Les systèmes productifs à l'échelle mondiale

"La mondialisation, c'est bien... L'internet, les téléphones portables, les ordinateurs... toutes ces choses qui ne concernent pas la moitié de la planète !" Jimmy Carter, ancien président des EU.

Aujourd'hui qui saurait dire si un téléphone de marque Motorola est américain ou chinois ? Ce seul exemple montre que de  plus en plus les productions sont intégrées dans des logiques de production mondiales. 

A différentes échelles, comment fonctionnent les systèmes productifs dans le monde ?

Système productif : « l’ensemble des facteurs et des acteurs concourant à la production, à la circulation et à la consommation de richesses » Laurent Carroué. Un système productif comprend plusieurs sphères :

Sphère productive

Sphère de la reproduction sociale

Sphère de la production matérielle : agriculture, industrie, BTP.

Sphère périproductive : services aux entreprises, finance, services de réseaux.

Administration, formation, santé, distribution, services aux particuliers, etc.



I Dans le contexte de la mondialisation, de nombreux facteurs de localisation...

a) ... tels que les déterminants géographiques...

A l'échelle mondiale la répartition des ressources est très inégale. Ces ressources peuvent être énergétiques ou minérales. Pour ne donner qu'un exemple, le Moyen-Orient représente à lui seul les 2/3 des réserves prouvées de pétrole. A elle seule la Chine concentrerait 47% des réserves mondiales de terres rares nécessaires aux productions hightechs. Les terres agricoles sont également des ressources. Cette inégale répartition des ressources conforte le rôle stratégique des littoraux dans la mesure où peuvent y transiter les matières premiers et les produits réalisés. ils servent alors  d'interfaces entre l'arrière pays desservi et le reste du monde. Les paysages et le soleil sont aussi attractifs pour les actifs et les touristes.  

Ressources : éléments présents dans le milieu permettent de satisfaire les besoins humains.







Interface : espace animé par de nombreux échanges, mettant en relations des espaces distincts. Les interfaces marquent aussi une discontinuité.

b) ...ou encore les disparités sociaux-économiques et environnementales.

Parmi les facteurs de localisation figurent le coût de la main d'oeuvre. Ceci explique certains Etats pratiquent la politique du dumping social. Son niveau de qualification est également déterminant. Si bien qu'on a pu parler parfois de gisements de matière grise. Le coût du foncier peut aussi être important. La fiscalité peut aussi déterminer la répartition des activités. Comme quand les GAFAM, déclarent leurs bénéfices en Europe dans les pays où la fiscalité est la moins forte comme l'Irlande ou les Pays-Bas  Pour finir, les normes environnementales adoptées par certains pays peuvent empêcher certaines productions ou les rendre plus coûteuses. Certains Etats sont plus laxistes dans ce domaine. Cela peut attirer certaines activités polluantes. On parle là de dumping environnemental.

Dumping social : stratégie des Etats qui acceptent des niveaux de salaires et de protection social faibles pour attirer des capitaux étrangers.

II...déterminent une organisation de l'espace économique mondial ...

a) ...caractérisée par des spécialisations des territoires.

A l'échelle mondiale, comme le montre l'étude de cas sur le téléphone portable, la production de ces biens de consommation s'inscrit de plus en plus en une chaîne de valeur ajoutée avec des étapes réalisées dans le monde entier. Ainsi, une nouvelle  division internationale du travail (NDIT) s'est mise en place. On observe en effet une tendance à la spécialisation des pays dans les domaines dans lesquels ils bénéficient d'un avantage comparatif. Par exemple, les pays ateliers se spécialisent dans le domaine de l'assemblage car le coût de leur main d'œuvre est faible. Cette spécialisation s'observe aujourd'hui en Éthiopie, par exemple. L'exemple de l'Iphone illustre la volonté de rationaliser et de rentabiliser la production. Les activités de conception (recherche et développement-design) créant de la valeur ajoutée  et de distribution (marketing-vente) restent dans les pays du nord, tandis que les activités d'assemblage sont souvent délocalisées dans les pays du sud. Ainsi des FTN comme Apple parviennent à dégager d'importantes marges. C'est ce qu'on appelle la courbe du sourire. Cette organisation n'est pas figée.  Avec la qualification croissante de sa main d'oeuvre, l'Inde s'est en partie spécialisée dans les services et la production informatique. Là où le milieu le permet, certaines régions se spécialisent dans le tourisme. En ce qui concerne l'agriculture certaines régions se distinguent comme des greniers à grain du monde

A l'échelle locale et régionale, les territoires sont également spécialisés. Pour ne donner qu'un exemple, on distingue aux Etats-Unis une succession de ceintures spécialisées dans différentes activités. La Silicon Valley que nous avons étudiée, s'inscrit dans la Sun belt américaine caractérisée par un fort héliotropisme. L'espace agricole des Etats-Unis est divisée en une multitude de ceintures de production spécialisées (corn belt, wheat belt, dayri belt, etc...) Enfin, la manufacturing belt est depuis longtemps le coeur industriel du pays.          

