Séries : 1L,
1ES 1S
Titre : L’Union européenne : frontières et limites,
un espace entre morcellement et intégration élargie
En
1992, la Communauté économique européenne (CEE) devient ‘Union européenne. Ce changement
de nom est le reflet du processus d’intégration à l’œuvre sur le vieux
continent. Par intégration on peut
entendre la construction d’un ensemble géopolitique, où les des normes juridiques,
économiques et sociales sont progressivement harmonisées.
Problématique : En Europe, actuellement la tendance est-elle à
l’intégration ou au morcellement ?
I Entre morcellement
a) …Les facteurs
Avec
la Révolution Française en 1789, le printemps des peuples en 1848, les unités
allemande et italienne, s’affirme en
Europe le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Le modèle de l’Etat-nation tend à s’imposer face aux Etats-multinationaux. Au
20ème siècle, à l’issue de la première guerre mondiale, la carte de
l’Europe est redessinée selon ce principe. A l’issue de la seconde guerre
mondiale, la logique de bloc de la guerre froide gèle en quelque sorte les
questions des nationalités.
Cependant, après la chute du mur de Berlin en novembre 1989, la réunification
allemande en octobre 1990 reste un phénomène isolé. La tendance est plutôt à la
balkanisation. L'implosion des
fédérations de l'URSS (91) et de la Yougoslavie (91-95), la partition de la
Tchécoslovaquie (93) ont entraîné la création de 12000 km de frontières et de
seize nouveaux États indépendants en Europe. L’ex-Yougoslavie est aujourd’hui
éclatée en sept Etats : la Slovénie, la Croatie, l’ex-République de Macédoine,
la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et le Kosovo. Ainsi, 27% des frontières
européennes ont moins de 20 ans.
Nation : groupe humain
présentant une forte unité culturelle, fondée sur la langue, des références
historiques partagées, des façons d'être, la religion dans certains cas. Dans
la nation, les individus sont liés par la conscience sociale et politique
d'appartenir à une même communauté, quelles que soient leurs différences
ethniques initiales.
État multinational : état où
sont représentées plusieurs nationalités.
Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes,
droits des nations, principe de nationalité : droit des peuples à leur indépendance, à leur souveraineté et à leur
unité.
b) ,… d’un morcellement avéré.
L'Europe est aujourd'hui divisée en 47 États.
Cette région est plus morcelée qu'aucune autre région du monde de taille
comparable. L'Europe ne compte pas de très grands États. On trouve plutôt des
États de taille moyenne voir réduite. On parle alors de micro-Etats. Cependant, son morcellement est relativement limité à
l'ouest et au nord. L'Europe compte près de 38000 km de frontières et 99
dyades.
Pour
information :
Pays
Superficie
Andorre
466 km²
Liechtenstein,
160 km²
Vatican 0,44 km²
Allemagne
357 005 km²
France
550 000 km2
Ukraine
603.700 km² ( Faut-il en enlever désormais les 26 000km² de la Crimée ? La communauté internationale le refuse pour l'instant)
État : entité politique propre à une population qui administre et exerce
sa souveraineté sur un territoire. Frontière : limite séparant la
souveraineté de deux Etats.
Dyades l imites politiques
communes à deux états contigus.
II ….et intégration
a) …Les origines
Les
fondateurs de l’Union européenne souhaitaient préserver la paix. C’est
une réussite.Pour cela, ils souhaitaient mettre en commun les productions
de charbon et d’acier de l’Allemagne de la France et éventuellement d’autres
pays. Ils envisageaient par ailleurs la création d’une fédération.
Ce
mot recouvre au moins deux conceptions :
Un système fédéral : c’est
sur un territoire défini, la superposition de deux niveaux de pouvoirs.
Les
Etats réunis possèdent une assez grande autonomie (justice, éducation). L’Etat
fédéral détient lui des pouvoirs importants délégués par les Etats fédérés. (Défense,
diplomatie, monnaie).
Une confédération :
ensemble permanent d’Etats ayant des objectifs communs mais dont les états
membres restent souverains et autonomes.
Souveraineté : Caractère d’un Etat qui n’est soumis à aucun autre
Etat.
b) … d’une Union d’Etats à géométrie variable.
Aujourd’hui,
même si le traité de Lisbonne,
dit « traité simplifié » (2007)
renforce l’intégration dans l’Union européenne. Celle-ci n’est toujours pas un système fédéral
complet. Les Etats se soumettent aux décisions prises en commun dans le
domaine de la politique agricole, du
commerce du transport et de la monnaie mais ils gardent des pouvoirs importants
dans les domaines de la défense, de la politique étrangère et de la police et
de la justice. Dans certains domaines l’Union européenne n’intervient que quand
l’action commune est plus efficace que l’action isolée. C’est le principe de subsidiarité.
Tout au plus peut-on parler de fédération d’Etats-nations. Dans cette Union
européenne à 28 le niveau d’intégration est inégal. 18 Etats font partie
de la zone Euro. L’espace Schengen compte 26 pays mais, attention,
seuls 22 d’entre eux sont membres de l’Union européenne. Dans cinq pays de l’Union
européenne, la convention ne s’applique pas (Royaume-Uni, Irlande, Chypre,
Bulgarie, Roumanie) et quatre pays qui n’appartiennent pas à l’Union sont associés (le Liechtenstein, la
Suisse, la Norvège et l’Islande).
c) … dont le devenir reste en question
Sur
le plan de l’intégration, à l’heure où la crise semble exiger une action
coordonnée, certains sont tentés de renforcer le contrôle supranational, notamment en matière de budgets. Le consensus
autour de l’Europe de demain tarde à se faire. Le non des français et des
hollandais au projet de traité constitutionnel européen en 2005 est plus le reflet
d’un refus des options offertes que d’un rejet global de l’Europe. Celle-ci
souffre encore d’un déficit démocratique.
La question de l’élargissement se pose également. Dans un contexte de crise et
d’intégration inachevée, l’adhésion de nouveaux états est plus ou moins
discutée. L’intégration de la Croatie vient d'être réalisée. L’adhésion de la
Turquie reste en suspens depuis 1963.
Supranationalité :
principe qui caractérise une organisation placée au dessus des institutions nationales et dont les
décisions s’imposent aux Etats membres..
Souverainistes : partisan de la défense de la souveraineté
nationale, de la compétence des Etats.
Conclusion : C’est finalement à un double processus que l’on
assiste en Europe. Le morcellement de cette partie du monde est encore récent.
Il a donné lieu à des guerres et des affrontements. C’est justement pour empêcher
ces guerres que le projet de construction européenne a vu le jour. Mais plus de 60 ans après
le début de cette aventure les contours et le contenu de cette Union européenne
restent flous et discutés.
Auteur :
Nérée Manuel
Bibliographie :
FOUCHER M. (sd), Europe,
Europes, La documentation photographique, La documentation française, n°8074,
mars-avril 2010.
Dernière mise à jour : 04-04