La guerre
froide à travers Berlin, la crise de Cuba et la guerre du Vietnam
La
guerre froide est une expression
inventée par le journaliste Walter Lippmann en 1947. Elle désigne un conflit d'intensité variable opposant, sans affrontement direct, deux superpuissances de 1947 à 1989. C'est
un conflit idéologique où chacun des
pôles cherche à diffuser son modèle. Il en résulte une bipolarisation du monde en deux blocs, chacune des deux puissances essayant d'étendre sa zone d'influence.
Pb : en quoi Berlin, la
crise de Cuba et la guerre du Vietnam sont-ils le reflet d'un conflit d'un
genre particulier : la guerre froide ?
I Le blocus de Berlin, reflet de la bipolarisation du
monde.
a) Les doctrines Truman
et Jdanov inscrivent le monde dans des logiques bipolaires.
En
mars 1947, le président américain Harry Truman fait une déclaration au congrès
où il présente son pays comme le leader du monde
libre et des démocraties libérales.
Il oppose son modèle au régime politique soviétique présenté comme totalitaire. Pour endiguer l'expansion
de l'influence soviétique en Allemagne (endiguement-containement),
il propose la mise en place du plan
Marshall. En septembre 1947, à l’occasion d’une conférence qui réunit en Pologne les partis communistes
européens, Andrei Jdanov, bras droit de Staline
lui répond en affirmant que le monde est désormais divisé en deux camps
où s’affrontent les puissances impérialistes (les EU et leurs alliés) et les démocraties populaires
anti-impérialistes à la tête desquelles se trouve l'URSS. Pour coordonner l’action
des partis communistes, il met en place le KOMINFORM.
Le conflit de la guerre froide s’engage donc sur une logique d’affrontement idéologique.
Démocratie libérale : démocratie libérale: régime où les libertés fondamentales sont
respectées et où existent plusieurs partis politiques.
Démocraties populaires : régime où il n'existe qu'un parti, le parti
communiste qui représente la classe ouvrière et par extension le peuple.
Plan Marshall
: plan d’aide aux nations européennes adopté en 1947 et
appliqué en 1948. Il prévoit une aide de 13 milliards de dollars sous forme de
prêts (15%) et de dons (85%) destinée à 16 pays.
KOMINFORM : organisation
de liaison des partis communistes
b) Berlin enjeu de cette
bipolarisation.
Dans
un contexte d'occupation quadripartite,
les Etats-Unis proposent de faire bénéficier l'Allemagne de l'aide du plan Marshall. Staline refuse que cela
concerne également la partie contrôlée par les soviétiques. Par ailleurs, les
occidentaux décident de réunir leurs
zones (bi puis trizone) et la création d'une
nouvelle monnaie, le deutsche mark. Staline perçoit ces
mesures comme des provocations et des remises en cause de la conférence de Yalta. Il décide donc le
24 juin 48, le blocus de Berlin ouest. Les routes et les voies ferrées qui
relient la ville à l'Allemagne de l'ouest sont coupées. Les américains
organisent un pont aérien gigantesque : pour ravitailler les Berlinois
(transport de 2,5 millions de tonnes de matériel en un an, 80% de charbon). Les
soviétiques lèvent le blocus en mai 1949. Le 8 mai 1949, est adoptée une
nouvelle constitution qui donne naissance à la République fédérale allemande (RFA). Le 7 août 1949, l'URSS,
transforme sa zone d'occupation en démocratie populaire : la République
démocratique allemande (RDA). Berlin et l'Allemagne deviennent donc le
reflet de la bipolarisation de
l'Europe et du monde : la Chine devient communiste en 1949.
La constitution d'un
système bipolaire (schéma)
RDA-RFA (schéma)
L'Europe divisée (schéma)
Un monde bipolaire (schéma) )
II Cuba 62, l'une des crises d'un conflit à intensité
variable.
a) Origines, déroulement
et issue de la crise des fusées.
