Titre : 1789-1799, la Révolution française : l'affirmation de la souveraineté nationale

La France jusqu'en 1789 est une monarchie absolue  de droit divin. C'est le principe selon lequel le Roi, en l'occurrence Louis XVI, tire la légitimité de son pouvoir absolu de Dieu et non d'un contrat avec le peuple.  En 1789, elle connait une révolution.  C’est-à-dire un changement brusque de régime politique et de structure sociale à l’issue d’un mouvement populaire.

Comment est-on passé à l'occasion de la Révolution française, du principe de souveraineté royale à celui de souveraineté du peuple ? Une nouvelle conception de la nation s'impose-t-elle à l'occasion des conflits que traverse la France pendant la Révolution française ?

I De la monarchie à la République (1789-1792)

a) Les origines d'une révolution qui... (avant 1789)

"On vit alors pour la première fois un grand peuple, délivré de toutes ses chaînes, se donner paisiblement à lui-même une constitution et les lois qu'ils croyaient propres à son bonheur"  Condorcet évoquant la révolution américaine de 1783-1787.

 

La monarchie absolue est de plus en plus critiquée en Europe et en France, notamment par les philosophes des Lumières. Des révolutions précèdent la Révolution française. Par exemple, en 1787, les Américains se dotent d'une constitution écrite. Sur le plan économique, la France est en difficulté notamment après de mauvaises récoltes. La crise alimentaire provoque des émeutes dans les campagnes françaises. Louis XVI est affaibli par son soutien aux Américains. Les caisses de l'Etat sont vides.

 

Les Lumières : mouvement philosophique qui réunit de nombreux philosophes européens confiants dans la raison et le progrès

Monarchie absolue : régime où le roi a tous les pouvoirs

b)    ...affirme de grands principes….

« Qui n'a pas été indigné d'entendre sans cesse réclamer les droits, la propriété du pape ? Juste ciel ! Les peuples, la propriété d'un homme ! Et c'est dans la tribune de l'Assemblée nationale de France que ce blasphème a été prononcé. » (Discours de Robespierre sur les droits du peuple avignonnais, 18 novembre 1790)

               

Pour obtenir de nouvelles ressources financières, Louis XVI convoque les Etats Généraux au printemps 1789. Mais les députés du Tiers-état rejoints par quelques membres du clergé et de la noblesse se constituent en Assemblée nationale. C’est la fin à la monarchie absolue. La nation est souveraine. Le 14 juillet 1789,  les Parisiens prennent  la Bastille symbole de l'arbitraire royal.  

                La Révolution française affirme le principe d’égalité. Dans la nuit du 4 août 1789 les députés de l'Assemblée nationale votent l'abolition des droits féodaux, des privilèges et de la dîme.  Le 26 aout 1789, l'Assemblée nationale vote la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui consacre la liberté de chacun et définit des libertés fondamentales comme la liberté de culte, d'opinion et de presse. Les femmes bien que jouant un rôle important dans les journées révolutionnaires et le débat d’idées sont exclues du vote. On peut citer parmi les grandes figures féminines de la Révolution Française, Manon Roland et Olympe de Gouges. La Révolution affirme alors le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

                La France est aussi réorganisée. Pour rationaliser l'administration de la France, l'Assemblée nationale divise le territoire en 83 départements de taille égale, en districts, en cantons et en communes.. Afin d'assainir les finances du pays, les biens du clergé sont nationalisés. Avec la constitution civile du clergé, les évêques et les curés sont élus par les citoyens et payés par l’État. Ils doivent prêter serment de fidélité à la constitution. La religion catholique n’est plus religion d’État.

Droit des peuples à disposer d'eux mêmes : droit des peuples à la souveraineté, à l'unité et à l'indépendance.

Droit des peuples à disposer d'eux mêmes : droit des peuples à la souveraineté, à l'unité et à l'indépendance.

Souveraineté : autorité suprême.

c)      …avant que ne chute la monarchie.

 

                Le roi perd d’abord  la confiance du peuple en quittant sans succès Paris en secret le 21 juin 1791 pour rejoindre les nobles émigrés et les troupes étrangères regroupées à la frontière. C'est la fuite de Varennes. Mais la monarchie est conservée. Il s’agit désormais d’ une monarchie constitutionnelle où le suffrage est censitaire.

Schéma de la constitution de 1791.

 

                S'estimant menacée par les nobles émigrés associés aux puissances étrangères et, sous prétexte de soutenir les peuples opprimés, l'Assemblée  déclare le 20 avril 1792 la guerre à  l'Autriche. Désormais la France est en guerre contre la Prusse et l’Autriche.  C’est dans ce contexte, que Dans la nuit du 25 au 26 avril, le capitaine du génie Rouget de Lisle compose à Strasbourg les six couplets originaux du Chant de Guerre pour l'armée du Rhin.  Le manifeste de Brunswick proclamé le 25 juillet 1792 renforce le sentiment d'une complicité entre les forces, étrangères, les émigrés et le roi.  Le 10 aout 1792, le roi et sa famille sont emprisonnés dans la prison du temple. En septembre 1792, une Convention nationale est élue au suffrage universel masculin.  Le 22 septembre 1792, la République est proclamée. Le 15 janvier1793, elle juge Louis XVI et le condamne à mort d'une courte majorité. Ce dernier est exécuté le 21 janvier 1793.

