La
politique antisémite de l'Allemagne nazie de 1933 à 1945.
Les menaces de mort contre les juifs sont évidentes dans
Mein Kampf publié en 1924 par Hitler. Mais comment est-on passé d’une volonté
d’anéantissement exprimée par un individu exalté à une politique industrielle à
l’échelle européenne de destruction d’une population ?
I 1933-1941 : des menaces claires, mais pour commencer une
volonté d'exclure et de chasser les juifs d'Allemagne.
Dés 1934 , apparaissent les camps de concentration. Mais ils
sont destinés à l' internement des opposants, des ennemis du nazisme ( sociaux
démocrates, chrétiens militants, communistes etc.), des asociaux (homosexuels,
témoins de Jéhovah, criminels de droit commu ). Progressivement, ces camps se
transforment en camps de travaux forcés .
Exemples: Buchenwald (40000 personnes) ; Mauthausen (70 000
personnes).
Concernant les juifs, Hitler et les nazis franchissent plusieurs étapes dans leur progression vers l'horreur absolue. Les nazis cherchent d'abord à exclure les juifs et à les marginaliser. En septembre 35, sont adoptées les lois antisémites de Nuremberg qui excluent les juifs de professions comme les professions libérales et à limiter les relations personnelles entre juifs et allemands. Pendant les jeux olympiques de 36, exposé au regard de la communauté internationale, Hitler demande cependant aux nazis de ne pas multiplier les vexations envers la communauté juive.
A partir de 1938, la politique antisémite prend un tour plus
agressif. Cette évolution est illustrée par la " Nuit de cristal
". L'assassinat le 7 novembre à Paris du conseiller d'ambassade Ernst
von Rath, par un jeune Polonais d'origine juive, Herschel Grynszpan, fournit
aux SS et à la Gestapo un prétexte pour déchaîner leur violence antisémite. La
Nuit de cristal se solde par la mort de 91 Juifs, la destruction de 7 500
boutiques et de plus d'une centaine de synagogues. Le pogrom est aussi le
signal de la déportation de 35 000 juifs vers les camps de concentration de
Dachau, de Sachsenhausen et de Buchenwald.
À la suite de la Nuit de cristal, l'émigration juive
s'intensifie vers la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis et la
Palestine.
Remarque : En 1939 est mis en place un programme d '
extermination des handicapés physiques et mentaux ( Projet T4)
II Projet d'évacuation et ghéttoïsation.1939-1941.
Hitler reste menaçant. Il déclare le 30 janvier 1939 :
" Je veux être à nouveau prophète : si la juiverie financière
internationale, en Europe et à l'extérieur, devait parvenir à plonger une fois
de plus les nations dans la guerre mondiale, il en résulte non pas la
bolchévisation de la terre et donc la victoire de la juiverie , mais
l'anéantissement de la race juive en Europe ". Hitler, discours au Reichstag.
En septembre 1939, la Pologne est conquise. Les Waffen SS et
la Wehrmacht commettent de nombreuses exactions (humiliations, violences
diverses). es juifs sont désignés comme Untermenshen (sous-hommes). Ils doivent
libérer la terre pour y permettre l'implantation de colons. Les juifs polonais
sont évacués des campagnes et rassemblés dans les ghettos crées dans les villes
où les conditions de vie sont effroyables (surpeuplement, famines, épidémies…)
" Imaginez le tiers de la population d'une grande ville
parcourant les rues comme un flot sans fin [...] les gens se dirigeant de tous
les secteurs de la ville avec tout ce qui leur appartenait vers un petit
quartier [...] Aucune aide ne devait nous être fournie. Dans le ghetto, le
chaos était indescriptible. Des milliers de personnes se précipitaient pour trouver
un lieu où habiter. Tous les logements étaient déjà pleins mais d'autres gens
arrivaient encore, et l'on trouvait quand même de la place... Des enfants
déambulaient, perdus, en pleurs, des parents couraient de tous cotés à leur
recherche, leurs cris noyés par le vacarme assourdissant d'un demi million de
personnes déracinées. "
Description de la constitution du ghetto de Varsovie, Toshia BIALER, 1943.
