Séries : 1ES,
L, S
La France et ses territoires dans la
mondialisation.
La
mondialisation est la mise en
relation des différentes parties du monde par la multiplication de flux de
natures différentes qu’ils soient de marchandises, de personnes, d’informations
ou de données. Parmi ces parties du monde, figurent la France et ses territoires. On entend par territoire un espace délimité, approprié
et aménagé par une société.
La
question peut donc être posée de savoir si la France participe à la mondialisation,
si elle en est une puissance majeure ? On peut également se demander de
quelle façon les territoires contribuent à inclure la France dans les flux de
la mondialisation ? Pour terminer, il est possible d’étudier également les
politiques menées pour favoriser cette intégration.
I La participation de la France, puissance économique,
à la mondialisation
a)
La France est
la 5ème puissance économique mondiale…
La
France est d’abord une puissance
productrice. Son PIB est le 5ème
mondial. Elle est le 3ème exportateur mondial de
produits agricoles et le 2ème
exportateur de produits agro-alimentaires. Elle possède dans ce domaine de
grandes firmes transnationales comme
Danone ou Lactalis. Au total, tous
domaines confondus, 39 FTN françaises
sont classées parmi les 500 premières. Son industrie du luxe est la première mondiale. Dans ce secteur, 82%
du chiffre d’affaire est réalisé à l’étranger.
PIB : produit
intérieur brut, ensemble des richesses produites sur le territoire d’un pays.
C’est la somme des valeurs ajoutées créées.
Firmes transnationales : ce sont
des firmes ou sociétés mères dont le chiffre d’affaire est d’au moins 500
millions de dollars. Elles réalisent par ailleurs plus de 25 % de leurs productions
et de leurs échanges avec des filiales implantées dans au moins 6 pays
différents.
b)
Elle est attractive
et rayonnante. Elle s’inscrit donc dans les flux de la mondialisation
Contrairement
à ce que laisseraient croire certains propos
trop déclinistes, la France continue d’attirer
des capitaux étrangers. Elle se situe au 3ème rang mondial pour
l’accueil d’IDE. Le système périproductif
français reste efficace aux yeux des investisseurs étrangers. A son tour, la France
est au 2ème rang pour
l’émission d’IDE. Même si la part de la France dans le commerce mondial stagne à 4 %, il n’en demeure
pas moins, qu’elle est au 6ème rang mondial pour les
exportations de marchandises (2009). Elle échange beaucoup avec les membres
de l’UE. L’Allemagne en particulier est d’ailleurs le premier partenaire économique de la France.
La France est également attractive pour
les touristes. Avec 75 millions de visiteurs chaque année, c’est même la première destination touristique au monde.
Cette activité représente 7% de son PIB. La démocratie et le niveau de vie
donnent l’espoir à des migrants qui
cherchent en France une vie meilleure. Selon les sources, le nombre d’étrangers
autorisés chaque année à séjourner en France oscille entre 180000 et 200000.
Certains de ses migrants sont issus
de la francophonie. Le passé
colonial et le rayonnement de la culture française font que l’on compte près de
220 millions de francophones répartis dans 75 pays.
Services périproductifs : services supérieurs aux entreprises dans les
domaines des services financiers, logistiques, de l'information et de la
communication, de l'ingénierie, etc.
IDE (investissement
directs à l’étranger) : création
ou achat de firmes commerciales, industrielles ou financières à
l'étranger.
c)
Mais elle n’est
pas à l’abri des difficultés
Depuis
2008, la France est également concernée par la crise de la dette. Elle traverse d’ailleurs une phase de récession.
A
l’heure où on s’interroge sur sa compétitivité,
elle est concernée par les délocalisations
comme l’illustre la fermeture des unités de Moulinex en Normandie. Les
délocalisations n’expliquent pas à elle seules, le taux de chômage actuel de
10,8 % mais elles contribuent aux destructions d’emplois. Selon une enquête
INSEE publiée en 2010, le nombre des emplois industriels qui seraient détruits
par les délocalisations serait de 36000 par an. Ces délocalisations, associées
à d’autres facteurs comme les gains de
productivité, exposent la France à un risque de désindustrialisation.
