Séries : TL, TS

 

Titre : étude de cas :  Avec son téléphone dans un Starbucks : un reflet de la mondialisation et de ses limites

 

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Starbucks sans filtre

 

 

 

Aux XIIème-XIIIème siècles, les premières plantations de café apparaissent en au Yémen. Au 17ème siècle c'est un Hollandais qui vole les premiers plants de Café au Yémen pour les rapporter en Europe. En 1973, il fallait des bras solides pour passer le premier appel à l'aide d'un téléphone cellulaire. Aujourd'hui, il est possible de commander et payer son café avec son téléphone portable.

 

En quoi cette pratique est-elle le reflet de la mondialisation et éventuellement de ses limites.

 

Pb : quelle relation le téléphone mobile entretient-il  avec la mondialisation ? En illustre-t-il certains aspects ? Participe-il à son processus ? S'inscrit-il dans ses dynamiques ? Sa production et sa consommation sont-elles également symptomatiques des limites de la mondialisation ?

 

I Cette consommation est désormais le reflet ...

a) ....du développement des mobilités,

Le téléphone portable est associé au mode de vie contemporain caractérisé par la mobilité et les pratiques nomades. Le téléphone de plus en plus "intelligent" (smart) et équipé, permet d'exécuter un grand nombre de tâches hors de chez soi ou de son bureau. Comme le vante la publicité Starbucks, le GPS des téléphones portables permettent de localiser le café le plus proche. Les produits Starbucks sont adaptés à ce mode de vie. Les gobelets Starbucks permettent de se déplacer en montrant que l'o consomme Starbuck. Il est aussi possible, au contraire, de s'installer dans les salons Starbucks cafés étudiés pour être, entre domicile et travail, ces troisième lieux que théorisait le sociologue Ray Oldenburg dans les années 80.

Pour aller plus loin, il faut retenir que désormais  le nombre d'abonnements au téléphone mobile dépasse désormais les 7,7 milliards (fin 2017-nombre de cartes SIM) Par ailleurs, on compte les 28 720 Starbucks répartis dans 78 pays.

 

Mobilités : toutes formes de déplacement dans l’espace.  S. Mekdjian.

b)…et  des flux de la mondialisation.

Le téléphone portable et le café s'inscrivent dans les flux de la mondialisation. Avant d’être assemblées, les pièces des téléphones portables convergent du monde entier. Le produit fini est ensuite exporté vers les zones de commercialisation. Pour information, au moment du lancement des ses nouveaux iphone, Apple mobilise des avions-cargos. Dans un second temps, l’entreprise californienne de Cupertino utilise le transport maritime bien moins onéreux. Une fois dans les mains de son propriétaire, le téléphone sert à communiquer, à consulter différents supports et accessoirement à payer. Il s'inscrit donc dans les flux de capitaux et d'informations.   

 

Originaire d'Ethiopie où il pousse à l'état sauvage, le café est produit dans la zone intertropicale. Les principaux États producteurs sont aujourd’hui le Brésil, le Vietnam, la Colombie, l’Indonésie et l’Éthiopie. Il s'agit de pays du Sud. Les lieux de consommation sont situés dans les pays du Nord. A l'instar de ce qu'ils représentent dans les flux de marchandises en général, les États de la Triade consomment à eux seuls 70 % du café mondial. Cette situation génère des flux sud-nord de produits primaires agricoles assez classiques. Il est à noter que l'entreprise Starbucks, soucieuse d'entretenir son image éthique, a annoncé en 2017 qu'elle souhaitait embaucher 2500 réfugiés. Elle réagissait ainsi aux décrets Trump anti-migrants aux Etats-Unis. Dans ce domaine aussi, la firme s'inscrit donc dans les flux de la mondialisation.

 

 

Bien de consommation : produit fabriqué destiné à la consommation finale des individus ou des ménages.

 

II ...des dynamiques de la mondialisation.

a) Les firmes transnationales...

Ce sont des firmes transnationales qui se partagent le marché du café et du téléphone portable. En ce qui concerne les portables les plus importantes sont Apple, Samsung et Nokia, Blackberry,  Motorola,  LG. HTC. Ces entreprises ont une assise nationale mais produisent et vendent dans le monde entier. Pour exemple, sur l’ensemble de l’année fiscale 2017, le chiffre d'affaires est de 229 milliards de dollars pour un bénéfice de 48.4 milliards de dollars grâce à ses activités réparties dans le monde entier.

