Les guerres d'Indochine et du Vietnam
La guerre du Vietnam est-elle simplement le
prolongement de la guerre d'Indochine ou les enjeux sont-ils différents d'un
conflit à l'autre ? Passe-t-on
simplement d'une guerre d'indépendance à un conflit périphérique de la guerre
froide ?
I La
guerre d'Indochine : une colonie, une
métropole et des alliés.
Apocalypse, la guerre des monde (16'13)
a) 1930-1940 des aspirations
indépendantistes.
A la fin du 19ème siècle, la France, à la
suite de plusieurs expéditions, impose sa souveraineté sur les différents Etats
de la péninsule indochinoise c'est à dire le Tonkin, le Annam, la Cochinchine,
le Cambodge et le Laos. Elle crée d'abord des protectorats puis une Union indochinoise
(1887) et enfin un Gouvernement
général de l'Indochine. Cela ne se fait pas sans résistance. Dans les
années 1930, les autorités françaises se plaignent particulièrement de
l’insoumission des habitants de la région d’Annam au centre de l’Indochine. La répression
des mouvements de protestation est extrêmement
brutale. Le 13 septembre 1930, à Vinh, l‘aviation française bombarde
des civils venus dénoncer la lourdeur des impôts. L’opération fait 150 victimes
le premiers jour et 15, le second. Cette même année Ho Chi Minh crée en
Indochine le parti communiste
indochinois alors que la répression
est dénoncée par les anticolonialistes français à l'occasion de l'Exposition
coloniale à Paris.
b) La mise en place d'un contexte
favorable.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Japonais envahissent l'Indochine
mais font mine dans un premier temps de
respecter la souveraineté du régime de Vichy sur le territoire. En 1941, Ho
Chi Minh cherche à fédérer l'ensemble
des forces opposées à l'envahisseur japonais et à la tutelle française en
créant la Ligue Révolutionnaire pour l'Indépendance du Viet Nam, autrement dit
le Viet Minh. En mars 1945, les
Japonais profitent de l'affaiblissement de la puissance coloniale pour s'emparer de tous les pouvoirs avec
l'appui de l'empereur d'Annam Bao Dai. Mais les bombardements d'Hiroshima et
Nagasaki sonnent l'heure de la déroute japonaise. Ho Chi Minh en profite pour proclamer l'indépendance du Viet Nam le 2
septembre. Le contexte semble alors
favorable. La métropole sort affaiblie
du conflit, la charte des nations unis affirme le droit des peuples à disposer
d'eux-mêmes. Les deux grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, les
Etats-Unis et l'URSS s'affirment comme des puissances opposées à la domination
coloniale.
c) 1946 :Le début d'une guerre d'indépendance.
De longues
négociations avec les autorités françaises représentées par le général
Leclerc, suivent cette déclaration d'indépendance. Mais des militaires attachés
à l’empire colonial comme Amiral Thibault d’Argenteuil s’efforcent de les faire échouer. En novembre 46, les
troupes françaises bombardent donc le port d'Haiphong faisant 6000 morts. Les
troupes d'Ho Chi Minh tentent alors de s'emparer de Hanoi en décembre 1946. C'est
le début de La guerre d’Indochine. Le
Viet Minh très mobile, fondu dans la population, pratique la guérilla se
réservant le droit d’accepter ou de refuser le combat selon son avantage.
d) L’année 49 est un tournant dans
le conflit.
En effet, en 1949, la Chine devient
communiste. Désormais, le conflit
s'inscrit un peu plus dans la guerre froide puisque le Viet Minh bénéficie du
soutien de Mao. La France, elle, profite de l’aide matérielle américaine. C’est
dans ce contexte qu’en 1954, Dwight Eisenhower président des Etats-Unis, développe
« la théorie des dominos ».
Les militaires français confrontés à la guérilla menée par le Vietminh sont de
plus en plus convaincus d'être impliqués dans une guerre contre-révolutionnaire
dans le contexte de la Guerre Froide. C'est ce qui déterminera leur stratégie
par la suite pendant la guerre d'Algérie.
En mars
1954 a lieu la Bataille de Diên Biên
Phu à l'ouest d'Hanoï. Elle est souhaitée par les militaires français qui
veulent attirer les troupes Viet Minh dans une bataille de type classique, dans cette cuvette en forme de "
casque colonial retourné". Ils négligent cependant, les capacités du Viet
Minh a installer une artillerie efficace autour du camp retranché. La bataille
dure finalement deux mois et le piège se
referme sur la garnison française qui capitule le 7 mai (1500 morts, 3500
blessés graves et 10 000 prisonniers).
