Les territoires de Midi-Pyrénées en France et en Europe.
Voilà ce qu’il était possible de lire en 2005 sur le site
de la région Midi-Pyrénées : " Première région de France par sa superficie
[45348 km2 (8.3 % du territoire national, 1% du territoire européen) et de ses
8 départements], Midi-Pyrénées est aussi grande que le Danemark et plus grande
que la Belgique, la Suisse ou les Pays-Bas. Par son étendue, sa diversité, sa
richesse historique, son potentiel intellectuel et industriel, Midi-Pyrénées
occupe une place stratégique tant au niveau national qu'au niveau européen.
"
On peut donc s’interroger sur la place de la région Midi-Pyrénées en France et en Europe. On peut également se demander si ses territoires ne sont pas menacés d’enclavement à différentes échelles.
Enclavement :
situation d'une
région, d'une ville à l'écart des grands axes de communication.
Territoire : espace approprié, aménagé par une société.
I
Des disparités régionales.
a) Des territoires périphériques plus
ou moins menacés d’enclavement
Il existe, en effet,
dans la région des périphéries éloignées.
Il s'agit le plus souvent de territoires
ruraux du Lot, de l’Aveyron, de l’Ariège ou des Hautes-Pyrénées. Ces
territoires se confondent en partie avec les zones de haute et de moyenne
montagne. Menacés d’enclavement, ils
contribuent cependant avec les espaces agricoles à haut rendement des plaines,
à faire de la région Midi-Pyrénées une contributrice aux exportations
françaises de produits agricoles et agroalimentaires. Il ne faut pas négliger la présence dans
cette périphérie de pôles secondaires
plus ou moins dynamiques : Albi, Carmaux, Decazeville, Castres, Mazamet,
Auch, Tarbes. Certains connaissent des difficultés comme Lannemezan
(Aluminium) ou Lavelanet (textile). D’autres semblent se relever de périodes
plus difficiles Tarbes (GEC Alsthom (matériel électrique), GIAT industrie).
Certains comme Figeac ou Rodez mettent en avant des activités innovantes (hélices
à Figeac- pièces automobiles à Rodez) ou attractives (nouveau musée Soulages à
Rodez). On pourrait citer d’autres exemples.
b) Un système urbain très déséquilibré
:
La commune de Toulouse compte plus de 400 000 habitants, l’aire urbaine de
Toulouse abrite plus d’1.2 millions
d’habitants. L’agglomération représente plus de
850 000 habitants. Elle est donc plus de dix fois plus peuplée que la
deuxième agglomération de la région : Tarbes (76 000 habitants-2011).
A l'échelle de la région, on observe donc un phénomène de macrocéphalie.
Depuis 1962, l'agglomération toulousaine a absorbé 75 % de la croissance
régionale. On constate un phénomène de périurbanisation.
En particulier le long de l'axe de la Garonne. Guy Jalabert parle de croissant
rose le long du fleuve.
Macrocéphalie : domination exercée par
une agglomération sur son territoire par sa taille et ses fonctions.
Système urbain : ensemble constitué par les villes d'un territoire donné et par les relations (hiérarchiques ou autres) qu'elles entretiennent les unes avec les autres.
Péri urbanisation : processus d'extension spatiale de la ville. C'est l'urbanisation qui se produit à la périphérie des villes. Elle s’applique à tous les espaces situés autour de la ville, pas toujours densément bâtis mais dont les activités/infrastructures/habitat/mode de vie en font des dépendances de la grande de ville.
c) Des efforts pour favoriser l’intégration des
territoires à l’échelle régionale.
Sur le plan des transports, on peut commencer par décrire
certaines réalisations. Un certain
nombre d’aménagements bénéficient aux espaces périphériques de la région. Par
exemple, l'itinéraire grand gabarit
(IGG) complété par la mise à deux fois deux voies de la RN 124 et les navettes TER (Transport Express Régional) mises en place par la région et la
SNCF permettent d'améliorer la liaison
entre Auch et Toulouse. Le cas gersois n'est pas une exception. On pourrait
citer par exemple l’autoroute entre Toulouse et Albi et le projet d’autoroute
Toulouse Castres. L’Aveyron, lui, profite de la mise en place du viaduc de Millau qui, a priori,
favorisait plutôt la liaison entre la
région Languedoc-Roussillon et le nord du territoire national via
l’A75.
Des communes comme La Cavalerie sont désormais dynamisées par
l’implantation d’entreprises qui cherchent à exploiter une situation favorable.
Pour limiter l'hypertrophie toulousaine, on
encourage désormais le développement de villes moyennes. Par exemple des pôles universitaires décentralisés sont
crées dans les agglomérations secondaires
comme à Auch (IUT), Albi (Université Champollion), Montauban ou Tarbes.
