Titre : L’urbanisation et  la métropolisation en France

 

Les villes sont des espaces caractérisés par de très fortes densités de population, par une certaine continuité du bâti et par l’absence d’espace agricole. Les villes connaissent de nombreux changements. On parle de dynamiques, que ces changements soient positifs ou négatifs. Parmi ces dynamiques figure l’urbanisation, c'est-à-dire la concentration de population en milieu urbain et l’extension des espaces urbains qui en résulte. La concentration des hommes et des activités dans les principales agglomérations qu’on appelle métropolisation, est une autre de ces dynamiques.  

 

Problématique : Comment se manifestent l’urbanisation et la métropolisation en France ?

 

I L’urbanisation de la population française…..

a)     …L’augmentation de la population urbaine ….

La proportion de français vivant dans des villes augmente. En  2018, selon la Banque mondiale, la population urbaine représentait 80.4% de la population française. L'INSEE retient que désormais les personnes vivant dans des aires urbaines représentent plus des 3/4 des Français.

 

b)     ,… se fait à un rythme inégal.

Mais les aires urbaines ne croissent pas à la même allure et ne sont pas toutes aussi attractives. Ainsi selon le les données INSEE de 2015 (chiffres publiés en 2018), Montpellier, Toulouse, Nantes, Bordeaux sont les aires urbaines dont la croissance a été la plus forte entre 2010 et 2015. Tandis que Le Havre, Dunkerque ou encore Douai-Lens ont perdu de la population entre 2011 et 2016.  Ce phénomène s’explique surtout par les mouvements migratoires internes. A l’échelle régionale, ces formes de mobilités s’observent. Ainsi les régions du sud et de l’ouest de la France voient leurs populations augmenter notamment grâce à l’excédent migratoire. La région Occitanie voit sa population augmenter de 50000 âmes en moyenne chaque année depuis 2007. Le dynamisme démographique naturel des villes intervient aussi dans la croissance de leur population par le jeu de la différence entre les naissances et les décès.

 

Solde migratoire : c’est la différence entre les entrées et les sorties sur un territoire.

Solde naturel : c’est la différence entre les naissances et les décès sur un territoire.

 

II ….se traduit par une extension urbaine…

a)     Le processus d’urbanisation

On observe un processus d’étalement urbain. La ville s’étend. Elle finit parfois par agglomérer plusieurs communes. On parle d’ailleurs de communes de banlieue. Il y a donc périurbanisation. Au-delà de ce phénomène, une portion croissante des espaces périphériques est en relation avec les villes. Nombreux sont les résidents de communes considérées a priori comme rurales qui travaillent, consomment, étudient ou se soignent dans les villes. Les relations entre les villes et leurs couronnes périurbaines sont donc intenses.

 

Périurbanisation : développement de l’espace urbain en périphérie.

 

Banlieue : territoire urbanisé qui entoure une ville. Le terme provient de la juxtaposition des termes ban (interdiction et juridiction) et lieue : il s'agissait du territoire d'une lieue de distance autour d'une ville sur lequel s'exerçait le ban.  
La banlieue désigne aujourd'hui des communes autonomes mais qui se sont urbanisées sous l'influence d'une ville-centre.

 

b)     … rend nécessaire une nouvelle nomenclature

On ne peut plus donc se contenter du mot ville pour désigner le phénomène urbain. Il a été nécessaire de définir d’abord des agglomérations multicommunales. Depuis le recensement de 1999, l’INSEE définit également des aires urbaines ou aires métropolitaines au nombre de 354 sur le territoire hexagonal. Ainsi l’aire urbaine de Toulouse comprend désormais 453 communes  et presque 1.3 millions d’habitants (42% de la population régionale). Certaines communes se trouvent dans le champ d’attraction de plusieurs pôles urbains. On parle alors de communes multipolarisées. Depuis cette année, l'INSEE parle de zonage en aires d'attraction des villes. Une aire d’attraction est un pôle d’emploi entouré par une couronne. Il suffit que 15 % des actifs d'une commune travaillent dans le pole centre pour qu'elle soit polarisée. Dans  ces conditions, désormais 95 % des Français vivent dans les aires d’attraction des villes. Depuis 2021, l’INSEE définit des aires d’attraction des villes.

