Séries :
TS et TL
Titre : les chemins de la puissance : les
Etats-Unis et le monde depuis les « 14 points » de Wilson.
Histoire de l'art et laïcité : Les figures de l'ombre de
Théodore Melfi.
Framaslides
TS1
Framaslides
TS2
La
formulation du sujet a de quoi surprendre. Quasi téléologique, elle donne le sentiment, que la puissance des Etats-Unis s’inscrit dans le destin d’une nation. Il est vrai qu’elle fut fondée
par des puritains, les Pilgrims Fathers,
religieusement convaincus de leur mission. On ne saurait cependant réduire
l’histoire de la puissance américaine à cette seule dimension. Elle n’est
cependant pas absente des réflexions sur la place des Etats-Unis dans le
concert des nations. Quand Wilson rédige les 14 points, peu avant la fin de la
première guerre, son inspiration est presque messianique. Les Etats-Unis ne sont alors qu’une puissance émergente. Ils n’ont
d’ailleurs pas à ce moment là la prétention de s’imposer comme la première puissance. Ils le sont
pourtant devenus. On parle même désormais au sujet de ce pays de super voir d’hyperpuissance.
Problématique :
Les Etats-Unis avaient-ils vocation à devenir une puissance ? Comment
expliquer leur actuel leadership ? Quelles sont les étapes de cette émergence ?
Connait-elle des limites ? Est-elle contestée ?
Par
puissance, on désigne la capacité d’un Etat à tirer parti de la
combinaison de différents facteurs (poids démographique, superficie, ressources
naturelles, richesse économique, capacités militaires, poids dans les
institutions internationales, rayonnement culturel) pour
imposer sa volonté aux autres. Une superpuissance est un Etat qui combine tous ces
critères pour affirmer son influence partout dans le monde (Etats-Unis et
URSS pendant la guerre froide). Une hyperpuissance est une
puissance sans rivale, capable d’affirmer sa domination sans partage.
Téléologie : approche finaliste qui analyse les événements et leur
succession uniquement à la lumière du présent.
I L’émergence d’une puissance dont la prétention est
d’abord régionale….
a)
(HS) Après
avoir voulu limiter leur influence à l’ «hémisphère américain », ….
Au tournant des 19ème et 20ème
siècles, les Etats-Unis cherchent d’abord à
maîtriser un territoire immense
(9,6 millions de km² aujourd’hui) conquis en repoussant la « frontière » au détriment des amérindiens et des
puissances voisines. Les voies fluviales, puis les routes et les lignes de chemin de fin constituent
alors des axes de pénétration efficaces. Ils permettent l’exploitation de nombreuses ressources minérales et agricoles. Au nord des grandes
plaines, depuis 1848, le Chicago Board Of Trade (CBOT) fixe le court des
produits agricoles. Aujourd’hui encore
les Etats-Unis sont les premiers
exportateurs mondiaux de produits agricoles et agroalimentaires. C’est un
aspect de leur soft power. Au nord
et à l’est se constitue dans le contexte de la seconde révolution industrielle,
une manufacturing belt qui devient
le cœur industriel des Etats-Unis. C’est donc bien à l’émergence d’une puissance industrielle et commerciale à laquelle
on assiste sur le sous-continent nord américain à ce moment là. Sur le plan
géopolitique, les Etats-Unis entendent contrôler leur environnement proche.
C’est la politique du «big stick»
chère à Théodore Roosevelt. Il
s’agit souvent de satisfaire des
intérêts économiques. La présence de la société américaine United fruit
justifie des interventions à Cuba, au Honduras, au Nicaragua. C’est l’origine
de l’expression république bananière.
Soucieux de maîtriser les routes maritimes, ils prennent le contrôle du détroit
de Panama en 1912. Cependant, conformément à la tradition isolationniste du président J.Monroe (1823) et aux
conseils du président T. Roosevelt, ils se tiennent éloignés des tensions européennes. Profitant de l’affaiblissement
de l’Espagne vaincue en 1898, les Etats-Unis prennent le contrôle des
Philippines et de Hawaii dans le pacifique mais aussi de Cuba et de Porto Rico
aux Antilles. Avec la mise en place d’un protectorat sur Haïti et sur la République
Dominicaine en 1915, la mer caraïbe devient un véritable «lac étatsunien».