 

Pour le café, quelques grandes firmes transnationales de l'alimentation achètent 80%, du café brut exporté : Nestlé (Suisse), Mondelez International (Etats-Unis), Starbucks (Etats-Unis), Cargill (Etats-Unis), DEMB 1753 (Pays-Bas) et Lavazza (Italie)

 

Transnationales (FTN) : firmes ou sociétés mères dont le chiffre d’affaire est d’au moins 500 millions de dollars. Elles réalisent par ailleurs plus de 25 % de leurs  productions et de leurs échanges avec des filiales implantées dans au moins 6 pays différents (ONU, 1973). Elles ont donc des filiales dispersées dans le monde entier mais elles conservent cependant de solides bases nationales.

 

b) ....tiennent compte des disparités socio-économiques …

Ainsi, les marchés solvables se trouvent dans les pays du nord. les pays émergents ou les métropoles des pays en développement deviennent de plus en plus intéressants. Ainsi Stabucks annonçait en 2016 vouloir créer  là 12 000 cafés supplémentaires avant 2021. La main d’œuvre bon marché se trouve, elle, dans un certain nombre de pays ateliers ou producteurs du Sud. Par ailleurs,  certains états d’Asie orientale en particulier ont mené une politique ambitieuse en matière d’éducation et de formation pour avoir une main d’œuvre qualifiée. Les principales unités de recherche-fondamentale et de recherche-développement sont plutôt situées dans les pays industrialisés ou dans un certain nombre de NPIA (MIT, Tsukuba, Hsinchu).Les disparités concernent également la fiscalité et les normes sociales. La fiscalité est très avantageuse dans les zones franches créées par la Chine depuis les années 80 (ZES).

 

En ce qui concerne le café, sa culture occupe plus de 32 millions de personnes dans les pays producteurs du sud. Ce sont de petits producteurs indépendants, des salariés de grandes exploitations privées ou étatiques comme au Vietnam. Si le faible coût de cette main d'oeuvre entre en compte dans le prix du café ce n'est pas l'élément le plus déterminant. En réalité, le prix du café est essentiellement déterminé au Nord par des négociants sur les marchés d'Atlanta (ICE futures) et de Londres en suivant les règles de la loi de l'offre et de la demande. Les revenus des pays du Sud sont donc déterminés sur des marchés qu'ils ne maîtrisent pas.

 

 

Zones économiques spéciales (ZES) : espaces au statut juridique particulier attirant des entreprises étrangères grâce à des avantages fiscaux et à certaines libéralités (libre retour des capitaux et des productions, statut d’extra-territorialité).

Investissement direct à l’étranger (IDE) : création ou achat de firmes commerciales, industrielles ou financières à l'étranger.

Recherche fondamentale :

Recherche-développement : recherche destinée à avoir des applications assez rapidement dans la production ou à élaborer de nouveaux produits ou de nouveaux services.

Marge nette : elle permet de mesurer la rentabilité d'une entreprise Elle se calcule de la façon suivante :  bénéfice net /chiffre d'affaire X100.

 

c)..pour établir leurs stratégies au niveau mondial.

Dans ces conditions, les activités de recherche-développement, de conception, de commercialisation et de distribution des téléphones portables se trouvent dans le pays développés. La fabrication des composants est réalisée dans le monde entier. Dans le cas d’un iphone, les pièces viennent des EU, du Japon, de Chine, de Corée du Sud.  L’assemblage de ces pièces est « externalisé »   dans des firmes sous traitantes localisées dans les pays ateliers du sud où la main d'œuvre est bon marché. Dans cette logique destinée à optimiser les coûts de production,  se met en place  ce que certains qualifient de courbe du sourire ou courbe sourire (schéma)  afin d'optimiser les marges ( la marge nette d'Apple est de 21.2% en 2016).  Dans ces conditions, il est logique que depuis 2001, Apple cherche à créer  des boutiques dans 16 pays dans le monde entier afin de  contrôler également l’extrémité  de la chaine. Les Apple stores sont au nombre de 463 dans le monde (2015). On note que dans le domaine du café les grands groupes cherchent également à contrôler la distribution pour augmenter leurs marges. C'est historiquement logique pour Starbucks, enseigne née en 1971 à Seattle. C'est plus nouveau pour Nestlé qui au début des années 90 lance ses magasins destinés à servir une clientèle captive. C'est l'esprit "club" des fameuses boutiques Nespresso vantées par George Clooney à partir de 2005. Les productions de téléphones portables et de café s'inscrivent  donc dans la division internationale du travail (DIT). On peut véritablement parler de produits mondialisés.

