Séries : TL
Le Proche et
le Moyen-Orient : un foyer de conflits depuis la fin de la première guerre
mondiale.
Le Moyen-Orient désigne les territoires
compris entre l’est de la Méditerranée, le sud de la Mer Noire, l’Océan Indien
et l’Iran. Le Proche-Orient est une
partie du Moyen-Orient située entre
la Turquie et l’Egypte sur les bords de la Méditerranée. Mais, nous le verrons
plus loin, tout le monde ne s’accorde
pas sur cette délimitation.
L’intitulé officiel nous invite à étudier la région depuis la fin de la
première mondiale. Il faut peut-être étendre l’étude à des époques plus
anciennes pour deux raisons. La première est liée au fait que la région est un
enjeu dès le début de la première
guerre mondiale. La seconde résulte du poids
des représentations (Y. Lacoste) dans cette partie du monde. Certaines
références à un passé lointain sont donc nécessaires pour expliquer les
tensions qui l’agitent. Un conflit
désigne un différend entre des acteurs égaux ou inégaux à toutes les échelles
(internationale, régionale, nationale, locale). Le terme ne signifie donc pas forcément « guerre
ouverte » avec affrontement militaire (B. Giblin).
Pourquoi
le Proche et le Moyen-Orient constituent-ils un foyer de conflits depuis la
première guerre mondiale ? Quelles sont les tensions qui parcourent cette
région du globe ? Quelle en sont les enjeux ? Une issue est-elle
envisageable ? La paix est-elle
possible ?
I
Acteurs et territoires, pour une
approche diatopique (B. Giblin)
de la question.
a) Il s’agit d’une région…
…dont
les définitions ne sont pas admises par toutes les chancelleries. Ainsi les
Britanniques considèrent que le
Moyen-Orient s’étend de la rive est de la méditerranée jusqu’à l’Irak et au Koweit. Pour les français, il englobe la péninsule
arabique. Les américains intègrent dans
leur vision du Moyen-Orient, l’Afghanistan, le Pakistan et le Maghreb.
b) …faite de territoires inégalement pourvus en ressources…
L’eau n’est pas rare, mais elle n’est pas
abondante et elle est très inégalement répartie. Les gisements peuvent devenir des enjeux majeurs dans
les relations compliquées qu’entretiennent les Etats de la région. C’est le cas
par exemple du Golan, territoire
syrien annexé par Israël. Il s’agit d’un véritable « château d’eau »
pour la région. Pour continuer, la
région abrite 64% des gisements prouvés de pétrole. L’Arabie saoudite
détient 20% des réserves prouvées, l’Irak 12%, l’Iran 9%.
Concernant Israël, des réserves ont été découvertes en Méditerranée. Le
gisement Mary-B est en exploitation, le gisement Léviathan reste en réserve.
Cette ressource peut motiver des conflits comme entre l’Irak et le Koweït en
1990. Le transit des ressources et des marchandises est également extrêmement
important. Ceci explique le caractère stratégique du canal de Suez, du détroit
d’Ormuz et de conduites comme le trans-arabian pipeline (tapline).
Ressources : éléments du milieu exploités par une société pour
satisfaire ses besoins.
c) …et marquée par un peuplement d’une grande diversité
culturelle.
Le Moyen-Orient
comme d’autres régions du monde est loin
d’être homogène d’un point de vue culturel. Au niveau linguistique par
exemple, l’hébreu et l’arabe ont de
commun d’être des langues chamito-sémitiques.
Mais il faut compter aussi avec le persan en Iran et le Kurde. Le turc, lui est
une langue ouralo-altaïque. Il existe une multitude d’autres langues
minoritaires dans la région. Par exemple, l‘araméen y est encore parlé dans les
régions du « levant ». D’un point de vue religieux, cette région du
monde est le berceau des trois grands monothéismes : le judaïsme, le
christianisme et l’Islam. Ces religions sont elles-mêmes divisées. C’est le cas de l’Islam. Il y a notamment
des sunnites, des chiites et des druzes pour ne pas citer toutes les
traditions. Le christianisme n’est pas
plus homogène. Ainsi, plusieurs églises se partagent les lieux saints du
christianisme à Jérusalem. Il est à rappeler que les réalités linguistiques ne recoupent pas systématiquement les
réalités religieuses loin de là. Ainsi qui est arabophone n’est pas
forcément musulman. C’est le cas des arabes chrétiens du Proche-Orient présents
en Israël, au Liban et en Syrie.
d) Cette complexité est perceptible à plusieurs échelles.
