Les relations entre les puissances après 1991 et les nouvelles formes de conflits

 

A la fin de la guerre froide, dans un  livre intitulé, La fin de l’histoire,  un historien américain Francis Fukuyama, imaginait un monde de paix caractérisé par la généralisation du modèle de la démocratie libérale à économie de marché.

 

Mais la fin de la guerre froide correspond-elle vraiment à l’avènement d’un monde de paix, où les peuples cesseraient de s’armer et de s’affronter ?

 

Guerre : lutte entre deux ou plusieurs groupes humains en armes.

Superpuissance : Etat qui combine tous ces critères pour affirmer son influence partout dans le monde (Etats-Unis et URSS pendant la guerre froide).

 

I 1990-2001 : le temps d’une pax americana est-il advenu ?

 

a)     Le  « nouvel ordre mondial »….

 

Avec la chute de l’URSS, certains ont imaginé que les EU pouvaient se retrouver en situation hégémonique. Le ministre français des affaires étrangères de l’époque, Hubert Védrine, qualifie alors les EU d’hyperpuissance. Toujours est-t-il que le 11 septembre 1990, Georges Bush père annonce l'instauration d'un nouvel ordre mondial (New World Order). Il désigne ainsi la mise en place d’un monde de paix et d'harmonie dont les EU seraient plus ou moins les garants jouant le rôle en quelque sorte de gendarmes du monde.

 

Hyperpuissance : puissance sans rivale, capable d’affirmer sa domination sans partage.

 

b)     ,… nait paradoxalement avec la deuxième guerre du golfe.

 

En août 1990, l’Irak attaque le Koweït voisin. Il faut dire que le dictateur irakien Saddam Hussein lui reproche également d’inonder le marché de ses exportations et de tirer ainsi le prix du baril à la baisse.  Se forme  alors une vaste coalition autour des EU mandatée par l’ONU. En janvier 1991, débute la guerre du golfe, deuxième du nom. L’intervention s’achève à la fin du mois de février 1991.

 

c)     …Ce conflit alimente l’hostilité néo-fondamentaliste et ….

 

Ben Laden, ne supporte pas la présence à cette occasion sur le sol saint saoudien de troupes infidèles. Il développe alors un discours néo-fondamentaliste de rejet de l'occident incarné par les États-Unis et de dénonciation des monarchies pétrolières.

 

Néo-fondamentalisme : le fondamentalisme désigne la volonté de revenir aux textes fondateurs de l'islam, le néo-fondamentalisme associe à ce principe le rejet de l'occident incarné par les États-Unis et sur une mise en accusation des monarchies pétrolière

 

d)     … de nouveaux affrontements compromettent les espoirs d’une paix mondiale.

 

Après la mort du dirigent Tito en 1980, la Yougoslavie éclate en sept pays entre 1991 et 1999 (Slovénie, Croatie, la Macédoine, Bosnie,  Serbie, Monténégro, Kossovo). A l’occasion de ces conflits les populations sont victimes de violences de masses et de nettoyages ethniques. A la même époque, l’Europe n’a pas le monopole des conflits ethniques ou de nationalités, puisqu’en Afrique à lieu en 1994, le génocide du Rwanda dont furent victimes des tutsis mais aussi des hutus considérés comme modérés.

 

Nettoyage ethnique : procédé destiné à chasser une population d’un territoire en la terrorisant (pillage, destructions, massacres et viols)

 

II ….2001 à nos jours, le 11 septembre et ses suites

 

a)     …La première puissance mondiale rendue vulnérable  sur son sol par les attentats du 11-09….

 

Le 11  septembre 2001, un groupe de 19 personnes d'origine saoudienne pour la plupart, détourne quatre avions et détruit ainsi les tours jumelles du World Trade Center à New-York et endommage sérieusement le Pentagone à Washington. Le bilan humain est de 2995 victimes. Par cet acte d’hyperterrorisme, le monde entier découvre alors Al Qaida.

 

Al Qaida (la base en Arabe) : structure informelle créée en 1988, qui regroupe 24 organisations réparties dans 40 pays au moment  des attentats du 11 septembre 2001.

 

Hyperterrorisme : terrorisme dont l'ampleur inégalée en termes de pertes humaines et matérielles à également un impact psychologique majeur à l’échelle mondiale.