II Une région périphérique de France métropolitaine.
a)
Une situation périphérique vécue comme problématique
Cette perception des
choses concerne en particulier les transports. Pour commencer, Toulouse est
l’une des dernières grandes métropoles
à ne pas être reliée à Paris en grande
vitesse sur la totalité du parcours du TGV. Elle reste donc à plus de 5h de
trajet en train de la capitale. Longtemps tournée vers la valorisation des
territoires ruraux comme aux 15ème et 16ème siècles avec
le pastel, la région est passée au 19ème siècle à côté de la
phase d’industrialisation. Elle n’est donc pas, comme l’ensemble du
sud-ouest, une région industrielle majeure.
b)
Cependant, une volonté politique de
faire de Toulouse une métropole d’équilibre.
Pendant longtemps, le dynamisme toulousain fut lié à des
impulsions extérieures. Dans l'entre-deux-guerres des activités
stratégiques furent implantées à Toulouse loin de la frontière franco-allemande
(poudreries, confection et équipement, aviation). Se développèrent également
des entreprises comme Latécoère et Dewoitine. Après la guerre, dans les années
50, la région est caractérisée par une certaine atonie démographique, par un manque de grandes industries et par
des pôles urbains mal équipées. L’Etat décide d’attribuer à Toulouse une " vocation "
aéronautique et spatiale et la ville bénéficie d’un certain nombre de
localisations d’activités et de structures : l’ENAC, ISAE-SupAéro, Météo France, CERFACS (Centre Européen de
Recherche et de Formation Avancée en Calcul Scientifique). Cette vocation est
confirmée par le choix de localiser l’assemblage de l’A380 dans la ville rose
quitte à devoir réaliser un important effort en matière d’infrastructures de
transport (Itinéraire Grand Gabarit- IGG). Dans le cadre de la politique d’Aménagement du territoire,
Toulouse est ainsi devenue une métropole d'équilibre. Plus récemment,
l’Etat a promu la création de trois pôles
de compétitivité dont un à vocation mondiale (Aerospace valley, Agrimip,
Cancer-Bio-Santé). Par ailleurs, l’ensemble de la région reçoit des
investissements étrangers. Ainsi récemment la société allemande Bosch a
renouvelé ses investissements dans son usine de Rodez. Mais la région n’est pas
à l’abri de relocalisations au coût
social élevé comme ce fut le cas à Villemur en Haute-Garonne avec la fermeture de l’entreprise Molex. Le pôle
aéronautique toulousain est désormais relayé par d’autres pôles comme la Mecanic valley entre Figeac et Decazeville, le pôle industriel aéronautique situé entre
Hautes Pyrénées et Pyrénées Atlantiques et l’axe qui se développe entre
Toulouse et Auch en passant par Colomiers (long courrier A350 sorti
cette semaine), l’Isle-Jourdain (EQUIP’AERO), Gimont (Latécoère) et Auch (JCB
AERO). Certains parlent déjà d’aeronautic valley. Désormais
la région MP est la première en France pour
la proportion de chercheurs dans l’emploi total.
Métropole d'équilibre : agglomération ou ensemble d'agglomérations où
l'Etat a cherché à développer les activités secondaires et tertiaires pour
réduire le déséquilibre existant entre Paris et la province.
Pôles de
compétitivité : Un
pôle de compétitivité est sur un territoire donné, l’association d’entreprises,
de centres de recherche et d’organismes de formation, engagés dans une démarche
partenariale (stratégie commune de développement), destinée à dégager des
synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d’un (ou
de) marché(s) donné(s).(source http://www.competitivite.gouv.fr)
recherche-développement :
recherche
destinée à avoir des retombées rapides dans le domaine de la production.
c)
Des efforts cependant en matière d’intégration.
Il
est ainsi prévu de mettre en service la ligne
LGV Toulouse Paris à l’horizon 2023. Toulouse se retrouverait ainsi à à peine plus de 3h de la capitale. Il existait également un
projet de second aéroport Toulousain.Fface à certaines protestations et compte tenu
des interrogations concernant sa rentabilité, ce projet semble actuellement
gelé. Pour renforcer son attractivité et
pour accueillir un nombre croissant de touriste la région Midi-Pyrénées a
décidé de mettre en avant 25 grands
sites.
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Cette campagne ne
s’adresse cependant pas qu’aux français…..
III Une région périphérique mais attractive en Europe.
a) Le faible poids de Toulouse et de sa région
en Europe.
