Titre : Les génocides des Juifs et des Tsiganes,
des crimes de masse pour lesquels il a fallu créer des mots nouveaux.
Pourquoi à la fin de la
Seconde Guerre mondiale, a-t-il fallu créer des mots nouveaux pour désigner les
crimes de masse contre les Juifs et les Tsiganes ?
I Des crimes de masse et des crimes de guerre ont été
commis avant la Seconde Guerre mondiale
a)
Avant la
Première Guerre mondiale.
Les
crimes de masses ne sont pas apparus
à l’occasion de la Seconde Guerre mondiale. Il y avait déjà en Europe au 19ème
siècle et au début du 20ème siècle des pogroms. En Afrique pendant la colonisation, les Allemands ont massacré dans l'ouest
Africain 80% des Hereros et 20% des Namas soit au total près de 85 000
personnes
Crimes de masse : mises à mort d’une ampleur massive, ordonnées et
organisées par des gouvernements ou des organisations semi-gouvernementales
Pogroms : massacres et pillages commis contre les juifs
en Russie essentiellement à la fin du 19ème siècle et à la fin du 20ème.
b)
Pendant la Première
Guerre mondiale.
Pendant la Première Guerre mondiale des crimes de guerre sont commis. On semble « s’habituer »
alors à des phénomènes de violences extrêmes. On parle de brutalisation des consciences. Par exemple, en
Belgique et dans le nord de la France occupés, les civils sont victimes de violences commises par les militaires
allemands. Mais c’est aussi en 1915, que 1.2 millions d’Arméniens sont massacrés en Turquie. Aujourd’hui on
parle de génocide arménien mais le
mot n’existait pas à l’époque des faits.
Brutalisation : Approximativement "Ensauvagement en
Français" : Désigne la contagion des sociétés des pays belligérants en
temps de paix par des habitudes, des pratiques de violences contractées sur le
champ de bataille lors du premier conflit mondial.
c)
Dans l’entre deux
guerres.
Les violences de masses ne
cessent pas après la Première Guerre mondiale. En 1932-1933, plus de quatre millions d’Ukrainiens sont
victimes d’une famine (holodomor)
dont Staline serait responsable. Aujourd’hui, l’Assemblée nationale qualifie ce
crime de génocide mais les
historiens discutent encore pour savoir si Staline a voulu la mort des
Ukrainiens parce qu’ils étaient Ukrainiens.
Violences de masse : violences extrêmes exercées à grande échelle contre un grand nombre
de personnes qu’il s’agisse de soldats ou de civils.
Crime de
guerre : mauvais traitements (assassinat, viol, déportation, pillage,
destruction) infligés aux civils et aux prisonniers de guerre, alors que les
exigences militaires ne le justifient pas.
II A l’ occasion de la Seconde guerre
mondiale les Juifs et le Tsiganes sont victimes de crimes de masse.
a)
Les
origines des politiques génocidaires nazies.
Dans Mein Kampf (1926), Hitler fait des Juifs les ennemis de la race aryenne.
Ce texte prépare idéologiquement les logiques d’élimination qui suivront. En janvier 1933, Hitler devient chancelier. En septembre 35,
sont adoptées les lois antisémites de
Nuremberg qui séparent les Juifs
du reste de la population. En novembre 1938, a lieu la " Nuit
de cristal ".91 Juifs sont tués, 7 500 boutiques sont détruites ainsi
que plus d'une centaine de synagogues. Par ailleurs, 35 000 juifs sont déportés
vers des camps de concentration. Le
30 janvier 1939, dans un discours au Reichstag, Hitler déclare : " Je
veux être à nouveau prophète : si la juiverie financière internationale, en
Europe et à l'extérieur, devait parvenir à plonger une fois de plus les nations
dans la guerre mondiale, il en résulte non pas la bolchévisation de la terre et
donc la victoire de la juiverie, mais l'anéantissement de la race juive en
Europe ".
Camps de concentration : camps où les nazis enferment les
opposants et les individus considérés comme asociaux. Progressivement, les
conditions d’internement et d’exploitation deviennent telles qu’il est de moins
en moins pertinent de distinguer ces camps des camps d’extermination qu'il
vaudrait mieux appeler centres
d'assassinat.
b)
Des
politiques d’anéantissement dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale.
