Séries :
1L, 1ES, 1S
Titre : Contraintes et potentialités des milieux du
territoire français
Etude de cas : Les inondations dans l'Aude
Pour
rappel, le territoire est un espace le plus souvent délimité, approprié,
aménagé et administré par un groupe humain (d’après Guy Di Méo). Le territoire
français, collectivités ultramarines comprises, présente une très grande
diversité de milieux. Par milieu, on
désigne un ensemble complexe associant dans un espace donné des éléments
naturels qu’ils soient abiotiques (biotope) ou biotiques (biocénose) et des
éléments humains. Par potentialités,
on peut désigner les atouts, les qualités d’un territoire qu’une société
peut éventuellement mettre en
valeur. Quand ces éléments sont
exploités par cette même société pour satisfaire des besoins, on parle de ressources.
Mais le milieu peut présenter également des difficultés. Une contrainte est un élément (obstacle,
aléa) qui gêne la présence et les activités humaines dans un milieu donné. Au
final, il n’y a pas de contrainte ni de potentialité sans société.
Problématique :
Nous pouvons rechercher l'ensemble des contraintes et des potentialités qui
caractérisent le territoire français. On peut également se demander si, il s’agit
de notions figées.
I Etude de cas les inondations dans l'Aude ….
Synthèse sur les inondations du 14-15 octobre 2018 :
Dans
la nuit du 14 au 15 octobre, d'importantes précipitations ont provoqué, à la
suite d'inondations, la mort de 14 personnes. De nombreux facteurs expliquent l’importance de la catastrophe. Pour commencer, ce jour là les précipitations furent exceptionnelles. A Carcassone en
seulement cinq heures sont tombés entre 150 et 300 mm de précipitations.. Un
tel cumul s’explique par ce qu’on appelle un épisode méditerranéen. La catastrophe est donc liée à un aléa naturel. Mais l'ampleur de cette
catastrophe est s'explique aussi par des facteurs humains. Pour commencer, on
peut émettre l'hypothèse que la multiplication de ces phénomènes climatiques
exceptionnels est due au réchauffement
climatique. Nombreux sont les scientifiques qui considèrent que l'homme est
à l'origine de ce phénomène. Il convient de noter que les activités humaines
ont pu aggraver les conséquences des précipitations. Certaines pratiques
agricoles ont pu empêcher les sols d'absorber l'eau et de freiner son
écoulement. C'est aussi le problème posé par la multiplication de parkings, de
surfaces bâtis. Cette artificialisation
des sols "accélère" les
écoulements. Pour finir certains enjeux ont été exposés au risque de façon
inconsidérée. C'est le cas d'un hôpital à Carcassonne et de lotissements
installés en zones inondables. Pour finir certains mettent en accusation
l'insuffisance de la prévision et de
la prévention face à ce risque.
Les
populations et leurs aménagements sont autant d'enjeux exposés à l'aléa
climatique. Quand cette menace pèse sur les hommes et sur leurs
réalisations, on parle de risque naturel.
Face à l'ampleur de la catastrophe,
les secours et les pouvoirs publics ont été temporairement dépassés. Dans ce
cas là, on parle de crise.
Comment
les populations peuvent-elles se prémunir face à ces risques ?
La prévention permet de définir des zones
à risque. Pour chaque risque, il existe,
en principe, un plan de prévision des
risques (PPR) supervisé par la préfecture. Il définit les zones où la construction est interdite ou
soumise à conditions. Les intercommunalités
doivent en tenir compte pour élaborer leurs SCOT. Les communes doivent le respecter pour élaborer leurs, PLU. E
La
prévision permet de limiter les
conséquences des aléas en permettant
aux populations de se préparer et de faire face. Dans le cas qui nous
intéresse, METEO FRANCE avait placé le
département en vigilance "orange". Certains estiment qu'il aurait
fallut la placer en vigilance rouge. Ce à quoi METEO FRANCE répond qu'il est
actuellement extrêmement difficile d'évaluer l'ampleur des précipitations à
l'échelle de départements tout entiers. Les météorologues travaillent donc à la
proposition de carte de vigilance pour des territoires plus réduits. Le
gouvernement envisage l'achat d'un supercalculateur pour améliorer la fiabilité
des prévisions météo.
Episode méditerranéen : c’est un épisode de pluies diluviennes dû dans
les régions méditerranéennes à la montée en altitude d’air chaud et humide qui
au contact d’air froid en altitude donne lieu à un phénomène de condensation et
donc à des pluies. Ce phénomène peut être provoqué par le relief (épisode
cévenol), par la présence d’une importante perturbation ou encore par la
présence de masses d’air instables.