NDIT : nouvelle division internationale du travail. tendance à la spécialisation des économies dans les domaines où elles bénéficient d'un avantage comparatif.

Héliotropisme : attraction exercée par les régions ensoleillées.

Chaîne de valeur ajoutée  : succession d'activités de l'approvisionnement à la production finale. Chaque étape ajoute de la valeur ajoutée au produit fini.

Avantage comparatif : domaine dans lequel un espace productif a un avantage sur les autres (main d'oeuvre, matière première, localisation)

Valeur ajoutée : pour faire simple, c'est la différence entre la valeur finale d'un produit et la valeur des éléments nécessaires pour le réaliser (consommation intermédiaire).

b) et des dynamiques.

Les disparités et les spécialisations renforcent un certain nombre de territoires et alimentent certaines dynamiques. Par exemple, certaines activités sont délocalisées vers les territoires les plus intéressants pour leur réalisation. Cela concerne,  certaines activités industrielles comme dans le domaine du textile ou de l'automobile mais aussi des services comme le télémarketing ou l'assistance à distance. Pour bénéficier d'effet de synergie, les activités s'agglomèrent également dans des systèmes productifs spécialisés et dans les villes. Cela contribue à la métropolisation. Pour finir, On voit également des activités se concentrer sur les littoraux. On parle alors de processus de littoralisation ou de maritimisation.

Littoralisation : processus de concentration des hommes et des activités sur les littoraux.

Délocalisation : transfert d'activités avec retour de la production finale vers le pays d'origine.

b) De nombreux acteurs participent à cette organisation de l'espace économique mondialisé.

Les firmes transnationales FTN sont des actrices majeures de la mondialisation. On peut les définir comme des firmes réalisant plus de 25 % de leurs productions et de leurs échanges avec des filiales implantées dans au moins six pays différents et faisant plus de 500 millions de $ de chiffre d'affaire (ONU). Ces transnationales représentent désormais plus des 2/3 des échanges mondiaux. Parmi celles-ci on peut citer H&M, Apple ou encore Total. 75% d'entre elles sont localisées dans les pays développés.

Mais on voit que les Etats, jouent également un rôle dans cette organisation de l'espace économique mondial. Ils inscrivent leurs politiques économiques, sociales et environnementale et leurs aménagements dans la course à la compétitivité territoriale. Ils font aussi le choix d'ouvrir plus ou moins leurs économies et de participer à des organisations d'intégration régionale comme l'Ue ou l'ALENA.

Pour finir, en tant que travailleurs ou consommateurs, les individus participent également à la mondialisation.

III ...animée par de nombreux flux.

a)  Des flux de marchandises

Les besoins en ressources et la distinction de plus en plus forte entre lieu de production et lieu de consommation génère de nombreux flux de marchandises.  Par exemple, pour les produits finis, le transport maritime par conteneur représente désormais  à 90% des flux de marchandises. A eux seuls les pôles de la triade réalisent 70 à 80% des flux de marchandises.

b) Des flux d'investissements.

Ces logiques de production et de consommation à l'échelle mondiale rendent aussi nécessaires des flux de capitaux. Parmi ceux-ci on peut distinguer les investissements directs à l'étranger (IDE). On constate sur une carte que les pays du sud ne reçoivent et qu'une faible part de ses IDE.  Ils sont plus ou moins marginalisés selon leur niveau d'intégration. De leurs côtés, les paradis fiscaux attirent des capitaux de sociétés ou d'individus désireux de réduire leurs contributions en faisant de l'optimisation voire de la fraude fiscale.

On constate donc que l'ensemble du monde participe aux différents flux de la mondialisation mais de façon inégale.

IDE : achat, acquisition d'unité de production, de commercialisation ou de financement à l'étranger.

Conclusion  : On observe donc la formation de systèmes productifs à différentes échelles. Ces systèmes productifs sont révélateurs des disparités pour ne pas dire des inégalités qui caractérisent le monde. Il y a des espaces de production bien intégrés d'autres qui sont dominés ou marginalisés.