Les États-Unis et l’environnement à l’échelle
internationale (État, firmes transnationales, ONG…).
A
l'échelle internationale, les acteurs américains impliqués dans les questions
environnementales sont nombreux. Mais leurs politiques et leurs actions vont-elles
toutes dans la même direction ? Ces mobilisations se font-elles en faveur de
l'environnement et du climat ?
I Les fluctuations de
la politique environnementale de l'Etat fédéral.
a)
En dépit des responsabilités de la première économie mondiale.
A eux seuls, les Etats-Unis consomment 20% de l'énergie mondiale
(2ème rang mondial) et émettent 15% des
GES (2ème rang mondial). Par ailleurs, ils consomment de nombreux produits
importés. La production et le transport de ces derniers participent à la
pollution dans le monde. Il faudrait cinq
planètes terre pour satisfaire les besoins de la population mondiale si elle
consommait comme celle des Etats-Unis, si on en croit l'ONG WWF.
GES : Gaz à effet de
serre.
b)
...l'Etat fédéral s'est souvent montré réservé vis à vis des grands accords
internationaux.
"Le niveau de vie des Américains n'est
pas négociable". George Bush père au moment du premier Sommet de la Terre
à Rio en 1992
Les Etats-Unis se sont engagés par le passé
en faveur d'accords concernant l'environnement et le climat. Par exemple,
l'Etat Fédéral a signé en 1992 à
New-York, la Convention -cadre des Nations Unies sur le climat adoptée au
cours du Sommet de la Terre de Rio. Mais, il s'est toujours montré très réservé à l'idée d'une gouvernance climatique mondiale. La
volonté de se démarquer des décisions
multilatérales sur les questions environnementales est illustrée par
plusieurs décisions. En 1997 est adopté le protocole
des accords de Kyoto sur la réduction des émissions des gaz à effet de
serre. Jusqu'à leur mise en œuvre en 2005, les Etats-Unis ont toujours refusé de les ratifier. Dans le même
ordre d'idée, George W. Bush s'est
toujours opposé à la création d'une Organisation
mondiale de l'environnement. C'était pourtant une idée soutenue par la
France, l'Allemagne et de nombreuses organisations non gouvernementales.
Finalement, les Etats-Unis s'associent quand même en 2005 à la Chine, l'Inde,
l'Australie, le Japon et la Corée du Sud dans un partenariat visant à lutter contre le réchauffement climatique. Ils
signent aussi en 2015 l'accord de Paris sur le climat négocié à l'occasion de
la COP 21. Cependant, en 2017, Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis de
l'accord de Paris sur le climat. Son absence au sommet
de l' "urgence climatique" qui s'est tenu au siège des Nations
unies le 23 septembre 2019 est aussi très remarquée. On pourrait croire que la
politique des Etats-Unis en la matière fluctue au gré des présidences et des
majorités au congrès. Cela n'est pas si simple. Le niveau de vie des américains
et l'activité économique du pays restent la priorité de la plupart des
responsables politiques des Etats-Unis. On peut rapprocher la déclaration du républicain George W. Bush en mars 2001
" Le mode de vie américain, c'est sacré" pour justifier ses réserves
concernant les accords de Kyoto à celle du démocrate Barak Obama
en 20 janvier 2009 : " Nous n'allons pas nous excuser pour notre mode de
vie, nous le défendrons sans relâche".
Gouvernance climatique : Ensemble des institutions
et des décisions qui visent à agir contre le réchauffement climatique.
c)
l'avenir incertain de la politique fédérale américaine.
Le retrait
de Etats-Unis des accords de Paris sur le climat devient effectif en novembre 2020,en pleine campagne électorale
présidentielle, alors que le candidat démocrate Joe Biden s'engage à réintégrer les accords.
Mais la récession liée aux COVID risque de limiter
les efforts de la nouvelle administration américaine. L'équipe de Joe Biden a d'ores et déjà annoncé que la taxe carbone ne
serait pas appliquée en cas de crise économique grave.
II Le rapport de
forces entre les acteurs non gouvernementaux des questions environnementales.
a)
Face à l'hostilité de certains milieux...