Frontière :
Dans ce contexte, il s’agit d’un front pionnier, une limite
mouvante qui sépare les régions habitées des espaces encore vides et
non contrôlés.
b),… les Etats-Unis participent malgré tout à la première guerre
mondiale.
C’est
dans ce contexte qu’éclate la première
guerre mondiale. Les Etats-Unis restent d’abord neutres. Cela ne les
empêche pas cependant de faire crédit
aux pays de l’entente (rôle de la
banque JP Morgan & Co.) et de livrer
secrètement du matériel militaire aux alliés comme le révèle la tragique
histoire du Lusitania coulé en mai
1915 par un u-boot allemand. C’est d’ailleurs la volonté allemande de mener une
guerre sous-marine à outrance qui justifie
l’entrée en guerre des Etats-Unis en avril 1917. Mais ceux-ci ne sont pas
totalement préparés. Le volontariat ne suffit pas. Pour la première fois la
conscription est nécessaire. Au départ, il n’y a d’ailleurs pas suffisamment
d’armes pour les sammies. Malgré
tout, ils débarquent, notamment par Brest, en juin 1917 et sont opérationnels
en septembre 1918.
Le
8 janvier 1918, dans un discours au Congrès, le président américain Thomas
Woodrow Wilson, fait une proposition de paix en 14 points. Dans
ce texte, il souhaite la mise en place d’une nouvelle forme de diplomatie (une
diplomatie ouverte, une diplomatie des peuples, une diplomatie assurant la
liberté de circulation et des échanges). Il affirme, en Europe, le droit
des peuples à déposer d’eux mêmes (autonomie des peuples
d’Autriche-Hongrie et reconstitution d’un Etat polonais). Il annonce la
création d'une Société des Nations.
Elle nait par le pacte constitutif qui précède le traité de Versailles signé le 28 juin 1919. Elle réunit 45
membres. Son Assemblée Générale siège une fois par an à Genève. Elle a pour
mission de régler pacifiquement les conflits entre États. Elle veille donc au
respect du droit international et règle les litiges par la cour permanente
internationale de justice. Mais le sénat américain refuse de suivre
l’initiative interventionniste du président Wilson. Il ne ratifie donc pas
l’adhésion des États-Unis à la SDN. Celle-ci s’en retrouve amoindrie. (voir
leçon sur la SDN et l’ONU)
c)
… et en sortent
renforcés
Au
sortir de la première guerre mondiale, les Etats-Unis sont les créanciers de nombreuses puissances. C’est à ce moment là que
le dollar s’impose avec la livre sterling comme
monnaie de référence mondiale. Dans le domaine du pétrole, l’influence américaine se fait sentir de
façon plus lointaine. Cinq sociétés américaines font partie « des sept sœurs » qui s’entendent
en 1928 par les accords d’Achnacarry pour
contrôler le secteur du pétrole dans le monde entier. Mais le 24 octobre 1929 a
lieu le krach de Wall Street. Débute
alors la grande dépression qui
affaiblit durablement le pays. L’extension de la crise à l’Europe révèle
combien les banques américaines étaient implantées en Europe. Confrontées à des
difficultés dans leur pays, elles rapatrient leurs capitaux et limitent leurs
prêts. Pour certains économistes, cette contraction du crédit contribue à
exporter la crise outre-atlantique. La politique interventionniste de New Deal menée par le président Franklin
Delano Roosevelt permet de réduire les difficultés mais à la fin des années
30 l’économie américaine ne s’est encore totalement redressée. Pour certains
économistes, c’est la seconde guerre mondiale qui relance durable l’appareil
productif des Etats-Unis.
d)
A l’occasion de
la seconde guerre mondiale les EU renforcent leur puissance.
