Séries : 1L, 1ES, 1S.
Titre :
Les régimes totalitaires dans
l'entre-deux-guerres : genèse, points communs et spécificités
Le mot apparaît
dans les discours de Mussolini au début des années 20 pour désigner le régime
qu'il souhaite mettre en place. Dès 1923, G Amendola , un opposant du groupe
libéral démocratique utilise cette expression pour dénoncer la mainmise du
pouvoir fasciste sur l'Italie.Mais attention à cette époque, aucun véritable
régime totalitaire tel qu’il sera défini plus tard, n’est établi. Mussolini qui s’est emparé du pouvoir à
l’occasion de la marche sur Rome en 1922, n’obtient le monopole du pouvoir
qu’en 1926 avec les lois fascistissimes. En 1922, Staline devient secrétaire
général du PCUS, mais il n’entame sa marche vers le monopole du pouvoir à la
suite de la mort de Lénine en 1924. En 1933, Hitler s’empare du pouvoir à la
suite d’élections législatives en Allemagne dans un contexte de dépression
économique et de montée du conservatisme politique.
C’est dans les
années 1945-1950, dans le contexte de la guerre froide que le totalitarisme est
à nouveau défini, notamment par Hannah Arendt pour désigner les régimes apparus
dans les années 20-30, d’une part mais aussi pour stigmatiser les régimes
contemporains qui se distinguaient du modèle de la démocratie libérale
occidentale d’autre part. Certains voient d'ailleurs dans ce concept un"
outil de légitimation de l'occident triomphant" [Enzo Traverso].
Problématique : Quelle
définition peut-on donner du totalitarisme ? Existe-t-il un ou des
totalitarismes ? Les régimes qualifiés de totalitaires sont-ils
comparables ?
I Une
dictature politique basée sur une idéologie totalisante.
a)
Des dictatures.
L’Italie
fasciste :
En 1922,
à la suite d’élections législatives ratées, Mussolini organise « marche sur
Rome ». Le Roi Victor Emmanuel III fait appel à lui pour former le nouveau gouvernement. Il n'y a
d'abord que 4 ministres fascistes, la chambre des députés est maintenue. La
presse d'opposition est autorisée. Mais la même année, les pleins pouvoirs sont
votés par la Chambre des députés et le Sénat pour un an au bénéfice de
Mussolini. En novembre 1926 à la suite de l’affaire Matteotti (1924),
les lois fascistissimes sont votées par le parlement : Mussolini,
désormais, contrôle plusieurs ministères. II n'est plus responsable que devant
le roi, il peut légiférer par décret-loi, c'est à dire sans demander le vote du
parlement. Le parlement n'a plus l'initiative des lois. Par ailleurs, le Sénat
est maintenu mais sans pouvoirs.
L’URSS stalinienne :
Pour prendre
l'ensemble du pouvoir à la mort de Lénine en 1924, Staline secrétaire
général depuis 22 élimine ses adversaires politiques, comme Trotski. Kamenev Zinoviev, Boukharine.
En 1936, est
adoptée d'une nouvelle constitution. Le peuple vote pour des candidats uniques.
Le parti communiste est le
parti unique. Staline contrôle
toutes les nominations des cadres du parti.
L’Allemagne nazie.
A la suite de l’échec de la tentative infructueuse de prise de pouvoir par la force (Le putsch de la brasserie : 8 -9 novembre 1923), Hitler considère que la voie légale peut permettre aux nazis du NSDAP ( Parti National Socialiste des travailleurs Allemands) de s’emparer du pouvoir. Aux élections législatives de novembre 1932 , les nazis obtiennent 33,1%. Hindenburg, président de la République, fait donc appel à Hitler pour contrer la progression communiste. Hitler est nommé chancelier le 30 janvier 1933. Dès mars 33, le Reichstag lui vote les pleins pouvoirs pour quatre ans. En 1934, à la mort d’Hindenburg, Hitler devient Reichsführer. Il cumule les titres et les fonctions de président et de chancelier.
Conclusion :
les trois régimes ont donc en commun d’avoir établi des dictatures
caractérisées par l’exercice du monopole du pouvoir par un chef suprême et la
mise en place d’un système à parti unique. De ce point de vue là les régimes
sont comparables.
b)
des idéologies foncièrement différentes.
