Séries : 1L, 1ES, 1S
Titre : Entre attractivité urbaine et nouvelles
formes de développement : les espaces ruraux
Le thème original du sujet « Entre attractivité
urbaine et nouvelles formes de développement : les espaces ruraux »
semble définir les espaces ruraux
simplement par la ville et les rapports qu’elle entretient avec les campagnes
environnantes. Or la réalité des espaces
ruraux est bien plus complexe. Certes le processus d’étalement urbain entraîne une réduction de ce que nous serions tentés
de qualifier comme le rural profond
par opposition au rural périurbain
mais à l’heure de l’hyper performance des moyens de communication ce rural
profond existe-t-il vraiment ? A-t-il jamais existé lorsqu’on se souvient
de la place majeure des marchés où lorsqu’on lit dans les paysages la trace
d’anciennes voies ferrées qui reliaient les bourgs-centres voir les villages
aux préfectures. Pour faire simple, les espaces
ruraux sont caractérisés par de faibles densités de population, de
constructions et de voies de communication, par
Une définition qualitative peut s’appuyer sur trois
critères essentiels. Premier critère, la densité : faible densité relative non
seulement d’habitants, mais également de constructions, par la prédominance de formations végétales
dites « naturelles » et par l'importance des activités agricoles en terme
d’emploi ou de surfaces occupées.
Problématique : Les espaces ruraux
ne sont-ils que des espaces entre les villes, des espaces interstitiels ? Leurs fonctions ne sont-elles
déterminées que par la ville ? L’espace rural français est-il homogène
dans ses caractéristiques et ses activités ? Le développement rural
passe-t-il toujours par le développement agricole ?
I En France et dans notre
région, les espaces ruraux …..
a)
Répartition
On désigne comme ruraux, l’ensemble des espaces situés hors des villes, non couverts
par l’urbanisation. En France ces espaces représenteraient 70 % du territoire
de la France métropolitaine. Pour être plus précis, l’INSEE désigne ainsi
toutes les communes qui n’appartiennent pas à des espaces à dominante urbaine.
Plus encore, l’espace rural élargi représente
94% de superficie de la France Métropolitaine, si on s’intéresse au zonage en aires urbaines et aire d’emploi
de l’espace rural ( ZAUER) de l’INSEE qui intègre villes moyennes,
couronnes de grandes agglomérations, villes moyennes, communes multipolarisées,
petites villes et bien sûr des communes rurales.
b)
Dynamiques
Désormais, les grandes villes gagnent moins de
population. Parmi les villes qui gagnent beaucoup de population il y a les
communes rurales situées à proximité des villes
périphériques. La croissance démographique s'observe également désormais
dans les campagnes éloignées. Il y a donc périurbanisation
et rurbanisation.
Périurbanisation : développement
périphérique des villes qui s'étendent sur l'espace rural.
Rurbanisation : phénomène migratoire des
citadins vers les campagnes. C'est aussi le développement dans les campagnes de
modes de vie et de formes d'habitat urbains (lotissements par exemple).
II ...évoluent différemment.
a) Du fait de la
périurbanisation et de l’artificialisation des paysages qui en résulte.
Dans la périphérie des agglomérations et le long
des grands axes, on assiste à des processus d’artificialisation des
paysages. Avec l’urbanisation et le développement des transports, les
constructions et les infrastructures se multiplient. Des résidences principales
ou secondaires sont restaurées ou bâties provoquant parfois un mitage des
campagnes par un nouvel habitat pavillonnaire. Ainsi contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre le taux de
construction neuve est de 10,7 % dans
les espaces à dominante rurale contre 5,2 % dans les aires urbaines.
Mitage: dissémination des
constructions et multiplication des lotissements dans les espaces ruraux.
b) Du fait de la des
orientations économiques et des fonctions des bassins de vie ruraux.
