Séries : 1L,1S ,1ES

 

Titre : Les territoires ultra-marins (TUM) européens et leur développement

 

On désigne ainsi l’ensemble des territoires situés au-delà des mers, où s’exerce la souveraineté de six Etats membres de l’Union européenne : la France, L’Espagne, le Danemark, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni. En d’autres temps on aurait certainement parlé de colonies … Certains de ces territoires (les Açores, Madère, les Canaries, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion)  ont un statut de régions ultrapériphériques de l‘Union européenne  (RUP). On parle de développement lorsqu’on observe une amélioration du niveau de vie au bénéfice du plus grand nombre accompagné d’un  phénomène de croissance.

 

Problématique : Le développement des ces territoires est-il problématique ? Pour quelles raisons ? Quels sont le moyens engagés pour l’assurer ? Ces moyens sont-il suffisants ?

 

I I Des prolongements lointains de l’Europe marqués par ….

a)     ……l'éloignement,

Tous les territoires ultramarins (TUM) ont en commun la grande distance qui les sépare de leurs métropoles et de l’Union européenne. La Martinique, la Guadeloupe et la Guyane se trouvent à près de 7000 km de la France, la Réunion à plus de 9000, la Nouvelle Calédonie à plus de 16 000. Le Groenland est distant de 3000 km du Danemark, les Açores sont à 1500 km du Portugal, les Canaries à 1800 de l’Espagne.

 

b)     …et l’insularité.

A l’exception de la Guyane, de la Terre Adélie, des territoires de l’arctique britannique et du Groenland, ils ont en commun le fait d’être des îles. A la situation d’insularité s’ajoute aussi parfois un phénomène de surinsularité. C’est le  cas dans l’archipel Guadeloupéen qui comprend également Marie Galante, la Désirade et les Saintes. Cette insularité explique l’extension des ZEE des Etats membres de l’UE possédant des TUM. La ZEE de la France par exemple  s’étend sur près de 10 176 480 Km2. Elle se classe donc au deuxième rang  dans ce domaine.

 

Insularité : caractère d’un territoire situé sur une île.

Zone économique spéciale (ZEE) : bande de 200 milles nautiques de large (370 km) dont l’exploitation et l’exploration est réservée aux Etats bordiers.

 

c)     Dans ce contexte, la continuité territoriale avec les métropoles et l’UE est  difficile.

L’éloignement et l’insularité génère des coûts de transports  importants entre les TUM et leur métropoles. Pour compenser cette difficulté, la Martinique par exemple, bénéficie depuis  1989 d’un Programme d’Options Spécifiques pour l’Eloignement et l’Insularité (POSEI).  Mais le coût du transport reste problématique. Il explique en partie la vie chère dans ces territoires et leur manque de compétitivité dans certains domaines.

 

II … des inégalités révélatrices parfois  d’un  développement disparate.

a)      Les données naturelles …

En dehors des Iles Féroé (Danemark) de Saint-Pierre et Miquelon et des possessions dans la zone antarctique,  ces territoires appartiennent à la zone tropicale. Ils sont inégalement exposés aux vents (côte au vent ou sous le vent des alizés). Ils sont également soumis à des aléas naturels comme les cyclones, les séismes ou les glissements de terrains qui menacent des enjeux comme les logements, les cultures ou les infrastructures de transport.  La plupart des îles en question ont une origine volcanique. Les plaines littorales sont souvent limitées.  Les agrégats de coraux autour des massifs ainsi constitués donnent lieu à la formation de lagons. Là où les barrières de corail sont présentes le sable est blanc le plus souvent.  On a là quelques atouts pour le développement touristique.

 

b)     …..expliquent en grande partie l’inégale répartition des hommes et des activités.

Dans les îles et en Guyane, la population, les activités se concentrent sur le littoral. A l’exception de la Guyane et des territoires des régions polaires, les densités sont élevées  (366 hab./Km² en Martinique contre 2 hab./Km² en Guyane) de même que  le taux d’urbanisation qui se situe à 93% en Martinique par exemple. On observe des phénomènes de macrocéphalie urbaine avec des chefs-lieux régionaux qui ne sont pas relayés par des villes de dimension comparable.

 

c)     Le passé  colonial  explique lui en grande partie des disparités socio-spatiales persistantes,

Les TUM restent marqués par de profondes disparités socio-spatiales.  Dans les RUP des Antilles, l’économie et le foncier restent largement dominés par les descendants de colons (béqués), qui contrôlent une partie de l’agriculture et des services. Compte tenu de cette situation et du dynamisme démographique,  les terrains manquent. Il résulte de cette situation des phénomènes d’occupation anarchique de terrains notamment sur les littoraux et la  constitution de quartiers d’habitat précaire en particulier dans les fonds de « ravines » ou sur certaines pentes instables. Dans ces zones les plus modestes ou ceux qui accèdent récemment à la propriété  sont exposés à des risques d’inondation ou de glissements de terrain. Là, les taux de chômage sont très élevés. Il faut savoir, par exemple, qu’à la Réunion le taux de chômage est de 27,3% contre 8,2%  en moyenne dans l’Union européenne. L’insécurité pose également problème. Les quartiers d’habitat collectif créés  pour régler les questions de logement peuvent à leur tour, devenir des quartiers difficiles.  Ailleurs, sur les plateaux, dans les zones mieux exposées aux vents rafraichissants, apparaissent des quartiers où résident les catégories les plus favorisées de la population (quartier « Didier » à Fort de France). Généralement, le niveau de vie de la population dans les TUM est cependant inférieur à celui de la métropole.

 

d)     et la structure de l’économie.