Jusqu’en
1941, les Etats-Unis limitent leur participation à la fourniture de matériel
militaire au Royaume-Uni puis à l’URSS (loi cash and carry, loi prêt-bail,
victory program). Mais progressivement, l’ «aire de coprospérité» que le Japon conquiert progressivement en
Asie orientale et dans le pacifique, menace les intérêts américains dans la
région. L’attaque de la base américaine de Pearl Harbor à Hawaii, le 7 décembre 1941, oblige les Etats-Unis à
entrer officiellement en guerre. En 1939 des scientifiques, notamment Einstein,
alertent Roosevelt des capacités supposées des allemands de se doter d’une arme atomique. Le projet Manhattan est alors lancé. Il aboutit à l’essai en juillet
1945 d’une bombe à implosion (opération Trinity).
Les Etats-Unis sont alors les seuls à posséder la bombe nucléaire. Ils
l’utilisent comme arme de coercition le
6 aout et le 9 août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki, officiellement pour
accélérer la capitulation japonaise. Mais l’utilisation de la bombe sur la
Japon avant l’entrée en guerre prévue de
l’URSS contre cette puissance laisse entendre à certains que « cet acte
est le premier acte diplomatique d’importance de la guerre froide à l’encontre
de l’URSS » (PMS Blakett).
La
puissance des Etats-Unis est donc désormais considérable et pour l’historien Maurice
Vaïsse, la seconde guerre mondiale marque la fin de la prédominance européenne au profit de celle des deux
superpuissances de la guerre froide.
II ….avant de s’imposer comme l’autre superpuissance de
la guerre froide.
La guerre froide est une guerre d’intensité
variable opposant indirectement deux superpuissances dans un conflit idéologique. Chacune essaye en
effet de diffuser son modèle et
d’étendre sa zone d’influence. Il en résulte une bipolarisation du monde et une concurrence acharnée entre les deux
Etats.
a)
Les Etats-Unis
établissent les bases d’une puissance économique et culturelle…
Dès
la rencontre entre Churchill et Roosevelt au large de Terre-Neuve en aout 41,
la Charte de l’Atlantique demande le rétablissement de la libre circulation à
travers les océans. Cette volonté de rétablir les bases économiques et les flux
commerciaux mondiaux à leur profit est une constante préoccupation des
autorités américaines. Pour stabiliser
les monnaies et relancer le commerce, les accords de Bretton Woods sont
signés en 1944. Le dollar devient la monnaie de référence internationale.
Il est convertible en or (31.10 g d’or = 35 $). Les Etats-Unis détiennent
d’ailleurs à ce moment là les 2/3 du stock d’or mondial. Les
monnaies ont donc des parités fixes (ou presque) par rapport à
l'or ou au dollar. A Bretton Woods fut également mis en place
un Fonds Monétaire International(FMI), financé pour 1/4 par les EU
et la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD)
financée à 35 % par les EU (citation) Le plan Marshall, programme
d'aide américain destiné à stimuler la reconstruction de l'Europe après la
Seconde Guerre mondiale, est proposé en 1947 et adopté par le
Congrès américain en avril 1948. Il est prévu pour une durée de quatre
ans et porte sur une somme de 13 milliards de
dollars, dont 85 % de dons et 15 % de prêts à
long terme. L'Organisation européenne de coopération économique (OECE-future
OCDE) est créée pour accompagner la mise en œuvre de cette aide dans les seize
pays européens qui l'ont acceptée. Elle doit permettre de
soustraire ces pays de l’influence communiste. Elle participe à la politique d’endiguement. Par ailleurs les Etats-Unis trouvent ainsi
une demande solvable. Cette volonté d’écouler les productions américaines
concerne également la culture. Au sortir de la guerre la dette française est
annulée par les américains. En contre partie, les accords Blum-Byrnes, prévoient
qu’aucune restriction ne soit apportée à l’importation de films
américains. C’est ainsi que se diffuse le
mode de vie américain (American way of life) et les modes de consommation
associés en Europe.
b)
, s’inscrivent
comme une puissance géopolitique incontournable….
