Titre : La France dans la guerre : occupation, collaboration, régime de Vichy, Résistance.

 

Le 10 mai 1940, l'Allemagne attaque la Belgique, les Pays-Bas et la France. Débute alors la Bataille de France qui se solde par un désastre. Le 14 juin les troupes allemandes entrent dans Paris. La progression de la Wehrmacht provoque la fuite de millions de Français.  Certains d'entre eux se réfugient d'ailleurs à Mirande. C'est l'exode. Le gouvernement se réfugie à Tours puis à Bordeaux le 15 juin.

 

Problématique : Quelle a été l'attitude de l'Etat et des Français pendant la Seconde Guerre mondiale ? Ont-ils collaboré ? Si oui, comment ? Ont-ils résisté ? Si oui, quelles formes cette résistance a-t-elle prise ? Il y eu t-il d'autres attitudes ?

 

I La France est partagée ...

a) poursuivre ou arrêter les combats  ?

Le Président du Conseil, c'est à dire l' équivalent de notre actuel Premier ministre, Paul Reynaud et Charles de Gaulle, son sous-secrétaire d'Etat fraichement nommé, souhaitent capituler en métropole pour pouvoir poursuivre la guerre à l'extérieur avec l'aide des Britanniques et des colonies. Mais ils sont peu nombreux ceux qui, dans le gouvernement, partagent ce point de vue. Pétain, ministre de la Guerre, pense avec la majorité du gouvernement qu'il faut cesser les combats et signer un armistice. Pour lui, l'armistice permet de faire endosser la responsabilité de la fin des combats aux hommes politiques et non aux militaires. Dans ces conditions, Paul Reynaud démissionne le 16 juin et De Gaulle quitte la France pour le Royaume-Uni. Pétain devenu Président du Conseil annonce le 17  juin aux Français à la radio qu'il faut cesser le combat.  De Gaulle lui répond le 18. Il lance,  depuis Londres,  son appel aux volontaires désireux de poursuivre la lutte depuis l'Angleterre.

 

b) Les conditions de l'armistice

Le 22 juin 1940, l'armistice est signé avec les Allemands à Rethondes en présence d'Hitler. Même si toutes les conditions espérées par Pétain ne sont pas obtenues, ce dernier se satisfait d'avoir maintenu les apparences d'un Etat souverain. La France garde un gouvernement dont l'autorité s'exerce aussi en théorie en zone occupée. Ce dernier peut choisir librement sa capitale. Une partie du territoire n'est pas occupée. L'empire colonial est conservé. L'Etat français est reconnu diplomatiquement, la flotte n'est pas livrée aux Allemands et l'armée est préservée. Mais, en réalité, cet armistice va peser plus lourdement qu'il ne le croit sur la France et les Français. Les soldats français faits prisonniers doivent le rester jusqu'a la fin de la guerre. Les Allemands occupent le nord et l'ouest du territoire français. Les négociateurs allemands imposent des frais d'occupation de 20 millions de marks par jour. Une ligne de démarcation est prévue entre les deux zones. Elle devient rapidement une frontière extrêmement difficile à franchir même pour les membres du gouvernement de Vichy. Pour finir, certes, l'Etat français conserve une armée, mais ses capacités sont limitées.

 

c) Le régime de Vichy.

                Le 10 juillet 1940, la chambre des députés et le Sénat réunis en Assemblée nationale à Vichy votent les pleins pouvoirs au maréchal Philippe Pétain. (Sur 649 votants, 569 votent pour, 80 contre, et 20 s’abstiennent) Parmi, les parlementaires, il y a des absents - 70 communistes privés de leurs siège par Daladier en janvier 40 et 27 parlementaires embarqués sur le Massilia pour transférer le gouvernement en Afrique du Nord).

                Doté des pleins pouvoirs, Pétain fait établir par le juriste d’extrême droite Raphaël Alibert des actes constitutionnels qui définissent le nouveau régime (11 juillet 1940). Pétain, chef de l’Etat et du Gouvernement, contrôle l’essentiel des trois pouvoirs. Il n’est plus question de régime représentatif puisque la chambre des députés et le sénat, maintenus en théorie, sont finalement remplacés par une assemblée législative formée de notables, d’artistes, de savants, d’ecclésiastiques de dirigeants de coopératives agricoles : le Conseil national. L’opposition ne peut s’exprimer puisque les partis traditionnels et syndicats sont interdits. Les actes constitutionnels mettent donc en place une dictature personnelle. Il n'est plus question de république française mais d’Etat français dont les valeurs sont celles de la révolution nationale. Il ne s'agit pas d'une doctrine cohérente mais un ensemble composite d'idées réactionnaires, conservatrices, nationalistes et antisémites. La devise Travail-Famille-Patrie remplace la devise républicaine. Dans le domaine économique, la préférence est accordée à l'artisanat, au travail de la terre car  " La terre ne ment pas ". Les professions sont organisées en corporations.

