Document secret du Reich 30 copies I- Les personnes ci-dessous ont participé à la Conférence sur la solution finale (Endlösung) de la question juive qui s'est tenue le 20 janvier 1942 à Berlin. Am Grossen Wannsee n° 56-58 :
II- La réunion a été ouverte par l'annonce du Chef de la Police de la Sûreté et du SD, le SS Obergruppenführer Heydrich, de sa nomination par le Maréchal du Reich (Göring) au poste de plénipotentiaire pour la Préparation de la Solution Finale de la Question Juive Européenne. Il a souligné que cette Conférence a été convoquée afin d'éclaircir des questions de principe. La requête du Maréchal du Reich pour un projet concernant l'organisation et les aspects pratiques et économiques de la solution finale de la question juive européenne nécessite au préalable que toutes les agences centrales directement concernées par ces questions se concertent ensemble en vue de maintenir des lignes de conduite parallèles. La responsabilité de mener à bien la solution finale de la question juive, a-t-il dit, incomberait de façon centralisée au Reichsführer SS et au Chef de la Police allemande (Chef de la Police de Sûreté et du SD), sans tenir compte des frontières géographiques. Le Chef de la Police de Sûreté et du SD ont ensuite présenté un bref
aperçu de la lutte conduite jusqu'à présent contre cet ennemi.
Sur instructions du Maréchal du Reich, un Bureau central du Reich pour l'émigration juive a été mis sur pied en janvier 1939, et sa direction confiée au Chef de la Police de sûreté et du SD. Ses tâches consisteront en particulier :
Durant la période qui suivit, l'émigration n'a pas été seulement un problème allemand ; les autorités des pays de destination ou d'immigration y ont également été confrontés. Des difficultés financières - telles que les augmentations ordonnées par divers gouvernements étrangers concernant les sommes d'argent que les immigrant devaient posséder et le montant des droits d'entrée - aussi bien que le manque de place à bord des bateaux et les restrictions à l'immigration sans cesse renforcées ou les interdictions d'immigration, ont considérablement entravé les efforts d'émigration. En dépit de ces difficultés, un total d'environ 537'000 Juifs ont dû émigrer depuis la prise du pouvoir [nazie] jusqu'au 31 octobre 1941. Ils se décomposent comme suit :
Le financement de l'émigration a été assuré par les Juifs eux-mêmes ou les organisations politiques juives. Afin d'empêcher que les Juifs prolétarisés ne soient laissés pour compte, on a observé le principe que les Juifs riches devaient financer l'émigration des Juifs démunis ; dans ce but, un impôt spécial ou une taxe à l'émigration, a été imposé en fonction du niveau de fortune, le produit devant servir à assurer les charges financières de l'émigration des Juifs indigents. Outre les fonds prélevés en marks allemands, il a fallu des devises
étrangères pour les sommes que les émigrants devaient montrer à leur
arrivée à l'étranger et pour les droits de débarquement. Afin de conserver
les ressources allemandes en devises étrangères, les institutions financières
juives de l'étranger ont été convaincues par les organisations juives
de ce pays, qu'il leur incombait de trouver les sommes requises en devises
étrangères. Ces Juifs étrangers jusqu'au 30 octobre 1941, ont fourni
en dons un total d'environ 9'500'000 dollars. Entre temps, compte tenu
des dangers de l'émigration en tant de guerre, et des possibilités à
l'Est, le Reichsführer SS, Chef de la Police allemande a interdit l'émigration
des Juifs. III- L'émigration a désormais été remplacée - et c'est une solution envisageable ultérieurement - par l'évacuation des Juifs vers l'Est, avec l'autorisation préalable du Führer. Cependant, cette opération ne devra être considérée que comme option provisoire ; mais elle constitue déjà une expérience pratique hautement significative pour la prochaine solution finale de la question juive. Cette solution finale de la question juive européenne concernera environ 11 millions de Juifs répartis selon les pays comme suit :
En raison des attitudes et des concepts en vigueur, le traitement de ce problème dans les différents pays rencontrera certaines difficultés en particulier en Hongrie et en Roumanie. Par exemple, en Roumanie, le Juif peut encore obtenir, moyennant finances, des documents officiels certifiant qu'il est de nationalité étrangère. L'influence des Juifs dans tous les domaines en URSS est bien connue. On compte environ 5 millions de Juifs en Russie d'Europe, et à peine 250'000 en Russie d'Asie. Dans la partie européenne de l'URSS, la répartition des Juifs en fonction de leur activité, s'effectue en gros ainsi:
