Les acteurs de la mondialisation
Pb : Quels sont les acteurs de la mondialisation ? Comment les Etats, les
multinationales, les organisations internationales participent-ils à ce
processus ? Les Etats restent-ils souverains ?
I les transnationales, actrices fondamentales des échanges internationaux.
a) le poids des multinationales dans l'espace économique mondial.
Multinationale : entreprise contrôlant des filiales dans plusieurs pays.
Transnationale : firme ou société mère, dont le chiffre d’affaire est
d’au moins 500 millions de dollars, réalisant plus de 25 % de ses productions
et de ses échanges avec des filiales implantées dans au moins 6 pays différents
(ONU, 1973 ). Les firmes transnationales sont des
entreprises ayant des filiales dispersées dans le monde entier mais avec de
solides bases nationales.
Il y a dans le monde 79000 multinationales ( chiffre 2010). Elles
contrôlent 870000 filiales ( CNUCED, 2003)
Le rôle de ces transnationales est considérable. Ce sont des acteurs centraux
de la mondialisation. ( L. Carroué)
. Les 200 multinationales les plus importantes représentent ¼ de la richesse du
monde. Elles réalisent l’équivalent de 20 % du PIB mondial. Le seul commerce
des multinationales représente 2/3 du commerce international.
4/5 des firmes transnationales sont originaires des pays développés. Par
exemple, 1/3 des 100 premières transnationales sont américaines.
Depuis le début des années 80, une nouvelle vague de multinationales apparaît,
il s'agit des multinationales du tiers-monde : Le groupe d’électroménager
chinois Haier est désormais implanté dans le monde
entier et fait partie des 10 premiers groupes mondiaux. Une enquête du Financial Times en 2007 a montré que sur les 500 premières
multinationales 86 appartiennent aux pays émergents dont 8 parmi les 20
premières. On peut citer les chinois Lenovo, erke, ou
l’indien Tata.
Exemple :
Implantation des hyoermarchés Carrefour dans le
monde.
Zone
géographique |
En
nombre d'hypermarchés |
|
1999 |
2006 |
|
Europe |
480 |
602 |
Amérque ( du Nord et du Sud) |
109 |
205 |
Asie |
82 |
210 |
Total Monde |
671 |
1017 |
Source : Rapports annuels 1999 et 2006, www.carrefour.com.
b) Les stratégies mondiales des multinationales.
Les stratégies des entreprises transnationales sont mondiales. Elles ont pour
objectif de produire au moindre coût et de conquérir des marchés.
Leurs pratiques sont multiples :
- Les alliances, fusions et partenariat :
Par exemple, en 1999-2000, le monde de l'automobile connaît une vague de
concentrations et d'alliances stratégiques :
Renault-Nissan. Le projet est à l’étude actuellement d’une association avec general motors.
Tous ces constructeurs espèrent des effets de synergie.
- Délocalisations et investissements directs à l'étranger.
Les délocalisations sont des investissements directs à l'étranger (IDE)
destinés à fabriquer en réduisant les coûts de production.
Investissement direct à l’étranger : création ou achat de firmes
commerciales, industrielles ou financières à l'étranger.
Certaines délocalisations sont destinées à utiliser une main d'oeuvre bon
marché. Mais d'autres s'expliquent par la nécessité de pénétrer des marchés qui
se sont fermés. C'est ainsi que s'explique l'implantation de Toyota en France
pour se faire admettre en Europe.
Par exemple, la transnationale Danone a décidé de délocaliser certaines
productions dans les pays de l'Est.
Peugeot a des unités de production au Brésil.
c) La participation des multinationales à la division internationale du
travail.
- Les transnationales choisissent de façon « hyperselective »
la localisation de leurs activités . Elles
contribuent ainsi à la division internationale du travail et à la différenciation
territoriale à différentes échelles.
Répartition des activités :
Les pays
développés restent des pays où on assemble, on y monte des produits
manufacturés mais ils se spécialisent dans les activités de direction, de
conception et de financement. Ils bénéficient aussi des investissements directs
des transnationales.
Les NPI et NPIA : Grâce à une main d'œuvre de plus en plus qualifiée et
relativement bon marché, ils se spécialisent dans les activités d'assemblage.
Il s'agit parfois de montage de composants de pointe. S'y développent,
également des activités de gestion. Ces pays d'Asie ou d'Amérique Latine
accueillent une bonne part des délocalisations.