 

Division internationale du travail (DIT) : elle désigne la spécialisation d’un pays ou d’une région du globe dans des activités particulières en fonction d’avantages comparatifs.

Délocalisation : transfert de tout ou partie d’une activité à l’étranger afin de la réimporter, à moindre coût, sur le territoire national.

 

III Les débats liés à la mondialisation illustrés.

a)… en matière de disparités socio-économiques.

Pour commencer, le niveau d’équipement en matière de téléphonie est très inégal et reflète l’inégal développement. C’est le cas notamment sur le continent africain. Le rapport entre le nombre d'abonnements et le nombre d'habitants reste de 69% contre 97% pour l'ensemble du monde. la couverture mobile est comprise  entre 80 et 90 %  en zone urbaine et de 40% en zone rurale. On constate par ailleurs, que les stratégies de production entretiennent largement les disparités socio-spatiales. Ainsi, certains Etats sont tentés de pratiquer le dumping social pour attirer des investisseurs étrangers soucieux de produire au moindre coût.

En ce qui concerne le café, le faible revenu des paysans a suscité la création de filières de commerce équitable. Il existe des marques bien connues comme Max Haavelar ou la scop gersoise Ethiquable qui distribuent leur sélections de cafés équitable. Starbucks possède son propre label mais il est décrié par certains producteurs locaux qui s'estiment lésés.  

 

Commerce équitable : partenariat commercial basé sur une collaboration entre producteurs et diffuseurs en réduisant les intermédiaires. On parle d’équité dans la mesure où, il s’agit d’acheter les productions à des prix convenables pour les producteurs des pays en développement des produits. Ce commerce cherche donc à garantir le respect des droits fondamentaux ( non exploitation des enfants, refus du travail forcé) et à encourager les modes de production conformes au principe de développement durable.

 

Dumping social : pratique de certains États consistant à réduire la législation en matière de droit du travail et à accepter un niveau de salaires faible afin d’attirer les investissements d’entreprises étrangères.

 

b) De respect de l'environnement et de la santé.

La production de téléphones portables mobilise des ressources présentes en quantité limitée sur la planète. Il s’agit de métaux précieux ou semi précieux ou de minerais comme les terres rares. Ces ressources ne sont pas renouvelables à l'échelle d'une vie humaine leur contrôle se révèle stratégique comme le prouve l'attitude monopolistique de la Chine en la matière (1/3 des réserves, 95  % de la production mondiale). Le recyclage des appareils en fin de vie pourrait être une solution, mais la récupération s'avère encore limitée. Leur destruction est très polluante.  Les incertitudes sont encore nombreuses concernant les conséquences de l'utilisation intensive et mal adaptée de ces appareils sur la santé des usagers. En ce qui concerne l'entreprise Starbucks qui se vante de vendre du café éthique, il faut savoir que les 4 milliards de gobelets produits chaque année ne sont pas recyclables.

 

Ressources : ensemble des éléments présents dans un milieu dont une société peut tirer partie pour son développement.

Terres rares : ensemble de 17 métaux nécessaires à la haute technologie. Leur production est très limitée compte tenu des coûts de main d’œuvre  et des pollutions qu’elle engendre.

 

Conclusion :

Le téléphone portable est donc un produit inscrit dans la mondialisation. Son usage se répand progressivement à l’ensemble de la planète. Il contribue au développement des flux. L’organisation de sa production par des firmes transnationales mobilise le monde entier. Elle est d’ailleurs également le reflet des disparités  qui caractérisent encore notre planète. Il illustre également certains des débats sur la mondialisation et ses effets.

 

Auteur : Nérée Manuel

Bibliographie : ZAKARIA F., Le monde post-américainTempus, PERRIN, 2009. [CDI]

CARROUE L., CHARVET J-P., CIATTONI AAA., DUPUY G., FAGNONI E., GILLON P., LOUVEAUX F., MACCAGLIA F., MECKDJIAN S., RAVENEL L., VEYRET Y., Géographie et géopolitique de la mondialisation, Initial, Hatier, 2011.

 

Dernière mise à jour : 09/18