L'Europe doit être passée au peigne fin d'Ouest en Est pendant l'exécution de la solution finale. Toute l'étendue du Reich, y compris le Protectorat de Bohême et de Moravie, devront être traitées d'abord, ne serait-ce qu'à cause des problèmes de logement et autres nécessités socio-politiques. Les Juifs évacués seront d'abord emmenés sans interruption dans ce qu'on appelle des ghettos de transit, pour être transférés plus à l'Est. Comme l'a souligné plus loin le SS Obergruppenführer Heydrich, une importante condition à l'évacuation générale est la détermination précise des groupes de personnes en question. Il est prévu de ne pas évacuer les Juifs de plus de 65 ans, mais de les placer dans un ghetto pour personnes âgées - on a pensé à Thérésienstadt. Outre ces groupes d'âge - 30% des 280'000 Juifs présents dans l'Altreich et l'Ostmark au 31 octobre 1941 avaient plus de 65 ans - les Juifs ayant subi de graves blessures de guerre ou détenteurs de décorations (Croix de Fer, Première Classe), seront admis dans le ghetto pour personnes âgées. Cette solution éliminera d'un seul coup les multiples problèmes posés par les exceptions. Le début de l'évacuation principale Aktionen dépendra en grande partie de l'évolution militaire. Pour ce qui est de la mise en œuvre de la solution finale dans les régions d'Europe occupées par nous et sous notre influence, il a été proposé que les fonctionnaires chargés de ce sujet au Ministère des Affaires Etrangères s'entretiennent avec les experts de la question à la Police de la Sûreté et du SD. En Slovaquie et en Croatie, le problème n'est plus aussi difficile, car les problèmes majeurs dans ce domaine ont déjà été résolus. En Roumanie, le gouvernement a lui aussi entre temps nommé un Plénipotentiaire pour les Affaires Juives. Pour régler le problème en Hongrie, il sera nécessaires de nommer dans un proche avenir, un conseiller aux Questions juives auprès du gouvernement hongrois. En ce qui concerne la préparation de motions pour régler le problème en Italie, le SS Obergruppenführer Heydrich propose d'établir à ce sujet des liens avec le Chef de la Police. En France occupée et non occupée, le rassemblement des Juifs pour l'évacuation
sera, selon toute probabilité, réalisé sans grande difficulté. Le SS Gruppenführer hofmann a l'intention d'envoyer en Hongrie un spécialiste
du Bureau Central pour la Race et le Peuplement, afin qu'il donne une
orientation générale, lorsque le sujet y sera pris en main par le Chef
de la Sûreté et du SD. Il a été décidé que ce spécialiste du Bureau
Central pour la Race et le Peuplement, qui ne doit pas jouer de rôle
actif, sera provisoirement et officiellement désignée comme Assistant
à l'Attaché de Police. IV- Les Lois de Nüremberg inspireront l'exécution du plan de la solution finale ; une des conditions nécessaires à la clarification du problème concerne la solution des questions des mariages mixtes et des Mischlinge. Le Chef de la Sûreté et du SD a ensuite présenté les points suivants, d'un point de vue théorique pour le moment, et en référence à la lettre du Chef de la Chancellerie du Reich :
Le SS Gruppenführer Hofman est d'avis qu'il faut largement faire usage de la stérilisation, car les Mischlinge devant choisir entre une évacuation et une stérilisation, préféreraient la stérilisation. Le Secrétaire d'Etat Dr. Stukart a souligné que sous cette forme, les aspects pratiques des solutions proposées ci-dessus pour le règlement des mariages mixtes et des Mischlinge entraîneront un travail administratif sans fin. Pour tenir compte des réalités biologiques, en tous cas, le Secrétaire d'Etat Dr. Stukart a proposé d'évoluer vers une stérilisation obligatoire. Pour simplifier le problème des Mischlinge, d'autres éventualités devraient être considérées, pour que le Législateur décide quelque chose comme : " Ces mariages sont dissous ". Quant à la question de l'impact de l'évacuation des Juifs sur l'économie, le Secrétaire d'Etat Neumann a jugé que les Juifs employés dans des industries de guerre essentielles pourraient pour le moment ne pas être évacués tant qu'ils n'auront pas été remplacés. Le SS Obergruppenführer Heydrich a souligné que ces Juifs ne seraient en aucun cas évacués, en vertu des directives approuvées par lui pour la réalisation de l'actuelle évacuation Aktion. Le Dr. Bühler, Secrétaire d'Etat a mentionné que le Gouvernement général accueillerait avec bienveillance le fait que, si la solution finale de ce problème a été amorcée au Gouvernement général, d'un autre côté, la question du transfert n'a joué aucun rôle majeur et que les considérations d'approvisionnement en main d'œuvre n'empêcheraient pas le cours de cette Aktion. Les Juifs doivent être éloignés aussi vite que possible du Gouvernement général, parce que c'est là en particulier que le Juif porteur d'épidémie a répandu un grand danger, et en même temps, a semé un désordre constant dans la structure économique du pays par ses perpétuelles tractations au marché noir. Le Secrétaire d'Etat Dr. Bühler mentionne plus loin que la responsabilité de la solution de la question juive au Gouvernement général incombait au départ au Chef de la Sûreté et du SD et que son travail recevrait le soutien des autorités du Gouvernement général. Il n'avait qu'une requête : que la question juive dans cette région, soit résolue aussi vite que possible. En conclusion, la discussion a porté sur les différentes formes que pourrait prendre la solution, et là, le Gauleiter Dr. Meyer et le Secrétaire d'Etat Dr. Bühler ont été d'avis qu'une certain travail préparant la solution finale devrait être effectué localement dans la région concernée, mais qu'en agissant ainsi, il fallait éviter de donner l'alarme à la population. La Conférence s'est terminée avec la requête que le Chef de la Sûreté et du SD a adressée aux participants à la Conférence, de lui accorder le soutien nécessaire pour mener à bien la solution [finale].
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