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TL;TS, TL
Titre : Un
Sahara, des territoires et des conflits
Le
Sahara est un désert subtropical marqué par l’aridité avec des
précipitations inférieures à 100 mm /an. Ces conditions
caractérisent une bande
ouest-est de 5500 km de long sur 2000 km environ de large. Il faut revenir sur un certain nombre
d’idées reçues concernant cet espace auquel on associe
souvent l’image d’un paysage vide et monotone. Une approche géopolitique nous offre l’occasion
d’étudier les richesses
de ses territoires, les convoitises
qu’elles suscitent et les modes de mise en valeur qu’elles
engendrent.
Aridité : situation résultant du manque d’eau compte tenu de la faiblesse des précipitations et
de l’importance de
l’évaporation.
Géopolitique : étude des déterminants
géographiques (géographie physique, économique,
humaine, historique) qui interviennent dans les stratégies de puissance et les relations entre les Etats.
Problématique : Pourquoi cet espace a priori hostile et inhospitalier est-il un
enjeu international ?
I Un espace
occupé présentant des ressources à valoriser
a) un désert
Le désert du Sahara est un désert ensoleillé marqué par de fortes
chaleurs et sans hiver notable. Avec de plus de 8 millions de km² de superficie, son immensité en fait le plus grand désert du monde.
b) … qui ne l’est pas tant que ça.
Même si la densité moyenne n’est que
de 0.6 habitants au km2. Le Sahara est, en effet, peuplé. Il compte plus de 5 millions d’habitants répartis dans les différents
Etats riverains. Certaines
régions sont relativement
plus peuplées que les autres. Il s’agit des régions de
plateaux et de montagnes (Hoggar, Tibesti, Tassilis) ainsi que la vallée du Nil. Cette population est essentiellement urbaine. Ainsi en Libye et en Algérie, 90%
de la population saharienne est urbaine. En Mauritanie, Nouakchott avec plus d’un million d’habitants est le
plus grand pôle urbain du Sahara.
Certaines de ces villes sont très
anciennes comme Tombouctou au Mali ou Ghadamès en Libye,
d’autres sont récentes
comme Nouakchott (1960).
c) Il compte de nombreuses ressources à exploiter.
Le sous-sol du Sahara est riche en ressources. On y trouve des minerais
comme le phosphate au Maroc, le fer en Mauritanie, mais aussi des sources d’énergie
hautement stratégiques. Il y a du pétrole
en Algérie, en Libye et en Egypte mais aussi de l’uranium au Niger.
Il faut savoir également que le Sahara est
paradoxalement riche en eau. En
réalité, il s’agit de nappes
aquifères fossiles. En Libye,
Kadhafi a lancé un projet pharaonique de grandes rivières artificielles. Elles alimentent les espaces peuplés du littoral et l’agriculture irriguée.
Seulement, elles exploitent une ressource
non renouvelable.
Voir schéma
Pour finir, les paysages du Sahara qui, en
réalité, sont d’une grande
diversité (erg, reg, oasis) sont une ressource pour l’activité touristique, qu’il
s’agisse de proposer des promenades à la journée pour aller
écouter le chant des dunes ou de véritables traversées
mobilisant différents moyens de transport.
Ressource :
élément présent dans le milieu qu’une population
peut valoriser pour satisfaire ses besoins.
Erg :
champ de dunes
Reg :
champ de cailloux au Sahara
Oasis : zone
fertile dans une étendue de terrains arides (Larousse)
II … Il est donc convoité,
approprié et délimité
a)
…Un
espace morcelé géopolitiquement
Pour
l’essentiel, les frontières
du Sahara sont héritées de la période coloniale. Ceci explique le caractère rectiligne de certaines de ces limites
négociées entre les puissances métropolitaines et leurs
différentes administrations. Les
Etats comprenant des territoires sahariens sont au nombre de 10 (Maroc, Mauritanie, Algérie,
Tunisie, Libye, Egypte, Mali, Tchad, Niger, Soudan). Ils sont
caractérisés par une certaine diversité culturelle
(langues berbère tamasheq et arabe)
et ethnique.
Ainsi,
certaines revendications nationales ne
sont pas satisfaites. Les touaregs
du Mali par exemple, réclament depuis les années 60, l’indépendance sinon
l’autonomie de l’Azawad.
Les Toubous du Tchad et du Niger
sont encore en rebellions. Les Sahraouis
du Front Polisario sont en guerre avec le Maroc qui en 1979 a annexé
le Sahara occidental. Dans ces trois cas, il s’agit de populations nomades.
Frontière : limite qui sépare deux Etats et leurs
souverainetés respectives.
b)
…où
les frontières restent des enjeux
En dépit du principe
adopté par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA
aujourd’hui Union africaine), certaines frontières sont discutées. C’est le cas de la frontière entre le Maroc,
l’Algérie et la Mauritanie. Les Etats limitrophes en disputent
le tracé alors que le Front Polisario réclame le territoire du
Sahara occidental. Plus à
l’est, à la limite entre le Maghreb
et le Machrek, la frontière entre le Tchad, le Niger et la Libye
de Kadhafi qui rêvait de créer des « Etats-Unis du
Sahara » est sous tensions depuis des années.
Maghreb :
occident. Ce terme désigne le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie, la Tunisie
et la Libye.
Machrek :
orient en arabe. Cette désignation associe l’Egypte et le Soudan
aux Etats arabes du Moyen-Orient.
c)
Des territoires
qui intéressent d’autres puissances.
