Séries : 1L, 1ES, 1L
Titre : La culture républicaine : son enracinement
dans les années 1880-1890 et la postérité de ses principes
La
république est un régime où le
pouvoir n’est pas héréditaire. On considère que la légitimité d’un mandat repose
sur l’expression de la souveraineté du peuple ou d’une partie du peuple. Pour
Montesquieu, dans l’esprit des lois, la république est le gouvernement où
« le peuple en corps, ou seulement une partie du peuple, a la puissance
souveraine ». Mais en 1880, la troisième
République est toute jeune (4
septembre 1870). Elle reste menacée. Certains lui sont hostiles et elle tarde à
être adoptée par tous les français.
Problématique : comment dans les années 1880-1890, s’affirment
un certain nombre de principes dont nous avons hérité jusqu’à nos jours ?
I La mise en place difficile d’un régime
…..
a) La naissance difficile ….
La
République est proclamée le 4 septembre 1870, après la défaite de l’empereur
Napoléon III face aux prussiens. Cette proclamation est cependant suivie d’une
période troublée où les communards tentent
d’établir une véritable démocratie
sociale. Les conservateurs versaillais
les en empêchent en mai 1871. Certains rêvent même d’une restauration de la
monarchie.
Voir
une leçon sur la Commune.
Démocratie sociale : démocratie où le droit des femmes, le droit au
travail, à l’éducation, au logement et à l’éducation sont garantis.
Versaillais : Gouvernement de Thiers, ses partisans et
ses troupes. Il s’agit souvent de conservateurs, de monarchistes et de ruraux.
b) d’une démocratie ….
Les
monarchistes ont laissé la jeune république réprimer l’épisode de la Commune.
Ils entendent bien rétablir un régime conservateur. Ils remplacent
d’ailleurs à la tête de l’exécutif, Adolphe Thiers en 1873 par un des leurs, Mac Mahon. Certains espèrent bien rétablir la monarchie. Mais ils
sont divisés entre légitimistes
et orléanistes. Le Comte
de Chambord, prétendant au trône des légitimistes se révèle intransigeant.
Il refuse d’adopter le drapeau tricolore dans l’éventualité d’une restauration.
Finalement en 1875, les lois
constitutionnelles définissent la Troisième
République. C’est une démocratie.
Le suffrage est universel mais masculin. Les pouvoirs sont séparés. C’est
également un régime parlementaire, car depuis l’échec de la tentative de
Mac-Mahon en 1877 face à Gambetta,
le droit de dissolution ne sera plus utilisé par les présidents successifs. De
plus la chambre des députés peut renverser le gouvernement.
Légitimistes : royalistes considérant que seul un descendant
direct des bourbons peut devenir roi.
Orléanistes : royalistes considérant que les successeurs de
Louis-Philippe d’Orléans peuvent devenir roi.
Régime parlementaire : régime où le pouvoir législatif détenu en
général par une assemblée (chambre, parlement) contrôle le pouvoir exécutif.
c) …qui reste longtemps menacée.
Elle est menacée par l’extrême droite comme le révèle la crise Boulangiste (du nom du général ministre de la guerre poussé
par ses partisans à prendre le pouvoir par la force en 1889.) et l’affaire
Dreyfus . En 1894, le
journal antisémite La libre parole d’Edouard Drumont révèle l’affaire
Dreyfus en annonçant l’arrestation du capitaine. L’affaire ne prend cependant
pas à ce moment là une dimension nationale. C’est la publication du
« J’accuse » (le
texte) d’Emile Zola dans le journal L’Aurore qui
lui donne une ampleur supplémentaire. Par cette lettre ouverte à Felix
Faure, le romancier s’expose à des poursuites pour diffamation dans
le cadre des limites à la liberté d’expression définies par la loi de
1881. Il espère ainsi de provoquer
un nouveau procès et en faire une tribune pour la défense d’Alfred
Dreyfus. A l’image de l’opinion publique française, la
presse se déchire alors entre journaux dreyfusards (L'Aurore,
La petite République, Le Siècle, Le Radical, La Fronde, Le Figaro) et
antidreyfusards (La Libre Parole, L'autorité, l'Intransigeant, La croix, Le
Gaulois, Le Petit Journal). Ces derniers sont le plus souvent mus par
un antisémitisme viscéral. Dans ce contexte émerge la
figure de l’intellectuel républicain engagé comme Anatole
France ou Lucien Herr. Tandis que se développement
des ligues d’extrême droite comme la ligue des patriotes du
nationaliste Paul Déroulède.
(affaire d’espionnage qui devient nationale à
partir de 1898 et qui divise la France entre partisans de Dreyfus, les dreyfusards et ses adversaires convaincus de sa culpabilité souvent par
antisémitisme, les antidreyfusards)
et la tentative de coup d’Etat de
Déroulède en 1899. Mais l’extrême gauche aussi, certains remettent en cause le système républicain
dans lequel ils voient finalement l’expression de la domination de la
bourgeoisie. Ainsi en 1893, Vaillant
dynamite la chambre des députés. En 1894,
l’anarchiste Caserio. Assassine le
président Sadi-Carnot.
