L’environnement : une notion, une histoire.

Pour faire simple, l’environnement désigne un ensemble d’interactions entre l’homme et le milieu. Mais la notion est bien plus complexe et suscite de nombreuses interprétations depuis son apparition.

 

Comment peut-on définir l’environnement ? Comment la notion a-t-elle évolué depuis qu’elle préoccupe les sociétés ? A ce propos, que révèle l’histoire de l’environnement de la place de l’homme dans le milieu ? Réciproquement, que dit-elle de l’évolution de l’environnement dans les considérations humaines ?

 

 

I L’environnement …

a)             …est une notion polysémique…

Selon que la place que l’on accorde à l’humanité dans le milieu, on en donne une définition différente. Pour l’illustrer, il suffit de comparer la définition juridique qu’en donne la France à celle retenue par l’Union européenne. Le droit français dit que l’environnement est l’«ensemble des espèces animales, végétales, mais aussi des équilibres biologiques et des ressources ainsi que des sites et des paysages». Alors que le droit européen considère que c’est « l’ensemble des éléments qui dans la complexité de leurs relations, constituent le cadre, le milieu et les conditions de vie pour l’homme ». La définition de l’environnement peut donc changer d’un Etat à l’autre, d’une institution à l’autre, d’une discipline à l’autre.

 

b)             .que la géographie définit de la façon suivante :

Quand elle apparaît au19ème siècle aux Etats-Unis, la notion d’environnement désigne simplement ce qui entoure l’homme. Elle était alors synonyme de milieu. En 1921, c’est Paul Vidal de la Blache qui  introduit  le mot dans la géographie française. Aujourd’hui, la géographe française Yvette Veyret dit de l’environnement qu’il « ne recouvre pas la seule nature. Il n’est pas synonyme de géographie physique. Il désigne les relations d’interdépendance complexes existant entre l’homme, les sociétés et les composantes physiques, chimiques, [biologiques]  d’une nature anthropisée.». Avec elle, et pour les besoins de plusieurs démonstrations, il est possible de retenir la définition suivante : L’environnement est un ensemble formé d’éléments naturels non-vivants (biotope) ou vivants (biocénose) et d’éléments socio-économiques en interaction qui constituent le cadre et les conditions de vie des hommes et des femmes à différentes échelles spatiales. Désormais, la géographie aborde donc  l’environnement de façon systémique dans une approche globale.

 

Schéma :

Exemple de l’ours :

 

Ecosystème : ensemble formé par une communauté d’êtres vivants en relation avec  leur environnement.

Milieu naturel : ensemble des conditions naturelles (atmosphère, biosphère, hydrosphère, lithosphère)

Anthropisation : modification du milieu de la main de l’homme.

Environnement : combinaison des éléments naturels et socio-économiques qui forment le cadre de vie des sociétés (autre définition).

 

II … a une histoire.:

 

L’histoire environnementale est le domaine qui étudie l’évolution des relations entre l’homme  et les milieux qui l’entourent. Elle étudie…

 

a)             ...l’histoire de la place des sociétés humaines dans l’environnement.

 

« Cette collision de deux Histoires [Histoire de la planète et Histoire humaine] marque une rupture dans la relation qui unit l’homme à la terre. Pour la première fois, ce sont en effet ses habitants qui sont devenus les principaux moteurs des changements qui l’affectent » François Gemmenne et Marie Denis, Qu’est-ce que l’anthropocène, 2017.

 

L’histoire de la place de l’homme dans l’environnement est l’histoire d’une anthropisation croissante. On peut remonter au moins au néolithique pour le démontrer. Ainsi les mises en cultures se sont faites au détriment de la forêt primaire. Dans le Norfolk en Angleterre, les trous liés à l’exploitation néolithique de la mine de Grime ‘s Grave se lisent encore dans le paysage.  Les archéologues ont démontré que le développement de l’agriculture et de l’élevage a provoqué une transformation des paysages ainsi qu’une modification des espèces animales et végétales. On assiste alors à une première anthropisation puisque les milieux connaissent une transformation sous l'action directe ou indirecte de l'homme. Aujourd’hui, même les espaces réputés « vierges » sont reconsidérés. Ainsi, des études archéologiques prouvent que les hommes modifiaient déjà le milieu de la forêt amazonienne il y a 10  000 ans. En réalité, il n’existe plus sur la planète d’environnement strictement vierge non concerné par l’activité humaine. L’homme a donc toujours eu un impact sur son environnement.