Le 21 juillet 1954, par les accords de Genève, la France se désengage de l'Indochine et lui
cède son indépendance. Le Vietnam est divisé en deux. Au nord se met en place
une République Démocratique Communiste.
Au sud, est établie une République du
Vietnam soutenue par les Etats-Unis.
Théorie
des dominos :
théorie géopolitique américaine selon laquelle le basculement d’un pays dans le
communisme peut par contagion entraîner le même changement dans les pays
voisins.
II La
Guerre du Vietnam : deux pays et trois alliés.
Apocalypse, la
guerre des monde (10'21)
a) La guerre du Viet Nam, un conflit
périphérique de la Guerre Froide
En 1955,
le gouvernement communiste du Nord décide d’unifier le Vietnam en lançant le
soulèvement des divers groupes d’opposition du sud qu’il soutient grâce à
la piste Hô Chi Minh. En 1964,
l’administration américaine qui soutient
le Viet Nam du Sud, exploite un incident mettant aux prises deux destroyers
américains et la flotte nord-vietnamienne pour s’engager officiellement dans le
conflit. Se met en place une guerre
asymétrique. Aux bombardements
intensifs par les B52, à l’utilisation d’armes chimiques et aux effectifs
colossaux de l’armée américaine (550 000 soldats américains en 1968), le
Viêt-Cong répond par des actions de guérilla.
En 1967, l'URSS devient le premier
fournisseur de matériel militaire du Vietnam du Nord. Les relations entre le
Nord Vietnam et la Chine commencent alors à se dégrader.
L’année
1968 est un tournant dans le
conflit.
L’offensive nord-vietnamienne du Têt (nouvel an chinois) permet de prendre le
contrôle de centaines de villes au sud et l’opinion
publique américaine devient profondément hostile au conflit. (pour
en savoir plus sur le rôle des médias pendant la guerre du Vietnam). Dès 1969, les
troupes américaines commencent à être rapatriées. Cela n’empêche pas le massacre de My
lai par les hommes du lieutenant William Calley.
Quand la Chine commence à se rapprocher
des Etats-Unis en 1971, les
relations entre les deux anciens alliés se refroidissent franchement. En janvier
73, sont signés les accords de
Paris qui prévoient le retrait
définitif des troupes américaines. A partir de ce moment là, le Vietnam devient l'enjeu de
l'affrontement Sino-soviétique. L'URSS
soutient alors franchement le Viet Nam
Communiste. C'est grâce à cette aide qu'en 1975, le Nord finit par envahir le Sud et est crée la République socialiste du Viêt Nam.
Saigon est renommée Hô Chi Minh Ville en l'honneur du leader vietnamien. Des
milliers de Vietnamiens fuient leur pays. Ce sont les Boat People.
b) Le Viet Nam enjeu de la division du
bloc communiste, la guerre sino-vietnamienne.
A partir de 1975, les relations ne cessent de se dégrader entre la Chine et le Vietnam
même si la brouille reste longtemps secrète. En 1978, alors que la Chine soutient le Cambodge des
Khmers rouges, le Vietnam envahit son
voisin en décembre 1978 et installe une République Populaire du Kampuchéa.
En représailles, la Chine envahit
brièvement et brutalement le nord du Vietnam en 1979 en prétextant que la minorité chinoise du Vietnam est
maltraitée et en contestant l'occupation par le Vietnam des Iles Spratleys.
C'est la guerre sino-vietnamienne que
certains appellent également la troisième
guerre d'Indochine. Finalement, la Chine se retire du Vietnam en pratiquant
la politique de la terre brulée. Son objectif est atteint. Il s'agissait de
démontrer au Vietnam que son allié soviétique n'était pas en mesure de le
protéger.
Conclusion : La guerre d'Indochine n'est donc pas
exclusivement une guerre de
décolonisation. Elle s'inscrit également dans le cadre de la guerre froide,
dans la lutte d'influence que se
livrent par alliés interposés les deux
superpuissances que sont les Etats-Unis et l'URSS. La Guerre du Vietnam n'est pas
uniquement le reflet de l'affrontement de deux blocs. Le territoire devient
aussi rapidement l'enjeu des divisions
du bloc communiste.