. On parle désormais de terrorisme global ou d’hyper terrorisme.

En réaction, George Bush applique la stratégie de la Global War on Terrorism (Guerre Globale contre le Terrorisme). Une coalition internationale menée par les États-Unis intervient en Afghanistan le 7 octobre 2001. Elle entraîne la chute du régime des talibans en cinq semaines. Mais le pays reste politiquement instable et la pression islamiste se maintient sous la forme d'une guérilla. Les Etats-Unis, comme la France et le Royaume-Uni, restent donc longtemps engagés dans la région.

En mars 2003, une autre coalition menée par les EU envahit l'Irak. Il s'agit d’une guerre préventive (troisième guerre du golfe). Les EU estiment, à tort, que l'Irak possède des armes de destruction massive et soutient le terrorisme international. Des doutes sont exprimés notamment par la France sur la légitimité de cette intervention et c'est sans mandat onusien que l'offensive est lancée. Achevée officiellement en mai 2003, cette guerre se mue en conflit asymétrique opposant des forces très différentes  par leurs natures et leurs puissances.

En Palestine, le Hamas, mouvement islamique sunnite, qui ne reconnaît pas l’Etat d’Israël, remporte les élections législatives de 2006 et prend le contrôle de Gaza. Par ailleurs, depuis le Liban, le hezbollah, mouvement chiite soutenu par l’Iran et la Syrie, poursuit ses attaques contre Israël. Ceci explique l’intervention israélienne au sud Liban en 2006. Les massacres perpétrés par Tsahal lui font perdre la guerre de l’image. En 2008 (opération plomb durci), puis en 2014 (opération bordure protectrice) l’armée israélienne intervient à nouveau à Gaza. Aujourd'hui les négociations butent toujours sur les questions suivantes : le retour des réfugiés palestiniens, les colonies israéliennes en territoire palestinien, la construction d’un mur de sécurité-barrière d’annexion par les Israéliens, l'étendue de la souveraineté de l'autorité palestinien, la menace islamiste (hamas). A différentes échelles, ont donc été engagées  des « guerres contre le terrorisme ».

Il y a également dans a région un risque de prolifération  nucléaire. Depuis 1967, Israël détient secrètement l'arme nucléaire. En principe le Traité de Non-¨Prolifération Nucléaire (TNP) signé en 1968, limite la possession de cette arme aux membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU.  Pourtant le Pakistan, s'est doté de cette arme et l'Iran a engagé au début des années 2000 un programme de développement de cette arme. En 2015, six pays la Chine, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Russie et l’Allemagne ont conclu avec l’Iran un accord destiné à réduire drastiquement les possibilités pour ce pays d'obtenir l'arme nucléaire. Depuis , Donald Trump est revenu sur  es accords.

 

c)     … Tandis que la démocratie peine à s’imposer malgré les «Printemps arabes »

 

Dès 2008,  la République Iranienne a été déstabilisée par un mouvement de protestation largement relayé par les réseaux sociaux. Le régime islamiste l’a cependant  rapidement réprimé. En 2011, dans la région comme dans l’ensemble du monde arabe, apparaissent des mouvements contestant les dictatures en place et réclamant la démocratie. Le bilan de ce printemps arabe est pour l’instant limité. En Egypte, le mouvement a entrainé la chute d’Hosni Moubarak. Les islamistes ont pensé pouvoir alors s’emparer du pouvoir.  Le général Al-Sissi les en a empêché en rétablissant un régime autoritaire. Au Yémen, dans le sultanat d’Oman et à Bahreïn, les révoltes ont été sévèrement réprimées. Au Yémen, une coalition dirigée par l'Arabie Saoudite sunnite lutte contre le mouvement Houthis zaïdite soutenu par l'Iran chiite.  En Syrie, le conflit s’éternise. Le dictateur Bachar Al-Assad n’entend pas quitter les pouvoir. Là-bas la guerre a fait au moins 300 000 victimes. Dans ce contexte chaotique, le mouvement islamiste daesh s’est développé, proclamant même la mise en place d’un Etat islamique, un nouveau califat s’étendant sur une partie de la Syrie et de l’Irak. A ce jour, Daesh semble en  passe de disparaître dans sa dimension territoraiale

 

     d)... et que les tensions Israélo-palestiniennes demeurent.