 

b)     s’engage au Moyen-Orient  dans la lutte contre le terrorisme international

 

En réaction, une coalition internationale menée par les États-Unis et mandatée par l’ONU intervient le 7 octobre 2001, en Afghanistan entraîne en cinq semaines la chute du régime des talibans qui abritait Ben Laden. Le pays reste politiquement instable et la pression islamiste se maintient sous la forme désormais d'une guérilla. On peut parler de conflit asymétrique. Les Etats-Unis, restent engagés dans le pays jusqu’en 2021 après le retour au pouvoir des talibans.

 

En mars 2003, une autre coalition menée par les EU envahit l'Irak. Il s'agit d’une guerre préventive (troisième guerre du golfe). Les EU estiment à tort que l'Irak possède des armes de destruction massive et soutient le terrorisme international. Des doutes sont exprimés notamment par la France sur la légitimité de cette intervention. C'est sans mandat onusien que l'offensive est lancée. Au début de la guerre on peut parler de conflit dissymétrique. Achevée officiellement en mai 2003, cette guerre se mue en conflit asymétrique opposant des forces très différentes  par leurs natures et leurs puissances.

 

Conflit asymétrique : On entend par guerre asymétrique, un conflit qui oppose des forces déséquilibrées dont les modes opératoires sont différents

 

Conflit dissymétrique : les forces opposées sont comparables du point de vue de leur organisation mais pas de leurs forces.

 

c)     … tandis que d’autres guerres aux causes diverses s’éternisent ou apparaissent

 

Parmi les conflits contemporains, on peut distinguer les conflits internationaux ou conflits inter-étatiques des conflits internes ou conflits intra-étatiques. La guerre en Ukraine déclenchée par la Russie en février 2022 est un exemple de conflit inter-étatique. La guerre qui a opposé en Syrie, les forces du dictateur Bachar al Assad, à ses opposants puis au mouvement islamiste DAESH est un conflit intra-étatique. De nouveaux types de guerres apparaissent également avec le développement de nouveaux moyens technologiques. On parle de cyber guerre ou de guerre hybride. 

 

Les motifs sont variés. Les conflits peuvent avoir des motifs territoriaux comme entre l’Erythrée et l’Ethiopie. Les guerres peuvent être liées au contrôle de ressources comme le pétrole et l’eau. C’est parfois le cas au Moyen-Orient. Les causes de conflits peuvent également être politiques comme à l’occasion du printemps arabe où de nombreux peuples réclamaient la démocratie. Les revendications religieuses, identitaires ou nationalistes peuvent être des enjeux de guerres comme en Birmanie avec les violences contre les rohingyias ou  dans le conflit israélo-palestinien. Cependant, ce dernier conflit montre bien qu’en réalité les causes de guerres sont mêlées.

 

Cyber guerre : guerre de l'information, pour l'information, contre l'information

 

Guerre hybride : guerre qui combine des moyens conventionnels avec des actes de piraterie informatique et des tentatives de déstabilisation

 

d) Un monde multipolaire.

 

Certes les EU restent une superpuissance. Ils sont cependant de plus en plus concurrencés par la Chine qui s’affirme comme une puissance majeure sur le plan économique et géopolitique mais qui garde encore quelques marques du sous-développement. La Russie a longtemps décliné perdant son statut de superpuissance mais elle reste une puissance agressive. Le Japon a longtemps souffert d’être un géant économique mais un nain géopolitique mais il s’impose de  plus en plus dans ce dernier domaine. L’Inde apparaît comme une puissance de l’avenir compte tenu de sa croissance économique et démographique rapide. Elle fait elle aussi partie des BRICS avec le Brésil et l’Afrique du Sud que l’on peut considérer comme des puissances régionales. La France a de commun avec le Royaume-Uni d’être une puissance moyenne à vocation mondiale. Certains Etats comme la Corée du Nord ou l’Iran cherchent à contrôler le nucléaire militaire pour compter dans le concert des nations. La possession de ressources donne à certains Etats une capacité d’influence dans le monde. On peut citer à ce sujet l’Arabie Saoudite ou le Qatar. Enfin, des Etats comme Israël, Taïwan et la Corée du Sud s’appuient beaucoup sur leur capacité d’innovation pour s’affirmer ou se défendre.

 

Puissance : capacité d’un Etat à imposer sa volonté aux autres en combinant différents facteurs comme la situation démographique, le territoire et ses ressources, les capacités d’innovation, le poids économique, le rayonnement culturel, l’influence politique et la force militaire.

 

Conclusion : Les guerres n’ont pas disparu avec la fin de la guerre froide. On a pu croire venu le temps d’une domination unilatérale américaine sur le monde mais les faits démontrent aujourd’hui que le monde est de plus en plus multipolaire.