Des régions entières souffrent de cette concurrence et perdent progressivement
leurs activités industrielles. C’est le cas du textile du Nord et de la
Sidérurgie Lorraine. Pour information, en 2011, plus de la moitié (1.9
millions) des voitures de marques françaises (3.6 millions) était fabriquée à
l’étranger. C’est dans le secteur des biens
d’équipement que l’économie française est la plus fragile. Pour finir la
balance commerciale de la France, 5ème importateur mondial de
marchandises, est déficitaire. En 2011,
le déficit atteignait près de 70
milliards d’euros.
Récession :
on parle de récession lorsque deux trimestres de taux de croissance négatifs se
succèdent.
Délocalisation : transfert de tout ou partie d’une activité à l’étranger
afin de la réimporter, à moindre coût, sur le territoire national.
Productivité : rapport entre la production et les moyens nécessaires pour la réaliser.
II …est permise de différentes façons par ses
territoires
a)
Ainsi Paris est
une ville mondiale.
C’est un centre de décision majeur avec, par exemple, le siège de l’UNESCO et de l’OCDE.
La ville est au 4ème rang
mondial pour le siège d’entreprises. Elle est même le 2ème
pôle d’implantation après Tokyo quand on
ne considère que les 500 plus grandes entreprises du monde. Ces entreprises se
concentrent sur le 8ème arrondissement et le quartier de la Défense.
C’est également un pôle technologique comme le confirme la concentration d’activités
dans ce domaine sur le plateau de Saclay. Au total d’une manière plus générale, Paris réalise plus de 29% du PIB de la France
C’est
une position que le projet de grand
Paris cherche à conforter. Décidé en 2007, il s’agit de développer les activités de haute
technologie (politiques des pôles de
compétitivité) ainsi que les transports, notamment pour relier les
banlieues entre elles. Le projet passe également par des constructions de
logements et par une extension des
surfaces d’espaces verts. Le pari est
fait de voir cette croissance bénéficier à l’ensemble du territoire. L’Etat
et les collectivités territoriales cherchent ainsi à mieux inscrire Paris dans l’Archipel
Mégalopolitain Mondial. Cette politique représente cependant un risque,
celui de renforcer la macrocéphalie
parisienne au détriment du reste du territoire national.
Archipel mégalopolitain (ou métropolitain) mondial : ensemble des
villes mondiales étroitement connectées en réseaux, organisent le monde et
nouent des relations privilégiées.
b)
…reliée comme
le reste de la France au monde par…
..un
hub majeur. Les aéroports parisiens et notamment Roissy Charles de Gaulle,
constituent une plateforme aéroportuaire
majeure en Europe. Chaque semaine, environ 14000 vols assurent des liaisons
avec 600 villes dans 130 pays. Ces infrastructures sont complétées par d’autres équipements. 400 TGV par jour
relient Paris aux autres grandes villes européennes. On constate d’ailleurs un
effort destiné à interconnecter ces
moyens de transport. Il y a ainsi une gare TGV sous l’aéroport Charles de
Gaulle. Compte tenu des activités de fret également, on peut parler de
véritable plateforme multimodale
interconnectée. Dans ce contexte, le classement japonais Global Power City
Index fait de Paris la première place
mondiale pour l’accessibilité.
La
France est également reliée au reste du monde par un certain nombre de ports. Certains
comme Le Havre, Dunkerque et Calais appartiennent à la rangée nord-européenne (northern range). Mais c’est Marseille qui
est le premier port français avec 96 millions de tonnes de marchandises par an.
Le président de la République vient d’ailleurs d’y inaugurer le plus grand porte-conteneurs
du monde, reflet de la mondialisation et de l’intermodalité des transports. Il convient de noter également que
le projet de Grand Paris cherche à
faire de Rouen l’avant port de la
capitale.
Dans
le domaine du transport routier, certes le réseau
est étoilé, centré sur Paris, mais l’axe
Lille-Paris-Lyon-Marseille est un axe majeur européen.
Hub : plate-forme aéroportuaire vers laquelle
convergent les lignes long courrier et les lignes intérieures.
Plateforme
multimodale : plate-forme
qui associe plusieurs modes de transport, maritime, fluvial, ferroviaire,
routier, réunis dans un même lieu (port, aéroport).
Intermodalité : système de transbordement permettant d’utiliser
des moyens de transport complémentaires, en supprimant ou en limitant les
ruptures de charge d’un mode de transport à l’autre.
c)
La connexion
des territoires est cependant inégale
On
peut distinguer en effet des nœuds de communication comme Paris ou les
principales métropoles et des territoires comme l’est de la France et la plupart des littoraux
qui sont bien équipés et bien connectés aux flux de la mondialisation.
