Les réponses à la crise de 1929.

Quelles furent les politiques adoptées par les Etats pour sortir de la crise ? Les mesures adoptées furent-elles couronnées de succès ?

I Des politiques d'austérité classiques...

a) ...de type déflationnistes...

Dans un premier temps,  beaucoup de gouvernements craignant un retour de la crise inflationniste des années 20, font le choix de réduire l'intervention de l'Etat pour que l'équilibre budgétaire entre les dépenses et les recettes soit maintenu. Concrètement, cela signifie que les dépenses publiques sont contenues.  Les allocations sociales sont limitées, tout comme les indemnités de chômage.. Pour encourager les entrepreneurs à créer des emplois, des niveaux de salaire faibles ou des baisses de rémunération sont acceptées. On parle  de politiques déflationnistes.

Déflation : baisse des prix et des salaires. Processus général et durable de diminution de la masse monétaire accompagnée d'une baisse des prix et de l'activité économique.

b) ... sont menées dans plusieurs pays.

Ce type de politique est suivi en au Japon et au Royaume-Uni jusqu'en 1931, aux Etats-Unis et en Allemagne jusqu'en 33, en France jusqu'en 1936. 

c) Mais leur bilan est mitigé.

Dans certains pays ayant fait le choix de ces politiques déflationnistes comme le Royaume-Uni ou la France la production tarde à reprendre. Par ailleurs, le chômage augmente.

 

 

II Des politiques de relance ...

 

a) ....reposent sur un certain nombre de principes.

Ces politiques font de l'Etat le pivot du redressement  de l'économie. Il cherche alors à relancer la production en aidant la consommation et en réalisant des investissements. L'Etat soutient donc les salaires et les prix. Il lance aussi des politiques de grands travaux. Appliqués dans certains pays dès 1933, ces principes sont théorisés en 1936 par John Meynard Keynes dans sa Théorie générale de l'emploi,  de l'intérêt et de la monnaie. Le plus souvent ces politiques cherchent à concilier croissance économique et progrès social. Elles mettent ainsi en place des Etats-providence.

 

b) Concrètement, elle prend des formes différentes selon les pays. 

                Aux Etats-Unis, à partir de 1933, le président démocrate, Franklin Delano Roosevelt mène politique du New Deal (nouvelle donne). De grands travaux sont lancés à hauteur de 11 milliards de dollars. C'est notamment la mission de la Tennessee Valley Authority. L'Agricultural Adjustment Act en 1933, permet d'indemniser les agriculteurs endettés à condition qu'ils réduisent leur production. Le National Industrial Recovery Act (NIRA) fixe un salaire minimum et préconise des bonnes pratiques dans les entreprises. La National Recovery Act veille à l'application des mesures. En 1935, le Social Security Act met en place une allocation chômage. En juillet 1935, une loi facilite l'activité syndicale et le droit de grève.

                Au Royaume-Uni lance aussi une politique d'aménagement du territoire à partir de 1934 et ouvre ainsi de nombreux chantiers.

                En France, le gouvernement de Front populaire mené par Léon Blum adopte en 1936 un certain nombre de lois et signe les accords de Matignon (juin 1936). Ces objectifs sont les suivants :

-Ranimer l'économie. Il s'agit de soutenir la consommation et la production en augmentant les salaires (accords de Matignon), en créant l'ONIB (Office national du blé) qui achète les productions agricoles à des prix fixés par l'Etat pour maintenir le revenu des agriculteurs. Ainsi, le prix du quintal de blé passe de 80 francs en 1935 à 140 francs  en 1936.

-Résorber le chômage. Une politique de réduction du temps de travail est alors menée. (loi sur la semaine de 40 heures, 15 jours de congés payés).

-Intervenir dans l'économie. Des nationalisations sont opérées dans l'armement (août 36 loi sur la nationalisation des industries de guerre).La SNCF est également créée en 1937. Le fonctionnement de la banque de France est démocratisé (elle n'est plus contrôlée par les 200 familles).

-Améliorer le bien-être et la sécurité des travailleurs :les accords Matignon signés le 8 juin 1936 permettent aux ouvriers d'élire des délégués, des conventions collectives sont mises en place.

 

Conventions collectives : Contrats conclus entre les représentants du patronat et des salariés d'une branche professionnelle sur les conditions de travail et de rémunération.

Etat-providence : état qui intervient dans l'économie et garantit un haut niveau de protection sociale.

Nationalisation: acquisition et prise de contrôle par l'Etat d'une entreprise privée.

 

c) Là aussi les bilans sont mitigés

                Aux sujet des Etats-Unis,  certains observateurs notent que la production amorce une reprise dès 1932 avant même la mise en place du New Deal. Ils constatent d'ailleurs que la production rechute en  1937-1938. Le pays compte alors 10 millions de chômeurs soit 16.7% de la population active. Les noirs américains sont particulièrement touchés par la crise. Ils ne bénéficient d'ailleurs pas de la plupart des aides.