Un cas particulier : les maquiladoras à la frontière
du Mexique et des Etats-Unis. Il s'agit d'entreprises qui réalisent des
processus d'assemblage, à forte intensité de main d'œuvre, à partir de pièces
venues, hors douane, en totalité de l'étranger ( en l'occurrence des
Etats-Unis) et qui réexportent intégralement, également hors douane, le produit
final vers le pays d'origine.
pays émergents : L'Inde et la Chine, en particulier,
accueillent un grand nombre d'investissements étrangers car ces pays
constituent d'énormes marchés potentiels compte-tenu de leurs croissances et de
leurs populations. La main d'œuvre y est bon marché. On voit donc se développer
des usines de grands groupes internationaux dans ces pays. Volkswagen à
Shanghai et Chrysler à Pékin.
Les NPI et les pays émergents sont souvent qualifiés de pays ateliers.
Pays à revenus intermédiaires et PMA travaillent aussi pour les FTN mais il
s'agit souvent de productions à faible valeur ajoutée réalisées dans des
conditions de travail déplorables pour des salaires dérisoires.
Il est à noter des inégalités régionales peuvent être renforcées par la stratégie des firmes transnationales. Ainsi les régions littorales de la Chine sont celles qui reçoivent le plus d’IDE .
II la promotion du libre échange par les organisations internationales.
a) La promotion du libre échange par différentes organisations
transnationales.
Plusieurs organisations économiques cherchent à développer le libre-échange
contribuant ainsi à la mondialisation.
L'OMC ( Organisation mondiale du commerce ) compte 153
pays en juillet 2009. Elle est actuellement dirigée par le français Pascal Lamy.Elle cherche à promouvoir le libre échange, à abaisser
les tarifs douaniers et réglementer le commerce.
Des organisations régionales aussi essaient de développer la libre circulation
des marchandises entre les pays qui les constituent. Les associations
économiques tendent à rendre les frontières plus perméables puisqu'elles créent
des marchés communs, des unions douanières.
C'est le cas de l'ALENA ou NAFTA en anglais : (1994) (E-U, Canada, Mexique)Accord de libre-échange Nord Américain.
APEC: (Asian Pacific Economic
Cooperation (1989)Constitué
de 21 pays autour du Pacifique.
Il s ' agit de zones de libre-échange
Zone de libre-échange : Espace dans lequel les marchandises (parfois les
capitaux et les services ) circulent librement entre les états.
Union européenne : Elle comprend pour l'instant 27 pays.
MERCOSUR: Le Mercado Comun del Sur, ou Marché commun du Cône sud (Mercosur) est une
entente d'intégration économique conclue entre l'Argentine, le Brésil, le
Paraguay et l'Uruguay et la Venezuela. Le Mercosur, avec ses 240 millions de
consommateurs, est le plus grand marché à l'exportation du Canada en Amérique
du Sud. L'objectif principal du Mercosur est d'augmenter l'efficacité des cinq
économies membres par un processus d'ouverture des marchés et d'accélération du
développement économique. Aujourd’hui le MERCOSUR compte également 5 pays
membres associés.
C 'est une union douanière (Droits de douanes
supprimés à l 'intérieur de l ' organisation) Mais les états membres appliquent
un tarif extérieur commun aux pays extérieurs.
Remarque : L ' Union européenne est aussi une organisation politique puisque
les états membres lui confient une partie de leurs compétences. C ' est le regroupement le plus ambitieux.
b) Le maintien d'un contrôle sur les flux internationaux
On constate que l'ouverture promue à des limites, par exemple l'ALENA ne permet
pas une libre circulation des hommes entre les trois pays membres.
Ensuite, les Etats maintiennent des limites au libre échange ainsi la
constitution d'Unions douanières permet parfois de protéger les économies
intra-zones face à la mondialisation des échanges. Dans le MERCOSUR, on observe
une forte augmentation des échanges internationaux intra-zones.
Schengen est un exemple de limite mise à la libre circulation. A leurs
frontières externes les pays membres s'engagent à renforcer leurs contrôles.
III la souveraineté des Etats est -elle remise en
cause ?
Etat : C'est en principe une organisation souveraine qui administre une
communauté établie sur un territoire défini, limité par des frontières.
a) L'Etat parmi les acteurs de la mondialisation.
Les Etats sont des acteurs de la mondialisation. En effet, ils négocient les
grands traités internationaux et font parfois le choix d'intégrer des
organisations internationales qui promeuvent le libre-échange. Ils furent
donc souvent les promoteurs du processus de libéralisation.
Exemple : La Chine , République populaire a intégré
l'OMC en 2001
Exemple 2 : Rappel : Les pays qui adhèrent à l'Union européenne savent que l'UE
promeut un progrès économique et social équilibré et durable, notamment par la
création d'un espace sans frontières intérieures, par le renforcement de la
cohésion économique et sociale et par l'établissement d'une Union économique et
monétaire .
b) Une remise en cause de la souveraineté économique et des frontières.