Le fascisme :
Il est intéressant de noter qu'à l'origine le fascisme affirmait un certain
nombre de principes socialisants. Ils furent abandonnés par la suite pour ne
pas effrayer les industriels et les propriétaires fonciers. Le fascisme est
avant tout une idéologie nationaliste. (la nation considérée comme
valeur suprême de l'ordre politique). Pour les fascistes, l'Etat prévaut sur
les individus et leurs libertés. Les fascistes veulent un parti unique et un
monde du travail organisé selon le principe du corporatisme. Le fascisme
rejette le libéralisme, le communisme et
la démocratie parlementaire.
Le nazisme : Nazisme
est un terme construit à partir du sigle d'un parti. Les points communs entre
le nazisme et le fascisme sont nombreux. (préoccupations sociales des
origines, primauté de l’Etat sur l’individu, nationalisme, rejet du
libéralisme, du communisme et du parlementarisme). Mais le nazisme est avant
tout foncièrement une idéologie raciste. Dans Mein Kampf (1925-1926),
Hitler développe une théorie basée sur la croyance en l’inégalité des
races (la race aryenne étant considérée
comme supérieure), sur un antisémitisme forcené, sur la volonté de conquérir
pour la race allemande un espace vital (lebensraum).
Antisémitisme :
haine des juifs.
Débat :
Le nazisme se
distingue-t-il totalement du fascisme par son caractère raciste ? Cela est
discutable. La conquête de l’Ethiopie, au cours de laquelle l’armée italienne utilise
l’arme chimique, se fait au nom de la supériorité du peuple italien descendant
de la Rome antique. L’Italie fasciste a
également adopté en 1938 des lois racistes et ségrégationnistes comparables aux
lois de Nuremberg.
Le
stalinisme :
Le stalinisme est plus une pratique qu’une idéologie. Cependant, il est possible de préciser quelques principes staliniens.
D’abord le
stalinisme se présente comme un héritage du marxisme (voir leçon sur les
doctrines sociales) et du léninisme. Staline parle de Marxisme-Leninisme.
Il accorde donc une
importance majeure au parti, guide et représentant des intérêts du prolétariat.
Même si conformément à la théorie marxiste, la disparition de l’Etat est
souhaitée et "prévue" au terme d’un long processus, Staline est partisan
d'un État fort et autoritaire dans une phase intermédiaire. En outre
Staline souhaite la disparition de la bourgeoisie.
Cependant le
stalinisme prend également ses distances par rapport à ces deux références.
Alors que Marx
faisait de la « disparition du travail » un but ultime, Staline exalte
le travail. (Stakhanovisme).
Ensuite, pour Staline le « socialisme [doit se réaliser avant tout] dans un seul pays ». Alors que Lénine et Trotski prônaient au contraire la révolution internationale.
Conclusion : les références idéologiques et les principes opposent donc fondamentalement le stalinisme au fascisme et au nazisme. Cependant, dans les faits, on retrouve le même poids de l’Etat dans les systèmes totalitaires.
II Le poids de
l’Etat dans l’économie.
L’Italie fasciste.
Dans l’Italie fasciste, l’Etat intervient beaucoup dans l’économie. Les productions industrielles et agricoles sont encouragées (Bataille du blé (fin des années 20), assèchement des marais Pontins (1931)). L’Etat crée différentes institutions industrielles : AGIP (Agence Générale Italienne du Pétrole) doit exploiter et distribuer le pétrole des colonies Italiennes. Ll’IRI (Institut pour la Reconstruction Industrielle-1933) contrôle les secteurs les plus importants comme la sidérurgie, la construction navale, les industries chimiques ou mécaniques. En 1934, l’état fait le choix de l’autarcie.
Autarcie :
Politique qui consiste à vivre de ses propres ressources en réduisant le plus
possible les échanges avec l’extérieur. Corporatisme : doctrine
économique et sociale qui ne reconnaît pas la lutte des classes et les
syndicats. Les travailleurs et le patronat d’un même secteur sont associés dans
des corporations qui les représentent auprès de l’Etat
Stalinisme :
Staline abandonne
la NEP. L’industrie est désormais organisée par des plans de 5 ans (plans
quinquennaux). Staline a deux grands objectifs :
Accélérer l’industrialisation : II y parvient en partie. Les réussites concernent essentiellement les industries extractives et de bases.
Collectiviser
les compagnes : Des Kolkhozes et des sovkhozes sont mis en place.
Kolkhoze :
ferme collective. Le revenu des kolkhoziens dépend du temps de travail et du
revenu de l’exploitation.
