Titre : Les conflits du Proche et du Moyen-Orient de 1945 à nos jours.

Le Proche-Orient correspond globalement à l’ancien levant. C’est une région qui, sur la rive est de la Méditerranée, s’étend de la Turquie à l’Egypte en passant par le Liban, Israël, la Palestine, la Syrie, l’Irak et la Jordanie. Le Proche-Orient est compris dans un espace plus étendu qu’on appelle Moyen-Orient. Pour les Français le Moyen-Orient s’étend vers l’est jusqu’à l’Iran. Pour les Britanniques, il faut y associer l’Afghanistan et le Pakistan. Les Américains, eux, intègrent le Maghreb nord africain dans cet ensemble. 

 

Problématique : Dans une approche analytique, la question se pose de savoir pourquoi cette région du monde est depuis si longtemps un foyer de conflits. L’approche doit cependant également être chronologique. Seulement depuis 1945, le contexte a évolué. On peut se demander s’il en est de même des enjeux, des acteurs. Les guerres elles-mêmes ont pu changer de nature. On peut donc chercher à définir les phases et les traits marquants de cette évolution. Mais on peut aussi s’interroger sur les permanences qui caractérisent les conflictualités dans la région.

 

 

I L'ONU chargée d'assurer la transition post coloniale…

 

Au moment de la première guerre mondiale, la région est sous domination ottomane. En Palestine, vivent des arabes, les palestiniens. Quelques communautés juives sont installées là conformément à l’idéal sioniste, et tentent une mise en valeur agricole. Pour affaiblir, l’empire ottoman, membre de la triple alliance, la Grande-Bretagne promet au début de la guerre  au chef des Bédoins, le  Cherif al-Hussein un royaume arabe unifié s’il accepte de combattre les ottomans.  Elle signe en même temps avec la France les accords Sykes–Picot (1916) qui prévoient le partage des vestiges de l’empire ottoman entre les deux puissances. Le pétrole est l’un des enjeux de ce partage. En 1917, par la déclaration Balfour, les britanniques promettent au lord Rothschild la création d’un foyer juif en Palestine. L’écrivain Arthur Koestler commente cette annonce de la façon suivante : «  en Palestine, une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième ». Cela n’empêche pas les Britanniques de soutenir la grande révolte arabe contre les ottomans par l’intermédiaire de Lawrence d’Arabie. Conformément aux accords Sykes-Picot, la SDN confie à la France des mandats sur le Liban, la Syrie et au Royaume-Uni, la Palestine, la Transjordanie et l’Irak. Dans l’entre-deux-guerres, la région est le théâtre de soulèvements juifs et palestiniens comme en 1921, 1929 et 1936. C’est aussi un enjeu de la Seconde Guerre mondiale. Par les Protocoles de Paris signés en 1941, le régime de Vichy cède aux Allemands l’usage de bases en Syrie. Il faut dire qu’il s’agit pour ces derniers de contester la suprématie britannique sur l’Egypte et sur l’Irak. En 1947, au sortir d'une Seconde Guerre mondiale marquée par le crime de la Shoah, la situation n’est toujours pas réglée. Les Britanniques confient alors le règlement du problème à l’ONU. Celle-ci propose par la résolution 181, la création de deux Etats : un Etat juif et un Etat arabe. Tandis que la ville trois fois sainte de Jérusalem devient ville internationale. De son côté, le président américain Roosevelt signe dès 1945 avec le roi d’Arabie Saoudite les accords du Quincy qui assurent aux EU des livraisons de pétrole contre l’assurance d’une protection du Royaume.

 

Pour approfondir l’étude de Jérusalem

Schéma

 

Mandats : anciennes colonies allemandes ou possessions ottomanes confiées à l'administration d'Etats vainqueurs de la première guerre mondiale par la société des nations.