Jérusalem offre un exemple de la proximité de plusieurs communautés. Il y a dans la vielle ville un
quartier arménien, un quartier arabe musulman, un quartier arabe chrétien et un
quartier juif. On trouve d’autres exemples de cette proximité à grande échelle
dans d’autres métropoles de la région comme Beyrouth au Liban, Bagdad en Irak ou Alep en Syrie. A plus petite échelle, la plupart des Etats présentent une certaine diversité de leurs
composantes. Le Liban compte de nombreuses minorités que la constitution
tente de satisfaire à travers son organisation institutionnelle. En Syrie une minorité alaouite dirige un
pays peuplé de chiites, de sunnites, de chrétiens, de circassiens, de druzes,
de kurdes et de juifs. Même si l’Etat d’Israël se présente comme un « Etat
juif », il n’est pas plus homogène.
En effet, certains citoyens israéliens sont arabes (20% de la population).
Les uns sont musulmans, les autres chrétiens. Il y a également des druzes. De
plus, le peuplement israélien est aujourd’hui complété par des immigrations
récentes. Cette
question démographique est une des préoccupations des autorités israéliennes. Pour terminer, cette présentation du rapport entre
état et communauté. Il convient de rappeler que les palestiniens n’ont pas d’Etat. Certes, la représentation à
l’UNESCO est reconnue depuis peu mais l’autorité
palestinienne n’a qu’une souveraineté très limitée.
e)
Il faut par
ailleurs tenir compte des jeux d’influences dans la région.
A
l’échelle régionale, Israël peut sembler
isolé au milieu d’Etats qui, pour certains, lui sont carrément hostiles. Ce
sentiment d’isolement est d’ailleurs renforcé par les récents accords de Genève
concernant le nucléaire iranien. F. Encel parle a ce titre de complexe
de Massada. L’antagonisme avec la Syrie ou avec l’Iran est avéré. Au Liban,
chacune de ces trois puissances régionales cherche à appuyer la minorité
susceptible de servir son jeu. Ainsi, la Syrie et l’Iran soutiennent le hezbollah chiite. Les monarchies pétrolières du golfe soutiennent, les sunnites libanais et
les autorités du Yémen tandis
qu’Israël est l’allié des chrétiens maronites.
Au-delà de cette première sphère, F. Encel
démontre qu'Israël cherche à se concilier des Etats dans la région pour
constituer une deuxième voire une
troisième ceinture et former ainsi des
alliances de revers. Enfin dans le jeu diplomatique de la région, il faut
tenir compte du rôle des grandes puissances. Depuis 1948, Israël est clairement
soutenu par les Etats-Unis. La Russie reste un allié fidèle de Bachar-al-Assad comme en témoigne
l’impossibilité actuelle à trouver un règlement international au conflit
syrien.
Cette
première partie a donc pour intérêt de montrer qu’on ne saurait réduire les
causes des conflits dans cette région à un seul enjeu.
II Représentations
et conflits, pour une approche diachronique (B. Giblin)
de la question.
a)
Les
représentations se renforcent sous différents empires (HS mais utile à savoir).
Cela
est perceptible à Jérusalem. Aujourd’hui le mur des lamentations-mur occidental-mur d’al-Bouraq
est reconnu par les israéliens comme le vestige du temple construit par
Salomon. C’est un souvenir d’Eretz Israël, le royaume des rois David (1010-971 avant J-C) et
Salomon (971-931 avant J-C). A la suite des répressions des révoltes juives de
70,115 et 135 après J-C par les romains, les
juifs sont réduits à la dispersion.
