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ES, 1L
La gestion
durable d'un milieu
Etude de
cas : la gestion durable des coteaux du Lizet et de l’Osse, classés Site
Natura 2000
Situé
à 10 km au nord-ouest de Mirande, sur les communes de Montesquiou et de Saint
Arailles, un espace de 1865 hectares a
été classé site Natura 2000 en 2004. Ce classement inscrit les coteaux de du Lizet et de l’Osse dans un plus vaste
réseau de dimension européenne qui vise à concilier
préservation de la biodiversité et
activités humaines. On a là un exemple de gestion durable. Le développement
durable ne se définit pas uniquement comme
la volonté de satisfaire les
besoins du moment sans compromettre les capacités des générations futures à
satisfaire les leurs. Il s’agit aussi de rendre possible dans le même temps la
protection de l’environnement, la viabilité voire l’efficacité économique et enfin la
solidarité, la cohésion sociale.
Mais la tâche n’est pas aisée. Le milieu
en question est en effet complexe.
Il faut le voir comme un géosystème (approche
du géographe toulousain Georges Bertrand), c'est-à-dire, dans un espace donné, l’ensemble des éléments naturels (biotope, biocénose,
lithosphère, hydrosphère, climat) et humains
(activités, aménagements, infrastructures, présence, déplacements, etc) en
constante interaction.
Biocénose :
ensemble des êtres vivants (animaux, végétaux, micro-organismes soit la faune
et la flore) présents (Larousse) dans un écosystème.
Biotope :
ensemble des éléments non vivants mais naturels (sols, relief climat, cours
d’eau) d’un écosystème offrant des conditions de vie constantes ou cycliques
aux espèces de la biocénose.
Ecosystème :
ensemble des éléments naturels d’un milieu.
Milieu géographique : ensemble des
caractéristiques naturelles (relief, climat, etc.) et humaines (environnement,
politique, économique, etc) influant sur la vie des hommes (Larousse).
Problématique :
quelles sont les caractéristiques, les éléments du milieu sur les coteaux du
Lizet et de l’Osse ? Quelles sont les interactions observables dans ce géo système ? Quels sont les
besoins et les enjeux liés à l’aménagement de ce site ? Quelles sont les
réponses données aux problèmes rencontrés ? Quels sont les acteurs impliqués
dans cette gestion durable du milieu ?
I Un mileu …..
a)
Constitué
d’éléments naturels …..
Comme
dans l’essentiel du Gers, le Lizet s’écoule dans une vallée dissymétrique, orientée sud-nord et bordée de coteaux. Ce
profil où le versant court et abrupt (serre)
est situé à l’est et le versant long et doux à l’ouest se répète sur
l’essentiel de la Gascogne formant comme un éventail selon l’expression de
Daniel Faucher (éventail gascon). .
Ici, les sols sont essentiellement calcaires ou agilo-calcaires (terreforts). Parfois affleurent des marnes.
Les sols, les pentes et le drainage
inégaux déterminent les formations végétales présentes. Ainsi, les landes à genévrier se développent sur
le sol argilo ou marno-calcaire, peu propice à l‘agriculture compte tenu de sa
faible teneur en matières organiques. Les landes
et les pelouses de ce site sont
particulièrement riches en orchidées sauvages (sur le site on a compté 30
espèces différentes). Les prairies
naturelles sont présentes sur les versants ouest des coteaux du Lizet et de
l’Osse, là où le sol argilo calcaire est bien drainé. Les prairies humides,
elles, constituent
l’habitat naturel du Cuivré des Marais (orange vif et bleu), un papillon
protégé en France. Ce n’est pas le seul animal menacé présent. C’est le cas également d’insectes
(capricorne, lucane), de chauves-souris (rhinolophe, vespertilion), de poissons
(sofie) ou de tortues (cistude à
observer à proximité des mares).
Drainage :
écoulement de l’eau en excès sur un terrain
Serre :
versant court de coteau situé à l'est et exposé à l’ouest.
Marne :
mélange de calcaire et d’argile.
b)
,… et humains
La
variété des sols, des pentes, des expositions et des disponibilités en eau
explique le caractère polycole de
l’agriculture dans ce secteur. On trouve des paysages de bocage faits de haies
et de prairies pâturée en relation avec des activités d’élevage. A proximité
des cours d’eau dominent le plus souvent
les grandes cultures irriguées
(maïs, blé, etc.). Pour satisfaire les
besoins en eau de ces cultures, le département
du Gers a réalisé en 2003 grâce à un
large cofinancement, un barrage sur le
Lizet. Ce barrage a une capacité de 3.4
Millions de m3.Certains agriculteurs réalisent également des retenues collinaires. Bien évidement ce secteur est également
habité. On trouve des villages mais aussi de l’habitat isolé en relation avec
des exploitations anciennes (fermes) ou avec un processus de mitage des campagnes par la réalisation
de nouvelles maisons individuelles.
Paysage :
portion d’espace analysée visuellement, résultat de la combinaison dynamique
d’éléments physico-chimiques ( climat, sol, etc) , biologiques ( faune, flore)
et anthropiques ( humains) qui en réagissant les uns sur les autres font un
ensemble unique. (Augustin Berque)
Bocage : espace où les parcelles agricoles sont closes par des
haies d’arbres et d’arbustes.
c)
…en interaction
avec des risques possibles.
Nous
avons déjà commencé à le constater, les éléments de ce géosystème sont en interaction.
