Titre : Les systèmes productifs mondiaux : Utiliser l'I phone pour comprendre le fonctionnement d'un système productif local : la Silicon valley

A 80 km au sud de San Francisco en Californie, se trouve un espace qui rassemble 3 millions d'habitants, fournit 6 millions d'emplois et concentre des milliers d'entreprises high tech. Il s'agit de la Silicon Valley. Ce technopôle est connu dans le monde entier. Il sert de modèle à d'autres parcs technologiques.

Quelle est la place de la Silicon valley dans le système économique mondial ? Comment fonctionne-t-il à l'échelle locale ? Comment expliquer que ce système productif soit devenu un modèle mondial si puissant ? Quelles sont les limites de ce modèle ?

I l'intégration de la Silicon valley dans la nouvelle division internationale du travail est liée...

a) à la présence de firmes transnationales.

On trouve dans la Silicon Valley les sièges sociaux d'une multitude d'entreprises qui dominent l'économie mondiale. Il s'agit de firmes transnationales. Parmi celles-ci on peut citer trois des GAFAM (Google, Apple, Amazon et Microsoft). Apple est la première capitalisation boursière mondiale avec1001 Mds de $).Elle est suivie par Google ( 857,53 mds $) et Facebook qui se situe au sixième rand mondial avec 509.22 mds $ de capitalisation boursière. Au total, 23 géants des hautes technologies ont leur siège dans la Silicon Valley

Firme transnationale : selon l'ONU une FTN est une entreprise qui a des activités et des filiales dans au moins six pays différents et qui réalisent un chiffre d'affaire annuel d'au moins 500 millions de $.

a) ...qui définissent des stratégies à l'échelle mondiale

Les processus de production de ces FTN forment une chaine de valeur qui s'inscrit dans le monde entier. On constate que les activités de recherche-développement, de conception et de direction restent dans la Silicon valley. Si pendant longtemps on y a produit des processeurs et des ordinateurs, désormais les composants des produits high tech sont assemblés dans le monde entier. Dans cette logique destinée à optimiser les coûts de production, se met en place ce que certains qualifient de courbe du sourire (schéma) afin d'optimiser les marges ( la marge nette d'Apple fut de 21.2% en 2016). Les produits réalisés sont ensuite distribués dans le monde entier à l'image des Iphones. La production des produits conçus dans la Silicon Valley s'inscrit donc dans la nouvelle division internationale du travail (DIT) et on peut véritablement parler de produit mondialisé.

Chaine de valeur : ensemble des opérations réalisées par des entreprises au cours de la production d'un produit ou d'un service.

Nouvelle division internationale du travail (DIT) : désigne la spécialisation d’un pays ou d’une région du globe dans des activités particulières en fonction d’avantages comparatifs.

Délocalisation : transfert de tout ou partie d’une activité à l’étranger afin de la réimporter, à moindre coût, sur le territoire national.

Sous-traitant : entreprise chargée de produire un bien ou un service pour le compte d'une autre entreprise.

Avantage comparatif : ressource d'un espace productif qui lui donne un avantage majeur.

Recherche et développement : activités de recherche destinées à avoir des applications rapides dans l'industrie.

b) impliquant des flux de la mondialisation.

La Silicon Valley s'inscrit dans les flux de la mondialisation. Pour exemple, de la matière première au produit semi-fini, un composant d'un iphone comme la touche home peut faire 20000 km avant d'être associé au reste des pièces du smartphone. Les produits finis sont ensuite vendus dans le monde entier, là où les marchés sont solvables dans les pays du nord, les pays émergeants. et les métropoles des pays en voie de développement. La Silicon Valley reçoit et émet également de nombreux investissements directs à l'étranger. Elle est donc inscrite dans les flux mondiaux de capitaux. Plusieurs entreprises de la Silicon Valley sont des actrices majeures qui contribuent grandement aux flux d'information et de communication. On peut citer comme facebook, snapchat, ou encore Netflix. Pour finir, la Silicon valley attire également des cerveaux du monde entier. On peut parler de véritable brain drain. Au total, entre un tiers et 40 % de la population de la Silicon Valley est née à l’étranger, soit sensiblement plus que la moyenne californienne, un des États fédérés pourtant les plus ouverts sur les migrations internationales

Brain drain : attraction exercée sur les actifs les plus qualifiés.

II Un réseau local qui fonctionne en synergie

a) Il s'agit d' un système de production performant ....

Malgré la délocalisation et un fonctionnement en réseau de sous-traitance, la Silicon Valley reste un espace de production. Comme en témoignent les zone blanches sur l'image satellitale, On y trouve des usines et des sites qui fournissent des biens (production matérielle) et des services de production immatérielle dans des domaines comme l'informatique (intel, apple), l'électronique, les télécommunications, la sécurité, les biotechnologies, l'automobile (Tesla) et les logiciels (adobe)….