Cette diversification n’est pas si nouvelle. Elle
marque cependant fortement l’organisation des espaces ruraux. Aujourd’hui, le secteur agricole
n’occupe plus que 3.5% de la population
active totale. Les activités
agricoles et agro-alimentaires ne représentent plus qu’une minorité des
emplois dans les bassins de vie ruraux (18 % des emplois en Midi-Pyrénées). Il
reste cependant encore des bassins
dont la vocation agricole reste
dominante en particulier dans l’Aveyron et le Gers. D’une manière générale, en
termes d’occupation de l’espace, l’agriculture
demeure logiquement importante dans les campagnes. Pour la région
Midi-Pyrénées, le référentiel de la DATAR
de 2003 notait que l’activité agricole couvrait encore 52% du territoire.
Contrairement
à ce que l’on pourrait imaginer trop rapidement, il y a dans les campagnes des activités industrielles. Le phénomène
n’est pas nouveau comme le prouvent les travaux actuels sur l’industrie rurale
dans l’est de la France. Aujourd’hui encore, la
part des emplois industriels
dans les emplois non agricoles représentait presque 30 % dans l'espace à
dominante rurale.
A des rythmes différents selon les lieux, la proportion d’emplois tertiaires
augmente dans les espaces ruraux. Cette évolution est liée à plusieurs
phénomènes. D’abord, il faut compter avec les services courants destinés à satisfaire comme ailleurs les besoins
de la population. Les services marchands
et non marchands demeurent malgré le
regrettable recul des services publics.
Le transport à la demande offre un
exemple de l’importance du tertiaire dans les campagnes. Par ailleurs, il faut
noter que le développement des fonctions résidentielles s’accompagne
de celui des fonctions touristiques.
En Midi-Pyrénées, les emplois liés à ces fonctions représentent désormais plus
de 56,5 % des emplois dans les bassins de vie ruraux.
Désormais, les usages comme la randonnée, la chasse
et différentes cueillettes (champignons, asperges sauvages, responsons ou
tamier, etc.) distinguent de moins en moins les ruraux des citadins de passage
ou nouvellement établis. Au sujet de ces derniers, on parle d’ailleurs de nouveaux ruraux ou néo ruraux. Cela n’empêche pas cependant l’apparition de conflits d’usages. Des querelles plus
ou moins folkloriques opposent parfois des résidents en quête de tranquillité à
des exploitants agricoles dont les activités génèrent des nuisances sonores et
olfactives. Par ailleurs, dans les campagnes on cherche parfois à implanter des
activités polluantes ou gênantes (décharges, aéroports, lignes grande vitesse)
dont on ne veut plus dans ou à proximité des villes. Les protestations et
l’esprit "NIMBY" ou “Never In
My Back Yard" (Jamais dans mon jardin)
se développent donc également dans les espaces ruraux.
c) Du fait de l’évolution de
l’agriculture
(voir
leçon suivante)
d) Du fait du développement des
logiques environnementales.
Depuis
la deuxième moitié des années 70, s’est développée l’idée selon laquelle
l’agriculture pouvait avoir vocation à entretenir
le paysage. La gestion du paysage dans le cadre d’un développement rural
est l’un des piliers de la nouvelle PAC. Dans les régions de montagnes une
partie de l’élevage subsiste grâce aux subventions versées dans cette logique.
Il est vrai que les pratiques pastorales contribuent à empêcher la fermeture du
paysage. Des conflits peuvent cependant apparaître lorsque des pratiques
agricoles cohabitent avec des programmes environnementaux (réintroduction de
l’ours, protection des autres grands prédateurs). Même si elle est plus
anecdotique, la pratique des jachères
fleuries est révélatrice de l’évolution de la place de l’agriculture dans
les espaces ruraux. Sous l’égide des préfets et des chambres d’agricultures,
les agriculteurs et/ou des sociétés de chasse s’engagent à semer des fleurs
et/ou des plantes destinées à l’abri et au développement de certaines espèces
chassées.
III Ce qui détermine une nouvelle typologie.
Compte tenu de ces transformations, on peut tenter
un classement des espaces ruraux en quatre catégories.