Les éléments bio-physiques par exemple déterminent souvent l’occupation des
sols. Mais d’autres relations existent entre les différents éléments du milieu. Les pratiques agricoles par exemples peuvent avoir un impact sur les
sols, la faune et la flore. Pour commencer, les pratiques associées aux grandes
cultures (labours, suppression de haies,
irrigation) augmentent les risques d’érosion. Ainsi, 15% de la surface des
bassins versants présente un risque
élevé ou moyen d’érosion. On observe des transferts de terre dans les
étangs et les cours d’eau. La suppression
des haies limite également l’habitat des insectes et des chauves-souris. La
création de retenues collinaires réduit le nombre de frayères naturelles des
sofies et donc perturbe la reproduction de l’animal. La mise en culture des
prairies naturelles, la suppression de mares dégrade l’habitat des tortues
cistudes. L’usage d’insecticides contre la pyrale qui peut provoquer
d’importantes pertes dans la maïsiculture, a aussi des répercutions sur les
insectes et particulier le cuivré.
L’intensification de certaines productions en recourant à des nutriments
comme le nitrate aboutit à des phénomènes d’eutrophisation. L’introduction en France d’espèces exotiques menace
certaines espèces autochtones et leur habitat (dégradation des rives,
appauvrissement des cours d’eau). Ainsi, l’ensemble du bassin de l’Astarac
est-il menacé par la prolifération des ragondins et des écrevisses américaines.
La tortue de Floride, présente par endroits, menace la cistude.
Eutrophisation :
dégradation de la qualité des eaux due à une prolifération des algues et autres
organismes aérobies en relation avec une forte présence de nitrates.
II ….géré durablement.
a)
Plusieurs
acteurs …..
Plusieurs niveaux de gouvernance sont concernés
dans la définition et le financement de cette politique de développement
durable. L’Union européenne a mis en
place le réseau des sites Natura 2000. Elle a défini également une liste
d’espèces d’intérêt communautaire. L’Etat soutient financièrement la
réalisation d’un certain nombre d’infrastructures. Il y est d’ailleurs
contraint par des directives européennes. Conformément à la loi de 2005 sur le
développement des territoires ruraux, les collectivités (communes de
Montesquiou et de Saint-Arailles,
département du Gers, Etablissements Publics de Coopération
Intercommunales) jouent un rôle essentiel dans cette politique en finançant
certaines réalisations et en valorisant le site.
C’est
l’ADASEA 32 qui est chargée d’organiser la mise en place du site et de
l’animer. Elle s’appuie sur des associations comme le Centre Permanent
d’Initiation à l’environnement (CPIE) du pays gersois dont l’une des missions
consiste à sensibiliser les populations sur les questions environnementales.
Mais
cette politique ne serait pas possible sans la participation volontaire des
habitants et les travailleurs de la zone concernée. Un certain nombre de
contrats, de chartes et d’engagements ont été signés associant les agriculteurs
et les propriétaires à la gestion
durable de ce milieu. Les mesures
agro environnementales adoptées sont compatibles avec la nouvelle politique
agricole commune.
Pour
finir les fédérations de chasseurs et de pécheurs ont été associés à ce projet.
b)
… tentent de mettre en place une agriculture durable …
Un
outil de planification a été établi
(document d’objectifs - DOCOB) et des investissements ont été réalisés. La
politique menée cherche à maintenir l’agropastoralisme
extensif et les pâturages associés, à préserver ainsi les prairies humides, les mares et le bocage,
à réduire la dégradation de la qualité de l’eau
par les produits phytosanitaires
et les limons issus de l’érosion. Sur les 1865 hectares du site près de 700
sont sous engagement Natura 2000. On le voit donc, dans une logique de gestion
durable, l’agriculture peut et doit se maintenir pour, entre autre, entretenir
le milieu. Il s’agit de concilier activité économique et environnement. La question de la viabilité de cette logique
peut cependant être posée. L’élevage extensif est loin d’être aussi
rémunérateur que les grandes cultures. Il convient donc de soutenir les agriculteurs
qui s’engagent dans cette démarche. Il faut savoir que l’agriculture contribue
à entretenir le milieu. Sans, elle le milieu se ferme. Ainsi dans la région
entre 2005 et 2006, la surface du territoire agricole non cultivé a augmenté de
1,3% et les surfaces boisées et en
friche ont, elles, augmenté de 2 %.
c)
… et d’informer
le grand public.
Des
documents sont édités (guide
d’information de l’ADASE, plaquettes de communication et outils pédagogiques du
CPIE pays gersois) et des manifestations sont organisées pour informer le
public sur la richesse et la fragilité du milieu ( le 1 er mai a lieu la fête
de l’orchidée sur la commune de Saint-Arailles. Pour associer le public à la
lutte contre les espèces invasives un guide de reconnaissance a été produit par
l’ADASEA. Des chemins de randonnées à caractère éducatif sont en cours de
réalisation. L’objectif n’est pas
cependant de sur-développer la fréquentation touristique.
Conclusion :
Un
milieu géographique ou géosystème est donc un ensemble complexe d’éléments qui
interagissent les uns sur les autres. Pour être efficace, pour concilier
protection de l’environnement et
activité économique, toute gestion durable du milieu doit donc tenir
compte de la complexité de ces interactions et associer les différents acteurs
du territoire même si préservation de l’environnement, rentabilité économique
et fréquentation touristique peuvent parfois sembler inconciliables.
Schéma :
Un géosystème
Le développement durable
Auteur :
Nérée Manuel
Bibliographie :
VEYRET
Y., Géo-environnement , Campus -, Sedes , 1999
CASSAGNE JP, MEIFFEN Isabelle, Natura
2000 – La lettre semestrielle n° 15,
Préfecture de la Région Midi Pyrénées, février 2008.
COMITE DE PILOTAGE
DEPARTEMENTAL NATURA 2000, Bilan des actions 2010 des 3 sites animés
par l’ADASEA, novembre 2010.
SIRVEN B, POULLE F. JOFFRE
L., Paysages du Gers, Editions du
Rouergue, 2004.
Dernière mise à jour : 08-11