En
1959, Fidel Castro et ses compagnons de la Sierra Maestra
parviennent à renverser la dictature de
Batista. En 1961, la CIA américaine soutient la tentative de débarquement des anti-castristes
dans la baie des Cochons. En 1962, Fidel Castro se tourne donc vers Nikita
Khrouchtchev pour lui demander une aide
militaire. L’installation de fusées
soviétiques est donc engagée. Un avion espion américain U2 repère cette
menace directe pour les E-U. J.F Kennedy exige le retrait de cet armement et
impose un blocus. Il envisage même l’engagement des deux puissances dans un
conflit nucléaire. Finalement, le 28 octobre 1962, Khrouchtchev fait faire
demi-tour aux navires acheminant la cargaison militaire. En contre partie, les américains promettent de ne pas attaquer
Cuba et de retirer leurs fusées Jupiter de Turquie.
A
cette occasion, la probabilité d'un affrontement nucléaire entre les deux
superpuissances fut telle qu'une détente fut
nécessaire. En 1963, un téléphone
rouge est installé entre les deux capitales. En 1972 sont signés les
accords SALT 1. En 1975, les
américains et les soviétiques collaborent dans la conquête de l'espace en
montant l'opération Apollo-Soyouz.
Ce
n'est là qu'un épisode des séquences crise-détente qui jalonnent la guerre
froide.
SALT : strategic arms
limitation talks, négociations sur la limitation des
armes stratégiques.
b) La température
variable des relations internationales entre les deux grands.
En
1948-1953, le blocus de Berlin (juin
48-mai 1949) et la guerre de Corée
sont des "sommets" (Pierre Grosser) de la guerre froide. Avant la partition de la
Corée en 1953, le général américain envisage même le recours à l'arme
nucléaire.
Après
la mort de Staline en 1953, son
successeur N. Khrouchtchev, conscient de l'équilibre
de la terreur, propose en 1956 une coexistence
pacifique où l'affrontement entre les deux puissances doit être remplacé
par une compétition idéologique, scientifique et culturelle. L'affaire de
l'avion espion américain abattu en 1960, la construction du mur de Berlin en 1961 (Du jour au lendemain, 113 km
de long pour empêcher le départ de ressortissant de RDA) et la crise de Cuba en 1962 mettent fin à cette période de bonnes
relations relatives entre les deux grands. La détente nécessaire qui résulte de cette dernière crise majeure est
un temps confirmée par Brejnev, successeur de Khrouchtchev, qui envisage même
un condominium des deux puissances
sur le reste du monde. Mais à la fin des années 70, les relations se tendent à
nouveau. L'influence communiste est alors à son apogée. Mais le président
républicain Ronald Reagan affirme le retour
en puissance des Etats-Unis ("America is back"-projet IDS ou guerre des étoiles). Les
nouvelles tensions entre les deux grandes puissances donnent lieu à la crise des
euromissiles. On parle alors de guerre
fraiche. Conscient de l'épuisement
de l'URSS, dans la course à l'armement,
le réformateur Mikhaïl Gorbatchev arrivé au pouvoir en 1985 engage avec Ronald
Reagan une politique de réduction de
l'armement nucléaire (traité de Washington en 1987). Finalement, en
novembre 1989, chute le mur de Berlin.
En décembre de la même année le sommet
de Malte clôt officiellement la guerre
froide.
Crise des euromissiles : au début des années 80, les E-U installent en
Europe des Pershing en réponse aux SS20 soviétiques.
III La guerre du Vietnam, enjeux de la guerre des
influences dans le monde.
a)La guerre du Vietnam.
En
1954, après la guerre d’Indochine,
les accords de Genève divisent le Vietnam au niveau du 17ème
parallèle, entre le la république
démocratique du Viêt Nam présidée par le communiste Hô Chi Minh au nord, et le Viet Nam du sud dirigé successivement par l’empereur
Bao Daï et des dictateurs Diêm
puis Thieu.