 

II ,…n’empêche pas la répétition des conflits israélo-arabes et israélo-palestiniens

 

"Je suis sioniste jusqu'à la ligne verte" Richard Enderlin, attribué également à Yeshayahou Leibowitz

 

On compte en effet cinq grands conflits entre Israël et les Etats arabes voisins. En effet, au lendemain de la déclaration d’indépendance le14 mai 1948, Israël est attaqué par les Etats arabes voisins et les Palestiniens. Israël sort vainqueur de ce premier conflit appelé aussi « guerre d’indépendance » tandis que de nombreux Palestiniens s’exilent craignant des massacres comparables aux événements de « Der Yassin ». C'est la "Nakba", la catastrophe en arabe. En 1956, la nationalisation, en Egypte, du canal de Suez par Nasser, entraine l’intervention des Français et des Britanniques associés aux Israéliens. C’est la deuxième guerre israélo-arabe. Cette  crise de Suez  fut interrompue sous la pression de l’URSS et des Etats-Unis. En 1967, en réaction à la fermeture du golfe d'Aqaba par le président Egyptien Nasser, Israël lance une attaque préventive contre les Etats arabes voisins. C’est la guerre des six jours ou troisième conflit israélo-arabe. Les aviations égyptiennes et syriennes sont clouées au sol.  Israël s’étend à cette occasion en faisant la conquête du Sinaï, de Gaza, de la Cisjordanie (dont Jérusalem) et du Golan, le « château d’eau » de la région. Cette attaque est condamnée par la résolution 242 de l’ONU. En 1973, les Egyptiens et les Syriens profitent de la fête juive du Yom kippour pour attaquer Israël. C’est la guerre du Kippour ou quatrième conflit israélo-arabe. L’Etat d’Israël parvient à résister à cette épreuve mais il faut en retenir les conséquences internationales. En effet, les Etats arabes producteurs de pétrole soutiennent l’Egypte et la Syrie en décidant un embargo pétrolier contre les soutiens d’Israël. C’est l’origine du premier choc pétrolier. En 1975 débute au Liban un  conflit intra-étatique opposant les différentes communautés sunnites, chiites, druzes et maronites. En 1982, Israël s’estimant menacé par  l’OLP et le Hezbollah chiite soutenu par l’Iran et la Syrie, intervient au Liban. C’est l’opération paix en Galilée qu’on assimile parfois à un cinquième conflit israélo-arabe. Il illustre le fait que dans la région certaines guerres se déroulent sur fond de diversité culturelle et d’influences régionales. En 1987, éclate officiellement la première intifada ou guerre des pierres qui est un mouvement de protestation palestinien.  De nombreux conflits inter-étatiques opposent donc Israël aux Etats Arabes voisins et aux Palestiniens mais ces conflits ont des motifs multiples. Les enjeux sont  territoriaux. Ils sont également liés au contrôle de ressources. Ils prennent une dimension symbolique avec la ville de Jérusalem. Enfin, ils dépassent le cadre régional avec l’implication de l’ONU et de différentes  puissances. 

 

OLP : organisation pour la libération de la Palestine. A l’origine en 1964, elle réunit plusieurs courants politiques. Progressivement le Fatah  de Yasser Arafat s’impose comme le plus influent.

Intifada : en arabe soulèvement ou guerre des pierres.

 

III…Tandis que d’autres tensions s’inscrivent dans les logiques de la guerre froide

En effet, la région devint l’un des enjeux de la lutte d’influence que mènent les superpuissances de la guerre froide dans le monde. Les Etats-Unis, par exemple, sont les alliés fidèles d’Israël. Ils mettent également en place en 1955, le pacte de Bagdad avec le Royaume-Uni, le Pakistan, l’Irak, l’Iran et la Turquie.  Mais en 1979, la révolution iranienne remet en cause ce système d’alliance militaire. En effet, les islamistes chiites de l’ayatollah Khomeiny s’emparent du pouvoir en Iran. Ils prennent d’ailleurs en otage le personnel de l’ambassade américaine à Téhéran. La même année les Soviétiques interviennent en Afghanistan pour soutenir un gouvernement qui leur était favorable. Ils s’enlisent alors dans un conflit qui les oppose à des moudjahiddines soutenus indirectement par les puissances occidentales et les Etats-Unis en particulier.

 

Conclusion : Dans le contexte de la décolonisation et de la Guerre Froide, le Proche et le Moyen Orient deviennent le théâtre de nouveaux conflits dont les enjeux sont nombreux.