En France, le bilan économique du Front Populaire n'est pas bon. L'inflation reste forte. Cela provoque une baisse du pouvoir d'achat des français. Après une légère reprise, la production rechute et le chômage ne baisse pas. L'inflation s'explique par le fait que la demande a augmenté plus vite que l'offre, en effet, les quarante heures se sont soldées par une stagnation de la production, beaucoup d'entrepreneurs n'ayant pas compensé la perte d'heures de travail en embauchant ou en modernisant l'appareil de production. Elle rend également les produits français moins compétitifs à l'exportation. La dévaluation tardive du franc annoncée le 26 septembre 36, ne parvient par à enrayer cette évolution. Par contre, le bilan social du Front Populaire est très largement positif. L'amélioration des conditions de vie et de travail des salariés est réelle.

 

Dévaluation : opération par laquelle une banque centrale décide de baisser la valeur de sa monnaie en en créant beaucoup.

 

d) La balance commerciale demeure une préoccupation dans la plupart  des pays. 

Plusieurs  gouvernements adoptent des mesures destinées à favoriser leurs exportations tout en protégeant les productions nationales de la concurrence des importations. Plusieurs d'entre eux font le choix du protectionnisme en établissant des tarifs douaniers élevés. C'est le cas des Etats-Unis, dès 1930, du Royaume-Uni en 1931. Le pays se replie d'ailleurs sur son empire colonial tout comme la France. Pour tenter de relancer ses exportations, le Royaume-Uni dévalue sa monnaie la livre Sterling en 1931. La conférence de Londres qui réunit en juillet 1933 66 pays, échoue à régler le désordre monétaire créé par cette décision Dans ces conditions, les Etats-Unis et  la France sont obligés d'en faire autant respectivement en 1934 et en 1936. On le voit donc face à une crise mondiale chaque Etat propose ses solutions sans concertation.

 

III Les politiques dirigistes, ...

a) ...sont adoptées par les régimes autoritaires et totalitaires.

En Europe, l'arrivée au pouvoir de Mussolini en 1922 marque le début d'un progressif déclin de la démocratie. Au Japon, dans le contexte de la crise, les militaires s'imposent au pouvoir à partir de 1932. L'Allemagne se remet à peine de la crise inflationniste des années 20. Elle est à nouveau confrontée à de graves difficultés économiques et sociales avec la grande dépression. Ce contexte favorise l'arrivée au pouvoir en 1933 d'Hitler et des nazis qui promettent du travail et la prospérité aux Allemands. En Amérique latine, la crise déstabilise les pays. Les coups d'Etats se multiplient et permettent l'accession au pouvoir de dictateurs. C'est ainsi que José Félix Uriburu s'empare du pouvoir en Argentine en 1930 et que Getulio Vargas renverse son prédécesseur démocratiquement élu au Brésil.

 

b) Ceux-ci font pour la plupart le choix de l'autarcie.

C'est le cas en Amérique latine, où les dirigeants mettent en place des politiques de substitution aux importations. Ils cherchent également à favoriser l'industrialisation de leur pays trop dépendants de leurs exportations de produits primaires. En Italie, le choix de l’autarcie est fait en 1934. L'Allemagne s'inscrit également dans cette logique en cherchant à trouver des produits de remplacement: les ersatz.

 

Ersatz : produits de substitution.

Autarcie : politique qui consiste à vivre de ses propres ressources en réduisant le plus possible les échanges avec l’extérieur.

 

c) Les puissances de l'Axe dirigent rapidement leurs économies vers la conduite de la guerre.

En Italie, l’Etat intervient beaucoup dans l’économie. L’IRI (Institut pour la Reconstruction Industrielle-1933) contrôle les secteurs les plus importants comme la sidérurgie, la construction navale, les industries chimiques ou mécaniques. L’Etat crée différentes institutions industrielles comme l'AGIP (Agence Générale Italienne du Pétrole) qui exploite le pétrole de sa colonie la Libye. Pour étendre, l'empire colonial italien, Mussolini engage en 1935, la sanglante conquête de l'Ethiopie.

On peut parler en Allemagne de dirigisme économique. De grands travaux sont réalisés. La construction d'autoroutes notamment est lancée. Dans ces conditions, le nombre de chômeurs est divisé par 10 entre 1933 et 1938. En 1936, un plan de quatre ans de réarmement est établi en violation des principes du traité de Versailles. Au Japon, la militarisation politique et économique est à l'œuvre dès le début des années 30. Il se lance dans une politique expansionniste en Asie au détriment de la Chine notamment.

 

Conclusion : On constate donc que plusieurs réponses sont données à la grande dépression des années 30. C'est de façon isolée que les Etats cherchent des solutions aux problèmes économiques qu'ils rencontrent. La plupart du temps, le bilan de ces politiques est mitigé. Quand il ne l'est pas, les priorités adoptées conduisent à la guerre comme l'illustre le cas des puissance de l'Axe. Celle-ci finit par éclater. Malheureusement, c'est ce nouveau contexte dramatique qui permet le redressement des productions aux Etats-Unis et en Amérique latine.