Pb : Comment évoluent les principaux courants
artistiques du milieu du 19ème siècle à 1939 ? Sont-ils le
reflet de leur temps ?
I Le romantisme 1820-1863.
Œuvre
présentée :
Le radeau de la méduse, Géricault .
Le romantisme est en rupture avec l’académisme et le classicisme.
Il exalte la passion, l’imagination. Il cherche à représenter la sensibilité,
le mouvement. Les sujets privilégiés sont la mort, les évènements contemporains
( Radeau de la méduse) , les paysages spectaculaires. Les conquêtes coloniales
donneront aux romantiques l’occasion de découvrir de nouveaux paysages et
de nouveaux sujets. L’orientalisme est le reflet de cette tendance.
Remarque dans le domaine de la musique, il n’est pas rare que
le romantisme exalte le sentiment national comme le fit Verdi dans le contexte
de l’unité italienne.
Artistes :
Delacroix
Géricault.
II Le réalisme et le naturalisme ( 1850-1900)
Œuvre présentée :
Un
enterrement à Ornans, Gustave Courbet.
Vers 1850, en réaction face au romantisme dont ils rejettent
les excès, les réalistes et les naturalistes fixent pour l’art de nouveaux
objectifs. Pour eux, l’art doit décrire la réalité. Flaubert dit du réalisme
qu’il s’agit d’une conception qui vise à « décrire la réalité telle qu’elle
est ». le naturalisme va cependant plus loin . Il cherche à expliquer
la réalité dans une démarche quasi
scientifique. La série des Rougon-Macquart de Zola est une étude au scalpel
de différentes destinées familiales dans le contexte de la seconde empire.
Le sous-titre de cette œuvre est d’ailleurs le suivant : « Histoire
naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire ». Il faut
dire que nous sommes à une époque où l’on croit aux progrès illimités de la
science, ce qu’on appelle alors le positivisme. Les œuvres réalistes témoignent souvent des sociétés de leur temps.
Enfin, il est à noter que les artistes réalistes sont souvent impliqués dans
les réalités sociales et politiques de leur temps. Gustave Courbet participe
à la Commune de Paris. Favorable au déboulonnage de la colonne Vendôme, il
fut poursuivi pour cela.
Citation :
« N’importe, personne n’a entrevu que ma volonté était
de faire un travail purement philologique que je crois d’un vif intérêt historique
et social ». Zola.
Artistes :
Millet, Courbet, Flaubert, Zola.
III L’impressionnisme
( 1870 -1900)
Œuvre présentée :
La
Gare Saint Lazare, Claude Monet
Les impressionnistes cherchent à restituer la perception fugace
de la lumière par l’œil humain. « Il faut savoir saisir le moment
du paysage à l’instant juste, car ce moment là ne reviendra jamais… »
Claude Monet-1892 Parmi les procédés utilisés, on peut citer les petites
touches de couleurs ou la réserve ( procédé consistant à ne pas
peindre de petites parties de la toile. Les thèmes de prédilection des impressionnistes
sont les paysages quels qu’ils soient : « Nos artistes doivent trouver
la poésie des gares, comme leurs pères ont
trouvé celle des forêts et des fleurs », Claude Monet. L’évolution
technologique explique pour une part la naissance de l’impressionnisme. L’invention
de la photographie ( Nicéphore Nieps) et du cinéma ( les frères Lumière en
1895) rend inutile la tentative de reproduire fidèlement la réalité.
« Pourquoi voulez-vous qu’un peintre « intelligent »
suât pendant des mois pour donner l’illusion de faire aussi bien qu’une ingénieuse
petite machine » Paul Gauguin.
Le nom de ce courant artistique vient du titre d’un tableau
« impression,
soleil levant de Claude Monet – 1872) et de l’expression méprisante utilisée
par le critique Louis Leroy pour désigner cette façon de peindre.
Artistes :
Claude Monet
Edouard Manet
Degas
Sisley
Pissarro
Œuvre présentée :
Orphée , Gustave Moreau 154/23.5, Musée d’Orsay
Dans un contexte d’industrialisation, de progrès technologiques, les symbolistes comme Edward. Burnes-Jones ou Gustave Moreau rejettent la réalité prosaïque et recherchent dans l’imaginaire un idéal, une harmonie qu’ils ne trouvent plus dans leur siècle. Gustave Moreau Par exemple disait « Quand ce peuple pourra penser et rêver, on lui donnera l'art qui fait penser et rêver. À quoi bon cette lutte niaise du poète contre cette inertie et ce sauvage amour de la grossière réalité qui forment le fond de la nature de ce peuple de comptables ? » Les réalistes s’inspirent donc de tout ce qui peut nourrir l’imagination : les mythes, les légendes, les religions, les croyances. Le paysage n’est plus du tout réaliste. Il est avant tout stylisé, décoratif. La femme idéalisée ou inquiétante tient une place importante dans l’œuvre symboliste.