La famille est valorisée, l'idéal est celui de la femme au foyer. Les familles nombreuses sont honorées et bénéficient d’avantages. Le divorce est rendu plus difficile. C’est un régime xénophobe et antisémite où la nation n'est plus l'expression d'une volonté commune de vivre ensemble mais un lien qui rattache tout individu à un sol et une race. Les individus ou les groupes qui, pour des raisons de race ou de convictions, ne sont pas conformes à cette conception de la nation en sont exclus ne peuvent souscrire à cette conception de la patrie. Les étrangers sont internés dans des camps de concentration. La nationalité française est retirée à ceux qui ne l'ont que depuis 1927. Des étrangers sont emprisonnés dans des camps d'internement. L’antisémitisme du régime se manifeste bien avant que les allemands fassent pression. En octobre 40 est adopté le statut des juifs qui les exclut de toutes les fonctions leur permettant d'exercer une autorité et de l'influence. Il est aggravé par la loi du 2 juin 1941 qui étend la définition du statut de juif et oblige cette population à un recensement. La collaboration d'Etat est inaugurée le 24 octobre 1940, par un entretien entre Pétain et Hitler à Montoire

II  ....et les français sont divisés.

a) Face à l'occupant et à une minorité de collaborateurs...

Les intellectuels, hommes politiques qui admirent l'Allemagne nazie et qui plaident pour instauration d'un régime identique en France sont qualifiés de collaborationnistes. On les trouve dans les partis d'inspiration nazie, financés par l'occupant comme le rassemblement national populaire de Marcel Déat et le parti populaire français de Jacques Doriot.

La  Légion des Volontaires Français (LVF) regroupe environ 10 000 volontaires désireux de combattre les communistes sous l'uniforme allemand. La milice  créée en 1943 regroupe des collaborationnistes qui participent à la répression de la Résistance. D'autres Français collaborent avec les Allemands par intérêt économique personnel. Il s'agit d' industriels, de commerçants qui  trouvent là le moyen de s'enrichir. Ce sont les collaborateurs. Pour finir parmi ceux qui collaborent, il faut compter ceux qui dénoncent des résistants ou des juifs cachés.

 

b) ...s’oppose une minorité plurielle de résistants.

Les français qui s’engagent dans la résistance sont minoritaires. Ils sont selon les estimations entre 200 000 et 300 000. Ils sont d’origines très variées. Dès l’été 1940, des jeunes de Guadeloupe et de Martinique, décident de rejoindre De Gaulle et les alliés en gagnant les îles britanniques voisines. Ce sont les dissidents. En métropole, à l’automne 1940, le «11 novembre » donne à des jeunes l’occasion de manifester  leur hostilité à l’occupant et dans certains au régime de Vichy. Des femmes intègrent également les mouvements de résistance.  Elles y jouent un rôle important. Elles ne sont pas uniquement des agents de liaison. Des immigrés de toutes nationalités (juifs étrangers, Italiens anti-fascistes, Allemands anti-nazis et espagnols républicains réfugiés en France) participent aux combats notamment dans des organisations comme la  Main d'Œuvre Immigrée (MOI) ou l’Armée Juive (AJ)Les motivations idéologiques des combattants sont aussi diverses. Si à l’extrême-droite, certains font le choix du régime de Vichy et de la collaboration au nom de l’ordre, du rejet des juifs, des communistes et des francs-maçons. D’autres font le choix de la résistance au nom de la souveraineté et du rejet de l’occupant. C’est le cas du royaliste Henry D’Astier de la Vigerie, compagnon de la libération. Longtemps gênés par le pacte germano-soviétique et la clandestinité qui leur est imposée par Vichy, les communistes s’engagent pleinement dans la résistance en 41 après le lancement de l’opération Barbarossa. En 1942, à l’arrivée des allemands en zone sud, des régiments de l’armée régulière sont démobilisés. Certains militaires rejoignent alors le maquis. C’est le cas des hommes du « 2ème Dragon » installé à Auch.  En février 1943, le régime de Vichy établit le Service du Travail Obligatoire (STO). De nombreux jeunes le refusent et gonflent les effectifs des maquis en entrant dans la clandestinité.