Sovkhoze :
ferme d’Etat. Chaque travailleur perçoit un salaire fixe.
Cette politique
rencontre des réticences. La collectivisation est donc imposée.
Allemagne
nazie :
Dans l’Allemagne
nazie, l’Etat contrôle l’économie. De grands travaux sont réalisés. Des produits de remplacement sont
crées : les ersatz.
Ersatz :
produits de substitution.
L’objectif fixé est
également celui de l’autarcie.
A partir de
1935-1936, l’économie est également organisée pour préparer la guerre. Les
principes du traité de Versailles sont donc ouvertement bafoués.
Conclusion :
Dans les trois totalitarismes, le rôle de l’Etat dans l’économie est donc
majeur. Mais si l’Italie fasciste est interventionniste, les économies
allemande et soviétique sont clairement dirigées.
III Un projet de transformation de la
société.
a) La mobilisation des masses par la
propagande.
Dans l’Italie
fasciste, la jeunesse est formée et endoctrinée dans des organisations
telles que les « Fils de la louve » (4-8ans) ; les « balilllas » ( 8-14 ans);
les « avanguardisti » (14-18 ans) ; les « jeunesses fascistes » ( 18-21
ans). Les loisirs des adultes sont aussi organisés dans le cadre du Dopolavoro
(après le travail) qui promeut l'éducation physique, la formation artistique et
culturelle et l'aide sanitaire et sociale). La propagande. Elle met en place un
véritable culte du chef . Mussolini apparaît comme un penseur, un écrivain, une
homme d'Etat, un législateur, un travailleur de la terre, un artisan. Le slogan
est désormais: « Mussolini a sempre ragione». A CineCitta , les péplums doivent
ranimer le souvenir de la Rome impériale
Dans l’URSS de
Staline, la propagande entretient le culte du chef .Elle utilise la presse
(Pravda), les affiches, la peinture, le cinéma ( Eisenstein-
Octobre-Ivan le Terrible (première partie) ). Ainsi se développe un véritable
art officiel qui exalte le socialisme et le nationalisme. La jeunesse est
encadrée. Les pionniers sont âgés de 7 à 14 ans,les adolescents de 14 à 18 ans
sont rassemblés dans les komsomols.
Komsomols
: jeunesses communistes.
On retrouve la
mobilisation des mêmes moyens d’encadrement de la population dans l’Allemagne
nazie. Les « jeunesses
hitlériennes » (hitler–jugend) et les « ligues des jeunes filles
allemandes » servent l’objectif d’Hitler de créer une jeunesse forte
et disciplinée. Joseph Goebbels, ministre de la propagande, contrôle les
moyens de communication : la radio, le cinéma. Il met à disposition de Leni
Riefenstahl des moyens colossaux pour réaliser le « triomphe de la
volonté » ou bien « les dieux du stade » . La réalisatrice
a longtemps prétendu avoir réalisé de simples documentaires. Pour beaucoup, en
réalité, elle exalte les valeurs du nazisme. Les loisirs de la population sont
encadrés par le « kraft durch freude » ( la force par la joie) qui développe les
activités sportives et culturelles pour la population. Cette propagande
entretient le culte de la personnalité et fait d’Hitler l’incarnation du
reich.
Conclusion :
les trois régimes partagent la même volonté d’endoctrinement et mobilisent des
moyens considérables dans des proportions inconnues jusqu’alors afin d’avoir
une emprise totale sur la société. On retrouve dans les trois régimes la mise
en place d’un culte du chef.
b) Le déploiement
d’une extraordinaire terreur de masse.
Dans l’Italie
fasciste sont mobilisés des moyens de répression de l’opposition.
L'administration est épurée. La presse, la radio sont soumises à la censure,
les syndicats et organisations politiques non fascistes sont interdits. La
police politique, OVRA (Organisation Volontaire pour la Répression de
l'Antifascisme), et la Milice (Milice Volontaire pour la Sécurité Nationale ( MVSN)
traquent les ennemis du régime. Les opposants sont envoyés dans les prisons ou
les bagnes du sud de l'Italie (5000 personnes entre 1922 et 1943). Le fondateur
du parti communiste, Gramsci, est condamné à 20 ans de prison et meurt
d'épuisement en 1937.
En URSS,
la répression s’étend à toute la société Les koulaks (paysans riches) sont
victimes de la politique de collectivisation. En Ukraine, en 1930-1932, des
millions de paysans sont victimes d’une famine dont les origines ne sont pas
naturelles. Au total, 1 800 0000 paysans furent déportés. C’est la dékoulakisation.