Réunis
à Yalta en février 44, Staline, Churchill et Roosevelt prévoient les
conditions d'une paix durable dans le monde, ils souhaitent la création d’une
organisation des nations unies. Celle-ci voit le jour avec l’adoption le 26
juin 45 de la charte de San Francisco (26 juin 45). Les Etats-Unis obtiennent
comme le Royaume-Uni, la France, l’URSS et la Chine un statut de membre permanant du conseil de sécurité et
le droit de véto associé au titre. Le siège
de l’organisation est établi à New York. Les soviétiques affirment
d’ailleurs que cette institution n’est alors qu’un instrument à la botte des
Etats-Unis. Il faut dire que la gestion de la guerre de Corée (1950-1953), semble conforter ce sentiment puisque,
pour contourner le blocage soviétique au conseil
de sécurité, l’Assemblé Générale
vote une résolution permettant l’envoi contre l’agresseur nord-coréen d’une
force multinationale essentiellement américaine. Cela participe de la politique du Rollback
voulue par Eisenhower et qui vise à refouler le communisme. Sur
le plan intérieur se développe une véritable guerre contre l'ennemi de
l'intérieur. Le sénateur républicains Joseph Mc Carthy est à l'origine du Maccarthysme
qui traque dans différents milieux, notamment parmi les artistes, des
agents du communisme.
c)
…et renforcent
leurs capacités militaires.
Ce
sont les européens, notamment les britanniques qui, effrayés par le coup de
Prague en Tchécoslovaquie en 1948, demandent à se placer sous la protection
d’une alliance militaire menée par
les Etats-Unis. C’est dans ces conditions qu’est adopté le traité de Washington qui donne naissance à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Plus tard,
sous l’impulsion de John Foster Dulles, secrétaire d’Etat aux affaires
étrangères, les Etats-Unis complètent leur système d’alliance avec l’OTASE,
l’ANZUS et le pacte de Bagdad. On a parfois parlé de pactomanie. L’armement évolue également. Les EU pensaient avoir de
l’avance pour longtemps sur leurs adversaires.
Mais en 1949, l’URSS se dote de
l’arme nucléaire (la bombe A). Les EU mettent donc au point en 1952 une bombe
plus puissante, thermonucléaire : la bombe H. La conquête de l'espace
participe à la course à l'armement. Dans le contexte de la coexistence
pacifique, les fusées de l'exploration spatiale sont aussi des engins balistiques
potentiels porteurs de charges nucléaires. Les américains sont d'abord
traumatisés par l'avance prise par les soviétiques dans ce domaine. Le premier
satellite spoutnik est envoyé en 1957 et le premier homme dans l'espace
s'appelle Youri Gagarine en 1961. John Glenn est le premier américain à
réaliser un vol orbital en 1962 pour la Nasa. En 1969, les Américains de la
mission Apollo sont les premiers à marcher sur la lune. es Etats-Unis affirment
ainsi leur avance conquise dans ce domaine.
d)
Ils doutent cependant
de leur modèle
Mais
sur le plan de la politique intérieure, la fin des années 60 et le début des
années 70, correspondent à une période de doutes de la société américaine sur
la valeur de son modèle. Dès 1955, le refus de Rosa Parks de laisser sa
place dans un bus à un blanc est à l'origine d'un vaste mouvement de lutte pour les droits civiques dont Martin Luther
King est la figure emblématique. Si John Fitzgerald Kennedy est favorable
à l'égalité des droits. Son assassinat en 1963, ne lui laisse pas le temps de
l'imposer. En 1964 la ségrégation est officiellement abolie dans le domaine
scolaire. Mais les pratiques ségrégationnistes et racistes demeurent notamment
dans les Etats du Sud. En 1968, Robert Kennedy le frère de JFK et le
pasteur Martin Luther King sont tués.
La lutte pour les droits civiques se
poursuit avec notamment des mouvements comme le Black Power ou le Black Panther Party.
En 1974, l’affaire du Watergate qui
aboutit à une procédure d’impeachment
à l’encontre du président R. Nixon ébranle le système politique
américain. Les suites judiciaires révèlent alors combien le pouvoir est
corrompu par les grandes firmes transnationales de Wall Street comme ITT
(télécommunications) et Gulf Oil ou American Airlines.
