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Le Proche et le Moyen-Orient : un foyer de conflits depuis la fin de la première guerre mondiale.

 

Le Moyen-Orient désigne les territoires compris entre l’est de la Méditerranée, le sud de la Mer Noire, l’Océan Indien et l’Iran. Le Proche-Orient est une partie du Moyen-Orient située entre la Turquie et l’Egypte sur les bords de la Méditerranée. Mais, nous le verrons plus loin, tout le monde ne s’accorde pas sur cette délimitation. L’intitulé officiel nous invite à étudier la région depuis la fin de la première mondiale. Il faut peut-être étendre l’étude à des époques plus anciennes pour deux raisons. La première est liée au fait que la région est un enjeu dès le début de la première guerre mondiale. La seconde résulte du poids des représentations (Y. Lacoste) dans cette partie du monde. Certaines références à un passé lointain sont donc nécessaires pour expliquer les tensions qui l’agitent. Un conflit désigne un différend entre des acteurs égaux ou inégaux à toutes les échelles (internationale, régionale, nationale, locale). Le terme ne signifie  donc pas forcément « guerre ouverte » avec affrontement militaire (B. Giblin).

 

Pourquoi le Proche et le Moyen-Orient constituent-ils un foyer de conflits depuis la première guerre mondiale ? Quelles sont les tensions qui parcourent cette région du globe ? Quelle en sont les enjeux ? Une issue est-elle envisageable ?  La paix est-elle possible ?

 

 

I  Acteurs et  territoires, pour une approche diatopique (B. Giblin) de la question.

 

a)       Il s’agit d’une région…

…dont les définitions ne sont pas admises par toutes les chancelleries. Ainsi les Britanniques  considèrent que le Moyen-Orient s’étend de la rive est de la méditerranée jusqu’à l’Irak et au Koweit. Pour les français, il englobe la péninsule arabique. Les américains  intègrent dans leur vision du Moyen-Orient, l’Afghanistan, le Pakistan et le Maghreb.

 

b)      …faite de territoires inégalement pourvus en ressources…

L’eau n’est pas rare, mais elle n’est pas abondante et elle est très inégalement répartie. Les gisements peuvent devenir des enjeux majeurs dans les relations compliquées qu’entretiennent les Etats de la région. C’est le cas par exemple du Golan, territoire syrien annexé par Israël. Il s’agit d’un véritable « château d’eau » pour la région. Pour continuer, la région abrite 64% des gisements prouvés de pétrole. L’Arabie saoudite détient 20% des réserves prouvées, l’Irak 12%, l’Iran 9%. Concernant Israël, des réserves ont été découvertes en Méditerranée. Le gisement Mary-B est en exploitation, le gisement Léviathan reste en réserve. Cette ressource peut motiver des conflits comme entre l’Irak et le Koweït en 1990. Le transit des ressources et des marchandises est également extrêmement important. Ceci explique le caractère stratégique du canal de Suez, du détroit d’Ormuz et de conduites comme le trans-arabian pipeline (tapline).

 

Ressources : éléments du milieu exploités par une société pour satisfaire ses besoins.

 

c)       …et marquée par un peuplement d’une grande diversité culturelle.

Le  Moyen-Orient comme d’autres régions du monde est loin d’être homogène d’un point de vue culturel. Au niveau linguistique par exemple, l’hébreu et l’arabe ont de commun d’être des langues chamito-sémitiques. Mais il faut compter aussi avec le persan en Iran et le Kurde. Le turc, lui est une langue ouralo-altaïque. Il existe une multitude d’autres langues minoritaires dans la région. Par exemple, l‘araméen y est encore parlé dans les régions du « levant ». D’un point de vue religieux, cette région du monde est le berceau des trois grands monothéismes : le judaïsme, le christianisme et l’Islam. Ces religions sont elles-mêmes divisées. C’est le cas de l’Islam. Il y a notamment des sunnites, des chiites et des druzes pour ne pas citer toutes les traditions. Le christianisme n’est pas plus homogène. Ainsi, plusieurs églises se partagent les lieux saints du christianisme à Jérusalem. Il est à rappeler que les réalités linguistiques ne recoupent pas systématiquement les réalités religieuses loin de là. Ainsi qui est arabophone n’est pas forcément musulman. C’est le cas des arabes chrétiens du Proche-Orient présents en Israël, au Liban et en Syrie.