En
effet, malgré les indépendances de nombreuses puissances étrangères ont
des intérêts dans les
territoires sahariens. A In Amenas, des entreprises algériennes
(Sonatrach), norvégiennes (Statoil) et britanniques (BP)
étaient associées
pour exploiter le gaz. Par ailleurs au Niger
à Arlit, c’est une société française Areva qui exploite le gisement d’uranium pour
satisfaire ses besoins en combustible nucléaire. Cette présence
est parfois dénoncée comme une nouvelle forme d’impérialisme.
d) Tandis que se développe la menace terroriste.
Dans
ce contexte, des groupes islamistes
affiliés à Al-Qaida (AQMI) ou pas (Les Signataires par le Sang)
sillonnent la région entre Mali, Libye ou Algérie par exemple.
Ils s’en prennent aux ressortissants et aux intérêts
étrangers et profitent de certains mouvements séparatistes pour
étendre leur influence. C’est le cas au Nord du Mali où des
groupes radicaux comme Ansar Dine, Aqmi et
le Mujao ont temporairement fait alliance avec le Mouvement
National de Libération de l’Azawad (MLNA).
Mouvement National de Libération de l’Azawad (MLNA) : mouvement indépendantiste
touareg.
Ansar Dine : mouvement touareg qui se déclare
islamiste.
Mujao (Mouvement pour l'unicité du jihad en Afrique
occidentale) : mouvement islamiste dont l’objectif est
d’étendre le jihad en Afrique subsaharienne.
Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) :
organisation islamiste d’origine algérienne. Le GIA est son
ancêtre.
Islamisme : projet qui vise à ré islamiser les
sociétés des pays musulmans avant
d’établir un système politique à
caractère totalitaire, où l’Etat en s'appuyant sur les
seuls fondements de l'Islam contrôlerait la société, la
justice, l’éducation, l'économie, la famille.
III Mais il reste malgré tout un espace de
circulation (HS)
a)
Animé
par des flux de personnes
Le Sahara est en effet un espace d’itinérances.
Différentes populations ont des modes de vie nomades. Il s’agit des Sahraouis (Sahara occidental pour
faire simple), des Touaregs ou des Toubous. Longtemps pasteurs et
commerçants, ces nomades sont en cours de sédentarisation.
Une autre forme de mobilité est liée aux migrations. Des flux migratoires traversent en effet le Sahara, des PMA de l’Afrique Subsaharienne
vers l’Afrique du nord plus riche
ou encore l’Europe. Des pays
comme le Maroc ou la Libye deviennent alors des pays de transit voire d’accueil.
Tragiquement, au moment de la révolte contre le régime de Kadhafi, beaucoup de
Maliens qui travaillaient en Libye ont été
persécutés parce qu’ils étaient
considérés comme des mercenaires à la solde du dictateur.
Pour finir, les paysages sahariens attirent des
touristes et des randonneurs du monde entier.
Nomadisme :
mode de vie caractérisé par un déplacement plus ou moins
fréquent du groupe humain
Mobilité géographique : déplacement dans l'espace.
Migration :
déplacement d’une personne ayant pour effet de transférer
la résidence d’un lieu d’origine à un lieu
d’arrivée.
b)
…et de
marchandises
Les flux de produits manufacturés supplantent progressivement
les caravanes de sel même si
elles existent encore, en relation avec l’exploitation du sel de gemme de
Toudeni au Mali. Ces espaces s’inscrivent également dans les flux de la mondialisation illicite.
La drogue transite en effet par le désert. Elle peut être d’origine africaine (productions
marocaines ou ivoiriennes de haschich) mais aussi latino-américaine. Ainsi, une partie de la
cocaïne sud américaine qui arrive en Europe transite par le Sahara.
Les trafiquants profitent là de la difficulté
des contrôles et de la déliquescence
des Etats. Dans certains cas, ce sont les
groupes islamistes qui contrôlent ces trafics. C’est le cas du
groupe de l’algérien Mokhtar Belmokhtar surnommé M.
Marloboro. Par ailleurs, la chute
de Kadhafi en Libye a favorisé le trafic d’armes.
Conclusion :
Le
Sahara est donc bien un espace
conflictuel. Certes, en ce moment, le terrorisme
islamiste est au premier plan compte tenu de ses exactions récentes
en Algérie ou au Mali. Mais il y a également dans la
région des conflits ouverts ou
larvés liés à des revendications
sécessionnistes ou à des différends
frontaliers. Par ailleurs, l’intérêt pour les territoires
sahariens dépasse le cadre régional. En effet, les ressources y sont nombreuses et
suscitent la convoitise de nombreuses
puissances. Celles-ci sont donc amenées à protéger
leurs ressortissants et leurs investissements. Cette présence est parfois dénoncée comme une
nouvelle forme de colonialisme. Les
frontières qui cloisonnent le Sahara sont elles-mêmes des héritages coloniaux. Mais
leur tracé n’empêche par la permanence de certaines mobilités et le développement de nouveaux flux. Ainsi, le Sahara reste un espace de circulation qui
s’inscrit dans les flux plus ou
moins licites de la mondialisation.
Auteur :
Nérée Manuel
Bibliographie :
PLIEZ
O., Un Sahara, des Sahara-s. Lumières sur un espace
déclaré « zone grise », Géoconfluence,
2013 : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/eclairage/un-sahara-des-sahara-s
POURTIER R., Afriques noires, Carré
Géographie, Hachette, 2010
F. BART (sd.), l'Afrique,
continent pluriel, CNED-SEDES, 2003
S. BRUNEL, L'Afrique-
Un continent en réserve de développement, Bréal, 2010.
S. SMITH,
Négrologie : Pourquoi l'Afrique meurt, Hachette Pluriel, 2004
Denis Brand,
Maurice Durousset , Dictionnaire
Thématique Histoire et Géographie, Sirey Editions, 1995.
Dernière mise à jour : 01/19