La métropolisation et les territoires de l’Union européenne.

Avec 80 % d’urbains, l’Europe possède un taux d’urbanisation élevé. Le semis urbain fait apparaître la densité de villes la plus forte au monde. Il ne permet pas cependant de comprendre les relations que les agglomérations entretiennent entre elles et avec leurs territoires. En France, une ville est une commune de plus de 2000 habitants. En Suède, il s’agit de commune de plus de 200 habitants. En Belgique le nombre d’habitants doit dépasser les 5000.

 

En Europe, comment le phénomène de métropolisation contribue-t-il à l’organisation et à la différenciation des territoires ?

 

Ville : les définitions de la ville diffèrent en Europe.

Agglomération : En France, l’INSEE définit ainsi les agglomérations urbaines multi communales : ensemble de communes (ville-centre et communes de banlieue) contiguës ( qui se touchent) ou l’habitat est continu ( - de 200 m entre les habitations) et la population supérieure à 2000 habitants.

Semis urbain : C’est la répartition des villes dans un espace.

Territoire : espace produit, construit , habité , vécu et approprié par une société.

Taux d’urbanisation : c’est le nombre d’urbains rapporté à la population totale. C’est la proportion de personnes vivant dans les villes dans l’ensemble la population.

 

I La métropolisation est un processus de concentration.

a)            Une concentration de population.

En Europe, cette tendance à l’agglomération de population se vérifie. Notamment dans la mégalopole européenne qui compterait 200 millions de citadins. En France, ce phénomène se confirme. Les métropoles abritent 40 % des habitants sur 1 % du territoire. C’est d’ailleurs la population des plus grandes agglomérations qui augmente le plus rapidement.

Mégalopole : ensemble constitué de plusieurs agglomérations assez proches pour former une grande région urbaine.

 

b)            une concentration des activités et des fonctions supérieures.

En Europe, les géographes observent une tendance à la concentration des services de niveau supérieurs (aéroports, places financières, foires internationales, congrès internationaux, musées, touristes, sites culturels, universités, maison d’édition, etc..) et des fonctions de commandement (sièges sociaux des plus grands groupes européens) dans les plus grandes agglomérations : Londres, Paris , Madrid, Amsterdam, Milan).

Tertiaire supérieur : le tertiaire supérieur comprend : le tertiaire industriel péri productif (services supérieurs aux entreprises dans les domaines des services financiers, logistiques, de l'information et de la communication, de l'ingénierie, etc.) ; le tertiaire directionnel et de régulation (contrôle et réglementation des systèmes politiques et administratifs, économiques, sociaux) ; le tertiaire de la formation et de la culture.

A l’échelle nationale, le phénomène s’observe également. Paris abrite 382 sièges sociaux des 500 premières firmes françaises. Finalement en France, la métropolisation du territoire se fait au profit de Paris et de quelques villes souvent dans les espaces frontaliers ou littoraux.

D’une manière générale, on observe donc une tendance à la concentration dans les métropoles européennes des fonctions de commandement. Est-il alors possible de classer les métropoles européennes ?

 

II Confirmation et renforcement de la hiérarchisation des métropoles.

En 2000, un rapport commandé par la DATAR (aujourd’hui DIACT) sur le classement de 62 villes Européennes, proposait une hiérarchisation en 5 classes. Au sommet du classement figurent Londres et Paris avec 83 et 81 points. Ce sont des métropoles mondiales ou villes globales (Même si Saskia Sassen qui a popularisé l’expression considère que Paris n’est pas une ville globale). Ces espaces urbains fonctionnent en système, d'où l'image d'un archipel ( AMM- Archipel Métropolitain Mondial) constitué d' « îles » qui concentrent entre elles l’essentiel du trafic aérien et des flux de télécommunication : 90 % des opérations financières s’y décident. Olivier Dollfus en identifie une demi-douzaine.

Ensuite la hiérarchie fait apparaître des villes de dimension européenne comme Madrid, Amsterdam, Milan, Barcelone, Berlin, Rome, Bruxelles, Vienne, ou Munich. Il convient de noter qu’il ne s’agit pas toujours de capitales.