Prévention : ensemble de mesures visant la réduction de
l’impact d’un phénomène naturel prévisible sur les personnes et les biens.
PPRI (Plan de Prévention des Risques d’Inondation) : plan destinés à organisé
l’urbanisation en prévision des risque de crues.
Anthropisation : modification d'un milieu, d'un paysage sous l'action
de l'homme.
II … montre la complexité des notions de contraintes et
de potentialité que l’on observe également à l’échelle nationale ….
a)
En présence
d’une multitude d’obstacles, d’aléas, de ressources
Le
sol et le sous-sol français ont longtemps été exploités par l'agriculture et par l'industrie minière. Même si elle est
de plus en plus concurrencée par ses voisins, la France reste la première puissance
agricole européenne. Concernant les
sous-sols français, les gisements de charbon, de fer et de gaz autrefois très
productifs, sont désormais moins exploités. Ils ne sont pas épuisés au sens strict mais leur exploitation est désormais
moins rentable. Parmi, ces ressources figurent des énergies fossiles. Il s’agit de ressources qui ne sont pas renouvelables à l’échelle
d’une vie humaine. La France possède cependant d’autres atouts pour son
développement, le projet de Sun Stadium à Mirande illustre la volonté
d’exploiter des ressources renouvelables.
Le soleil n’attire pas que des investissements, il attire également les
touristes tout comme les aménités paysagères. Le territoire français est caractérisé
par la diversité de ses paysages.
Mais
les français sont aussi confrontés à des
obstacles et des aléas. Dans le
milieu montagnard la pente, l'altitude et le climat sont des obstacles au peuplement, à la mise en valeur agricole et à la réalisation
d'infrastructures de transport. Les densités
y furent longtemps faibles. Il faut tenir compte également des aléas. Un aléa est un événement possible et sa probabilité de réalisation. Le
territoire français est exposé à un certain nombre d'aléas naturels (inondations, avalanches, tempêtes, séismes,
cyclones, éruptions volcaniques). Il existe également des aléas technologiques liés au développement des activités humaines
(explosions accidentelles de complexes industriels, pollutions, etc....). Sur
ce même territoire, les populations, les biens, les équipements,
l'environnement, sont sous la menace de ces dangers. On parle alors d'enjeux. La vulnérabilité désigne les dommages que peut occasionner un aléa sur des enjeux. Les risques
résultent donc de la conjonction sur un territoire
donné d’aléas et d’enjeux.
Peuplement : ici on désignera par peuplement la répartition de la population
sur un territoire donné. Les différentes densités sont un indicateur de cette
répartition.
Aménités paysagères : caractéristiques du paysage considérées culturellement
comme agréables, appréciables.
Paysage :
portion d’espace analysée visuellement, résultat de la combinaison dynamique
d’éléments physico-chimiques (sol, climat, etc..), biologiques (faune, flore)
et anthropiques qui en réagissant les uns sur les autres font un ensemble
unique (Augustin Berque).
b)
… les acteurs
s’adaptent en valorisant, en anticipant et en protégeant.
La
mise en valeur peut prendre des
formes très diverses, mais on peut évoquer l’exemple des aménagements côtiers
des années 60 destinés à tirer parti d’une situation littorale et d’un haut
niveau d’ensoleillement pour, avec le tourisme diversifier les activités de
l’Aquitaine (1967) et du Languedoc Roussillon (1963).Dans le même temps, face
aux conséquences de l’anthropisation, les milieux peuvent faire l’objet d’une
protection. Nous l’avons vu dans le chapitre précédent ( PNN, PNR,
Conservatoire du littoral, site Natura 2000, etc) .
Face
aux aléas naturels, les sociétés
s'adaptent en trois temps.
