La crise de 1929 : les causes et les manifestations d'une dépression mondiale

 

A l'heure où beaucoup sont tentés de comparer la crise économique actuelle à la grande dépression des années 30, on peut, pour éclairer le débat et faire apparaître de nombreuses différences, chercher à comprendre les causes de la crise de 1929.

 

Comment expliquer la crise de 1929 et la dépression mondiale qui lui a succédé ?

 

I Des causes multiples et discutées expliquent ...

a) ...une crise  qui s'inscrirait dans des cycles classiques. 

Selon certains économistes, la crise de 1929, serait l'une des crises classiques caractéristiques de cycles économiques répétés.  Comme celles des années 1873 et 1896, elle pourrait s'expliquer par des cycles longs appelés cycles Kondratiev. Le retournement de la conjoncture s'expliquerait alors par l'essoufflement de l'effet des innovations des années 1890 (électricité, chimie, automobile). Mais elle pourrait s'inscrire aussi dans les phases d’un cycle court appelé cycle Juglar.

 

Cycles Kondratiev : cycles d’une cinquantaine d’année qui voient se succéder une phase A au cours de laquelle les prix et les profits augmentent ainsi que les embauches et une phase B pendant laquelle les prix et les profits baissent tandis que le chômage augmente. Les innovations et les découvertes de mines d’or peuvent expliquer ces fluctuations des prix.

Crise : c'est le moment précis où la conjoncture se dégrade à la suite d'une période d'expansion.

Dépression : phase de stagnation durable de l'activité voire de recul de celle-ci accompagnée par une montée du chômage, un recul des prix et des profits.

Cycles Juglar : cycles caractérisés par quatre phases : expansion, crise, dépression, reprise. Les crises peuvent être provoquées par des krachs boursiers ou par un déséquilibre entre l'offre et la demande.

 

b) ...une crise qui  pourrait  être liée à un  déséquilibre entre l'offre et la demande

Aux Etats-Unis, les signes de faiblesse apparaissent dès 1928 en effet l'augmentation de la production s'est faite plus rapidement que celle de la consommation. D'ailleurs, là bas tous n'ont pas accès à la consommation puisque les inégalités se sont accentuées dans les années 20. A l'époque 10% des plus riches possèdent la moitié des revenus. Le monde entier subit une crise de surproduction industrielle et agricole. Pour John Meynard Keynes, la crise s'explique donc par un déséquilibre entre l'offre et la demande. Pour certains économistes notamment marxistes, on est en situation de surproduction due à l'accumulation du capital de production. Pour d'autres, plus libéraux, on est alors dans une situation de sous-consommation, car les ménages épargneraient trop.

 

c) ...une crise qui résulterait des conditions artificielles de la spéculation boursière à l'époque.

Le prix des actions a augmenté de façon exagérée par rapport à la croissance de la production. Beaucoup de ces actions ont été achetées à crédit par les actionnaires. Ceux-ci imaginaient rembourser facilement en payant les intérêts grâce aux dividendes attendus. On peut donc parler dans ces conditions de bulle spéculative.

 

Actions : titre de propriété correspondant à une part du capital de la société. L'ensemble des actions constitue le capital social de la société. L'action donne un droit de regard sur la gestion de la société et procure une rémunération ( le dividende) qui est fonction du bénéfice de l'entreprise. Ces actions sont échangées dans une bourse des valeurs. Les actionnaires peuvent également faire des bénéfices à la vente des actions si la valeur boursière des actions a augmenté. On parle de plus-value. En principe la valeur boursière d'une action est le reflet de la bonne santé de l'entreprise. Mais ce n'est pas toujours le cas.

Bulle spéculative : hausse artificielle du cours des actions sans commune mesure avec l'augmentation de la production.

Capital : ensemble des moyens financiers à la disposition d'une entreprise pour financer son activité.

Capital : c'est également l'ensemble des moyens de production d'une entreprise [bâtiments, machines (capital fixe), matières premières, énergie ( capitaux circulant)]

 

d) ...Une crise qui serait d'origine monétaire.

Les économistes libéraux Milton Friedman et Robert Lucas considèrent que c'est la création monétaire mal contrôlée dans plusieurs pays dans les années 20 qui aurait déstabilisé les économies dans les années 1929.

 

II ...une crise...

a) ...de 1929

Le 24 octobre 1929, la baisse du cours des actions s'accélère. La capitalisation boursière s'effondre. C'est le Jeudi noir. Le krach boursier provoque très vite une crise bancaire car les actionnaires qui avaient acheté leurs actions à crédit ne peuvent plus rembourser leur emprunt. Entre 1930 et 1932, 800 banques font faillite aux EU. Elles ne peuvent plus prêter d'argent, ce qui limite les capacités à investir. Les petits porteurs ayant parié sur une hausse des valeurs se retrouvent ruinés.