De nombreux
intérêts économiques américains se sentent menacés par l'adoption de mesures environnementales. Lorsque ces dernières sont
adoptées, certaines firmes
transnationales américaines cherchent à les contourner. Nike et Levis
Strauss ont pendant longtemps produit leurs articles dans des pays peu
regardant en matière d'environnement. On parle alors de dumping environnemental. De nombreuses entreprises du secteur de
l'énergie et la mine ont également cherché à empêcher l'application des accords internationaux sur l'environnement
au nom du maintien de l'activité et de
la sauvegarde des emplois. En 2016, le lobby
du charbon avait massivement financé la campagne électorale de Donald Trump. Exxon Mobil et Chevron dépensent chaque année
respectivement 40 millions et 28 millions de dollars par an pour financer le lobbying anti-climatique. Ces
entreprises essaient ainsi d'influencer les responsables politiques mais elles
visent aussi l'opinion publique. Il
faut dire qu'une partie de celle-ci est sensible aux thèses climatospetiques en particulier dans
les Etats des Etats-Unis qui dépendent fortement de l'exploitation des
ressources primaires.
Dumping
environnemental
: pratique de certains pays adoptant des règles environnementales moins
contraignantes afin de donner l'avantage aux entreprises installées sur leur
territoire. Cette expression désigne aussi la pratique des entreprises qui
contournent les contraintes environnementales qui pèsent sur leur pays
d'origine en déplaçant leurs activités dans les Etats moins contraignants.
Climatosceptcisme : attitude de rejet
des théories scientifiques considérant que les activités humaines
expliqueraient le changement climatique en cours.
Lobbying : action exercée par
un groupe de pression (lobby) pour influencer les décisions politiques en
matière de réglementation et de normes.
Firme
transnationale
: entreprise ayant au moins une unité de production à l'étranger. En 1973,
l'ONU donnait une première définition des transnationales selon laquelle, il s'agissait de firmes,
dont le chiffre d’affaire est d’au moins 500 millions de dollars, réalisant
plus de 25 % de leurs productions et de
leurs échanges avec des filiales implantées dans au moins 6 pays différents.
b)
...d'autres acteurs non-étatiques se mobilisent.
Mais comme ailleurs, l'opinion publique américaine est multiple. Des citoyens se mobilisent en faveur de mesures destinées à préserver
l'environnement et à lutter contre le réchauffement climatique. Les marches pour le climat connaissent un
certain succès dans la jeunesse aux Etats-Unis. Il faut dire que depuis des
années de véritables leaders d'opinion
comme Al Gore cherchent à promouvoir les questions environnementales aux
Etats-Unis et à l'étranger (Une vérité
qui dérange). Les organisations
non-gouvernementales jouent aussi un rôle important dans ce domaine. En
aout 2019, des ONG américaines poursuivent l'administration Trump
pour avoir allégé la loi protégeant les espèces menacées dont le pygargues à
tête blanche, l'emblème du pays. Les autorités
locales font également pression pour que les accords internationaux soient
respectés. Par exemple, la ville de Pittsburg s'est engagée à suivre les
accords de Paris. En Californie, une loi oblige tous les logements à partir de
2020 à être "zero net enregy".
Certaines firmes se montrent
désormais sensibles aux questions environnementales. Dès 2008, le géant de la
distribution américain Wall-mart a annoncé une
nouvelle série d'exigences auprès des fournisseurs en matière de respect de
l'environnement. D'autres entreprises changent de politique sous la pression
des ONG comme Nike à l'issue de la campagne Detox en
2011. La question est posée de la sincérité de l'engagement de certaines de ces
entreprises. On peut se demander si certaines d'entre elles ne font pas que du greenwashing,
c'est à dire de la communication destinée à faire apparaître leurs activités
comme plus vertueuses. Au total désormais, ce sont près 4000 entités américaines (Etats,
entreprises, villes, collèges tribus) qui contestent le retrait des accords de
Paris sur le climat dans le cadre du réseau We're still in. Plus récemment, ce sont 3000
entités états-uniennes qui ont signé l'engagement pour le climat de la COP 23
que l'Etat fédéral a refusé.
ONG : organisation non gouvernementale,
organisation indépendante des institutions étatiques essentiellement financée
par des moyens privés et qui s'engage pour une cause.
Conclusion
:
L'attitude des Etats-Unis sur les questions environnementales à l'échelle
internationale fluctue donc depuis de nombreuses années. Elle évolue au grès
des rapports de forces entretenus par les nombreux acteurs de la question du
simple citoyen à la firme transnationale en passant par les Etats et les
organisations non-gouvernementale. Aujourd'hui la balance semble pencher en
faveur d'un alignement sur les mesures internationales de protection de
l'environnement et du climat. Mais cette tendance peut changer.