Ils forment ce qu’on appelle la diaspora. Ceux qui restent ne forment
qu’une communauté minoritaire dans la région. Le territoire passe donc sous
contrôle romain. C’est sous cette première domination romaine que le christianisme émerge en Judée. Il se diffuse ensuite de proche en proche dans
l’empire. Aux yeux des chrétiens,
Jérusalem est la ville qui abrite le tombeau
du Christ (Saint Sépulcre). Au 7ème siècle les arabes musulmans
conquièrent Jérusalem. Ils réalisent alors la mosquée Al Aqça
et le dôme du rocher qui illustre la tradition de l’Islam selon laquelle
Mahomet à la suite d’un voyage nocturne se serait élevé au ciel depuis
Jérusalem. Ces éléments font de Jérusalem une ville « trois fois sainte » dont les lieux sont revendiqués
par différentes communautés religieuses. Les Israéliens comme les Palestiniens
veulent faire de la ville leur capitale.
Ce n’est pas le seul exemple de la force des représentations dans la
région. On peut par exemple signaler l’importance des tombeaux d’Ali et
d’Hussein à Najaf et à Kerbala en Irak qui sont des
lieux saint de l’Islam chiite. On peut aussi évoquer ce que représente la
présence de non-musulmans en terre sainte d’Arabie aux yeux des néo-fondamentalistes, compagnons de Ben
Laden. Si on se doit de discuter la notion de guerres de religions dans la région tant les enjeux sont nombreux
et complexes, on constate que la force de ces représentations est
instrumentalisée par les plus radicaux pour mobiliser le plus grand nombre
autour de leurs idées.
Diaspora :
communauté dispersée dans le monde entier.
b) La transition
post coloniale….
Au
moment de la première guerre mondiale. La région est sous domination ottomane.
En Palestine, vivent des arabes, les palestiniens. Quelques communautés juives
sont installées là conformément à l’idéal sioniste,
et tentent une mise en valeur agricole. Pour affaiblir, l’empire ottoman,
membre de la triple alliance, la Grande-Bretagne promet au début de la guerre au chef des Bédoins, le Cherif
al-Hussein un royaume arabe unifié s’il accepte de combattre les
ottomans. Elle signe en même temps avec
la France les accords Sykes–Picot (1916) qui prévoient le partage des vestiges
de l’empire ottoman entre les deux puissances. Le pétrole est l’un des enjeux
de ce partage. En 1917, par la déclaration
Balfour, les britanniques promettent au lord Rothschild la création d’un foyer juif en Palestine. L’écrivain Arthur
Koestler commente cette annonce de la façon suivante : « en
Palestine, une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une
troisième ». Cela n’empêche pas les Britanniques de soutenir la grande révolte arabe contre les
ottomans par l’intermédiaire de Lawrence d’Arabie.
Conformément aux accords Sykes-Picot, la SDN
confie à la France des mandats sur
le Liban, la Syrie et au Royaume-Uni, la Palestine, la Transjordanie et l’Irak.
Dans l’entre-deux-guerres, la région est le théâtre de soulèvements juifs et
palestiniens comme en 1921, 1929 et 1936. C’est aussi un enjeu de la seconde
guerre mondiale. Par les Protocoles de Paris signés en 1941, le régime de Vichy cède aux
Allemands l’usage de bases en Syrie. Il faut dire qu’il s’agit pour ces
derniers de contester la suprématie britannique sur l’Egypte et sur l’Irak. A
la fin de la guerre, après la shoah
et la participation de 26 000 juifs de
Palestine aux combats aux côtés des troupes britanniques la revendication
d’un Etat juif prend plus de force encore. Au sortir de la seconde guerre
mondiale, la plupart des territoires du Proche et du Moyen-Orient sont indépendants. Mais la Palestine sous mandat
britannique fait figure d’exception. En 1947, la situation n’est donc pas
réglée lorsque les britanniques confient le règlement du problème à l’ONU. Celle-ci propose par la
résolution 181, la création de deux
Etats : un Etat juif et un Etat arabe. Tandis que la ville trois fois sainte de Jérusalem
devient ville internationale. De son côté, Roosevelt pour les américains
signe dès 1945 avec le roi d’Arabie Saoudite les accords du Quincy qui assurent aux EU des livraisons de pétrole
contre l’assurance d’une protection du Royaume.