En septembre 1939, l’Allemagne nazie conquiert la Pologne et
cherche à créer l’espace vital voulu
par Hitler. Les Waffen SS et la Wehrmacht commettent
de nombreuses violences contres les
populations civiles. Les juifs considérés comme des sous-hommes (untermenshen)
doivent libérer la terre et sont rassemblés dans des ghettos où les conditions de vie sont effroyables (surpeuplement,
famines, épidémies…). A partir de 1941, dans le contexte de l’opération Barbarossa, les einsatzgruppen (groupes d'intervention, en réalité des
groupes mobiles de tuerie composés de membres des différentes polices nazies,
de Waffen SS, de policiers auxiliaires baltes et
ukrainiens.) massacrent des milliers de Juifs et de Tsiganes. La plupart des
victimes sont fusillées au bord de fosses qu'elles ont dû creuser (génocide par balles), d'autres sont
brûlées vives comme à Minsk, d'autres encore sont noyées sur les bords de la
mer Noire. A partir de l'automne 1941, les einsatzgruppen procèdent à des
asphyxies par les gaz d'échappement de camions diesels. A partir de l’été 1941,
l’anéantissement systématique se
déroule également dans les camps
d'extermination ou plus exactement des centres d’assassinat ou centres de mise
à mort. Il en existe 6, situés en Pologne (Chelmo,
Treblinka, Sobibor, Belzec, Majdanek, Auschwitz-Birkenau). Le camp d’Auschwitz
est particulier. Il se divise en deux parties : un camp de concentration et un centre
d'extermination (Chambre à gaz (Zyklon B), fours crématoires). Les nazis
cherchent là à accélérer l'extermination. Ainsi à Auschwitz-Birkenau 800 000 à
1000000 personnes ont été gazées. Si on n’est pas tué dés l’arrivée, on
travaille. Tout est fait pour exploiter,
humilier (cheveux rasés, vexations
diverses), affaiblir (peu de nourriture,
absence d’hygiène) puis éliminer les
survivants. Belzec, Chelmno, Sobibor et Treblinka sont uniquement des centres de mise à mort. A partir de
1942, l’anéantissement prend une dimension européenne. En janvier 42, lors de la conférence de Wannsee
en Allemagne est décidée la déportation
systématique des juifs d’Europe vers les camps.
III A la fin de la Seconde guerre mondiale,
il faut donner une définition juridique à ces crimes pour juger les coupables.
a)
Le
bilan des génocides.
Selon R. Hilberg, le nombre total de
victimes de la shoah est supérieur à 5.1 millions. Les einsatzgruppen sont responsables de 1.3 million de victimes. 3 millions de juifs sont morts dans les
camps d’extermination et 800 000 juifs n’ont pas survécu
aux conditions de vie effroyable dans le ghetto.
Les Tziganes sont également victimes d’un génocide.
Selon, les sources ils sont entre 250000 et 400000 à avoir disparu dans les
camps de la mort. En France, au total, sur 350 000 juifs en France en 1939, 76
000 ont été déportés, 2500 ont survécu. Les victimes ont surtout été des juifs
étrangers (24 000 juifs français déportés).Le terme Shoah qui signifie catastrophe en hébreux est réservé au génocide
juif.
a) Définir les termes juridiques pour juger
les responsables.
Dès 1943, Raphaël Lemkin forge la notion
de génocide. Mais en octobre
1945, à Nuremberg, quand s'ouvre le procès des criminels nazis, les
Alliés préfèrent poursuivre les coupables pour complot, crimes contre
la paix, crime de guerre et crime contre l'humanité.
Génocide : Terme créé en 1944 par le juriste Raphaël Lemkin. violence
grave commise dans l'intention de détruire, tout ou partie d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
Elle peut avoir lieu en temps de paix.
Crime contre l'humanité : Assassinat, extermination, réduction en
esclavage, déportation, et tout autre acte
inhumain commis contre toutes populations
civiles, ou bien des persécutions pour des motifs politiques, raciaux, ou religieux, ayant un caractère systématique et planifié.
Conclusion : Les crimes et les violences de
masses ne sont pas des nouveautés de la
Seconde Guerre mondiale. Mais à la fin
de la Seconde guerre mondiale, il a fallu créer des termes juridiques nouveaux
pour juger les responsables de crimes qui se distinguaient par leurs ampleurs
et leurs motifs.