Titre : Napoléon continuateur ou fossoyeur de la révolution ?   

 

En réalisant le coup d'Etat du 18 brumaire (9 novembre 1799), Napoléon Bonaparte atteint le sommet du pouvoir.

 

Mais le fait-il pour poursuivre l'œuvre de la Révolution ou au contraire y met-il un terme ?

 

I Le maintien d'acquis révolutionnaires sur le plan politique masque mal la réalité autoritaire du régime.

 

La Constitution de 1799 ou Constitution de l'An VIII confirme la République et le suffrage universel mais les femmes restent exclues du vote.

 

Cette constitution établit le Consulat. En apparence, trois hommes se partagent le pouvoir mais en réalité Cambacérès et Lebrun ne font que seconder le Premier Consul Napoléon Bonaparte qui assume l'essentiel du pouvoir exécutif. Pour certains, à ce stade le Consulat est dans la continuité du Directoire. La rupture intervient en 1802, quand Bonaparte se fait proclamer consul à vie. En 1804, il se fait sacrer empereur par le pape Pie VII. Bonaparte devient Napoléon 1er. Il assoit sa légitimité en procédant à des plébiscites Pour mieux contrôler le pouvoir législatif, il le divise et le confie à quatre institutions différentes. Il nomme les juges et les maires des grandes villes. L'imprimerie et la presse sont censurées. L'opposition est réprimée par la police de Fouché. Les pouvoirs de Napoléon sont donc considérables. Il établit une dictature, un empire autoritaire et espère s'inscrire dans une logique dynastique. D'une certaine façon, il restaure la monarchie héréditaire au bénéfice de sa famille.

 

II Sur le plan social, l'abolition des privilèges est confirmée mais la  vision de  la société reste très conservatrice.

Sous Bonaparte puis Napoléon, l'égalité devant la loi et donc l'abolition des privilèges sont confirmées.

En 1801, Napoléon Bonaparte essaie d'unifier le pays au moyen du Concordat. Il espère s'attirer ainsi les bonnes grâces des catholiques tout en contrôlant le clergé. En 1802, il rétablit l'esclavage dans les colonies. En 1803, l'instauration du livret ouvrier, permet aux employeurs de contrôler leurs ouvriers.

En 1804, le Code Civil permet d'uniformiser le droit dans le pays mais ce recueil de lois fait des femmes d'éternelles mineures soumises à l'autorité des pères, puis des maris. Napoléon permet et favorise le retour des aristocrates d'ancien régime exilés mais il donne également des titres aux membres de sa famille et à ses fidèles. En 1802, il crée les premiers lycées et la légion d'honneur pour former et honorer une nouvelle élite. Ainsi progressivement se forme une véritable noblesse d'empire.

 

III L'administration du pays est centralisée.

A la suite des Jacobins qui luttaient contre les tentations sécessionnistes ou fédéralistes, mais aussi de la monarchie d'ancien régime qui souhaitait contrôler toute la noblesse du territoire, Napoléon renforce la centralisation du pays. Il nomme des préfets dans tous les départements chargés de faire appliquer sa politique et de contrôler la population. Sur le plan économique, il crée la Banque de France en 1800 et une monnaie stable, le franc germinal en 1803. Napoléon réforme donc profondément le pays en créant de nouvelles institutions. C'est ce qu'il appelle les « masses de granit ».

 

IV Les succès puis les échecs d'une politique de puissance.

Malgré la paix d'Amiens signée en 1802, Bonaparte poursuit  dès 1805, la logique de puissance amorcée par le Directoire. La guerre reprend donc contre les Anglais et leurs alliés.  La France perd la maîtrise des mers après la défaite de Trafalgar en octobre 1805 mais sur le continent, après la victoire d'Austerlitz sur les troupes Austro-Russes, les campagnes sont victorieuses. Cela permet à Napoléon de dominer le continent de l'Atlantique aux marges de la Russie. A son apogée, l'Empire comprend 130 voire 134 départements et des Etats vassaux. Dans ces Etats, il impose la centralisation de l'administration et le Code civil ainsi que certains grands acquis de la Révolution comme le système métrique, la constitution, l'abolition des privilèges et du servage. 

 

Mais, par l'impôt et les levées de soldats, l'occupation française pèse sur les populations des territoires dominés. Cela favorise le développement d'un sentiment national conforme au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. En Espagne, en Russie, dans le Tyrol, Napoléon doit faire face à de fortes résistances. A la suite de la campagne de Russie, la Grande armée doit refluer. Elle perd 450 000 hommes à l'occasion d'une retraite désastreuse. Napoléon finit par abdiquer une première fois à Fontainebleau le 6 avril 1814. La monarchie est restaurée en France et Louis XVIII est placé sur le trône  Napoléon tente cependant une reconquête du pouvoir après s'être évadé de l'île d'Elbe. Mais la défaite de Waterloo, le 18 juin 1815 provoque son abdication définitive. Il est exilé cette fois-ci sur l'Ile de Sainte Hélène dans l'Atlantique Sud où  il meurt en 1821.

 

 

Plébiscite : consultation des électeurs sur une question à laquelle ils répondent par oui ou par non, lui manifestant ainsi sa confiance.

Masse de granit : expression utilisée par Bonaparte pour désigner les institutions et les réformes mises en place en France.

Constitution : texte qui définit l'organisation des pouvoirs dans un Etat

Révolte : manifestation de violence collective qui s'oppose à une décision ou à une situation. Elle n'aboutit pas nécessairement à un succès.

Révolution : renversement brusque d'un régime politique par la force.

Livret ouvrier : document permettant d'enregistrer les déplacements des ouvriers.

Code civil : recueil de lois définissant les relations entre les particuliers.

Concordat : accord entre la papauté et un Etat.

Grande armée: nom donné à l'armée de Napoléon à partir de 1804. Elle comporte des soldats de nationalités différentes.

Etat vassal : Etat placé sous la dépendance d'un autre pays plus puissant.

 

Conclusion :

D'une certaine façon Napoléon Bonaparte achève la Révolution. D'un certain point de vue, il ancre durablement certains de ses principes fondamentaux comme l'égalité devant la loi, la fin des privilèges, le suffrage universel et la constitution. Il s'inscrit également dans la continuité en prolongaent les logiques de puissance ou de centralisation de ses prédécesseurs. Mais il y aussi chez lui la tentation d'un retour à l'ordre ancien. Par exemple, il rétablit l'esclavage. Pour satisfaire ses intérêts, il réinvente des réalités du passé : la monarchie héréditaire, la noblesse, le lien entre l'Etat et l'église. Au final, on observe que dans le même temps, Napoléon conserve,  détruit et innove.