Sur
le plan géopolitique également la décennie 70 correspond est une période
d’incertitude pour la puissance américaine.
e) et de leur
puissance
La
guerre du Vietnam connait une
contestation qui s’intensifie en 1968-1969. Après, s’être enlisés dans le
conflit les EU se retirent de la péninsule Indochinoise en 1973. Nixon cherche
à contribuer à la division du camp communiste en pratiquant une diplomatie triangulaire qui le
rapprochait de la Chine. En 1975,
les nord-vietnamiens communistes entrent dans Saigon (Ho Chi
Minh-Ville) et remportent la guerre du Vietnam. C’est un échec de la stratégie d’endiguement mise en place par les
américains. C’est la première grande défaite militaire américaine.
Au
Moyen-Orient, Ils perdent un allié pro-occidental précieux, à
l’occasion de la révolution islamiste iranienne en 79.
Les
Etats-Unis connaissent également des difficultés sur le plan économique. La crise s’amorce au début des années 70.
En 1971, Nixon décide de supprimer la convertibilité du dollar en or et met un terme au système de Bretton Woods Il en
résulte une certaine instabilité monétaire. Les Etats-Unis, alliés d’Israël
sont particulièrement visés par l’embargo
décidé par les Etats arabes producteurs de pétrole en 1973. Ils subissent
également le deuxième choc pétrolier en 1979 au moment de la révolution
iranienne. Dans ce contexte économique, l’industrie américaine connait donc des
difficultés. Par endroit, la manufacturing belt se transforme avec les friches
industrielles, en rust belt
(ceinture de la rouille). Un film comme Voyage au bout de l’enfer (Michaël
Cimino-1978) illustre finalement assez bien les difficultés que traverse la
société américaine dans ce contexte.
Procédure
d'impeachment : procédure qui permet au Congrès
de renverser le président en cas de trahison ou de forfaiture.
f)
Avant de
s’imposer finalement à l’issue de la guerre fraîche.
Le
climat change cependant avec l’arrivée au pouvoir du républicain Ronald Reagan
en 1980. Face à l’adversaire soviétique qu’il désigne comme « l’empire
du mal », il déclare désormais : « America is back».
Il annonce dans le même élan la mise
en œuvre d’ un projet de bouclier nucléaire
(Initiative de défense stratégique -IDS) surnommé Guerre des étoiles. A
l’automne 1980, les Etats-Unis envahissent Grenade aux Antilles et éclate la
crise des euromissiles en Europe. Les E-U installent en effet des
Pershing en Europe en réponse aux SS20 soviétiques. Dans toute
l'Europe, des mouvements pacifistes se développent pour dénoncer la
prolifération nucléaire. L’URSS
s’essouffle cependant dans la course à l’armement ainsi relancée.
III Entre tentation hégémonique et nouveaux doutes.
a)
En 1991, les
Etats-Unis ont l’espoir d’un « nouvel ordre mondial » …
Le
11 septembre 1990, Georges Bush père annonce l'instauration d'un nouvel
ordre mondial (New World Order). Il désigne ainsi la mise en
place d’un monde de paix et d'harmonie dont les EU seraient
plus ou moins les garants. Le contexte semble alors lui donner raison. En
août 1990, l’Irak sorti exsangue de la première guerre du golfe (1980-1988)
attaque le Koweït voisin. Il faut dire que Saddam Hussein convoite ses ressources
pétrolières. Il lui reproche également d’inonder le marché de ses exportations
et de tirer ainsi le prix du baril à la baisse. Se
forme alors une vaste coalition autour des EU. La
France par exemple participe à cette intervention, mandatée par l’ONU. En
janvier 1991, débute la guerre du golfe, deuxième du
nom. A ce moment là, certains comme les néoconservateurs américains pourraient
être tentés par une hégémonie. Certains politologues développent alors la « théorie
de l’empire global » selon laquelle l’ordre mondial pourrait être
administré de façon unilatérale par « l’Amérique ».
Hubert Védrine et d’autres encore parlent alors d’hyperpuissance.
Des observateurs comme Henry Kissinger, alertent cependant les autorités
sur les dangers d’une situation de domination sans partage. A son arrivée au pouvoir en 1993, Bill
Clinton affiche s volonté d’avoir une politique étrangère plus modeste.