D’autres territoires bien qu’équipés restent en situation périphérique. Cela concerne surtout le grand ouest. La Bretagne,
malgré les progrès des infrastructures (plan routier breton et desserte TVG
jusqu’à Rennes) reste excentrée du fait de l’éloignement. D’autres territoires souffrent
d’un enclavement relatif. Ils sont sous-équipés et éloignés des
grands axes de communication. Ils sont le plus souvent en montagne. Cela
concerne notamment la diagonale du vide des Pyrénées aux
Ardennes. Ces territoires sont aussi ceux qui sont les moins biens
couverts par l’ADSL et la téléphonie mobile. Il existe également des territoires
traversés par des axes performants mais pas ou mal desservis. Cela concerne des espaces situés le
long de voies de communication rapides (autoroutes, LGV), mais éloignés des
bretelles d’accès ou des gares TGV. C’est, par exemple, la situation d’une
partie du Gers. Dans le cas de ces territoires, on parle d’effet-tunnel.
d)
…de même que l’attractivité
des territoires.
Une
ville comme Paris qui présente un
important patrimoine culturel est à l’évidence
particulièrement attractive. Elle reçoit donc 27millions de visiteurs
par an en Moyenne. En ce qui concerne les capitaux, elle est d’ailleurs la deuxième
ville européenne à les accueillir. Le territoire français présente cependant d’autres
atouts. Les DROM COM attirent de nombreux touristes. Par l’exportation de
produits agricoles tropicaux, ils contribuent à inscrire la France dans la
mondialisation. Le niveau de vie les rend attractifs dans un environnement
régional qui connait souvent le sous-développement. Ils sont donc aussi
concernés par les flux migratoires. Sur le territoire métropolitain, d’autres
territoires présentent un certain nombre
d’aménités paysagères ou des
commodités qui les rend attractifs. Les littoraux et les montagnes mettent en
avant leurs potentialités pour les activités
touristiques ou récréatives. Certaines régions insistent sur le cadre et le
mode de vie pour attirer des activités et des actifs. C’est le cas notamment
dans l’ouest de la France. Désormais l’aménagement des territoires cherche à
renforcer cette attractivité dans la compétition mondiale des territoires. D’initiative
privée mais avec des facilités offertes par les pouvoirs publics, l’installation
à Marne la Vallée de Disneyland Resort Paris en offre un exemple. Dans un autre
domaine, la politique des pôles de
compétitivité qui maillent le territoire offre un autre exemple de cette
volonté politique. Son efficacité commence cependant à être discutée. Elle
coûte beaucoup et l’effort budgétaire consenti est en réalité dispersé.
DROM : départements
et régions d’outre-mer: Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion-
COM : collectivités
d’Outre Mer : Polynésie, Saint-Pierre et Miquelon, Wallis et Futuna,
Mayotte, Saint-Barthélemy, Saint-Martin
Aménités paysagères : les caractéristiques du paysage considérées culturellement comme
agréables, appréciables.
Pôles de
compétitivité : un pôle de
compétitivité est sur un territoire donné, l’association d’entreprises, de
centres de recherche et d’organismes de formation, engagés dans une démarche
partenariale (stratégie commune de développement), destinée à dégager des
synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d’un (ou
de) marché(s) donné(s).(sourcehttp://www.competitivite.gouv.fr)
Conclusion :
La
France est donc bien une puissance économique qui en dépit de ses difficultés
participe aux flux de la mondialisation. Elle reste attractive et son
patrimoine culturel lui permet de rayonner. Certains territoires contribuent
largement à cette intégration. Il s’agit notamment de Paris qui peut être
considérée comme une ville mondiale ou de l’ensemble des espaces les mieux
connectés aux réseaux européens et mondiaux. D’autres territoires sont sous
équipés ou connaissent un enclavement relatif. Après avoir longtemps cherché à
réduire en priorité les déséquilibres territoriaux, les politiques d’aménagement
du territoire cherchent désormais à renforcer les espaces les plus compétitifs.
La question est aujourd’hui
posée de savoir si cette évolution ne se fait pas au détriment des territoires
les moins biens dotés et les moins connectés
Auteur :
Nérée Manuel
Dernière mise à jour : 06-/13