Aujourd’hui, la nouveauté réside dans le fait que désormais, les sociétés humaines semblent en mesure de modifier de façon irrémédiable l’environnement de la planète qui les abrite. En 1995, le prix Nobel de chimie, Paul Josef Crutzen théorise la notion d’anthropocène. Cette notion encore discutée insiste sur l’irréversibilité et l’ampleur des changements environnementaux en relation avec les activités humaines.

 

Anthropocène : «âge de l’humain »  nouvelle ère géologique où l’homme est devenu un facteur déterminant dans l’évolution de la planète.

 

Anthropisation : transformation du milieu « dit » naturel par l’homme.

 

Empreinte écologique : mesure de l’impact  des activités humaines sur le milieu naturel.

 

b)             .. et l’histoire de la place de l’environnement dans les sociétés humaines.

 

 « La nature nous apparait de moins en moins comme la puissance redoutable que l’homme du début de ce siècle s’acharnait encore à maîtriser, mais comme un cadre précieux et fragile qu’il importe de protéger pour que la planète demeure habitable pour l’homme ». Discours sur l’environnement urbain du président français Georges Pompidou prononcé à Chicago le 28 février  1970.

 

                La conscience de l’impact des activités humaines sur l’environnement n’est pas si récente que ça. Dès le 18ème siècle le constat était fait des conséquences du déboisement sur le climat. La pollution est déjà une préoccupation de l’âge industriel.  Ainsi en France, dès 1810, un décret règlemente les installations industrielles et leur droit à polluer. A cette époque, le souci d’échapper aux nuisances de l’industrialisation explique déjà le succès résidentiel de l’ouest parisien et des paysages de Barbizon par exemple.

Dès 1866, est forgé le terme écologie pour désigner la science qui s’intéresse aux relations des êtres vivants dans l’environnement. Mais il faut attendre la deuxième moitié du  20ème siècle, pour que se développe ce qu’on appelle l’écologie politique en relation avec la prise de conscience sociale des effets néfastes de la croissance sur l’environnement. En France, le premier parti dédié à l’écologie apparaît en 1973. En 1974, René Dumont est candidat à la présidence de la République. Il défend l’abandon de l’automobile, la désurbanisation et la limitation des naissances.

Mais, en réalité, cette prise de conscience est internationale. Au même moment des partis « verts » apparaissent dans la plupart des pays occidentaux. L’ONG Greenpeace est fondée en 1971. En 1972, se tient la première conférence des Nations Unies sur l’environnement. En 1987, la commission  Brundtland développe la notion de développement durable. Cette notion est reprise et définie officiellement au sommet de Rio de 1992. Depuis 1995, les Etats se réunissent pour discuter des solutions à donner au réchauffement climatique dans le cadre de « conférences des parties » (COP). Ainsi à partir de 1997, fut mis au point le protocole de Kyoto. Il cherche à coordonner les politiques des Etats pour lutter contre l’émission de GES et maintenir la biodiversité. En 2021, par les accords de Paris, les Etats s’engagent à contenir le réchauffement climatique bien en-dessous de +2°C, voire le limiter à +1,5°C.

 

Commission Brundtland : commission formée par des initiatives privées destinée à réfléchir sur le développement et la protection de l’environnement.

Développement durable : développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Selon certains auteurs [Olivier Godard], le développement durable cherche à assurer : « la durabilité écologique, la viabilité économique et l’équité sociale ».

 

Conclusion : Les conséquences graves des activités humaines sur les milieux ont rendu nécessaire une prise de conscience qui se traduit désormais par une volonté de plus en plus partagée de protéger l’environnement. Compte tenu de l’ampleur de la tâche et du caractère systémique du problème, les réponses données sont globales comme locales.