D’autres villes ont plutôt une dimension nationale : Lisbonne, Athènes, Copenhague Enfin apparaissent des métropoles régionales comme Lyon, Marseille, Toulouse, Florence. La métropolisation se traduit donc également par une hiérarchisation. Dans ce contexte, quelles relations entretiennent-elles entre elles et avec leurs territoires ?

 

Métropoles mondiales ou villes globales : Ce sont des métropoles se situant au niveau supérieur de la hiérarchie urbaine à l'échelle mondiale, où se concentrent les pouvoirs centraux des entreprises et de l'économie mondiale. Elles sont productrices d'activités et de richesse.

Métropole régionale : ce sont des métropoles car on y observe des phénomènes de concentration dans les domaines de la démographie, des pouvoirs économiques et politiques. Cependant leur aire d’influence est plus réduite que celle des métropoles d’un niveau supérieur.

 

III La constitution de réseaux et de systèmes urbains.

Réseau urbain  : 'expression évoque les relations qu'entretiennent les villes entre elles à travers les voies qui assurent leurs échanges, les flux qui en traduisent l'intensité. Elle met ainsi l'accent sur les supports techniques de ces relations.

 a)           Des relations d’échanges.

L’étude des communications téléphoniques des trafics ferroviaires, routiers ou aérien permet de constater que les villes échangent entre elles des d'informations, des marchandises, des personnes. Les infrastructures de transport et de communication sont donc très importantes dans les réseaux urbains.

Ceci explique, par exemple, l’importance des lignes grandes vitesse dans les relations entre grandes métropoles. (Eurostar Paris-Londres, Thalys Paris-Bruxelles). Les lignes grandes vitesse réduisent les distances-temps entre les métropoles, les « rapprochent » les unes des autres. Ceci explique la bataille que livre actuellement le président du conseil régional de Midi-Pyrénées pour obtenir la prolongation de la ligne grande vitesse jusqu’à Toulouse. A l’echelle européenne on voit se constituer un réseau de métropoles dynamiques que Guy Baudelle qualifie de « pieuvre rouge ».

b)            Des relations de concurrence.

Dans ce contexte, les métropoles ont, en effet des relations de concurrence. Elles cherchent à attirer par la variété et la qualité de leurs services. On peut évoquer par exemple, la compétition que se livrent les villes dans le domaine des musées. La ville d’Amiens en Picardie s’est longtemps battue, sans succès, pour obtenir une gare TGV.

 

c)            Le rôle de la métropolisation dans l’organisation des territoires.

Cette organisation concerne d’abord les territoires de la métropole elle-même. Paul Claval dans le Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, note que la concentration des activités et des fonctions de commandement dans les métropoles entraîne une flambée spéculative dans les centres-ville et conduit à ne conserver dans les espaces centraux que les fonctions de décision et de contacts. Seules peuvent encore y résider les catégories les plus aisées de la population. On parle alors de gentryfication. On observe aussi un rayonnement, une polarisation des métropoles sur leur périphérie. Elles attirent des personnes, des marchandises en provenance des régions qu’elles polarisent. Elles desserrent aussi parfois autour d’elles un certain nombre d’activités (aéronautique en Midi-Pyrénées) ou de fonctions (décentralisation universitaire). Un exemple nous en est donné par l’aire de chalandise de Toulouse. Elle s’étend bien au delà de l’aire urbaine notamment dans la direction du Gers. Un rapport de la CCI du Gers démontre que l'agglomération toulousaine représente déjà 35 % de l'évasion d'achats dans le bassin. Ce phénomène risque d'être renforcé par la création du mégacentre commercial. (Source : schéma d'équipement commercial du département du Gers-CCI 32 -juillet 2004) On constate par ailleurs que les métropoles sont également en concurrence pour l’extension des zones d’influence. Les territoires périphériques des régions polarisées par les métropoles sont souvent tiraillés entre deux influences. Cela est sensible à Mirande par exemple. Cependant, il reste des espaces interstitiels qui échappent à cette polarisation. Cette situation est souvent liée à un phénomène d’enclavement. Dans la compétition qui anime désormais les territoires ces derniers se retrouvent alors marginalisés. Compte tenu du fait que les métropoles sont souvent des nœuds de communication, elles jouent souvent pour les régions qu’elles polarisent le rôle d’interfaces. C’est par exemple, le rôle de Lyon qui relie la région Rhône-Alpes avec Paris et l’Europe du Nord et de l’est. Mais cette fonction d’interface a des limites. Les axes terrestres de circulation rapide rapprochent plus les pôles métropolitains entre eux qu’ils ne renforcent l’ensemble des régions. Seuls sont favorisés les territoires bénéficiant d’une connexion rapide. On observe au contraire dans certains cas des effets-tunnels. Des territoires sont traversés où longés sans être desservis. C’est le risque que courrait l’ouest du département du Gers si une bretelle d’accès n’était pas créée pour un raccordement sur La future A65.