Les espaces
ruraux péri-urbains se situent autour des métropoles, de la ville globale à
la grosse préfecture. Ils représentent
plus de 6 % du territoire et plus de 10% de la population rurale. Cette population augmente rapidement depuis
les années 70. Espaces rurbains par excellence, ils sont fortement liés aux
villes pour les services et pour l’emploi. L’automobile joue d’ailleurs un rôle
majeur dans les relations entretenues par les villes avec cette périphérie. On
parle aussi à leur sujet d'espace semi-urbanisés.
Les espaces
ruraux fragiles ou en crise sont en
voie de dépopulation et de vieillissement. Ils représentent moins de 20% du
territoire et de 3 % de la population de
la population rurale. Les densités sont faibles. Ces campagnes où le plus
souvent se pratique la polyculture connaissent un phénomène de déprise agricole que seule contrarie un
peu l’arrivée de néo-ruraux. La proportion de population agricole y reste
forte (supérieure à 20%) On trouve des
cantons correspondant à cette description dans le massif central et ses marges
mais aussi dans le Berry, le Haut –Poitou, le Morvan, l’Armagnac etc…
Déprise
agricole : réduction marquée
de l’activité agricole se manifestant souvent par un dépeuplement, un recul de
la superficie utilisée par les exploitations agricoles, par une progression des
friches et de la forêt.
Sur les littoraux,
dans les montagnes, dans les campagnes présentant un intérêt patrimonial
particulier, le rural est en voie de diversification. Du fait des aménités
paysagères qu’ils présentent et des
activités de loisir qu’ils autorisent, ces espaces ruraux sont très attractifs. On y trouve des activités agricoles mais
l’économie y est désormais fortement tertiarisée. L’espace est de plus en plus occupé par les
résidences secondaires et les activités touristiques. Le caractère multiple de
leur vocation est renforcé par le développement de politiques environnementales
ambitieuses (conservatoire du littoral, parcs naturels). Ces espaces
représentent près de 5% du territoire et plus de 1% de la population rurale.
Pour terminer, on peut distinguer les espaces ruraux dont les paysages
restent très marqués par une agriculture
compétitive. Cela concerne les régions de grandes cultures des bassins parisien (Brie, Beauce une partie de
la Champagne) et aquitain par exemple. Mais aussi les régions de productions de qualité (vignobles,
élevages, horticulture) où les
exploitations peuvent être de taille modeste tout en générant de hauts
revenus.
Conclusion :
L’espace rural ne se résume pas à ce qui reste de
l’extension des villes. L’espace rural n’est pas uniquement lié à l’agriculture
mais son développement ne se résume pas aux usages résidentiel et citadin. En
réalité, les campagnes sont marquées par une très grande diversité. Elles ne
connaissent pas toutes la même évolution.
Auteur :
Nérée Manuel
Bibliographie :
CHALEARD J-L et CHARVET
J-P., Géographie agricole et rurale, Paris, Belin, 2004.
CHARVET J-P, L’Agriculture mondialisée, La
Documentation photographique, 2007.
ARAMEDY Jean-François,
CASEL Thomas. , DAVID Catherine, LABAUME P., LAFFITE Laetitia, LARRIBE Mathieu,
PIEUX Philippe, Paysages de Midi-Pyrénées, Toulouse, Editions Privat,
2000.
DIRY J.-P., Campagnes
d’Europe : des espaces en mutation, PARIS, in La Documentation
Photographique n°8018, La Documentation Française, décembre 2000.
NEREE M., Dynamiques des paysages et des espaces
agricoles dans la région Midi-Pyrénées, Ubiwiki, mai 2008.
Dron D., « Quelques
faits concernant les OGM », in Le courrier de l’environnement de l’INRA
n° 54, septembre 2007, pp.103-105
INSEE, Populations légales 2014, 02/01/2017, https://www.insee.fr/fr/information/2542644
Dernière mise à jour : 01-17