II …n’empêche pas l’enracinement remarquable d’un certain nombre de principes
a) …L’affirmation de symboles et de principes….
Elle
a désormais ses symboles. A partir de 1877, la figure de la Marianne
entre dans les mairies et les écoles. La Marseillaise devient hymne national en
1879. En 1880, le 14 juillet devient fête nationale et à cette occasion la
devise « liberté, égalité, fraternité » est installée sur le fronton des bâtiments
officiels. Elle impose le principe de
séparation de l’église et de l’Etat. Les lois Guizot (1833) puis Falloux
(1850) ne faisaient qu'obliger les communes de plus de 500 habitants à financer
le fonctionnement d'une école primaire
de garçons puis de filles. Les lois Ferry en revanche rendent désormais l'école gratuite (06-1881),
laïque (07-1881), et obligatoire (03-1882). La demande
de matériel pédagogique devient donc forte. Dans certains cas, ce sont les
communes qui fournissent les manuels. Cette demande est en grande partie
satisfaite par la maison Larousse dirigée alors par le gersois Claude Augé. Son
"Cours de Grammaire", est publié à des millions d'exemplaires entre
1890 et 1895. Ces efforts en matière d'instruction sont récompensés par une
baisse de la proportion d'illettrés. Celle-ci se stabilise autour de 4% d'une
classe d'âge au début du siècle. L’école devient donc très vite un enjeu de ce
processus de sécularisation complété par la loi de
1905, dite de séparation de l’Eglise
et de l’Etat. Par cette loi, l’Etat reconnaît la liberté de conscience et
garantit la liberté de culte mais ne reconnaît et ne subventionne aucune
religion. En 1881, la loi sur la liberté
de la presse affirme la liberté d’expression. A partir de 1901, la loi sur les associations permet la
constitution de partis politiques et de syndicats.
Sécularisation : processus
par lequel l’église est moins présente dans la société et dans les
institutions.
b) Auxquels les français adhèrent progressivement
D’abord hostiles à la République, les catholiques adhèrent
progressivement et non sans à-coups à ce régime. Les mesures auraient dû
aliéner définitivement les catholiques à la République. Mais finalement, ils
adhèrent à ce régime. Le Cardinal Lavigerie
en 1890 puis le pape Léon XIII en 1892, demandent le ralliement des catholiques français à
la République. Mais tous ne suivent pas cet appel comme en témoigne la crise des Inventaires (1906-1907) qui
suit la loi de Séparation. Jusqu’à
aujourd’hui, l’éducation fut le terrain de cet affrontement de valeurs. En
1984, les partisans de l’école privée confessionnelle se mobilisent contre un
projet de service public laïc unifié de l’enseignement. En 1994, les défenseurs
d’un service public de l’éducation nationale se mobilisent contre une
augmentation des subventions de l’Etat à l’enseignement privé
c) … La religion et la laïcité aujourd’hui.
Tout
au long du 20ème siècle on assiste à un long processus de déchristianisation. Au sortir de la
guerre, l'église catholique est très présente dans les années 50 elle baptise 9
enfants sur 10. Mais à partir des années 60, le sentiment religieux baisse quelque peu. Aujourd'hui 30 à 40 % des français se disent
non croyants. On observe dans le même temps une diversification du paysage religieux. Avec l'immigration, l'islam
devient deuxième religion de France (6% de la population), devant le
protestantisme (2% de la population). Mais
comme pour la religion catholique la pratique reste minoritaire. Des cas
particuliers comme l’affaire du voile
en 1989 ou celle des prières de rue, donnent parfois le sentiment d’une pratique
intense. Or, les statistiques révèlent
que les comportements de musulmans de France ne diffèrent pas beaucoup de ceux
des français baptisés. Ainsi 25 % des personnes d’origine musulmane
déclarent aller généralement à la mosquée le vendredi. Selon une autre enquête
du même institut en 2006, 25% des catholiques se disaient pratiquant. Cependant
face à l’affirmation de certains signes d’appartenance religieuse, la République sait réaffirmer ses principes
comme en témoigne la loi du 15 mars 2004 sur le port de signes ostentatoires dans
les établissements d’enseignement public.
Conclusion : C’est donc une république démocratique et
laïque qui s’est imposée non sans mal depuis les années 1880. En dépit des
changements de constitution, la plupart des principes affirmés par la troisième
république demeurent comme des socles de notre société. Depuis les religions et
notamment le catholicisme ont perdu du poids dans la société et les
institutions mais un certain nombre de questions de sociétés montrent
aujourd’hui que l’appartenance religieuse peut aujourd’hui encore déterminer
certaines prises de position, notamment dans les minorités les plus radicales.
Auteur : Nérée Manuel
Dernière mise à jour : 05-18