Mais la terreur concerne également les membres du parti les cadres de l’armée.
Ce sont les « Grandes Purges » de 1936 à 1939. Le NKVD et le goulag
sont les instruments de cette répression.
Goulags
: Camps de travail
NKVD:
(Commissariat du peuple à l'intérieur ) Police politique. Le NKVD est l'ancêtre
du KGB (Comité de sécurité
d' Etat), crée en
1954.
Les estimations des victimes
des goulags, des grandes purges et de la grande famine varient beaucoup, mais
le chiffre revenant le plus souvent est de 20 millions de morts. Cependant pour
Nicolas Werth, le nombre de morts de 1932 à 1939 n'excéderait pas les 9 millions.
La violence de masse est également mise en place dans l’Allemagne nazie. La gestapo chasse les opposants. Lorsqu’ils sont arrêtés ceux-ci sont envoyés dans des camps de concentration comme Dachau ( ouvert dès 33) ou Buchenwald. Jusqu’en 1941, ces camps sont destinés à l’internement des ennemis du régimes ou assimilés. (communistes, sociaux démocrates, chrétiens militants, juifs à partir de 1938). Ces camps se transforment rapidement en camps de travaux forcés. La répression peut également concerner les membres du parti nazi. Ce fut le cas à l’occasion de la « nuit des longs couteaux » en juin 1934. 200 membres des SA furent exécutés.
SA (Sturmabteilung
) : Division d'assaut, organisation paramilitaire
du NSDAP créée par Hitler en 1921 en réunissant
d'anciens combattants, des officiers mécontents et des membres des corps francs
sous l'autorité d'Ernst Röhm.
Mais l’Allemagne
nazie se distingue avant tout par l’ampleur du crime génocidaire. Pour
Raoul Hildberg, le génocide fit environ
5,5 millions de victimes juives et plus de 200 000 victimes tziganes. C’est
l’une des conséquences de la mise en pratique de l’Idéologie nazie. C’est la
raison pour laquelle certains auteurs parlent de violence congénitale du
nazisme. (Philippe Burrin in Stalinisme et Nazisme sous la direction
d’Henry Rousso)
Gestapo :
Geheim Staatpolizei, police politique secrète du pati nazi fondée en 1933.
Débat :
Certains auteurs
ont assimilé les crimes du nazisme aux crimes du Stalinisme. (Stéphane
Courtois, auteur de l’introduction du livre noir du communisme) :
Leurs arguments
sont les suivants : Les bilans humains des deux totalitarismes seraient
comparables.
Dans le stalinisme, le génocide de
classe (dékoulakisation, destruction de la bourgeoisie) serait l’équivalent du
génocide de race.
Pendant les grandes famines de
1932-33, la mort de millions d’Ukrainiens serait l’équivalent d’un génocide.
D’autres auteurs,
contestent cette assimilation rapide.
Nicolas Werth et
J-L Margolin, d’autres auteurs du Livre noir du communisme, contestent
les chiffres avancés par Stéphane Courtois.
Sur la famine des années 30, le point de vue de N. Werth a évolué. En 97, il considère que Staline est responsable des millions de victimes. En 2001, s’il est toujours persuadé de la responsabilité stalinienne. Il considère plutôt que face aux résistances des paysans, la violence d’Etat a provoqué une désorganisation de la production agricole mal évaluée. La responsabilité serait moins directe. Il conteste également l’idée selon laquelle Staline serait ukrainophobe.
Remarque : Staline refusa cependant de venir au secours des sinistrés.
c) La société face au
projet totalitaire.
Le projet totalitaire consiste
à transformer la société conformément à l’idéologie dominante ? Les trois
totalitarismes sont-ils comparables dans leur aptitude à créer des sociétés
nouvelles ? En d’autres termes quelle est "la réponse sociale"
à la domination idéologique ? (Heny Rousso).
La société italienne.