 

 c) dont le combat évolue.

 

Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lance un appel à la résistance. Il fonde à Londres la "France Libre" dont l'objectif est de libérer la France en organisant la résistance. Ce mouvement est doté d'une armée de 7000 combattants: les Forces Françaises Libres (FFL). En France, les premiers mouvements de résistance apparaissent à partir de l'automne 1940 (Combat, Libération, Franc-Tireur dans la zone sud; Organisation Civile et Militaire, Libération-Nord, Ceux de la Résistance, Ceux de la Libération dans la zone nord). Jusqu’en 1941, pour l’essentiel, les premiers résistants manifestent, distribuent des tracts et des journaux et renseignent les Alliés. Il s’agit d’une résistance active même si elle n’est pas armée. On parle de résistance civile.

 

A partir du printemps 1941, la résistance se renforce. Les mouvements se multiplient, notamment avec l'engagement du Parti Communiste dans la Résistance après l'attaque de l'URSS par l'Allemagne en juin 1941.Naissent alors des organisations proches des communistes comme Front National et Francs Tireurs et Partisans. Les premiers attentats et actes de sabotages apparaissent. Ainsi le 21 Août 1941, le responsable communiste Georges Fabien abat un soldat Allemand. On peut parler dans ces cas là de résistance armée.

 

En 1942, s’amorce un processus de convergence des mouvements de résistance. En juillet 42, l’autorité de De Gaulle, chef de la résistance extérieure est reconnue par l’ensemble des mouvements de la résistance intérieure. La "France Libre" devient alors la "France Combattante". Le 26 janvier 1943, les principaux mouvements de la zone sud fusionnent et forment le MUR. Le 15 mai 1943, Jean Moulin fonde le CNR qui représente la résistance intérieure.

 

MUR : Mouvements Unis de la Résistance.

CNR : Conseil National de la Résistance qui réunit des mouvements de résistance, de Partis et de Syndicats.

Maquis: Lieu où se regroupaient les résistants pour se cacher et préparer leurs opérations.

 

La résistance prend une autre dimension avec le débarquement le 6 juin 1944. Pour préparer la libération, on réunit les forces armées clandestines dans les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI). La résistance prépare le débarquement par des sabotages. Après le 6 juin, le rôle de la résistance est de ralentir les mouvements des troupes allemandes en poursuivant les sabotages et en multipliant les actes de guérilla. Les FFL débarquent aux cotés des Alliés et contribuent à la libération. Dès juin 44 est créé le, le GPRF dont le général de Gaulle est le chef. Il devient le gouvernement légal de la France fin août 44.

GPRF: Gouvernement provisoire de la République française

 

d) entre les deux des attitudes diverses et changeantes

L'historien Henry Amouroux considérait qu'il y  avait en France 40 millions de pétainistes au début de la guerre. Mais pour beaucoup la priorité du moment c'est la survie, le ravitaillement. On estime qu'un quart des Français a pu s'alimenter normalement (essentiellement des ruraux) et que plus de la moitié des Français a connu la faim. Globalement, la population est majoritairement attentiste. Les français adoptent selon l'époque et les situations (zone occupée, zone non occupée), une grande variété d'attitudes entre accommodement et non-consentement. Certains français font à titre personnel le choix d'aider les personnes persécutées. On peut éventuellement considérer qu'il s'agit de résistants, de résistantes. Dans ce cas on parle de résistance humanitaire. Il convient de noter que  l'adhésion à la personne du chef de l'Etat et à la politique qu'il a menée s'est progressivement érodée. A partir de l'été 42, les voix qui protestent contre la collaboration au génocide sont plus nombreuses et se font mieux entendre. A ce propos, on peut citer la lettre que fait lire le 23 août le cardinal Saliège de Toulouse dans son diocèse.

 

 

Conclusion :

La défaite de juin 1940 face à l'Allemagne ouvre une période de souffrance pour les Français. Si les Allemands imposent au pays restrictions et ordre nouveau, cette période est aussi l'occasion de déchirements entre Français. Le régime de Vichy, sous prétexte de "Révolution nationale" s'efforce de supprimer l'héritage de la Révolution : libertés politiques et droits des individus. Le régime de Vichy s'effondre avec la libération du territoire par les armées alliées et la Résistance. Le 2 septembre 1944, il est remplacé par le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) composé de résistants et dirigé par le général De Gaulle.