Dans le contexte de la colonisation, de la traite négrière et de l’esclavage se sont développées dans ces régions des économies de plantation (canne à sucre, viticulture). Les productions agricoles se sont ensuite quelque peu diversifiées (banane, vanille, ananas). Mais elles connaissent des difficultés et  les choix de productions agricoles ont provoqué dans certains cas des pollutions considérables (chlordécone). Une partie des sols est désormais impropre à  la production, la terre est empoisonnée. Par ailleurs les métropoles n’ont pas cherché à développer l’industrie. Cependant, profitant de conditions naturelles favorables, les acteurs publics et privé ont promu le développement touristique. Les Canaries sont les territoires qui reçoivent le plus de visiteurs avec près de 8 millions de touristes en 2009. Les services non marchands fournis par les Etat set les collectivités locales sont nombreux et nécessaires compte tenu du dynamisme démographique de  la population. Par ailleurs, les commerces satisfont les besoins d’une population qui s’inscrit de plus en plus dans le modèle de la société de consommation. Ceci explique l’hypertrophie du secteur tertiaire. Le déséquilibre de cette structure économique est un autre indice du développement disparate qui touche ces territoires.

 

III Une inégale intégration  dans leur environnement régional et mondial

a)     Des territoires inscrits dans les flux de la mondialisation…

Compte tenu des taux de chômage observés, beaucoup d’ultramarins se rendent dans les métropoles ou au Canada pour trouver un emploi. Ils peuvent d’ailleurs constituer là des diasporas importantes.  A leur tour,  les TUM peuvent apparaître comme des isolats de prospérité au milieu de régions sous-développées. Ils sont donc attractifs et connaissent des flux migratoires motivés par la recherche de meilleures conditions de vie.  C’est le cas de Mayotte ou aux Canaries.  Des Surinamiens et des brésiliens tentent également de gagner la Guyane. Des Haïtiens, des dominicains tentent de s’installer en Martinique et en Guadeloupe. Les Canaries reçoivent des migrants provenant ou transitant par le Maroc. Pour terminer, il ne faut pas négliger dans le cas des Antilles, du Groenland et de Saint-Pierre et Miquelon, la proximité de l’Amérique du Nord.  Dans les territoires cités l’évolution des modes de vie traduit notamment  l’influence des Etats-Unis. Les chaines américaines peuvent souvent être captées.  Par ailleurs, ces territoires ultramarins reçoivent  des flux touristiques en provenance des Etats-Unis et du canada. Il existe également des déplacements de consommation. Des Antilles vers le Venezuela par exemple.  Les territoires ultramarins s’inscrivent donc dans les flux de la mondialisation.

 

b)     ….et exposés à la concurrence.

Les territoires ultramarins sont également exposés  à la concurrence. Dans le domaine agricole, leurs productions sont concurrencées sur le marché mondial par celles venues, d’Afrique ou d’Amérique Latine. Cela concerne par exemple la banane, le sucre des Antilles ou la vanille de la Réunion.  La concurrence concerne aussi le tourisme. Dans ce domaine, les Antilles françaises et la Réunion sont concurrencées par Saint-Domingue, la côte caribéenne du Mexique, les Maldives ou l’Ile Maurice. Pour répondre à cette concurrence, on tente de diversifier l’offre en développant l’écotourisme notamment en Guyane et à la Réunion.

 

c)     Les tentatives d'intégration régionale restent cependant limitées.

Il  existe dans la périphérie des TUM des organisations régionales.  On peut citer l’ALENA, Le  CARICOM, l’AEC ou la SADC. Mais, en dehors des rencontres sportives et des échanges culturels, les relations avec ces organisations restent encore limitées, notamment parce que les territoires en question ne sont pas souverains et que les productions sont souvent les mêmes.  Ainsi, la Martinique ne réalise que 2 % de ses échanges avec les  voisins caribéens.

Accord de libre échange nord américain (ALENA ou NAFTA) : zone de libre échange constitué en 1994 associant le Canada, les Etats-Unis et le Mexique.

 

CARICOM (Communauté caribéenne) : 14 Etats membres, 6 membres associés.  Aspire à la création d’une zone de libre échange régionale.

AEC (Association des Etats de la Caraïbe) : 25 Etats membres et 6 membres associés. Son objectif est de développer la coopération dans les domaines économique, scientifique, culturel, social et environnemental.

SADC (Communauté de développement de l’Afrique Australe) : 15 Etats membres. vise à promouvoir le développement de l’Afrique australe.

 

Conclusion :

Le développement est donc l’enjeu majeur qui concerne les TUM de l’UE.  Le niveau de vie y est en effet en général inférieur à celui de la métropole. Ces territoires possèdent cependant des atouts que les Etats souverains et les programmes européens cherchent à exploiter.  Ils restent cependant très marqués par leur situation ultrapériphérique et par un développement disparate. Lorsqu’on compare ces territoires aux pays de leur environnement proche. On constate cependant qu’en dépit de certaines insuffisances de développement, ils peuvent apparaître comme des espaces de prospérités attractifs. Il en résulte des flux migratoires aux provenances diverses. En dehors de cela, les relations institutionnelles et économiques avec les pays voisins restent souvent limitées.

 

Auteur : Nérée Manuel

 

Bibliographie :

BENJAMIN D. GODARD H, Les outre-mers français : des espaces en mutation, Géophrys, Ophrys, 1999.

NEREE Marcel, Le souffle d’Edith, L’harmattan, 2002

NEREE Marcel, La véranda des songes, Le Manuscrit, 2012. 

La documentation française, La France d’outre-mer, 2009

 

Dernière mise à jour : 05-12

 

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