 

d)      Cette complexité est perceptible à plusieurs échelles.

Jérusalem offre un exemple de la proximité de plusieurs communautés. Il y a dans la vielle ville un quartier arménien, un quartier arabe musulman, un quartier arabe chrétien et un quartier juif. On trouve d’autres exemples de cette proximité à grande échelle dans d’autres métropoles de la région comme Beyrouth au Liban, Bagdad en Irak ou Alep en Syrie. A plus petite échelle, la plupart des Etats présentent une certaine diversité de leurs composantes. Le Liban compte de nombreuses minorités que la constitution tente de satisfaire à travers son organisation institutionnelle. En Syrie une minorité alaouite dirige un pays peuplé de chiites, de sunnites, de chrétiens, de circassiens, de druzes, de kurdes et de juifs. Même si l’Etat d’Israël se présente comme un « Etat juif », il n’est pas plus homogène. En effet, certains citoyens israéliens sont arabes (20% de la population). Les uns sont musulmans, les autres chrétiens. Il y a également des druzes. De plus, le peuplement israélien est aujourd’hui complété par des immigrations récentes. Cette question démographique est une des préoccupations des autorités israéliennes. Pour terminer, cette présentation du rapport entre état et communauté. Il convient de rappeler que les palestiniens n’ont pas d’Etat. Certes, la représentation à l’UNESCO est reconnue depuis peu mais l’autorité palestinienne n’a qu’une souveraineté très limitée. 

 

Schéma :

 

e)       Il faut par ailleurs tenir compte des jeux d’influences dans la région.

A l’échelle régionale, Israël peut sembler isolé au milieu d’Etats qui, pour certains, lui sont carrément hostiles. Ce sentiment d’isolement est d’ailleurs renforcé par les récents accords de Genève concernant le nucléaire iranien. F.  Encel parle a ce titre de complexe de Massada. L’antagonisme avec la Syrie ou avec l’Iran est avéré. Au Liban, chacune de ces trois puissances régionales cherche à appuyer la minorité susceptible de servir son jeu. Ainsi, la Syrie et l’Iran soutiennent le hezbollah chiite. Les monarchies pétrolières du golfe soutiennent, les sunnites libanais et les autorités du Yémen  tandis qu’Israël est l’allié des chrétiens maronites.  Au-delà de cette première sphère, F. Encel démontre qu'Israël cherche à se concilier des Etats dans la région pour constituer une deuxième voire une troisième ceinture et former ainsi des alliances de revers. Enfin dans le jeu diplomatique de la région, il faut tenir compte du rôle des grandes puissances. Depuis 1948, Israël est clairement soutenu par les Etats-Unis. La Russie reste un allié fidèle de Bachar-al-Assad comme en témoigne l’impossibilité actuelle à trouver un règlement international au conflit syrien. 

 

Cette première partie a donc pour intérêt de montrer qu’on ne saurait réduire les causes des conflits dans cette région à un seul enjeu.

 

II  Représentations et conflits, pour une approche diachronique (B. Giblin) de la question.

 

a)       Les représentations se renforcent sous différents empires (HS mais utile à savoir).

Cela est perceptible à Jérusalem. Aujourd’hui le mur des lamentations-mur occidental-mur d’al-Bouraq est reconnu par les israéliens comme le vestige du temple construit par Salomon. C’est un souvenir d’Eretz Israël, le royaume  des rois David (1010-971 avant J-C) et Salomon (971-931 avant J-C). A la suite des répressions des révoltes juives de 70,115 et 135 après J-C par les romains, les juifs sont réduits à la dispersion.  Ils forment  ce qu’on appelle la diaspora. Ceux qui restent ne forment qu’une communauté minoritaire dans la région. Le territoire passe donc sous contrôle romain. C’est sous cette première domination romaine que le christianisme émerge en Judée. Il se diffuse ensuite de proche en proche dans l’empire. Aux yeux des chrétiens, Jérusalem est la ville qui abrite le tombeau du Christ (Saint Sépulcre). Au 7ème siècle les arabes musulmans conquièrent Jérusalem. Ils réalisent alors la mosquée Al Aqça et le dôme du rocher qui illustre la tradition de l’Islam selon laquelle Mahomet à la suite d’un voyage nocturne se serait élevé au ciel depuis Jérusalem. Ces éléments font de Jérusalem une ville « trois fois sainte » dont les lieux sont revendiqués par différentes communautés religieuses. Les Israéliens comme les Palestiniens veulent faire de la ville leur capitale.  Ce n’est pas le seul exemple de la force des représentations dans la région. On peut par exemple signaler l’importance des tombeaux d’Ali et d’Hussein à Najaf et à Kerbala en Irak qui sont des lieux saint de l’Islam chiite. On peut aussi évoquer ce que représente la présence de non-musulmans en terre sainte d’Arabie aux yeux des néo-fondamentalistes, compagnons de Ben Laden. Si on se doit de discuter la notion de guerres de religions dans la région tant les enjeux sont nombreux et complexes, on constate que la force de ces représentations est instrumentalisée par les plus radicaux pour mobiliser le plus grand nombre autour de leurs idées.

