Les fluctuations climatiques et leurs effets :
l’évolution du climat en Europe du Moyen-âge jusqu’au XIXème siècle.
Le
climat désigne les caractéristiques
atmosphériques et climatiques propres à une région sur le temps long. Cependant,
ce climat peut connaitre des variations à plus ou moins long terme.
En
étudiant la période qui s’étend du Moyen âge au XIXème siècle, il est possible
de se poser la question de savoir si les fluctuations climatiques sont
d’origine humaine ou naturelle ?
I Le climat n’a pas
attendu le développement des activités humaines pour fluctuer.
a) C’est le constat que
fait la science.
L’archéologie, la glaciologie,
la dendrochronologie, la météorologie, la phénologie, la palynologie et d’autres sciences
encore permettent à des historiens du
climat comme Emmanuel
Le Roy Ladurie de distinguer des variations climatiques sur le long terme. La période qui
s’étend du début du Moyen âge du au IXème est marquée par le froid.. A partir du IXème
siècle, après le règne de Charlemagne on assiste à un véritable réchauffement
climatique jusqu’au XIIIème siècle.
Les historiens parlent à ce sujet de petit optimum médiéval (POM). Il est marqué par un climat
relativement clément. Il s’étend du Xème siècle au XIIIème siècle.
L’archéologie et les archives montrent qu’alors la vigne, plante considérée
aujourd’hui comme méditerranéenne, est cultivée jusqu’en Ecosse et à plus de
400 mètres d’altitude. Les voies maritimes du grand nord sont alors ouvertes à
la navigation entre la Norvège, l’Islande et le Groenland. Ceci explique en
partie l’extension de l’exploration Viking. Ainsi, Erik le Rouge met le pied au
Groenland vers 980. A partir du XIVème siècle,
on observe une tendance générale
au refroidissement. Les étés deviennent plus frais et pluvieux. Les
glaciers des Alpes s’étendent. On parle alors de petit âge glaciaire. A partir du milieu du XIXème siècle, le
réchauffement du climat se manifeste par des étés plus chauds et des hivers
moins neigeux.
Cependant,
dans le détail sur le court terme, on observe des variations plus rapides. Par exemple, vers 1100, on constate un
certain rafraichissement. A
l’inverse, la fin du XVIIIème siècle est marquée par des vagues de chaleur.
A
l’époque, les populations sont surtout sensibles
aux excès climatiques comme les neiges, les précipitations, les tempêtes ou
les sécheresses exceptionnelles. En 1375, le froid et les pluies excessives
provoque la famine En 1709, l’hiver
fait près de 600 000 victimes. Dès le Moyen âge se développe une véritable
conscience de ces bouleversements climatiques. Mais les explications données alors sont essentiellement religieuses. En
1315 des processions sont organisées pour faire cesser les fortes pluies. En
conclusion, l’archéologie, la dendrochronologie, et d’autres sciences encore
révèlent que du Moyen âge au XIXème les périodes de réchauffement et de
refroidissement se succèdent. Les changements climatiques ne sont donc pas des
nouveautés.
Dendrochronologie : étude de la
croissance des arbres.
Météorologie : étude des
séries de mesures de température, de précipitations ou de pression.
Phénologie : étude des
dates de maturité des plantes.
Palynologie : Etude des
pollens fossilisés.
Glaciologie : étude des
glaciers.
b) Les origines de ces
fluctuations sont diverses.
Plusieurs
hypothèses
sont émises pour éclairer les origines des fluctuations climatiques. Certaines
sont données par l’astronomie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le
mathématicien serbe Milutin Milanković a publié une Théorie astronomique du climat, selon laquelle il serait possible
de déterminer par le calcul l’alternance sur 700 000 ans de deux longues périodes glaciaires et de
deux courtes périodes interglaciaires. Ces dernières seraient déterminées
par les variations d’exposition au
soleil dues à l’inclinaison et à l’orbite de la terre. Sur un plus court
terme, les variations de températures seraient liées aux modifications de l’activité solaire. Ce serait notamment le cas
entre 1645 et 1715. A plus court terme encore d’autres événements peuvent avoir
un impact sur les températures à la surface terrestre comme l’explosion de volcans et la chute de météorites. Ainsi,
l’explosion du volcan indonésien Tambora en 1815 a
provoqué des perturbations du climat jusqu’en Europe. La chute de grosses
météorites est également l’explication retenue par certains pour expliquer la
perturbation du climat. Dans les deux cas, c’est le rayonnement solaire
qui serait affecté par les particules
dégagées. Attention, une étude récente (2024) revient sur l’idée selon laquelle
le petit âge glacière serait lié uniquement à la baisse de l’activité solaire
et à la forte activité volcanique du moment. Elle avance l’hypothèse selon
laquelle la conquête de l’Amérique provoquant une baisse de la population
native de 80% aurait favorisé une capture exceptionnelle de CO² par les arbres
de la forêt en extension. Dans ces conditions, l’effet de serre aurait été plus
limité. La planète se serait donc refroidie. Si cette hypothèse était vérifiée,
l’homme aurait modifié le climat bien avant la période généralement reconnue.
a) La Révolution
française : un exemple des effets multiples du climat sur le contexte
économique.