Avant
la survenue de l'aléa, il s'agit d'abord de faire de la prévention, de la prévision
et de la protection. En matière de prévention, dans les
communes sont établis des plans de prévention des risques naturels ( PPRN). A
l'échelle du département, sont définis des plans d'organisation de l réponse de
la sécurité civile ( Orsec). Ils organisent à l'avance les secours. Des
organismes spécialisés assure la prévision et la surveillance afin de pouvoir
informer de la survenue d'un aléa. Pour les cyclones, cette surveillance est
assurée par MétéoFrance et 5 centres météorologiques régionaux spécialisés
répartis (CMRS) un peu partout dans le monde. En matière de protection, les infrastructures sont construites en
fonction des aléas. On parle de
mitigation ou réduction de
vulnérabilité. Les professionnels sont parfois soumis à des obligations
dans ce domaine par le loi et les normes de construction. On peut évoquer par
exemple les normes parasismiques. Enfin, à quelques heures de l'aléa, lorsque
ce dernier est prévisible, les populations sont appelées à se tenir à l'abri
grâce à des système d'alerte ( consignes aux populations)
Pendant
l'aléa cette protection se prolonge. Par exemple, dans notre établissement, il
faut appliquer le plan particulier de mise en sûreté (PPMS). Dans le cas, d'un
risque technologique, il s'agit d'une stratégie de confinement.
Une
fois l'évènement produit, les secours et les interventions de remise en service
sont mis en œuvre conformément au plan Orsec et aux autres outils de
planification. Quand les sociétés humaines sont dépassées par les conséquences
de l'aléa on parle de crise et de catastrophe.
Dans le même ordre d'idée
sont mise en place des plans de
prévention des risques technologiques (PPRT) face aux aléas technologiques. Ils concernent des sites identifiés à
l'avance comme les sites classés SEVESO, du nom d'une commune italienne où eu
lieu une catastrophe technologique majeure.
Anthropisation : transformation des paysages ou des milieux par
l’action de l’homme.
Prévision : ensemble des techniques visant à déterminer le
lieu, le moment de survenue et l’ampleur d’une catastrophe.
Prévention : ensemble des aménagements ou des
réglementations qui visent à éviter ou limiter un risque.
PPRN : Plans de
Prévention des Risques Naturels prévisibles sont un instrument d’action de
l’Etat. Leur objet est de cartographier les zones soumises à ces risques et
d’établir les règles d’urbanisme qui s’appliqueront au bâti existant ou futur.
Ils permettent également de définir des mesures de prévention, de protection et
de sauvegarde à prendre tant par les particuliers que par les collectivités
territoriales. Approuvé par le préfet, le PPR vaut servitude d’utilité publique
et s’impose au PLU auquel il est obligatoirement annexé : le maire peut alors
délivrer un permis de construire soumis à conditions (de conception,
réalisation, utilisation, entretien, travaux de réduction de la vulnérabilité
PPRT (Plan de Prévention des Risques Technologiques) : depuis 2003, il
vise à protéger les populations concernées par des sites industriels dangereux.
Mitigation : action qui consiste à réduire l'intensité des aléas et
la vulnérabilité des enjeux.
c)
On constate que
des difficultés peuvent devenir des atouts et réciproquement. Les contraintes
et les potentialités peuvent évoluer.
Les notions de potentialités
et de contraintes ne sont pas figées.
Par son action sur le milieu ou par la réalisation d'infrastructures, les sociétés peuvent augmenter les possibilités
offertes par un territoire. Dans notre région par exemple, les sols du plateau
du ségala longtemps considérées comme impropres aux grandes cultures, le sont
devenus grâce au chemin de fer et au chaulage des terres agricoles
intéressantes. (Lo pan de Froment-Joan Boudou).
Ainsi, les sociétés peuvent dans certains cas mettre en
valeur des milieux longtemps considérés comme très contraignants. C'est le cas
du milieu montagnard, où, désormais, la neige
et la pente deviennent des atouts pour une mise en valeur
touristique. Il ne faut donc pas faire
de déterminisme.
Dans l'autre sens, l'exploitation
de ressources peut s'avérer contraignante.
L'exploitation du charbon par exemple, a longuement modifié le paysage. Certes, aujourd'hui la pente
des terrils ou des mines à ciel ouvert est parfois utilisée pour des
aménagements ludiques (Cap découverte), mais cette exploitation a durablement
modifié les horizons des territoires concernés. Aujourd'hui, c'est
l'exploitation d'une nouvelle ressource énergétique qui pose question.
L’extraction des gaz de « schiste » peut affecter une autre ressource
: l'eau.
Déterminisme :
point de vue qui accorde une place prépondérante au milieu dans l’analyse et
l’explication des sociétés (Encyclopedia Universalis)
III Il est cependant possible de classer les
territoires en fonction des contraintes
et des potentialités.
a)
La
confrontation des aléas et des enjeux permet de dresser une typologie des
territoires à risques…
On
peut classer les territoires français selon leurs niveaux de vulnérabilité face aux aléas naturels.