Hégémonie :
domination sans partage.
b)
…mais leur puissance est compromise par plusieurs facteurs
dans les années 2000.
Sur le plan géopolitique, la présence de troupes américaines sur le sol saoudien à l’occasion de la guerre du golfe alimente l’hostilité des néo fondamentalistes qui rejettent le modèle occidental et dénoncent l’attitude conciliante des monarchies pétrolières. Le 11 septembre 2001, un groupe de 19 personnes d'origine saoudienne pour la plupart, détourne quatre avions et détruit ainsi les tours jumelles du World Trade Center à New-York et endommage sérieusement le Pentagone à Washington. Le bilan humain est de 2995 victimes. Le monde découvre alors Al Qaida. La première puissance mondiale rendue vulnérable sur son sol par les attentats du 11-09. En réaction, George Bush applique la stratégie de la Global War on Terrorism (Guerre Globale contre le Terrorisme). Une coalition internationale menée par les États-Unis intervient le 7 octobre 2001, en Afghanistan entraîne en cinq semaines la chute du régime des talibans qui abritait Ben Laden. Le pays reste politiquement instable et la pression islamiste se maintient sous la forme désormais d'une guérilla. En mars 2003, une autre coalition menée par les EU envahit l'Irak. Il s'agit d’une guerre préventive (troisième guerre du golfe). Les EU estiment à tort que l'Irak possède des armes de destruction massive et soutient le terrorisme international. Des doutes sont exprimés notamment par la France sur la légitimité de cette intervention. C'est sans mandat onusien que l'offensive est lancée. Cependant, l’armée américaine s’enlise dans ces deux conflits. Compte tenu de cette expérience Barack Obama hésite à intervenir plus directement en Irak et en Syrie où sévit l'"Etat islamique" (daesh).
Sur le plan économique, les
Etats-Unis peinent à sortir de la crise qui les touche depuis 2008. Cette crise
appelée crise des « subprimes » provoque une raréfaction du crédit. Les capitaux faisant défaut, le
reste de l’économie est à sont tour touché. La croissance devient lente, le
taux de chômage augmente. Les autorités fédérales doivent intervenir
pour renflouer Général Motors et
injecter à nouveau des liquidités dans le système financier.
Néo-fondamentalisme : le fondamentalisme désigne la volonté de revenir aux
textes fondateurs de l'islam, le néo-fondamentalisme associe à ce principe le
rejet de l'occident incarné par les États-Unis et sur une mise en accusation
des monarchies pétrolière.
Al Qaida (la base en Arabe) : structure informelle créée en
1988, qui regroupe 24 organisations réparties dans 40 pays au
moment des attentats du 11 septembre 2001.
Crise des « subprimes » : Crise provoquée par l'accumulation de créances
douteuses à des taux variables concédées par les banques. En difficulté
financière, celle-ci finissent par rendre le crédit plus couteux. Cela freine
la consommation et l'investissement.
c)
L’existence de
puissances concurrentes …...
Les Etats-Unis réalisent désormais moins d’un quart de la production mondiale alors qu’ils en réalisaient la moitié au sortir de la seconde guerre mondiale. Cela est lié à l’émergence d’autres économies. On peut citer la Chine, désormais deuxième puissance économique mondiale mais aussi, l’Inde ou le Brésil et les autres NPI asiatiques. Dans ce contexte, la balance commerciale américaine est désormais largement déficitaire (500 milliards de $ en 2010) notamment vis-à-vis de la Chine qui représente un tiers de ce déficit. Les Etats-Unis dénoncent d’ailleurs la sous évaluation du Yuan qui favorise les exportations chinoises. Sur le plan financier, bien que cumulant 38 % de la capitalisation boursière mondiale, les Etats-Unis sont également très endettés, notamment vis à vis de la Chine qui détient des bons du trésor américain à hauteur de 1000 milliards de dollars. Le Japon est l’autre grand détenteur de bons du trésor. La dette publique représente 70% du PIB américain. Sur le plan géopolitique, les Etats-Unis doivent faire avec les autres puissances comme le montrent l’attitude française au moment de l’intervention en Irak en 2003 ou le blocage Russe et Chinois au sujet de la Syrie aujourd’hui. Le monde n’est donc pas unipolaire. D’autres puissances aspirent donc à une organisation plus multipolaire. Fareed Zakaria démontre que désormais d’autres puissances jouent un rôle médiateur.
d)
….n’empêche pas
les Etats-Unis de demeurer la première d’entre-elles.
