La guerre froide, ses enjeux et l’effondrement du bloc soviétique (1947-1991)

 

Pour  le dire rapidement, la guerre froide est un conflit idéologique qui oppose deux superpuissances sans affrontement direct.

 

Comment a-t-elle débuté ? Quels en étaient  les enjeux et les caractéristiques ? Comment a-t-elle évolué entre 1947 et 1991 ? Comment s’est-elle achevée ?

 

I Les origines du conflit.

 

a)                    L’après Seconde Guerre mondiale

 

Dès 1944, l’Europe devient l’enjeu d’une lutte d’influence entre occidentaux et soviétiques. Par exemple, en octobre 1944, le première ministre britannique Winston Churchill propose à Staline, le dirigeant soviétique un marchandage sur les zones d’influence des deux Etats en Europe. C’est le même Winston Churchill qui, constant la mise en place de régimes communistes en Europe de l’Est, fait à Fulton aux Etats-Unis en 1946 une déclaration évoquant la mise en place d’un rideau de fer divisant l’Europe en deux camps.

 

b)                   1947 : les doctrines Truman et Jdanov

En mars 1947, le président Américain Harry Truman, présente la vision d’un monde bipolaire opposant le camp des démocraties libérales à celui des totalitarismes dont les Soviétiques seraient les leaders. Pour contrer l’expansion de l’influence communiste en Europe, il propose un endiguement qui passe, entre autres, par une aide à la reconstruction des Etats européens de 13 milliards de $, constituée pour 85 % de dons et pour 15% de prêts. C’est le plan Marshall. En septembre 1947, le bras droit de Staline, Andrei Jdanov considère que les Etats-Unis ont pris la tête des Etats impérialistes et que la véritable démocratie est la démocratie populaire. Aussi considère-t-il que les partis communistes du monde entier doivent coordonner leurs actions au moyen du Kominform.

 

Démocratie libérale : démocratie libérale: régime où les libertés fondamentales sont respectées et où existent plusieurs partis politiques.

Démocraties populaires : régime où il n'existe qu'un parti, le parti communiste qui représente la classe ouvrière et par extension le peuple.

Plan Marshall : plan d’aide aux nations européennes adopté en 1947 et appliqué en 1948. Il prévoit une aide de 13 milliards de dollars sous forme de prêts (15%) et de dons (85%) destinée à 16 pays.

KOMINFORM : organisation de liaison des partis communistes

 

c)                    La mise en place des blocs et les premières crises majeures.

 

En février 1948, les communistes s’emparent du pouvoir en Tchécoslovaquie par le coup de Prague. En 1948, Staline n’accepte pas l’unification des zones d’occupation allemande occidentale et la création d’une monnaie allemande le Deutsche Mark. Il décide donc le blocus de Berlin auquel les occidentaux répondent par un immense pont aérien destiné à ravitailler la ville allemande. En 1949, la RDA et la RFA sont finalement créées. La même année, les pays européens craignant l’expansion de l’influence communiste signent le traité de Washington qui donne naissance à l’OTAN. De 1950 à 1953, les Etats-Unis interviennent dans la guerre de Corée qui oppose les communistes du nord aux pro-occidentaux du sud.

 

II Un conflit d’intensité variable.

 

a)             La coexistence pacifique.

 

En 1953, Staline meurt. Il est remplacé par Nikita Khrouchtchev. Ce dernier souhaite la déstalinisation. Par ailleurs la course à l’armement a débuté. En 1949, les Soviétiques possèdent la bombe A comme les EU qui l’ont depuis 1945. En 1953, ils maîtrisent également la technologie de la bombe H, mille fois plus puissante que les bombes d’Hiroshima et Nagasaki. Aussi, Khrouchtchev, constatant que l’utilisation de la bombe atomique provoquerait assurément la destruction des deux camps, propose-t-il la mise en place d’une coexistence pacifique. En 1957, les soviétiques sont les premiers à lancer un satellite artificiel dans l’espace. Il s’agit de Spoutnik.  En 1955, les Etats communistes européens s’allient dans le cadre du pacte de Varsovie. Les Américains complètent leur système d’alliance militaire au moyen de l’OTASE en 1954 et du pacte de Bagdad.