Pour approfondir l’étude
de Jérusalem
Mandats : anciennes colonies allemandes ou possessions ottomanes
confiées à l'administration d'Etats vainqueurs de la première guerre mondiale
par la société des nations.
c) ,…n’empêche pas la répétition des conflits israélo-arabes et israélo-palestiniens
On
compte en effet cinq grands conflits
entre Israël et les Etats arabes voisins. En effet, au lendemain de la
déclaration d’indépendance en mai 1948, Israël est attaqué par les Etats arabes
voisins et les Palestinien. Israël sort vainqueur de ce premier conflit appelé aussi « guerre d’indépendance » tandis que de nombreux palestiniens s’exilent craignant des massacres
comparables aux événements de « Der Yassin ».
En 1956, la nationalisation, en Egypte, du canal de Suez par Nasser, entraine
l’intervention des français et des britanniques associés aux Israéliens. C’est la deuxième guerre israélo-arabe. Cette crise de Suez fut interrompue sous la pression de l’URSS et
des Etats-Unis. En 1967, Israël lance une attaque
préventive contre les Etats arabes voisins. C’est la guerre des six jours ou troisième conflit israélo-arabe. Les
aviations Egyptiennes et Syriennes sont clouées au sol. Israël s’étend à cette occasion en faisant la
conquête du Sinaï, de Gaza, de la Cisjordanie (dont Jérusalem) et du Golan, le « château d’eau » de la région. Cette attaque
est condamnée par la résolution 242 de l’ONU. En 1973, les Egyptiens et les
Syriens profitent de la fête juive du Yom
kippour pour attaquer Israël. C’est
la guerre du Kippour ou quatrième conflit israélo-arabe. L’Etat d’Israël
parvient à résister à cette épreuve mais
il faut en retenir les conséquences internationales. En effet, les Etats arabes
producteurs de pétrole soutiennent l’Egypte et la Syrie en décidant un embargo pétrolier contre les soutiens
d’Israël. C’est l’origine du premier
choc pétrolier. En 1975 débute au Liban un
conflit intra-étatique
opposant les différentes communautés sunnites,
chiites, druzes et maronites. En 1982, Israël s’estimant menacé par l’OLP
et le Hezbollah chiite soutenu par
l’Iran et la Syrie, intervient au Liban. C’est l’opération paix en Galilée qu’on assimile parfois à un cinquième conflit israélo-arabe. Il illustre le fait que dans la
région certaines guerres se déroulent sur fond de diversité culturelle et d’influences régionales. En 1987, éclate
officiellement la première intifada
ou guerre des pierres qui est un
mouvement de protestation palestinien.
De nombreux conflits inter-étatiques opposent
donc Israël aux Etats Arabes voisins et aux Palestiniens mais ces conflits ont
des motifs multiples. Les enjeux sont
territoriaux. Ils sont également liés au contrôle de ressources. Ils
prennent une dimension symbolique avec la ville de Jérusalem. Enfin, ils
dépassent le cadre régional avec l’implication de l’ONU et de différentes puissances.
OLP : organisation pour la libération de la Palestine. A
l’origine en 1964, elle réunit plusieurs courants politiques. Progressivement
le Fatah de Yasser Arafat s’impose comme le plus
influent.
Intifada : en arabe soulèvement ou guerre des pierres.
d) …Tandis que d’autres tensions s’inscrivent dans les
logiques de la guerre froide tout en
annonçant de nouvelles préoccupations
En
effet, la région devint l’un des enjeux de la lutte d’influence que mènent les superpuissances de la guerre froide dans le monde. Les
Etats-Unis, par exemple, sont les alliés fidèles d’Israël. Ils mettent
également en place en 1955, le pacte de
Bagdad avec le Royaume-Uni, le
Pakistan, l’Irak, l’Iran et la Turquie. Mais en 1979, la révolution iranienne remet en cause ce système d’alliance militaire. En effet,
les islamistes chiites de
l’ayatollah Khomeiny s’emparent du pouvoir en Iran.