 

Schéma représentation 1

Schéma représentation 2

 

Diaspora : communauté dispersée dans le monde entier.

 

b) La transition post coloniale….

 

Au moment de la première guerre mondiale. La région est sous domination ottomane. En Palestine, vivent des arabes, les palestiniens. Quelques communautés juives sont installées là conformément à l’idéal sioniste, et tentent une mise en valeur agricole. Pour affaiblir, l’empire ottoman, membre de la triple alliance, la Grande-Bretagne promet au début de la guerre  au chef des Bédoins, le  Cherif al-Hussein un royaume arabe unifié s’il accepte de combattre les ottomans.  Elle signe en même temps avec la France les accords Sykes–Picot (1916) qui prévoient le partage des vestiges de l’empire ottoman entre les deux puissances. Le pétrole est l’un des enjeux de ce partage. En 1917, par la déclaration Balfour, les britanniques promettent au lord Rothschild la création d’un foyer juif en Palestine. L’écrivain Arthur Koestler commente cette annonce de la façon suivante : «  en Palestine, une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième ». Cela n’empêche pas les Britanniques de soutenir la grande révolte arabe contre les ottomans par l’intermédiaire de Lawrence d’Arabie. Conformément aux accords Sykes-Picot, la SDN confie à la France des mandats sur le Liban, la Syrie et au Royaume-Uni, la Palestine, la Transjordanie et l’Irak. Dans l’entre-deux-guerres, la région est le théâtre de soulèvements juifs et palestiniens comme en 1921, 1929 et 1936. C’est aussi un enjeu de la seconde guerre mondiale. Par les Protocoles de Paris signés en 1941, le régime de Vichy cède aux Allemands l’usage de bases en Syrie. Il faut dire qu’il s’agit pour ces derniers de contester la suprématie britannique sur l’Egypte et sur l’Irak. A la fin de la guerre, après la shoah et la participation de 26 000 juifs de Palestine aux combats aux côtés des troupes britanniques la revendication d’un Etat juif prend plus de force encore. Au sortir de la seconde guerre mondiale, la plupart des territoires du Proche et du Moyen-Orient sont indépendants.  Mais la Palestine sous mandat britannique fait figure d’exception. En 1947, la situation n’est donc pas réglée lorsque les britanniques confient le règlement du problème à l’ONU. Celle-ci propose par la résolution 181, la création de deux Etats : un Etat juif et un Etat arabe. Tandis que la ville trois fois sainte de Jérusalem devient ville internationale. De son côté, Roosevelt pour les américains signe dès 1945 avec le roi d’Arabie Saoudite les accords du Quincy qui assurent aux EU des livraisons de pétrole contre l’assurance d’une protection du Royaume.

 

Pour approfondir l’étude de Jérusalem

 

Mandats : anciennes colonies allemandes ou possessions ottomanes confiées à l'administration d'Etats vainqueurs de la première guerre mondiale par la société des nations.