 

OTASE (organisation du traité de l’Asie du Sud Est) : les trois pays de l’ANZUS + le Pakistan, les Philippines, la Thaïlande, le Royaume-Uni et la France.

Pacte de Bagdad : Royaume-Uni,  Turquie, Iran, Pakistan, Irak.

 

Coexistence pacifique : remplacement de l’affrontement des deux superpuissances par une compétition idéologique, économique, culturelle et scientifique entre les deux superpuissances.

 

Equilibre de la terreur : principe selon lequel aucun belligérant de la guerre froide n’a intérêt à utiliser la bombe compte tenu de la certitude d’être détruit à son tour.

 

b)              Les crises du début des années 60.

 

Cependant, on assiste à un regain de tension au début des années 60. En 1960, un avion espion américain U2 est abattu dans le ciel soviétique. En août 1961, Khrouchtchev constatant la fuite de nombreux allemands de l’est fait construire le mur de Berlin. En octobre 1962, le territoire américain est directement menacé par des fusées soviétiques dont les rampes de lancement sont installées à Cuba. On est alors au bord d’un affrontement nucléaire entre les deux superpuissances. C’est la crise de Cuba. Le président américain John Fitzgerald Kennedy obtient de Khrouchtchev le repli des missiles soviétiques contre la promesse d’en faire autant avec les missiles américains installés en Turquie.

 

c)             La détente nécessaire

 

La crise de Cuba fait prendre conscience de la fragilité de l’équilibre de la terreur. Un téléphone rouge est mis en place en 1963 pour faciliter la communication des deux dirigeants en cas de crise majeure. Des accords de réduction de l’armement nucléaire sont signés en 1972. Une opération spatiale conjointe est mise en place. C’est l’opération Apollo-Soyouz de 1975. Pendant ce temps, de 1964 à 1973, les Américains s’enlisent dans la guerre du Vietnam qui les oppose aux forces vietnamiennes communistes.

 

III La fin de la Guerre Froide

 

a)             Un regain de tensions.

 

De son côté en 1979, l’URSS décide d’intervenir en Afghanistan pour soutenir un régime qui lui était favorable.  Elle s’y enlise jusqu’en 1989 face à la résistance de moudjahidin Afghans soutenus notamment par les EU. A la fin des années 70 et au début des années 80, l’Europe est l’enjeu d’une crise liée à l’installation de missiles à moyenne portée soviétiques et américains. C’est la crise des Euromissiles. En 1983, le président américain républicain  Ronald  Reagan annonce un projet d’initiative de défense stratégique (IDS) surnommé par les journalistes projets Star Wars qui relance la course à l’armement. .

 

b)             Vers la chute de l’URSS

L’année 1985 est marquée par l’arrivée au pouvoir d’un réformateur Mikhaïl Gorbatchev. Ce dernier constate que son pays s’épuise depuis la reprise de la course à l’armement. Il signe donc en 1987 avec les Etats-Unis un accord de réduction des armes nucléaires et, finalement, en décembre 1989, le sommet de Malte marque la fin officielle de la guerre froide. Ce renoncement ainsi que sa politique de réforme (perestroïka) et de transparence dans les médias (glasnost) sapent sont autorité en URSS. Il est victime en aout 1991 d’une tentative de coup d’Etat. En décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev annonce la fin de l’URSS.

 

Conclusion : La guerre froide est donc un conflit d'intensité variable opposant, sans affrontement direct, deux superpuissances de 1947 à 1989. C'est un conflit idéologique où chacun des pôles cherche à diffuser son modèle. Il en résulte une bipolarisation du monde en deux blocs, chacune des deux puissances essayant d'étendre sa zone d'influence. Elle s’achève par la victoire des EU.