Ils prennent d’ailleurs en otage les diplomates américains de l’ambassade à
Téhéran. La même année les soviétiques
interviennent en Afghanistan pour soutenir un gouvernement qui leur était
favorable. Ils s’enlisent alors dans un conflit qui les oppose à des moudjahiddines soutenus indirectement
par les puissances occidentales et les Etats-Unis en particulier. En 1980, le
dictateur irakien Saddam Hussein engage
une guerre contre l’Iran voisin qui a d’importantes réserves de pétrole et qui
menace d’étendre sa révolution chiite
dans la région. C’est la première guerre
du golfe ou guerre du Golfe persique. On l’appelle aussi guerre Iran-Irak,
elle dure de 1980 à 1988.
Islamisme : c’est un projet qui vise à ré-islamiser la société
et à créer un système politique
totalisant qui gérerait tous les aspects de la société, de l'économie en
s'appuyant sur les seuls fondements de l'Islam (Olivier Roy).
Charia
: loi islamique qui s'applique au
droit des personnes (mariage, héritage, statut de la femme) comme au droit
pénal et public, qui prévoit des peines contre les crimes religieux.
Chiisme
: 10 % des musulmans, estiment
que le califat appartient de droit aux descendants du prophète et n'acceptent
pas l'éviction d'Ali le gendre du prophète, assassiné en 661. Dans le chiisme , l'imam et les ayatollahs, sans constituer un
clergé, conduisent la communauté des croyants.
Wahhabisme
: islam sunnite puritain.
Sunnisme
: représente la grande majorité
des musulmans. Le sunnisme reconnaît la succession califale après Ali. Le
sunnisme est divisé en quatre écoles qui n'accordent pas la même importance au
Coran, à la Sunna et aux Hadiths.
Moujahid ou moudjahiddine : militant des mouvements nationalistes
ou islamiques.
e) …Dans la région, l’espoir d’un nouvel ordre mondial dans le contexte de l'après-guerre froide
En
aout 1990, Saddam Hussein envahit le Koweït (Guerre du Golfe ou deuxième
Guerre du Golfe). Très affaibli et endetté à l’issue de la guerre
Iran-Irak, il reproche au Koweït sa politique de forte production qui maintient
le prix du pétrole à un niveau bas. Il convoite également les gisements de
ce petit pays. Les EU ne sauraient accepter une telle violation du droit
international et ne peuvent laisser l’Irak prendre le contrôle des 9%
des réserves mondiales possédées par le Koweït. Ils constituent alors une vaste
coalition comprenant des pays occidentaux et arabes. Le Roi d’Arabie
Saoudite obtient des dignitaires religieux une fatwa autorisant la présence
de troupes infidèles en terre sainte pour permettre l’installation des forces
de la coalition. La guerre dure du 15 janvier 1991 à la fin du mois de février.
C’est un moment de rupture entre les autorités saoudiennes et Ben Laden.
Celui-ci dénonce la compromission des monarchies pétrolières avec les
occidentaux et développe un discours néo-fondamentaliste de rejet de
l'occident incarné par les États-Unis.
En
Afghanistan la situation ne s’améliore pas. Après le départ des soviétiques,
les moujahidines
prennent le pouvoir en 1992. Mais le désordre règne dans le pays. En 1996, les talibans (étudiants en religion) les
remplacent. Ils sont soutenus et financés par le Pakistan voisin et
apparaissent comme un recours pour rétablir l'ordre. Ils se rendent cependant
coupables de nombreuses vexations contre les femmes et d'exécutions sommaires.
L’Afghanistan devient également la base d’entraînement d’Al Qaida.
Seuls les accords d’Oslo, signés en 1993,
représentent un espoir de paix. Ils permettent la reconnaissance mutuelle entre
israéliens et palestiniens. Est également prévue la mise en place d’une autorité
palestinienne avec un début de souveraine sur Gaza, Jéricho et une petite
portion de la Cisjordanie (zone A). Mais le Fatah se discrédite assez
rapidement et un mouvement islamiste palestinien, le Hamas, renforce son
audience. Coté israélien, l’extrême droite n’accepte pas ce début de
« processus de paix ». En 1995, un jeune colon extrémiste orthodoxe,
assassine Yitzhak Rabin, signataire des accords pour Israël. Depuis les pourparlers
peinent à progresser. Le déplacement d’Ariel Sharon sur l’esplanade des
Mosquées provoque le début de la seconde intifada en 2000. C’est dans ce
contexte que Tamara Erde fait son service militaire en Israël.