En 1957, le gouvernement
communiste du nord décide d’unifier le Vietnam en lançant le
soulèvement des divers groupes d’opposition du sud qu’il soutient grâce à la piste
Hô Chi Minh. En 1964, l’administration américaine qui soutien le Viet Nam du Sud, exploite un
incident mettant aux prises deux destroyers américains et la flotte
nord-vietnamienne pour s’engager officiellement dans le conflit. Se met en
place une guerre asymétrique. Aux bombardements intensifs par les B52, à l’utilisation
d’armes chimiques et aux effectifs colossaux de l’armée américaine (550 000
soldats américains en 1968), le Viêt-Cong répond
par des actions de guérilla.
L’année
1968 est un tournant dans le
conflit. L’offensive nord-vietnamienne du Têt (nouvel an chinois) permet de
prendre le contrôle de centaines de villes au sud et l’opinion publique
américaine devient profondément hostile au conflit. En 1969, les
troupes américaines commencent à être rapatriées. Ce la n’empêche pas le
massacre de My lai par les
hommes du lieutenant William Calley. En janvier
73, sont signés les accords de Paris qui prévoient le retrait définitif des troupes
américaines. En 1975, le Nord envahit le Sud et est créée la République socialiste du Viêt Nam. Saigon
est renommée Hô Chi Minh Ville en l'honneur du président précédent du Nord Viêt
Nam. Des milliers de Vietnamiens fuient leur pays (Boat People)
Guerre
du Vietnam :
Crise
Crise de Cuba :
b) Les blocs et
l'extension variable des zones d'influence.
Même
dans les périodes d'apaisement des relations internationales chacune des deux
superpuissances cherche à étoffer son système
d'alliance et à étendre son
influence. L'OTAN, créée en 1949 est complétée par l'ANZUS en 1951, l'OTASE
en 1954 et le Pacte de Bagdad en 1955. En 1950, Mao et Staline signent un traité « d’amitié, d’alliance et
d’assistance mutuelle sino-soviétique ». En 1955, l’URSS met en place le Pacte de Varsovie qui renforce sont
contrôle sur les démocraties populaires.
A
la fin des années 50 et dans les années 60, cette logique de blocs connaît
cependant des limites. Des Etats
issus pour certains de la décolonisation prônent le non-alignement. Puis, la Chine de Mao prend ses distances vis à vis des soviétiques. Le bloc communiste n'est plus monolithique. De son coté en 1966, De
Gaulle décide le retrait de la France du
commandement intégré de l'OTAN.
A
partir de la deuxième moitié des années 70, l'influence communiste progresse en
Asie mais aussi en Afrique et en Amérique Latine. Au Moyen-Orient, en 1979, les
américains perdent un allié stratégique à l'occasion de la révolution iranienne. Les soviétiques interviennent en Afghanistan. Mais comme les américains au Vietnam,
ils s'enlisent dans ce conflit
périphérique et asymétrique. Ils doivent se retirer en 1989.
OTAN :
organisation du traité de l’Atlantique Nord. Elle compte, à sa création, 16
Etats membres.
Pacte du Pacifique ou ANZUS :
Australie, Nouvelle-Zélande, Etats-Unis.
OTASE (organisation
du traité de l’Asie du Sud Est) : les trois pays de l’ANZUS + le Pakistan, les
Philippines, la Thaïlande, le Royaume-Uni et la France.
Pacte de Bagdad :
Royaume-Uni, Turquie, Iran, Pakistan,
Irak.
Conclusion :
Berlin,
la crise des fusées et le conflit vietnamiens sont donc bien le reflet d’une
guerre idéologique où chacune des deux grandes puissances essaie de diffuser
son modèle et d’étendre son influence à l’ensemble du monde. Il n’y a pas d’affrontement
direct mais comme le dit Pierre Grosser, la Guerre
Froide fut certainement la plus meurtrière du 20ème siècle. Enfin,
on le constate avec les différentes crises, pendant toute la durée de la guerre
froide (1947-1989) alternent des phases de tensions et de détentes.
Auteur :
Nérée Manuel
Bibliographie : P. Grosser, La Guerre Froide, Documentation
Photographique, la documentation Française, Dossier n° 80055, 2007.
Dernière mise à jour : 01-12