b)... intégré dans un environnement favorable

Dès les années 40-50, des activités se sont développées autour de la base aéronavale de Moffett en relation avec le complexe militaro-industriel et spatial. C'est ce que confirme la présence actuelle de Lockheed Martin et de la NASA. Par ailleurs, les entreprises de haute-technologie bénéficient de la présence ou de la proximité d'universités prestigieuses. On peut citer Berkeley mais surtout Stanford dont sont issus de nombreux cadres de la Silicon Valley. Cela explique les fortes capacités d'innovation de cette région peu étendue. En 1971, le microprocesseur est inventé par Intel à Palo Alto pour satisfaire les besoins d'une entreprise japonaise qui produit des calculatrices. C'est un composant qui utilise beaucoup de silicium. Un journaliste utilise donc l'expression silcon valley pour désigner cette région en 1971. Aujourd'hui, 15% des brevets déposés aux EU le sont par des sociétés, universités ou laboratoires localisés dans la silicon valley Cela explique aussi bien sûr le niveau de qualification de la main d'oeuvre. Les entreprises de la Silicon Valley emploient 132 000 informaticiens et ingénieurs logiciels, 53 000 ingénieurs de l’aérospatiale ou de l’électronique, 46 000 spécialistes de la santé, 11 500 cadres des sciences de la vie et de la terre. On trouve également dans le secteur de nombreux investisseurs capables de placer du capital sur de nouveaux projets risqués. On trouve dans la région de San Francisco de nombreuses banques et sociétés spécialisées dans le capital-risque. On peut citer Sequoia capital dont le siège se trouve à Menlo park. La lecture de la liste des partenaires que cette société a contribué à financer est passionnante.

Tous ces éléments fonctionnent en synergie et forment un système péri-productif efficace qui fait de la Silicon valley un cluster qui sert de modèle pour le reste du monde.

Innovation : nouveauté destinée à améliorer une production ou le processus de production.

Synergie : résultat de l'action efficace de plusieurs acteurs travaillant de façon coordonnée.

Système productif : En géographie, il s'agit de l’ensemble des facteurs et des acteurs inscrits sur un territoire participant à la production, à la circulation et à la consommation de richesses. Les systèmes productifs peuvent être analysés à plusieurs échelles du local au mondial. Un système productif comprend une sphère productive proprement dite qui réalise la production, une sphère périproductive qui offre les services nécessaires à la production et une sphère sociale qui concerne les hommes et les femmes impliqués dans le système productif ( enseignement, formation, administration, services aux particuliers, santé, commerces, distribution, syndicats).

Espace productif : dimension spatiale du spatiale du système productif.

Cluster : regroupement d'entreprises du même secteur fonctionnant en réseau

c) ....et bénéficiant d'équipements nécessaires au développement des activités.

La silicon valley est parcourue par plusieurs autoroutes et voies urbaines qui permettent les trajets en voiture individuelle d'un secteur à l'autre, de se rendre dans l'une des métropoles californiennes ou encore de s'éloigner pour gagner le reste du territoire américain. La silicon valley bénéficie de la proximité des deux aéroports qui sans être des hubs majeurs mettent en relation la silicon valley avec le reste du monde. Il s'agit de l'Aéroport de San Francisco au nord et de San José au Sud. Il faut aussi compter avec la proximité de deux ports à San Francisco et à Oakland. Pour finir, à elle seule la ville de Santa Clara propose les services de 20 data centers.

III Les limites de la Silicon valley

a) Un espace marqué par des inégalités

Dans la Silicon valley, les 2/3 de l'espace consacré à des fonctions résidentielles. Une forme de ségrégation spatiale caractérise cette région. L'image satellitale confirme qu'on a affaire à un espace très riche ( présence d'espaces verts et de golfes dans cette région qui manque d'eau) où la pression foncière est forte ( peu d'espace libre). Ne peuvent résider dans de nombreuses zones que les plus aisées. Par exemple, la commune d'Atherton est la municipalité la plus riche et la plus chère des Etats-Unis. C'est là que vivent les dirigeants des plus grosses entreprises de la région. On observe donc un phénomène de gentrification. Les actifs et les ménages plus modestes résident dans la périphérie comme à Pescadero ou à Gilroy. Il existe aussi dans la Silicon Valley des ilots de pauvreté comme le ghetto. East Palo Alto

b) Des problème de transports.

Dans la Silicon valley, le système de transport routier est souvent saturé. L'offre de service en matière de transport en commun est très limitée. Il n'existe qu'une ligne ferroviaire nord-sud exploitée par la société Caltrain. Elle vient de doubler les voies de façon à proposer un service plus rapide entre San Francisco et San José. Mais d'une manière générale les actifs qui n'ont pas la possibilité de résider à proximité de leur lieu de travail se plaignent quand ils connaissent les réseaux européens de l'absence de réseau de transport public efficace. Il n'est pas rare de voir des salariés faire deux heures voir trois heures de route pour se rendre à leur travail.

c) Un système productif local concurrencé.

Longtemps présenté comme un modèle de technopôle, la Silicon valley est désormais concurrencée ne serait-ce qu'aux Etats-Unis. La Silicon Valley se situe désormais au troisième rang des métropoles innovantes, derrière New York et le Sud de la Californie. En Floride, Miami Fort Lauderdale est devenue la première région qui attire des start up . Un certain nombre d'activités de production sont relocalisées dans les états limitrophes de la diagonale intérieure.

Conclusion : On a démontré que la Silicon Valley est donc inscrite dans un système productif à l'échelle mondiale. C'est la combinaison d'un certain nombre de facteurs et d'acteurs qui a permis la constitution d'un espace productif local performant et inspirant. Aujourd'hui cependant ce territoire présente quelques difficultés.