Al Qaida : (la base en Arabe) est une structure
informelle qui s'apparente plus à une nébuleuse ou une franchise terroriste de
dimension mondiale qu'à un groupe terroriste.
Néo fondamentalisme : mouvement qui s’appuie sur une lecture très
stricte du Coran. Il rejette l’occident, souhaite ré islamiser la société et
condamne de la complaisance de l’Arabie Saoudite vis-à-vis des américains et
des occidentaux en général. Le projet politique du néo fondamentalisme est
moins clair que celui de l’Islamisme au sens strict.
f) … est vite
déçu par la menace terroriste qui
concerne l’ensemble du monde.
Le 11
septembre 2001, un groupe de 19 personnes d'origine saoudienne pour la
plupart, détourne quatre avions et détruit ainsi les tours jumelles du World Trade
Center à New-York et endommage sérieusement le Pentagone à Washington. Le bilan
humain est de 2995 victimes. Le monde entier découvre la nébuleuse terroriste
dirigée par Ben Laden. On parle désormais de terrorisme global ou
d’hyper terrorisme.
En réaction, George Bush applique la
stratégie de la Global War on Terrorism
(Guerre Globale contre le Terrorisme). Une coalition internationale menée par
les États-Unis intervient en Afghanistan le 7 octobre 2001. Elle entraîne la chute
du régime des talibans en cinq semaines. Mais le pays reste politiquement
instable et la pression islamiste se maintient sous la forme d'une guérilla.
Les Etats-Unis, comme la France et le Royaume-Uni, restent donc longtemps
engagés dans la région.
En mars 2003, une autre coalition menée par les EU
envahit l'Irak. Il s'agit d’une guerre préventive (troisième guerre
du golfe). Les EU estiment, à tort, que l'Irak possède des armes de
destruction massive et soutient le terrorisme international. Des doutes sont
exprimés notamment par la France sur la légitimité de cette intervention et
c'est sans mandat onusien que l'offensive est lancée. Achevée
officiellement en mai 2003, cette guerre se mue en conflit asymétrique
opposant des forces très différentes par
leurs natures et leurs puissances.
En Palestine, le Hamas, mouvement islamique sunnite,
qui ne reconnaît pas l’Etat d’Israël, remporte les élections législatives de
2006 et prend le contrôle de Gaza. Par ailleurs, depuis le Liban, le hezbollah, mouvement chiite soutenu par
l’Iran et la Syrie, poursuit ses attaques contre Israël. Ceci explique
l’intervention israélienne au sud Liban en 2006. Les massacres perpétrés par
Tsahal lui font perdre la guerre de l’image. En 2008 (opération plomb
durci), puis en 2014 (opération bordure protectrice) l’armée israélienne
intervient à nouveau à Gaza. Aujourd'hui les négociations butent toujours sur
les questions suivantes : le retour des réfugiés palestiniens, les
colonies israéliennes en territoire palestinien, la construction d’un
mur de sécurité-barrière ou mur d’annexion par les israéliens,
l'étendue de la souveraineté de l'autorité palestinien, la menace islamiste du hamas.
A différentes échelles, ont donc été
engagées des « guerres contre le terrorisme ».
g) … Tandis que la démocratie
peine à s’imposer malgré les «Printemps
arabes »
Dès
2008, la République Iranienne a été déstabilisée par un mouvement de
protestation largement relayé par les réseaux sociaux. Le régime islamiste l’a
cependant rapidement réprimé. En 2011,
dans la région comme dans l’ensemble du monde arabe, apparaissent des
mouvements contestant les dictatures en place et réclamant la démocratie. Le
bilan de ce printemps arabe est pour
l’instant limité. En Egypte, le
mouvement a entrainé la chute d’Hosni Moubarak. Les islamistes ont pensé
pouvoir alors s’emparer du pouvoir. Je vous conseille le film Clash à ce sujet. Le général Al-Sissi
les en a empêché en rétablissant un régime autoritaire
Au Yémen, dans le sultanat d’Oman et à
Bahreïn, les révoltes ont été sévèrement réprimées. En Syrie, le conflit s’éternise. Le dictateur Bachar
Al-Assad n’entend pas quitter les pouvoir. Ses alliés sont Russes et Iraniens.