Apparaît alors un projet de déportation vers Madagascar ( Il
fut, en effet, envisagé de déporter les juifs sur l'île de Madagascar. En
effet, après la défaite de la France, Hans Frank (gouverneur général de
Pologne) proposa de " parquer tous les juifs sur une grande île ". Ce
plan fut rapidement abandonné) puis vers les régions arctiques de l’URSS. Nous somme alors toujours dans la logique
d’«éloignement» (Entfernung) pronée par Hitler.
Conclusion : Jusqu' en 1941 , la logique principale est celle du regroupement et de l'expulsion.
III 1941-1945, l'engagement dans une politique
d'extermination.
Une logique qui apparaît dans le cadre de l’opération
« Barbarossa ».
Dans l'esprit de Hitler, l'attaque contre l'URSS est le début d'une guerre d'anéantissement contre le judéo-bolchévisme. Il ne s'agit plus d'évacuer, de concentrer ou de ghéttoïser mais de détruire une population. Dans cet esprit, la Wehrmacht et la SS mettent en place les Einsatzgruppen.
Einsatzgruppen (groupes d'assaut) : composés
de membres des différentes polices nazies, de la Waffen SS, de policiers
auxiliaires baltes et ukrainiens et encadrés par des officiers, chargés à
l'arrière des armées régulières de fusiller sur place les cadres communistes et
les juifs des territoires conquis à l'est. Ce sont en réalité des groupes
mobiles de tuerie.
Entre juin 41 et janvier 42, les Einsatzgruppen firent
environ 800 000 victimes. La plupart des victimes sont fusillées au bord de
fosses qu'elles ont dû creuser, d'autres sont brûlées vives comme à Minsk,
d'autres encore sont noyées sur les bords de la mer Noire. A partir de
l'automne 1941, les Einsatzgruppen procèdent à des asphyxies par les gaz
d'échappement de camions diesels.
Vers la solution finale.
C’est semble-t-il vers juillet 41 que la consigne ( jamais
exprimée clairement ) est donnée d' exterminer les populations qu' ils estiment
racialement inférieures, les Juifs et les tziganes en particulier. La " solution finale" est
organisée.
Cette évolution se traduit d' abord par des massacres de
masse. Par exemple, en Ukraine à Babi Yar, les 29 et 30 septembre 41, 40 000
juifs furent assassinés par les Einsatzgruppen.
A partir de 41 également, les juifs sont conduits dans des
camps d' extermination. Il en existait 6, situés en Pologne (Chelmo ,
Treblinka, Sobibor, Belzec, Majdanek, Auschwitz-Birkenau).
Ces camps se divisent en deux parties : un camp de
concentration et un centre d' extermination (Chambre à gaz (Zyklon B) , fours
crématoires). Dans ces camps, les nazis cherchent à accélérer l' extermination.
Ainsi à Auschwitz-Birkenau 800 000 à 1000000 personnes ont été gazées .
Si on est pas tué dés l' arrivée, on travaille. Primo Levi
est exploité par un grand groupe chimique. Les nazis cherchent à rentabiliser
la déportation, mais la folie meurtrière prime .Tout est fait pour exploiter,
humilier ( cheveux rasés , vexations diverses ), affaiblir (peu de nourriture ,
absence d' hygiène ) puis éliminer les survivants.
En janvier 42, lors de la conférence de Wansee est décidée
la déportation systématique des juifs vers les camps.
Un bilan difficile du génocide.
Selon les estimations 5,5 à 6 millions de juifs furent victimes de cette politique d' extermination. Cela représente environ 40 % de la population juive de l' époque.
Environ 1,3 million de juifs furent massacrés, 3 millions furent assassinés dans les camps d'extermination et 800000 moururent de faim ou de maladie dans les camps de concentration ou les ghettos .
200000 à 400000 tziganes de l' Europe entière furent
également tués .
C' est la raison pour laquelle on emploie le terme de
génocide pour désigner l' extermination méthodique de ces groupes ethniques .
Le terme Shoah qui signifie catastrophe en Hébreux
est réservé au génocide juif .
Conclusion : Il n'est guère possible d'expliquer la folie meurtrière. On ne peut que la décrire et en montrer l'évolution. Les menaces de destruction sont exprimées dès Mein Kampf par Hitler. Mais les nazis mettent d’abord en place une politique de persécution qui vise à chasser les juifs d’Allemagne. A partir de 1941, après les premiers massacres en Europe de l’est et la mise en place des ghettos en Pologne, les Nazis mettent en place la solution finale, une politique génocidaire qui a concerné l’ensemble de l’Europe.