 

c) ,…n’empêche pas la répétition des conflits israélo-arabes et israélo-palestiniens

On compte en effet cinq grands conflits entre Israël et les Etats arabes voisins. En effet, au lendemain de la déclaration d’indépendance en mai 1948, Israël est attaqué par les Etats arabes voisins et les Palestinien. Israël sort vainqueur de ce premier conflit appelé aussi « guerre d’indépendance » tandis que de nombreux palestiniens s’exilent craignant des massacres comparables aux événements de « Der Yassin ». En 1956, la nationalisation, en Egypte, du canal de Suez par Nasser, entraine l’intervention des français et des britanniques associés aux Israéliens. C’est la deuxième guerre israélo-arabe.  Cette  crise de Suez  fut interrompue sous la pression de l’URSS et des Etats-Unis. En 1967, Israël lance une attaque préventive contre les Etats arabes voisins. C’est la guerre des six jours ou troisième conflit israélo-arabe. Les aviations Egyptiennes et Syriennes sont clouées au sol.  Israël s’étend à cette occasion en faisant la conquête du Sinaï, de Gaza, de la Cisjordanie (dont Jérusalem)  et du Golan, le « château d’eau » de la région. Cette attaque est condamnée par la résolution 242 de l’ONU. En 1973, les Egyptiens et les Syriens profitent de la fête juive du Yom kippour pour attaquer Israël. C’est la guerre du Kippour ou quatrième conflit israélo-arabe. L’Etat d’Israël parvient à résister à cette  épreuve mais il faut en retenir les conséquences internationales. En effet, les Etats arabes producteurs de pétrole soutiennent l’Egypte et la Syrie en décidant un embargo pétrolier contre les soutiens d’Israël. C’est l’origine du premier choc pétrolier. En 1975 débute au Liban un  conflit intra-étatique opposant les différentes communautés sunnites, chiites, druzes et maronites. En 1982, Israël s’estimant menacé par  l’OLP et le Hezbollah chiite soutenu par l’Iran et la Syrie, intervient au Liban. C’est l’opération paix en Galilée qu’on assimile parfois à un cinquième conflit israélo-arabe. Il illustre le fait que dans la région certaines guerres se déroulent sur fond de diversité culturelle et d’influences régionales. En 1987, éclate officiellement la première intifada ou guerre des pierres qui est un mouvement de protestation palestinien.  De nombreux conflits inter-étatiques opposent donc Israël aux Etats Arabes voisins et aux Palestiniens mais ces conflits ont des motifs multiples. Les enjeux sont  territoriaux. Ils sont également liés au contrôle de ressources. Ils prennent une dimension symbolique avec la ville de Jérusalem. Enfin, ils dépassent le cadre régional avec l’implication de l’ONU et de différentes  puissances. 

OLP : organisation pour la libération de la Palestine. A l’origine en 1964, elle réunit plusieurs courants politiques. Progressivement le Fatah  de Yasser Arafat s’impose comme le plus influent.

Intifada : en arabe soulèvement ou guerre des pierres.

 

d) …Tandis que d’autres tensions s’inscrivent dans les logiques de la guerre froide tout en annonçant de nouvelles préoccupations

En effet, la région devint l’un des enjeux de la lutte d’influence que mènent les superpuissances de la guerre froide dans le monde. Les Etats-Unis, par exemple, sont les alliés fidèles d’Israël. Ils mettent également en place en 1955, le pacte de Bagdad avec le Royaume-Uni, le Pakistan, l’Irak, l’Iran et la Turquie.  Mais en 1979,  la révolution iranienne remet en cause ce système d’alliance militaire. En effet, les islamistes chiites de l’ayatollah Khomeiny s’emparent du pouvoir en Iran. Ils prennent d’ailleurs en otage les diplomates américains de l’ambassade à Téhéran. La même année les soviétiques interviennent en Afghanistan pour soutenir un gouvernement qui leur était favorable. Ils s’enlisent alors dans un conflit qui les oppose à des moudjahiddines soutenus indirectement par les puissances occidentales et les Etats-Unis en particulier. En 1980, le dictateur irakien Saddam Hussein  engage une guerre contre l’Iran voisin qui a d’importantes réserves de pétrole et qui menace d’étendre sa révolution chiite dans la région. C’est la première guerre du golfe ou guerre du Golfe persique. On l’appelle aussi guerre Iran-Irak, elle dure de 1980 à 1988.

 

Islamisme : c’est un projet qui vise à ré-islamiser la société et  à créer un système politique totalisant qui gérerait tous les aspects de la société, de l'économie en s'appuyant sur les seuls fondements de l'Islam (Olivier Roy).

Charia : loi islamique qui s'applique au droit des personnes (mariage, héritage, statut de la femme) comme au droit pénal et public, qui prévoit des peines contre les crimes religieux.