Artistes :
Gustave Moreau (1826-1898),
Pierre Puvis de Chavannes ( 1824-1878)
Edward Burnes-Jones (1833-1898)
Arnold Böcklin ( 1827-1901)
V Le fauvisme ( 1900-1910)
Œuvre présentée :
Madame
Matisse ou la raie verte, Henri Matisse.
C’est une école de peinture aux moyens d’expression variés dont les artistes ont en commun la recherche sur les couleurs et les contrastes. Il faut dire qu’en 1839 paraît la « Loi du contraste simultané des couleurs » du professeur Chevreul. Selon lui, l’harmonie des couleurs est déterminée par une organisation logique : le cercle chromatique. Ce principe a été utilisé par les impressionnistes et exploité de façon approfondie par les fauves. Henri Matisse écrivait en 1908 : « Tous mes rapports de ton trouvés, il doit en résulter un accord de couleur vivant , une harmonie analogue à celle d’une composition musicale ». C’est un critique Louis Vauxcelles qui utilise la première fois l’expression « fauves » au sujet d’une œuvre de Marquet en 1905.
Artistes :
Matisse
Albert Marquet
Maurice de Vlaminck
Raoul
Dufy
Van
Dogen.
André
Derain
VI Le cubisme (1906-1914).
Oeuvre présentée :
Les
demoiselles d’Avignon, Picasso.
C’est un mouvement qui cherche à décomposer l’objet en formes
géométriques pour le recomposer selon la vision mentale de l’auteur. Le cubisme
rompt avec les règles de la perspective et des proportions. Il faut dire que
nous sommes à un moment où la science remet en cause l’idée d’une objectivité
complète et insiste sur l’importance de l’observateur dans le résultat de
l’observation. ( Emile Picard et Einstein - Théorie de la Relativité, 1905)
Artistes :
Picasso
George Barque
Juan Gris
Picabia.
VII L’art abstrait ( à partir de 1910)
Œuvre présentée :
Jaune,
Rouge, Bleu , Wassily Kandinsky .
La peinture abstraite s’écarte définitivement de la description
de la nature existante. Elle s’affranchit de la représentation de la réalité
visuelle. Par exemple, Kandinsky écrivait, le premier j’ai rompu avec la tradition
de peindre les objets qui existent, j’ai fondé la peinture abstraite. »
. Pour lui l’abstraction est un moyen de projeter son monde intérieur.
Il disait également : « L’artiste doit prendre comme point
de départ l’impossibilité , d’ailleurs, l’inutilité
de copier les objets sans autre but que de les copier ». Il cherchait
à faire sentir l’impression produite par un tableau par le simple effet des
couleurs : « Des couleurs aigues font mieux retentir leur qualité
dans une forme pointue, les couleurs profondes se trouvent
renforcées par des formes rondes ».
Artistes :
Kasimir Malevitch
Piet Mondrian
Wassily Kandinsky
VIII Le surréalisme ( à partir de 1918)
Œuvre présentée :
La
persistance de la mémoire, Salvador Dali.
Le surréalisme cherche à explorer et à révéler l’inconscient. Il voit dans le rêve, le hasard et les associations fortuites qui peuvent s’exprimer dans l’art, le moyen d’exprimer cet inconscient. Ce mouvement se nourrit de la psychanalyse qui établit que les comportements humains ne sont pas dirigés uniquement par la raison mais aussi par l’inconscient. Ainsi Freud ( 1856-1939) voit dans les troubles névrotiques, les actes manqués, les rêves l’expression des désirs refoulés siégeant dans l’inconscient. Pour Salvador Dali : « l’unique différence entre la Grèce immortelle et l’époque contemporaine , c’est Sigmund Freud, lequel a découvert que le corps humain est aujourd’hui plein de tiroirs secrets que seule la psychanalyse est capable d’ouvrir ».
Artistes :
André Breton
Paul Eluard
Salvador Dali
René Magritte
Conclusion :
Sans être exhaustifs, nous avons constaté que les arts connaissaient
des évolutions sensibles à celles
des sociétés, des techniques et des sciences.