Cet événement politique majeur qu’est la
Révolution française s’inscrit dans un contexte
économique difficile. Pour rappel, on dénombre près de 58 émeutes frumentaires en 1788. Comment les expliquer ? Il
semblerait que les récoltes aient été perturbées par des perturbations climatiques. D’abord, le XVIIIème siècle
s’inscrit pleinement dans le petit âge glaciaire. A cela s’ajoute, l’éruption du volcan Laki
en Islande pendant 8 mois en 1783 . Les nuées ainsi dégagée s on semble-t-il créé un filtre limitant durablement le rayonnement
solaire. Cette explosion pourrait
donc expliquer le « grand
hiver » de 1788-1789. Enfin,
l’historien du climat Emmanuel Le Roy Ladurie
a démontré qu’en juillet une bonne partie de la France est marquée par une
grande sècheresse suivie d’un orage
exceptionnel le 13 juillet 1788. Ces deux aléas réduisent fortement les
récoltes. Les cahiers de doléances
tenus à l’occasion de l’ouverture des Etats généraux en 1789, révèlent que dans
ce contexte la hausse éventuelle des impôts est un sujet des plus sensibles.
La
période qui s’étend du Moyen-âge au XIX est donc représentative de l’alternance
sur le long terme de périodes glaciaires
et interglaciaires. Jusqu’au XIXème
siècle, les variations climatiques sont
essentiellement dues à des facteurs naturels. En est-il de même pour la période
qui a suivi ?
Emeutes frumentaires : révolte causée
par l’insuffisance de récoltes de blé et l’augmentation du prix de la farine.
Petit âge glaciaire : période
climatique du milieu du XIIIème siècle au milieu du XIXème siècle caractérisée
par une série d’hivers longs et froids.
Optimum climatique
médiéval :
période de réchauffement climatique qualifiée par les scientifiques d’anomalie
climatique médiévale caractérisée par des étés un peu plus chauds et des hivers
plus doux.
II Mais le
développement des activités humaines à des conséquences sur le climat dès le
XIXème siècle.
a) A cette époque se
développent des activités susceptibles d’avoir un impact sur le climat.
De la fin du XVIIIème siècle au début du
XXème siècle, l’Europe connait ce qu’il est convenu d’appeler désormais l’industrialisation. Le terme est
préféré à celui de Révolution industrielle car le changement de mode de
production est moins rapide qu’il n’y parait. Dans ce contexte de nouvelles énergies sont mobilisées.
On a coutume de distinguer une première
industrialisation marquée par l’explosion de
l’usage du charbon pour la production de vapeur, d’une deuxième industrialisation au cours de laquelle des innovations permettent le recours à
des hydrocarbures et à
l’hydroélectricité. L’usage des combustibles fossiles commence
à transformer les conditions de l’effet de serre. A
l’origine ce phénomène physique est naturel. Sans lui la vie n’aurait peut
être pas été possible sur terre. Mais il est amplifié par la concentration de gaz à effet de serre
(GES). Ces derniers forment comme une enveloppe qui empêche le retour dans
l’espace d’une partie de l’énergie produite par le rayonnement solaire à la
surface de la planète.
Gaz à effet de serre : gaz (CO2,
méthane, ou ozone) piégé dans l’atmosphère et contribuant au changement
climatique
T :On peut alors se poser la question de savoir si le
développement des activités liées à l’industrialisation a un effet rapide sur
le climat
b) Les premiers signes de
fluctuations liées aux activités humaines.
En
1850, débutent les premières mesures
instrumentales systématiques des températures. Les climatologues ont depuis
démontré que la température moyenne s’élève depuis le milieu du XIXème siècle.
La mise en parallèle des courbes de températures et des émissions de CO2 montre
que les deux phénomènes sont concomitants ceci semble confirmer que dès le
XIXème siècle la hausse des températures est due à l’activité humaine. Depuis la
fin du XIXème siècle le réchauffement est d’origine anthropique. On parle d’ailleurs à ce propos d’anthropocène.
Cette nouvelle phase
géologique dont la révolution industrielle du XIXe siècle serait le déclencheur
principal, serait marquée par la capacité
de l’homme à transformer l’ensemble du système terrestre. Cette notion est discutée
mais il semble que pour la première fois
la principale force de changement sur terre est l’activité humaine.
Climat : ensemble de
caractéristiques atmosphériques et météorologiques propres à une région sur le
temps long.
Météorologie : science qui
donne des informations sur l’état du temps, de l’atmosphère sur le temps court.
Conclusion : Les variations
climatiques ne sont donc pas une nouveauté. La planète connait des fluctuations
depuis sa création. Celles-ci s’inscrivent dans des échelles de temps plus ou
moins longues. Pendant longtemps, ce furent des facteurs naturels qui
expliquèrent exclusivement ces changements climatiques. Aujourd’hui ces
facteurs n’ont pas disparu mais ce sont semble-t-il les activités humaines qui
sont devenues les causes majeures du dérèglement climatique.