Suffrage : expression du vote

Suffrage censitaire : suffrage où le droit de vote est déterminé par la capacité à payer un certain niveau d'impôt.

II 1792-1799 : Quelle république ?

a) Sous la Convention la République est menacée (1792-1795)

                Elle est menacée de l’extérieur. La France est en guerre contre une Grande coalition réunissant la Prusse, l'Autriche, la Sardaigne puis la Grande Bretagne, les Pays-Bas, le Royaume de Naples, le Portugal et l'Espagne.

                Mais les menaces viennent aussi de l’intérieur.  Il y a des divisions politiques. A la Convention élue en septembre 1792, s'opposent, les Girondins  et les Montagnards. Les premiers  sont des républicains modérés qui se méfient du peuple. Ils sont plus indulgents vis à vis du roi. Les seconds qui siègent en haut de la tribune sont plus proches du peuple et notamment des sans-culottes. Parmi eux figurent Georges Danton, Maximilien Robespierre, Jean-Paul Marat. Il faut compter aussi avec les députés de la Plaine qui siègent en bas de l'hémicycle.

            En France, les paysans de Vendée refusent la levée en masse décrétée par la convention pour  recruter plus d'un million de soldats Ils s'allient à des aristocrates monarchistes et  à des puissances étrangères comme l'Angleterre. D’autres mouvements du même type éclatent ailleurs en France comme en Bretagne. En juin 1793, une insurrection fédéraliste dans plusieurs villes comme Bordeaux, Toulouse, Toulon, Marseille et Lyon. Enfin à Saint-Domingue, éclate une révolte des esclaves. La convention abolit une première fois l'esclavage en 1794.

                Face à ces menaces, la Convention durcit sa politique. les Montagnards établissent un Comité de Salut Public chargé du gouvernement. Il est dominé par Robespierre  et adopte des mesures radicales. La loi du maximum permet de contrôler les prix.. En septembre 1793, la loi des suspects permet d'arrêter toute personne considérée comme ennemie de la République et de la faire juger par un tribunal révolutionnaire. On parle de  Terreur pour qualifier cette situation politique. 

                Les armées ennemies sont finalement repoussées hors des frontières. Le soulèvement vendéen est écrasé brutalement. L'ordre est rétabli.. Mais le 9 Thermidor de l'an II (27 juillet 1794), Robespierre est arrêté par des députés modérés avant d'être exécuté sans jugement.

Convention : assemblée élue en 1792 qui dirige la République française jusqu'au 26 octobre 1795.

République : du latin res publica , chose publique. Régime politique sans roi. Le pouvoir n'est donc pas héréditaire et appartient en principe au peuple

Terreur : nom donné après le 9 Thermidor par les opposants de Robespierre pour qualifier les années précédentes et le rendre responsable de toutes les violences commises alors. La Terreur aurait fait 400 000 victimes dont sans doute 200 000 en Vendée.

b) Sous le Directoire, la République est conquérante (1795-1799)

                En septembre 1795, une nouvelle constitution donne naissance au Directoire, c’est une république bourgeoise et conservatrice. Le suffrage censitaire est rétabli. Pour éviter une nouvelle dictature le pouvoir est en principe collégial puisqu'il est confié pour cinq ans à cinq directeurs nommés par les deux chambres. (Voir schéma). Le Directoire c’est en quelque sorte la République sans la démocratie. La politique menée est assez vite impopulaire. Elle rencontre l’opposition des royalistes (insurrection royaliste de 1795) et des milieux les plus populaires (conjuration des égaux en 1796). Ces mouvements sont réprimés.

                Le Directoire mène à l'extérieur une politique de puissance et d'expansion. Six " Républiques sœurs" sont créées. Le jeune général Napoléon Bonaparte, remporte des victoires contre les Autrichiens à la tête de l'armée d'Italie. Par contre la campagne d’Egypte est un échec, mais Bonaparte parvient à rentrer en France et à s'emparer du pouvoir par le coup d'Etat du 9 novembre 1799 (18 Brumaire en réalité le 19 Brumaire).

Républiques sœurs : Etats européens se dotant de régimes républicains sous l'influence de la Révolution française.

Conclusion :

En 1789, la monarchie absolue de droit divin française est fragilisée par les idées et sa situation économique. La convocation des Etats généraux par Louis XVI est le prélude d'un enchaînement d'événements qui aboutissent à la fin de l'ancien régime après une courte expérience de monarchie constitutionnelle. Il faut dire que la Révolution est menacée à l'intérieur comme à l'extérieur.

En 1799, malgré les menaces extérieures et les divisions internes, le territoire français est plus étendu qu'il ne l'était en 1789. Ses habitants sont désormais citoyens français mais en réalité la souveraineté nationale connaît des limites du fait du suffrage censitaire et de l'exclusion des femmes du droit de vote. En s'emparant du pouvoir en 1799, Bonaparte s'inscrit-il dans la continuité de ce processus révolutionnaire ?