Les DOM et
plus particulièrement les îles de la Martinique et de la Guadeloupe sont très
vulnérables. Ces deux îles sont d'ailleurs classées en zone rouge d'exposition.
La vulnérabilité liée à l’intensité
de divers aléas (cyclones, volcanisme, sismicité …) est accrue par l’insularité et par les fortes
densités population. Des nuances liées aux situations particulières doivent
être évoqués : la Guyane est, dans l'ensemble,
moins exposée. Le volcanisme de
la Réunion est relativement moins dangereux que le volcanisme péléen. Dans les
îles, une distinction existe aussi entre les côtes au vent et les côtes
sous le vent bénéficiant de situation d'abri.
Le midi
méditerranéen français est également exposé. Des séismes, crues, incendies et inondations peuvent subvenir sur des territoires caractérisés par
de fortes densités de population et par
la concentration d'activités économiques.
Enfin, les secteurs associant de fortes densités de population à un milieu montagnard
sont aussi caractérisés par une forte vulnérabilité.
Peuvent subvenir des avalanches, des glissements de terrains, des débâcles
glaciaires et des crues. Les stations de ski et les grandes agglomérations
comme Grenoble sont particulièrement exposés.
Ailleurs, les territoires sont moins vulnérables mais
restent exposés à des aléas, comme le prouvent les intempéries de la semaine
dernière (20 octobre 2012).
La
vulnérabilité aux risques technologiques est grande en
particulier dans les grandes régions urbaines et industrielles. Sur le
territoire métropolitain, plus de 60000 sites à risques sont soumis à
autorisations. Le 21-09-01 à Toulouse, l'accident technologique est passé d’un état potentiel (risque) à un état factuel (catastrophe). Le bilan en
est accablant. Il est de 31 morts. On parle de crise lorsque la catastrophe
excède temporairement les capacités de gestion spontanée de la société
qui subit cet événement.
b)
Avant de
dresser un croquis des contraintes et des potentialités sur le territoire
métropolitain.
Conclusion :
L’étude du cas de Mirande
et de l’ensemble du territoire français montre combien les notions de
contraintes et de potentialités sont relatives aux sociétés, à leur besoins, à
leurs aménagements à leurs capacités et à leurs territoires. On constate également que les capacités humaines sont
telles que les ressources peuvent être valorisées et les contraintes
surmontées. Il convient donc de se garder de tout déterminisme. Les besoins
évoluant, les technologies progressant, les contraintes peuvent devenir des
atouts. Seulement, à leurs tours, les activités humaines peuvent être à
l’origine de contraintes et générer des risques technologiques. A l’étude des
contraintes et des potentialités des milieux du territoire français, il
convient donc d’avoir en tête, la diversité des situations ainsi que la
complexité des interactions qui les caractérisent.
Auteur :
Nérée Manuel
Bibliographie :
VERGNOLLE-MAINAR C. et
DESAILLY B., Environnement et sociétés :
territoires, risques, développement, éducation, Focus, collection
scientifique, scérén-crdp midi-pyrénées, 2005.
VEYRET Y., Géographie des risques naturels en France,
Hatier, 2004
Ministère de l’écologie, du
développement durable et de l’énergie, Gaz
et huile de schiste, mars 2012. http://www.developpement-durable.gouv.fr/Qu-est-ce-que-le-gaz-et-l-huile-de.html
GONNOT F-M., MARTIN Ph. (co-rapporteurs),
Rapport d’information de la mission
parlementaire sur les gaz de schiste, 8 juin 2011.
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3517.asp
KHALATBARI A., Gaz de Schiste, Les failles de l’interdit
français, Sciences et avenir,
décembre 2011.
CARPENTIER L., Larzac, ça sent le gaz, le nouveau combat de
José Bové, Le Monde Magazine
22-01-2011.
PREFECTURE DES ALPES
MARITIMES (sd.), Dossier Départemental
sur les RISQUES MAJEURS, dans les Alpes-Maritimes, 2007. http://www.alpes-maritimes.gouv.fr/content/download/5542/33332/file/Introduction_RM.pdf
GEOCONFLUENCE, Les inondations sur le littoral des
Alpes-Maritimes : catastrophe et gestion du risque, 06/10/2015, http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/les-inondations-sur-le-littoral-des-alpes-maritimes
METEO FRANCE, pluies extrêmes en France métropolitaines,
21/07/2015, http://pluiesextremes.meteo.fr/episodes-mediterraneens_r48.html
Dernière mise à jour : 10-18