Chiisme : 10 % des musulmans, estiment que le califat appartient de droit aux descendants du prophète et n'acceptent pas l'éviction d'Ali le gendre du prophète, assassiné en 661. Dans le chiisme , l'imam et les ayatollahs, sans constituer un clergé, conduisent la communauté des croyants.

Wahhabisme : islam sunnite puritain.

Sunnisme : représente la grande majorité des musulmans. Le sunnisme reconnaît la succession califale après Ali. Le sunnisme est divisé en quatre écoles qui n'accordent pas la même importance au Coran, à la Sunna et aux Hadiths.

Moujahid ou moudjahiddine : militant des mouvements nationalistes ou islamiques.

 

e) …Dans la région, l’espoir d’un nouvel ordre mondial dans le contexte de l'après-guerre froide

 

En aout 1990, Saddam Hussein envahit le Koweït (Guerre du Golfe ou deuxième Guerre du Golfe). Très affaibli et endetté à l’issue de la guerre Iran-Irak, il reproche au Koweït sa politique de forte production qui maintient le prix du pétrole à un niveau bas. Il convoite également les gisements de ce petit pays. Les EU ne sauraient accepter une telle violation du droit international et ne peuvent laisser l’Irak prendre le contrôle des 9% des réserves mondiales possédées par le Koweït. Ils constituent alors une vaste coalition comprenant des pays occidentaux et arabes. Le Roi d’Arabie Saoudite obtient des dignitaires religieux une fatwa autorisant  la présence de troupes infidèles en terre sainte pour permettre l’installation des forces de la coalition. La guerre dure du 15 janvier 1991 à la fin du mois de février. C’est un moment de rupture entre les autorités saoudiennes et Ben Laden. Celui-ci dénonce la compromission des monarchies pétrolières avec les occidentaux et développe un discours néo-fondamentaliste de rejet de l'occident incarné par les États-Unis.

 

En Afghanistan la situation ne s’améliore pas. Après le départ des soviétiques, les moujahidines prennent le pouvoir en 1992. Mais le désordre règne dans le pays. En 1996, les talibans (étudiants en religion) les remplacent. Ils sont soutenus et financés par le Pakistan voisin et apparaissent comme un recours pour rétablir l'ordre. Ils se rendent cependant coupables de nombreuses vexations contre les femmes et d'exécutions sommaires. L’Afghanistan devient également la base d’entraînement d’Al Qaida.

 

Seuls les accords d’Oslo, signés en 1993, représentent un espoir de paix. Ils permettent la reconnaissance mutuelle entre israéliens et palestiniens. Est également prévue la mise en place d’une autorité palestinienne avec un début de souveraine sur Gaza, Jéricho et une petite portion de la Cisjordanie (zone A). Mais le Fatah se discrédite assez rapidement et un mouvement islamiste palestinien, le Hamas, renforce son audience. Coté israélien, l’extrême droite n’accepte pas ce début de « processus de paix ». En 1995, un jeune colon extrémiste orthodoxe, assassine Yitzhak Rabin, signataire des accords pour Israël. Depuis les pourparlers peinent à progresser. Le déplacement d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées provoque le début de la seconde intifada en 2000. C’est dans ce contexte que Tamara Erde fait son service militaire en Israël.

 

Al Qaida : (la base en Arabe) est une structure informelle qui s'apparente plus à une nébuleuse ou une franchise terroriste de dimension mondiale qu'à un groupe terroriste.

Néo fondamentalisme : mouvement qui s’appuie sur une lecture très stricte du Coran. Il rejette l’occident, souhaite ré islamiser la société et condamne de la complaisance de l’Arabie Saoudite vis-à-vis des américains et des occidentaux en général. Le projet politique du néo fondamentalisme est moins clair que celui de l’Islamisme au sens strict.

 

f)  … est vite déçu par la menace terroriste qui concerne l’ensemble du monde.

Le 11  septembre 2001, un groupe de 19 personnes d'origine saoudienne pour la plupart, détourne quatre avions et détruit ainsi les tours jumelles du World Trade Center à New-York et endommage sérieusement le Pentagone à Washington. Le bilan humain est de 2995 victimes. Le monde entier découvre la nébuleuse terroriste dirigée par Ben Laden. On parle désormais de terrorisme global ou d’hyper terrorisme.