Là encore, le contexte international est un élément d'explication. Comme il l'avait promis au moment de la campagne aux élections de la campagne présidentielle au Etats-Unis, Donald Trump a décidé de déménager en 2018 l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem. Il appuie ainsi les prétentions israéliennes contre les revendications palestiniennes. A la suite de cette décision, le Hamas palestinien a organisé à Gaza d'importants rassemblements à la frontière avec Israël. Les marches du retour ont donné lieu à des affrontements au cours desquels il y eu de nombreuses victimes palestiniennes. Les tensions sont fortes et s'accroissent en Israël depuis la décision prise en 2018 de faire de d'Israël "L'Etat-nation du peuple juif". Cette formule semble en effet exclure de fait, les Arabes israéliens, les Bédouins, les Druzes et les Samaritains de la communauté nationale israélienne. Les Etats-Unis ont récemment annoncé leur décision de supprimer l'aide à l'agence de l'ONU qui assurait l'éducation des enfants palestiniens. Donald Trump semble clairement avoir choisi un camp contre un autre.

 

Conclusion :

Il faut donc distinguer au moins deux phases dans la présentation des conflits qui agitent le Proche et le Moyen-Orient. La première période correspond à l’évolution des rapports de puissances dans le contexte de la décolonisation et de la guerre froide. Dans la deuxième période, après la guerre froide, apparaissent de nouvelles menaces. Dans ce contexte changeant, la diversité des enjeux est une constante. Les conflits ne s’expliquent que rarement par une seule cause. Les représentations notamment religieuses sont à l’origine de tensions. Mais il faut compter également avec les revendications politiques, les contestations territoriales et les convoitises liées aux ressources.

Par ailleurs, les conflits sont multiformes. Il y a des guerres interétatiques mais aussi des guerres civiles. Ces dernières ne sont pas à l’abri des ingérences extérieures. Dans le même temps, le terrorisme qui était l’expression extrémiste de revendications nationalistes ou communautaires  semble céder le pas à un hyper terrorisme qui dépasse les frontières. Pour finir, il faut, pour comprendre la région, raisonner à différentes échelles, du local au mondial tant les acteurs intervenant dans ces conflits sont nombreux.

 

Auteur : Nérée Manuel

 

Bibliographie :

Ouvrages généraux :

GERE F., Pourquoi les guerres ? Un siècle de géopolitique, 20.21 d’un siècle à l’autre, Larousse, 2002 

LACOSTE Y, Géopolitique, la longue histoire d’aujourd’hui, Larousse, 2008

 VICTOR J-C, RAISSON V, TETART F. Le Dessous des cartes. Atlas géopolitique. Editions Arte-Tallandier, 2005. [CDI]

GIBLIN, B. (sd) Géographie des conflits, documentation photographique, n°8086, mars-avril 2012. [CDI]

CORM G.,  Pour une lecture profane des conflits, sur le "retour du religieux" dans les conflits contemporains du Moyen Orient, La Découverte, 2012.

 

Sur la région :

MUTIN G.,  Du Maghreb au Moyen-Orient : un arc de crises, la Documentation photographique n° 8027. [CDI]

PRIME (Coll.), Histoire de l’autre, coll. Piccolo, Editions Liana Levi, 2003 [CDI]

REMY M., Proche-Orient 1914-2010, Les origines du conflit israélo-palestinien, Eclairage Histoire, Les bons caractères, 2010.

ENCEL F., Atlas géopolitique d'Israël, Les défis d'une démocratie en guerre, nouvelle édition augmentée, Editions 2008. Editions Autrement.

GUIDERE M., Atlas des pays arabes ; Des révolutions à la démocratie ?, Autrement 2012.

HASKI P., Israël, une histoire mouvementée, Les essentiels, Milan, 2009 [CDI]

ERDE T. , This is my life, 2014

MOGRABI A., Pour un seul de mes deux yeux, arte vidéo, 2006.

Coll. Israël-Palestine, Le conflit dans les Manuels scolaires, Syllepse, 2014.

ADWAN S., BAR-ON D., MUSALLAM A., NAVEH E., L'Histoire de l'autre, Liana Levi, Piccolo, 2008. [CDI]

LAURENS H., La question Palestinienne, L'accomplissement des prophéties, T3, Fayard 2007.

BOUCHE JP, Palestine, Plus d'un siècle de dépossession, Scribest et Récit Présent, 2018.

 

Sur l’islamisme :

KEPPEL G., Jihad, Actuel, folio, 2003

ROY O., Généalogie de l'islamisme, Hachette, 1995

 FILIU J-P, Les 9 vies d’Al-Qaida, Fayard, 2009.

 

 

Des BD :

SACCO J., Gaza 1956, En marge de l'histoire, Futuropolis, 2010.

DELISLE G. Chroniques de Jérusalem, Delcourt, 2011

 

Dernière mise à jour : 03-19