L'Asie du Sud et de l'Est : inégalité d'intégration et
coopération.
L'Asie du Sud-Est
est un espace qui concerne près de 14 Etats (Chine, Taïwan, Timor Leste
compris) et qui abrite près 8.6% de la population mondiale (655 millions
d'habitants) sur une superficie de 4.5 millions de km2. A elle seule, cette
région réalise un PIB de 2 971 milliards de $. On peut imaginer ainsi son
importance dans l'économie mondiale.
Mais cette région est-elle intégrée dans la
mondialisation ? Existe-il de forme d'intégration et de coopération régionale ?
Quelles sont les éventuelles limites de cette intégration ?
PIB : Produit intérieur
brut, ensemble des richesses produites sur le territoire d’un pays. C’est la
somme des valeurs ajoutées créées par
l'ensemble des branches d'activités. Pour comparer les pays en tenant compte de
l’inégal pouvoir d’achat des monnaies on le calcule à parité de pouvoir d’achat
(PIB ppa)
Mondialisation : mise en relation
des différentes parties du monde par la multiplication de flux de natures
diverses.
Intégration : 1-tendance à la
multiplication des flux reliant les territoires et les économies à différentes
échelles.
2-adoption de normes et de règles
communes dans un espace donné.
I Une région
inégalement intégrée.
a)
Une région dynamique économiquement.
A elle seule, l'ASEAN présente une croissance économique
annuelle moyenne de 5.1% entre 2011 et 2018. Elle réalise 2.3 % du PIB
mondial. Mais elle ne couvre pas toute
la région et on observe une grande diversité de situation économique dans la
région au regard du développement.
b)...
mais inégalement développée et intégrée.
En termes de richesses et de développement,
il est en effet possible de distinguer métropole de rang mondial. Il s'agit de
la cité-Etat de Singapour. La Thaïlande, le Vietnam, la Malaisie, l'Indonésie,
Brunei et les Philippines font figure de Pays émergents, ou de nouveaux pays
industrialisés asiatiques. Mais la région compte également un certain nombre de
PMA. Il s'agit du Myanmar, du Laos, du Cambodge et du Timor Oriental.
Ces économies sont inégalement intégrées dans
le échanges internationaux. Alors que la
part des exportations dans le PIB de l'Indonésie est inférieure à 35%, elle est
supérieure à 65% en Thaïlande, en Malaisie et au Vietnam.
IDH : Indice de développement humain. Il est calculé par le Programme
des Nations Unies pour le Développement (PNUD) qui tient compte
du niveau de santé (espérance de vie à la naissance),du niveau
d’instruction ( taux d'alphabétisation et nombre moyen d’années d’études
) du revenu, représenté par le PIB par habitant à parité de pouvoir
d’achat. L’indice obtenu est compris entre 0 et 1.
parmi
lesquelles ont trouve de nombreuses économies émergentes mais aussi des PMA .
Croissance : augmentation durable
de la production de biens et de
services.
Développement : amélioration du
niveau de vie au bénéfice du plus grand nombre.
PMA : Pays les moins
avancés. Pays qui connaissent les plus grandes difficultés de développement et
qui peinent à s'intégrer dans l'économie mondiale.
II Un espace dynamisé
par les échanges.
a)
Les inégalités régionales génèrent des flux.
A titre d'exemple depuis 1994, un accord
facilite les relations d'affaire entre Singapour, la Malaisie et l'Indonésie.
Très clairement, il s'agit d'exploiter les disparités entre les trois Etats. Singapour concentre des capacités d'investissement
considérables. Sa main d'œuvre est qualifiée et elle possède de grandes capacités
technologiques. La Malaisie possède une réserve foncière, des ressources et une
main d'œuvre semi-qualifiée. L'Indonésie présente les mêmes atouts mais avec
une main d'œuvre non qualifiée bon marché. Ceci explique l'intensité des flux
de capitaux, de marchandises et des flux migratoires dans la région.
b)
Mais la région participe également largement à la mondialisation.
A titre d'exemple, l'ASEAN représente 8 % du
commerce mondial. Cette région est également le point de départ de flux
migratoires vers les pays développés comme les EU ou l'Australie ou encore vers
les pays du Golfe persique. La main d'œuvre bon marché et les ressources
attirent également de nombreux investisseurs extérieurs comme la firme
japonaise Toyota. La région s'inscrit donc dans les grands flux de la
mondialisation.
III Ampleur et limites
de la coopération
a)
La coopération économique.
L'ASEAN
(Association des Nations d'Asie du Sud-Est) est une
organisation qui rassemble 10 Etats (Brunei, Indonésie, Philippines, Vietnam,
Birmanie, Laos, Singapour, Cambodge, Malaisie, Thaïlande). Ce fut d'abord une
simple zone de libre échange.
Désormais, il s'agit d'une communauté
économique. Elle mène une politique destinée à réduire les écarts de développement. L'ASEAN chercher également à
promouvoir des liens politiques forts entre les Etats.
Il existe d'autres associations régionales
comme la Coopération Gange Mékong
qui associe cinq pays d'Asie du Sud Est à l'Inde. Elle cherche à améliorer les infrastructures
de transport, les échanges commerciaux et la gestion durable de
l'environnement.
La coopération économique peut prendre
d'autres formes. Par exemple, en octobre 2019, le Myanmar et la Thaïlande se
sont mis d'accord pour réaliser avec l'aide du Laos une zone économique spéciale à Dawei. Il
s'agira d'une zone industrialo-portuaire située sur un corridor de développement est-ouest entre le Myanmar, la Thaïlande
, le Laos et le Vietnam. Il permettra
d'éviter le détroit de Malacca.
Il existe aussi des initiatives pour l'exploitation commune des ressources
naturelles comme la zone commune de
développent (ZCD) qui permet au Cambodge, à la Thaïlande et au Vietnam
d'exploiter les ressources maritimes.
Zone de
libre échange
: zone économique où circulent librement les capitaux et la marchandise.
ZES : Zones économiques spéciales: Zones
économiques côtières ouvertes par la Chine communiste aux investissements
étrangers. Les entreprises étrangères y bénéficient du faible coût de la main
d'œuvre et d'une fiscalité avantageuse.
b)
D'autres types de coopérations.
Nous
l'avons déjà vu, il existe des formes de coopération pour lutter contre la
piraterie autour du détroit de Malacca. Il s'agit d'une coopération militaire. Il existe également des formes de coopération
qui concernent l'environnement. Le grand
écosystème marin (GEM) de Sulu-Sulawesi est classé écorégion marine prioritaire.
Il réunit les Philippines, l'Indonésie et la Malaisie.
Corridor de
développement
: désigne des territoires devenus
attractifs pour l'implantation d'activités grâce à la construction
d'infrastructures de transports performants.
c)
Les limites de la coopération.
Même si dans cette région du monde il est
possible d'être adversaires géopolitiques et partenaires économiques, les
ambitions de puissance de la Chine peuvent être à l'origine de vives tensions comme on a pu le
démontrer en Mer de Chine. Là, la diplomatie
de la coopération chinoise peut connaître des limites quand la souveraineté
des Etats est menacée.
Conclusion : si l'intégration de
la région à l'échelle mondiale et régionale est indéniable, elle n'en présente
pas moins de grandes disparités en matière de développement et de niveau
d'intégration dans la mondialisation.