Le succès de Mussolini et de ses
thèses fut vérifié à plusieurs reprises à l’occasion de différentes échéances
électorales. Mais l’imprégnation de la société par le fascisme a connu des
limites. D’abord parce qu’une institution aussi puissante que l’église a
maintenu son influence sur la société, considérant d’un mauvais œil par exemple
l’encadrement fasciste de la jeunesse. Elle légitima pourtant le régime en
signant en 1929 les accords du Latran. (Les nominations du clergé sont soumises
au contrôle de l'Etat. Les évêques prêtent serment au régime, l'église
reconnaît Rome comme capitale de l'Italie, en contrepartie, le mariage
religieux est reconnu comme officiel, la religion catholique devient religion
officielle de l'Etat, la souveraineté du pape est reconnue sur la cité du
Vatican.). Il est à noter également que beaucoup d'italiens disent adhérer au
Parti National Fasciste Per Nececitta
Familiare, PNF.
a société soviétique
Pendant longtemps on a mis en avant l’adhésion de la population au culte de Staline ( les enfants dénonçant leur parents pour protéger le régime et le petit père du peuple, les larmes sincères versées par les soviétiques à la mort de Staline). Cependant, des travaux assez récents amènent à évaluer à la baisse l’adhésion des soviétiques au stalinisme ( Elena Zubkova). Il semblerait que même pendant les heures les plus terribles de la grande terreur, la société civile a conservé une certaine autonomie, développant parfois des formes de résistance plus ou moins actives. (14000 émeutes recensées par la police politique en 1930, maintien du sentiment religieux , en 1937 , 57 % des soviétiques se déclarent encore croyants au recensement ).
La société allemande.
Le régime nazi est parvenu à maintenir un certain soutien populaire jusqu’à la fin . Cependant, cette adhésion s’est un peu effritée à partir de 42-43 quand il est devenu de plus en plus difficile de maintenir le niveau de vie des allemands dans le contexte de guerre. Cela n’a pas empêché le nombre d’adhérents au parti nazi de passer de 2 M en 33 à 8 M en 1945. Il convient de noter cependant que si les ouvriers continuèrent d’adhérer de plus en plus nombreux. La proportion des personnes issues des classes supérieures est allée en diminuant.
Une résistance au régime nazi s’est cependant manifestée également. Le contrôle ne fut donc pas total. Notamment celui de la jeunesse. Arno klönne « Jugendprotest und jugenopposition » , a démontré l’existence d’une jeunesse réfractaire à l’embrigadement, écoutant du jazz, faisant parfois le coup de poing contre les membres de la hilter-jugend. Les pirates Eidelweiss de Cologne sont le reflet de ce comportement. La rose blanche fut un groupe de résistance fondé par des étudiants Hans et Sophie Scholl ,Alexander Schmorell.
Conclusion :
Les trois régimes
partagent donc un certain nombre de traits communs permettant de définir le
totalitarisme. Il s’agit en effet de régimes basés sur une idéologie dominante,
un parti unique, la dictature d'un dirigeant, une police imposant la terreur,
un monopole des moyens de communication, un monopole de la force armée et une
économie dirigée par l'Etat.Cependant, si la comparaison entre les trois
régimes est possible, elle ne permet de conclure à l’identité des trois
totalitarismes.
Le nazisme se
distingue avant tout par l’horreur du génocide. Même si l’utilisation politique
de l’antisémitisme par Staline et les lois antisémites adoptées en Italie en 38
sont condamnables, elles n’atteignent pas le degré de cruauté de la politique
génocidaire nazie.
Les régimes doivent
être distingués pour une autre raison. S’il existe une parenté réelle entre le
fascisme et le nazisme, ces deux idéologies rejettent le communisme dont les
références sont complètement différentes.
En résumé, si les régimes décrits sont loin d'être identiques, la définition du totalitarisme est un outil pratique pour comprendre des dictatures d'un type nouveau émergeant vers1920-1930. On peut donc conserver cette grille de lecture, même si elle est critiquable, pour les comparer. Slavoj Zizek était lui plus radical : il proposait carrément de se débarrasser de ce concept.
Auteur : Nérée Manuel
Bibliographie :
KLÖNNE Arno, Jugendprotest
und jugendopposition Von der HJ-Erziehung zum Cliquenwesen der
Kriegszeit. In:Broszat:
Bayern IV, S.527 - 620 (zitiert: Klönne: Jugendprotest).
INGRAO
Christian, Croire et détruire, les
intellectuels dans la machine de guerre SS, Hachette pluriel référence, 2011
KERSHAW
Ian, Hitler, T1 et 2, Flamarion 1999.
ROUSSO
Henry (dir.), Stalinisme et nazisme : Histoire et mémoires
comparées, IHTP, Complexe, coll. « Histoire du temps
présent », Bruxelles,1999.
Dernière mise à jour : 01-12