- Par les organisations internationales.
Les enjeux des négociations de tarifs douaniers à l'OMC. Les pays du tiers
monde dénoncent souvent ( Seattle 1998- Doha 2001) la
mise en place de tarifs qui leurs sont défavorables.
C'est un commissaire européen qui négocie les traités commerciaux
internationaux aux sommets de l'OMC. On a donc ici un transfert de compétences.
- Par les entreprises transnationales.
Les relations entre les transnationales et les Etats.
Certains
considèrent désormais que ce sont les firmes transnationales qui dictent les
décisions géopolitiques des chefs d’Etats en fonction de leurs intérêts. Par
exemple, le refus de signer les protocoles de Kyoto par G .
Bush serait inspiré par le puissant lobbying de ses principaux soutiens de
campagne : les firmes pétrolières.
- Des politiques de délocalisation qui s'accordent mal avec les politiques
économiques et sociales des Etats. Par certaines de leurs décisions, les firmes
transnationales remettent en cause la souveraineté des Etats.
Un directeur de Colgate-Palmolive en 1989 disait
" Il n'y a pas de raison de donner la première place aux intérêts de notre
pays ".
-
Les Etats d'origine :
- L'activité des FTN permet de gonfler les PNB des Etats d'origine.
- Les délocalisations provoquent des pertes d'emploi dans les pays d'origine.
Les Etats d'accueil :
- Ils cherchent à attirer les transnationales, par des exonérations d'impôt ou
de droits de douane, en participant aux investissements, en réalisant les
infrastructures. C'est ainsi que Toyota a été accueilli dans le Nord de la
France (Yaris à Onnaing ).
- Les PVD bénéficient de transferts de technologies ( le
C919 chinois ressemblera beaucoup à l’A320), de devises, de créations d'emplois,
mais on assiste au retour des bénéfices réalisés vers les pays d'origine des
capitaux. Enfin, ces politiques maintiennent les écarts de traitement social
entre salariés des PVD et salariés des pays développés.
- Par le principe de libre circulation des marchandises et des capitaux dans
des zones de libre-échange. Certains voient là une remise en cause de la
frontière comme élément de protection des industries et des marchés nationaux
c) L'Etat : une entité qui demeure face à la mondialisation.
Il arrive encore que l’Etat intervienne dans l’économie. Ainsi la banque
centrale américaine (FED) vient d’annoncer qu’elle injectait 600 milliards de
dollars pour relancer l’économie. Le maintien des frontières. Les contrôles aux
frontières des importations demeurent lorsque s'applique le principe de
précaution. Le problème a été posé récemment dans la gestion des questions de
la vache folle ou des la tremblante du mouton.
Il faut noter également que se maintiennent des protectionnismes : Décision
récente américaine de protéger sa production d'acier. Protestation des autres
pays producteurs d'acier auprès de l'OMC.
Même dans les organisations régionales les plus poussées, les transferts de
souveraineté restent incomplets. C'est le cas par exemple, dans l'Union
européenne.
Il y a également des résistances aux ouvertures des économies nationales. La
France et la Canada souhaitent que soit respecté le principe d'exception
culturelle et de diversité culturelle et imposent des quotas de diffusion,
limitant ainsi les importations de biens culturels.
Enfin, la
proposition de plan Paulson aux Etats-Unis était un
exemple de tentative d’intervention de l’état dans l’économie des hautes
sphères financières. De plus la Chine s'est récemment plainte d'une
fermeture du marché du pneu américain, considérant qu'il s'agit d'une mesure
protectionniste.
Conclusion : Les Etat et les multinationales sont des acteurs de la mondialisation. On observe en particulier que nombreux sont les Etats qui font le choix de politiques qui vont dans le sens d'une ouverture des marchés et d'un développement des échanges internationaux. Cette intégration passe parfois par la création d'organisations internationales. Mais si le risque est réel pour les Etats de voir leurs souverainetés remises en cause par les firmes transnationales ou les organisations internationales, il ne faut pas exagérer le phénomène. Les Etats interviennent encore dans les économies, il existe encore des limites au libre-échange et à la libre circulation.
Bibliographie :
P de Senarclens ; la Mondialisation, Sciences Politiques, Armand Colin, 2002
Laurent Carroué, Géographie de la mondialisation, Armand
Colin, 2004.
FOUCHER
M., Les nouveaux (dés)équilibres mondiaux, documentation
photographique, la documentation française, n°8072, nov-dec 2009
Dernière mise à jour 10-10