Toulouse
n'est pas une métropole de dimension
internationale. Elle n'est pas un
centre de décision de niveau européen. Elle est seulement 28éme dans la
hiérarchie urbaine européenne et on la considère comme une grande ville européenne intermédiaire et non comme une métropole européenne (DATAR) au même
titre que Barcelone, Milan ou Munich. Par rapport aux axes de communication,
malgré une situation privilégiée sur un isthme
européen, l’isthme de Strabon, la région est pénalisée par des
insuffisances : les principaux axes de Midi-Pyrénées ne sont pas des axes majeurs européens. La
région est donc menacée d'enclavement.
Pour finir, le poids économique de la région Midi-Pyrénées est limité. Elle ne représente
que 0.55% du PIB européen.
b)
Un espace désormais attractif.
Après avoir longtemps une terre d’exode, la région attire désormais de nouveaux résidents venus de France ou de l’étranger. Ainsi, entre 1999 et 2009, elle a attiré près de 224000 nouveaux arrivants. Aujourd’hui, la région attire près de 30000 nouveaux arrivants chaque année. Elle compte 66 migrants pour 10000 habitants. Avec 56 habitants au km2, la région Midi-Pyrénées a encore un bon potentiel d’absorption des nouveaux arrivants. Son université qui fait partie des plus anciennes d’Europe (1229), attire également de nombreux étudiants. La région Midi-Pyrénées est la quatrième région de France pour le nombre d'étudiants (122000) Les sites touristiques attirent des visiteurs de l'ensemble de l'Europe. On compte un pôle majeur pour le tourisme religieux (Lourdes). La zone de chalandise des stations de ski pyrénéennes s'étend jusqu' à Barcelone, voire Madrid ou Bilbao. De nombreux européens viennent s'installer dans la région, notamment des britanniques, des néerlandais et des allemands. Une nuance doit cependant être apportée.
c)
Les enjeux de l'aménagement de
la région.
Sur le plan des transports, des réalisations sont annoncées depuis
longtemps. Ainsi, la liaison autoroutière vers la dorsale européenne via Albi puis Rodez est un projet ancien. La
réalisation d’une traversée centrale des
Pyrénées (TCP) ne semble plus être une priorité européenne. Pourtant, près de Saragosse, la plateforme multimodale destinée à favoriser le transbordement entre
les différents modes de transport est déjà réalisée.
Au nord des Pyrénées en France, le trajet de la traversée centrale des Pyrénées n’est même pas encore choisi.
Plates-formes
multimodales :
espaces équipés pour accueillir les véhicules de différents modes de transport
et permettre le transbordement entre engins.
On
cherche également à mieux intégrer la région Midi-Pyrénées dans une logique
transfrontalière et européenne. Il existait à l’origine de cette volonté
plusieurs scénarios : rattacher la région à l'arc atlantique (régions littorales, longtemps marginalisées
aujourd'hui dynamiques), la relier à la diagonale
intérieure (rurale, dotée d’un dynamisme moindre, menacée d’enclavement) , l’inscrire dans l'arc
méditerranéen (régions littorales,
un milieu différent de celui de la région Midi-Pyrénées, avec deux pôles
majeurs éventuellement rivaux : Montpellier et surtout Barcelone). C’est
finalement ce dernier choix qui fut fait. Se met en place, en effet, une eurorégion Pyrénées-Méditerranée associant à la
région Midi-Pyrénées, le Languedoc-Roussillon, la Catalogne et les îles
Baléares et l’Aragon.
Avec le projet de
réforme territoriale, prévoyant l’association de Midi-Pyrénées à la région
Languedoc-Roussillon on peut se demander si cette démarche permettra de mieux
intégrer la région dans un contexte européen.
Conclusion
:
D’un point de vue purement géographique, Midi-Pyrénées est aux marges de
l’Union européenne. D’un autre point de vue, elle n’est pas intégrée et elle
est mal reliée aux pôles de croissance européens (dorsale européenne, grandes
métropoles européennes Catalogne). Par ailleurs, la région connaît des déséquilibres, elle est
également menacée d'enclavement. Cependant des efforts ont été menés de longue
date pour la désenclaver et développer sa capitale régionale. Il est vrai que
la région Midi-Pyrénées doit beaucoup pour son développement à l'Europe et à
l'Etat. Mais elle multiplie actuellement les initiatives pour mieux intégrer
ses territoires à l'ensemble national et européen. La région fait désormais
figure de territoire dynamique. La question qui se pose désormais est celle de
la durabilité de cette situation. Elle est liée à la santé du secteur de
l’Aéronautique qui peut connaître des difficultés. Elle est également liée à la réalisation
d’infrastructures de transports qui tardent à voir le jour.
Bibliographie :
DURGOT P., LABORDERIE
S., TAULELLE F., Midi-Pyrénées, Région
d'Europe, SCEREN, CRDP Midi-Pyrénées. 2008.
Dernière mise à jour :
09/14