 

Crise : c'est le moment précis où la conjoncture se dégrade à la suite d'une période d'expansion.

Capitalisation boursière : valeur de l'ensemble des actions cotées en bourse .

Investissement : immobilisation durable de capitaux dans une installation industrielle.

Investissement : ensemble des sommes dépensées pour développer et moderniser le capital de production.

 

b)... suivie d'une dépression dans les années 30

La crise bancaire devient  alors une crise économique. Aux EU, la production industrielle diminue de moitié entre 1929 et 1933. Le nombre d'automobile produites aux EU chute de moitié entre août et septembre 1929. Les EU sont donc en dépression. Celle-ci s'accompagne d'une déflation. Cela provoque une augmentation du chômage. Il passe de 1.4 millions de personnes à 12.6 millions. On parle dans ces conditions de chômage de masse.  L'un d'entre eux s'en serait sorti en inventant le Monopoly, il s'agit de Charles Darrow, Cette thèse est discutée.  C’est  aussi à l’issue de la crise de 29, que fut inventé en 1934,  un nouvel indicateur de richesse : le produit intérieur brut (PIB).

 

Dépression : Phase de stagnation durable de l'activité voir de recul de celle-ci accompagnée par une montée du chômage, un recul des prix et des profits.

Déflation : baisse généralisée des prix qui accompagne la baisse de la production. dans les crises classiques jusqu'aux années 70.

PIB : Produit intérieur brut : pour faire simple, ensemble des richesses réalisées sur le territoire d'un pays. En réalité, il s'agit de la somme des valeurs ajoutées réalisées à l'intérieur d'un pays.

Indice : l'INSEE définit les indices comme le rapport entre la valeur d'une grandeur à un moment donné et sa valeur à un moment de référence qu'on appelle la base. Souvent, on multiplie le rapport par 100 ; on dit : indice base 100 à telle période. Les indices permettent de calculer et de comparer facilement les évolutions de plusieurs grandeurs entre deux périodes données.

 

c) ....de dimension mondiale.

En un an, la production industrielle mondiale baisse de 12%. Les EU sont les premiers touchés puis l'Europe et le reste du monde. La France est affectée à son tour par la grande dépression à partir de 1931. Les productions agricoles et industrielles chutent. La balance commerciale est déficitaire. Le nombre de chômeurs augmente. Il passe ainsi de 273 000 chômeurs en 1932 à 500 000 en 1936.Il existe plusieurs hypothèses susceptibles d'expliquer  l'extension de la grande dépression dans le monde entier.  La première veut que la crise américaine "contamine" le reste du monde par la contraction des échanges et le retrait des capitaux investis en Europe. Les Etats-Unis ont investi dans les années 20, 4600 millions de dollars en Europe. Le retrait de ces capitaux aurait alors déstabilisé les économies européennes. On observe une contraction du commerce international de 30% entre 1929 et 1939. Elle aurait provoqué l'effondrement des économies d'Amérique latine très dépendantes de cours mondiaux de matières premières et de leurs exportations. La seconde hypothèse considère que des signes d'un déséquilibre entre l'offre et la demande étaient perceptibles en Europe avant 1929. Dans ces conditions, la dépression européenne serait également d'origine endogène : elle ne s'expliquerait pas uniquement par les conséquences de la crise américaine. Il faut ajouter à cela, qu'on assiste également à l'effondrement du système de l'étalon-or. Des pays pour injecter dans l'économie plus de moyens de paiements ont, en effet, fait le choix d'imprimer des billets. Leur monnaie s'est alors trouvée dévaluée.

 

Récession:  ralentissement du rythme de la croissance.

Croissance : augmentation durable de la production de biens et de services.

Etalon-or : système mondial de change fixe dans lequel les monnaies ont un cours fixe défini en or. Les banques centrales doivent détenir des réserves en or.

Dévaluation : diminution volontaire de la valeur d'une monnaie par rapport aux autres et/ou à l'or.

 

Conclusion : comme souvent en histoire économique, on peine a donner une explication qui suffirait à expliquer la crise de 1929 et son extension. Il convient de connaitre toutes les hypothèses pour en avoir une approche globale. On peut raisonnablement penser que la dépression des années 30 résulte de la combinaison de plusieurs causes que l'on peut trouver dans les économies concernées mais aussi dans les pays avec lesquelles elles sont en relation. Les réponses données à la crise à ce moment là sont-elles envisageables aujourd'hui ?