Là-bas la guerre a fait au moins 300 000
victimes. Dans ce contexte chaotique, le mouvement islamiste daesh s’est un
temps développé territorialement, proclamant même la mise en place d’un Etat
islamique, un nouveau califat s’étendant sur une partie de la Syrie et de
l’Irak. Al Qaida n’est plus la seule menace hyper
terroriste.
Conclusion :
Au Proche et au Moyen Orient, les
conflits ne s’expliquent que rarement par une seule cause. Les
représentations notamment religieuses sont à l’origine de tensions. Mais il
faut compter également avec les revendications
politiques, les contestations territoriales et les convoitises liées aux
ressources.
Par ailleurs, les conflits
sont protéiformes. Il y a des guerres
interétatiques mais aussi des guerres civiles. Ces dernières ne sont pas à
l’abri des ingérences extérieures.
Dans le même temps, le terrorisme
qui était l’expression extrémiste de revendications nationalistes ou
communautaires semble céder le pas à un hyper terrorisme qui dépasse les
frontières. Pour finir, il faut, pour comprendre la région, raisonner à
différentes échelles, du local au mondial tant les acteurs intervenant dans ces
conflits sont nombreux.
Auteur : Nérée Manuel
Bibliographie :
Ouvrages généraux :
GERE F., Pourquoi les guerres ? Un siècle de
géopolitique, 20.21 d’un siècle à l’autre, Larousse, 2002
LACOSTE Y, Géopolitique, la longue histoire
d’aujourd’hui, Larousse, 2008
VICTOR J-C, RAISSON V, TETART F. Le Dessous des cartes. Atlas géopolitique.
Editions Arte-Tallandier, 2005. [CDI]
GIBLIN, B. (sd) Géographie des conflits, documentation photographique,
n°8086, mars-avril 2012. [CDI]
CORM G., Pour une lecture
profane des conflits, sur le "retour du religieux" dans les conflits
contemporains du Moyen Orient, La Découverte, 2012.
Coll. ,
Les mondes insurgés, Altermanuel
d'Histoire contemporaine, La Librairie Vuibert, 2014.
Sur la région :
MUTIN G., Du
Maghreb au Moyen-Orient : un arc de crises, la Documentation
photographique n° 8027. [CDI]
PRIME (Coll.), Histoire de l’autre, coll. Piccolo,
Editions Liana Levi, 2003 [CDI]
REMY M., Proche-Orient 1914-2010, Les origines du
conflit israélo-palestinien, Eclairage Histoire, Les bons caractères, 2010.
ENCEL F., Atlas
géopolitique d'Israël, Les défis d'une démocratie en guerre, nouvelle édition
augmentée, Editions 2008. Editions Autrement.
GUIDERE M., Atlas des pays arabes ; Des révolutions
à la démocratie ?, Autrement 2012.
HASKI P., Israël, une histoire mouvementée, Les
essentiels, Milan, 2009 [CDI]
ERDE
T. , This is my life, 2014
MOGRABI A., Pour un seul de mes deux yeux, arte vidéo, 2006.
Coll. Israël-Palestine, Le
conflit dans les Manuels scolaires, Syllepse, 2014.
ADWAN
S., BAR-ON D., MUSALLAM A., NAVEH E., L'Histoire de l'autre, Liana Levi, Piccolo, 2008. [CDI]
Sur l’islamisme :
KEPPEL G., Jihad, Actuel, folio, 2003
ROY O., Généalogie de l'islamisme, Hachette,
1995
FILIU J-P, Les
9 vies d’Al-Qaida, Fayard, 2009.
Dernière mise à jour : 10-17