Sans
faire de déterminisme, on peut quand
même considérer que, les Etats-Unis peuvent
toujours s’appuyer sur leur territoire pour conforter leur puissance (voir
schéma),en dépit des catastrophes
dites « naturelles », A titre d’exemple, les gisements de
pétrole procurent au pays des revenus mais aussi l’assurance d’une réserve stratégique. L’industrie
du cinéma et des productions audiovisuelles par l’influence qu’elle a dans le
monde contribue au soft power
américain. Par ailleurs, si la situation financière est préoccupante, leur
niveau d’endettement est tellement élevé que leurs débiteurs n’ont pas intérêt
à les voir s’affaiblir encore un peu plus. Pour terminer, malgré la volonté de
limiter les dépenses militaires dans le contexte de la fin des conflits afghans
et irakien, le budget américain reste de
loin le premier (768 milliards de $, contre 119 milliards pour la Chine et
58 milliards pour la Russie). Le programme PRISM de la NSA révèle que les EU
restent les seuls en cpapacité de surveiller l'ensemble des communications du
monde entier. C'est un aspect de leur
smart power. Pour Fareed Zakaria, « à ce jour
l’Amérique reste encore la seule et unique superpuissance planétaire, mais une
puissance affaiblie » ( p. 302).
Déterminisme : point de vue qui accorde une place prépondérante aux conditions
naturelles dans l’analyse du développement des sociétés.
Conclusion :
La
domination exercée par les Etats-Unis connait donc des failles et des remises
en causes. Elle reste cependant, quand même une superpuissance dans la mesure
où elle est la première dans bien des domaines en dépit de la concurrence et de
la contestation. Les Etats-Unis étaient-ils voués à devenir une
superpuissance ? S’il est vrai que les potentialités du territoire sont
nombreuses, seule une mise en valeur très volontaire et efficace a pu en faire
des atouts pour l’économie. Pour élargir la réflexion, on peut se demander si
les Etats-Unis ont cherché à dominer les autres nations ? Au 19ème
siècle la volonté de contrôler un environnement proche est réelle. Il s’agit,
notamment de satisfaire des intérêts économiques. Mais les Etats-Unis ne
cherchent pas à s’immiscer dans les affaires du vieux continent. Cependant, dans la première moitié du 20ème
siècle, les nations européennes s’affaiblissent à se disputer le leadership. Au
sortir de la seconde guerre mondiale, ce sont donc les EU et l’URSS qui se
partagent des aires d’influence en
Europe puis dans le monde. La guerre froide peut donc commencer. Chacune des
deux superpuissances cherche à dépasser l’autre. C’est cependant, l’URSS qui
s’épuise la première. Les EU auraient pu à ce moment là avoir une tentation
hégémonique, mais des menaces, des difficultés, et la concurrence obligent les
Etats-Unis à tenir compte de leurs faiblesses et des autres puissances.
Auteur :
Nérée Manuel
Bibliographie :
ZINN H., Une histoire populaire des Etats-Unis,
Agone, 2002
ZINN H., « Nous, le peuple des
Etats-Unis… », Agone 2004
GERE F., Pourquoi
les guerres ? Un siècle de géopolitique, 20.21 d’un siècle à l’autre,
Larousse, 2002
FOUCHER M., Les
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documentation française, n°8072, nov-dec 2009
LACOSTE Yves, Géopolitique,
la longue histoire d’aujourd’hui, Larousse, 2008
VICTOR J-C, RAISSON V,
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Arte-Tallandier, 2005.
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ZAKARIA F., Le monde post-américain, Tempus, PERRIN,
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Dernière mise à jour : 02-18