 

Aire de chalandise, aire d'attraction : Zone dans laquelle se recrutent les clients des activités commerciales et de services d'une ville ou d'une métropole. L'aire est d'autant plus vaste que la ville ou la métropole a de l'influence. Elle est généralement limitée par une influence concurrente. En fonction des activités considérées, ces aires se superposent ou se recoupent

Interface : zone de contact entre deux espaces différents.

La métropolisation contribue donc à la différenciation des territoires.

 

d)            Une typologie des systèmes urbains.

Système urbain : cette expression désigne dans un espace donné l’ensemble des villes, les relations qu’elles entretiennent entre elles (hiérarchiques, d’échange, de concurrence ou de collaboration), et l’organisation des territoires qu’elles déterminent.

On observe en Europe différents types de systèmes urbains.

Il existe un modèle Parisien ou modèle monocentrique où la capitale par son poids démographique et les fonctions qu’elle rassemble exerce son influence sur une vaste région qui se confond presque avec l’ensemble du territoire national.

Exemples : (France, Autriche, Hongrie, Islande Espagne).

En France ce phénomène s’explique par une tradition centralisatrice confirmée à la révolution avec les Jacobins. Pour information, dans le cas de la France, on peut parler de macrocéphalie parisienne. En terme d’emploi le rapport entre Paris et les villes suivante est de 7,1 avec Marseille et de 7,5 avec Lyon. En termes d’habitants, ce rapport est de 2,6 avec Marseille (commune) et de 4,7 avec Lyon.

Il existe également un modèle rhénan ou polycentrique où plusieurs villes se partagent le premier rang et exercent leur influence sur des régions de dimensions comparables.

Il existe aussi un modèle intermédiaire où une grande ville partage son influence avec d’autres grandes villes ( Italie du Nord, Espagne du Nord)

A l’échelle régionale en France, on observe également différents modèles urbains. Par exemple dans la région Midi-Pyrénées le modèle est monocentrique, Tandis qu’en Normandie et en Languedoc le système est polycentrique.

 

Conclusion :

La métropolisation a donc différents aspects. Elle désigne une tendance observée partout dans le monde et donc en Europe de concentration de la population et des fonctions de commandements dans les villes de niveau supérieur. En ce sens, la métropolisation renforce les hiérarchies urbaines existantes. La métropolisation est aussi un processus de développement des relations de nature variée entre les villes constituées en réseaux. Enfin par métropolisation, on désigne également la polarisation d’une région par une ville, le rayonnement de cette dernière sur un territoire.

La métropolisation contribue donc à structurer les territoires mais aussi à les différencier en fonction du niveau des relations qu’ils entretiennent avec la métropole. Certains se rapprochant de la lumière d’autre restant dans le noir.

 

 

Bibliographie :

Bonnet J., les grandes métropoles mondiales .

Guglielmo R., les grandes métropoles du monde .

Jean-Claude Boyer, Les capitales européennes , DP n°8020.

Félix Damette , "la France en Villes"

Lacour C. et Puissant S. La Métropolisation croissance diversité et fractures, Anthropos.

N. Cattan, D. Pumain, C. Rozenblat, T. Saint-Julien, Le système des villes européennes, ANTHROPOS, 1994.

Dezert, Metton, Steinberg, La Périurbanisation en France, Sedes, 1991 

 Dernière mise à jour : 01-10