En réaction, George Bush applique la stratégie de la Global War on Terrorism (Guerre Globale contre le Terrorisme). Une coalition internationale menée par les États-Unis intervient en Afghanistan le 7 octobre 2001. Elle entraîne la chute du régime des talibans en cinq semaines. Mais le pays reste politiquement instable et la pression islamiste se maintient sous la forme d'une guérilla. Les Etats-Unis, comme la France et le Royaume-Uni, restent donc longtemps engagés dans la région.

En mars 2003, une autre coalition menée par les EU envahit l'Irak. Il s'agit d’une guerre préventive (troisième guerre du golfe). Les EU estiment, à tort, que l'Irak possède des armes de destruction massive et soutient le terrorisme international. Des doutes sont exprimés notamment par la France sur la légitimité de cette intervention et c'est sans mandat onusien que l'offensive est lancée. Achevée officiellement en mai 2003, cette guerre se mue en conflit asymétrique opposant des forces très différentes  par leurs natures et leurs puissances.

En Palestine, le Hamas, mouvement islamique sunnite, qui ne reconnaît pas l’Etat d’Israël, remporte les élections législatives de 2006 et prend le contrôle de Gaza. Par ailleurs, depuis le Liban, le hezbollah, mouvement chiite soutenu par l’Iran et la Syrie, poursuit ses attaques contre Israël. Ceci explique l’intervention israélienne au sud Liban en 2006. Les massacres perpétrés par Tsahal lui font perdre la guerre de l’image. En 2008 (opération plomb durci), puis en 2014 (opération bordure protectrice) l’armée israélienne intervient à nouveau à Gaza. Aujourd'hui les négociations butent toujours sur les questions suivantes : le retour des réfugiés palestiniens, les colonies israéliennes en territoire palestinien, la construction d’un mur de sécurité-barrière ou mur d’annexion par les israéliens, l'étendue de la souveraineté de l'autorité palestinien, la menace  islamiste du hamas. A différentes échelles, ont donc été engagées  des « guerres contre le terrorisme ».

 

g) … Tandis que la démocratie peine à s’imposer malgré les «Printemps arabes »

 

Dès 2008,  la République Iranienne a été déstabilisée par un mouvement de protestation largement relayé par les réseaux sociaux. Le régime islamiste l’a cependant  rapidement réprimé. En 2011, dans la région comme dans l’ensemble du monde arabe, apparaissent des mouvements contestant les dictatures en place et réclamant la démocratie. Le bilan de ce printemps arabe est pour l’instant limité. En Egypte, le mouvement a entrainé la chute d’Hosni Moubarak. Les islamistes ont pensé pouvoir alors s’emparer du pouvoir. Je vous conseille le film Clash à ce sujet. Le général Al-Sissi les en a empêché en rétablissant un régime autoritaire

  Au Yémen, dans le sultanat d’Oman et à Bahreïn, les révoltes ont été sévèrement réprimées. En Syrie, le conflit s’éternise. Le dictateur Bachar Al-Assad n’entend pas quitter les pouvoir. Ses alliés sont Russes et Iraniens. Là-bas la guerre  a fait au moins 300 000 victimes. Dans ce contexte chaotique, le mouvement islamiste daesh s’est un temps développé territorialement, proclamant même la mise en place d’un Etat islamique, un nouveau califat s’étendant sur une partie de la Syrie et de l’Irak. Al Qaida n’est plus la seule menace hyper terroriste.

 

Conclusion : Au Proche et au Moyen Orient, les conflits ne s’expliquent que rarement par une seule cause. Les représentations notamment religieuses sont à l’origine de tensions. Mais il faut compter également avec les revendications politiques, les contestations territoriales et les convoitises liées aux ressources.

Par ailleurs, les conflits sont protéiformes. Il y a des guerres interétatiques mais aussi des guerres civiles. Ces dernières ne sont pas à l’abri des ingérences extérieures. Dans le même temps, le terrorisme qui était l’expression extrémiste de revendications nationalistes ou communautaires  semble céder le pas à un hyper terrorisme qui dépasse les frontières. Pour finir, il faut, pour comprendre la région, raisonner à différentes échelles, du local au mondial tant les acteurs intervenant dans ces conflits sont nombreux.

 

 

Auteur : Nérée Manuel

 

Bibliographie :

Ouvrages généraux :

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Sur la région :

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Sur l’islamisme :

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Dernière mise à jour : 10-17