 

Villes : En France, commune de plus de 2000 habitants.

Unités urbaines : villes isolées ou agglomérations multicommunales

Agglomérations multicommunales : ensemble de communes (ville-centre et communes de banlieue) contiguës (qui se touchent) caractérisé par la continuité de l’habitat (-de 200 m entre les habitations). Dans la ville-centre, la population doit être supérieure à 2000 habitants. (schéma)

Aires urbaines ou aire métropolitaine : ensemble constitué par un pôle urbain et sa couronne périurbaine. C’est donc le pôle urbain, et les communes périurbaines dont au moins 40% des actifs vont travailler dans le pôle urbain. (schéma)

Communes multipolarisées : Communes dont 40 % des résidents vont travailler dans plusieurs aires urbaines sans atteindre ce seuil avec une seule d'entre elles.

Aire d’attraction des villes : Une aire est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. La commune la plus peuplée du pôle est appelée commune-centre.

 

III ….et par la métropolisation du territoire français.

a)     …Les métropoles hiérarchisées par l’inégale concentration des hommes et des activités….

La tendance est en effet à la concentration de la population, des activités et des services (du plus courant au plus rare) dans les villes du sommet de la hiérarchie urbaine. En France, l’aire urbaine de Paris avec ses 12.5 millions d’habitants (2015) et ses 382 sièges sociaux des 500 premières firmes françaises, domine largement ce classement. Le PUB de Paris est de 715 milliards de $. On peut d’ailleurs parler de macrocéphalie parisienne. Derrière suivent Lyon (2.2 millions d’habitants dans l’aire urbaine), Marseille-Aix-en-Provence (1.7 millions d’habitants), Lille-Roubaix-Tourcoing (1.2 millions), Toulouse (1.3 millions), Bordeaux et Nice (1 million). Dans les chiffres, cette disproportion se traduit par un indice de primauté de 5.4  de l'aire urbaine de Paris par rapport à la seconde aire urbaine, celle de Lyon.

 

Indice de primauté : rapport entre l'effectif de la métropole la plus grande et celui de la suivante.

 

b)     …dessinent des systèmes urbains à plusieurs échelles….

 

En France, la capitale, par son poids démographique et les fonctions qu’elle rassemble, exerce son influence sur quasiment l’ensemble du territoire national. On parle de modèle parisien ou modèle monocentrique. Il peut s’observer également à l’échelle régionale comme dans la région Midi-Pyrénées avec Toulouse. Il existe également un modèle polycentrique que l’on observe par exemple en Normandie et dans le Languedoc-Roussillon et un modèle hiérarchisé qu’on observe par exemple autour de Lyon.

 

Système urbain : cette expression désigne, dans un espace donné, l’ensemble des villes, les relations qu’elles entretiennent entre elles (hiérarchiques, d’échange, de concurrence ou de collaboration) et l’organisation des territoires qu’elles déterminent.

Modèle polycentrique : plusieurs villes se partagent le premier rang et exercent leur influence sur des régions de dimensions comparables.

Modèle hiérarchisé : une métropole majeure est relayée par des métropoles de rang inférieur.

 

c)     ….où les villes sont en relation d’échanges mais aussi de concurrence.

Ces relations d’échanges, se lisent par exemple à l’étude des  flux de communications téléphoniques ou du trafic des lignes grande vitesse. Ce ne sont là que des exemples parmi d’autres mais ils sont révélateurs. Les agglomérations se battent pour obtenir une liaison et une gare TGV. Alors que désormais Bordeaux est à 3 heures de Paris, Toulouse attend que la ligne TVG soit complétée jusqu'à elle. En attendant, Bordeaux espère s'inscrire dans la compétition des villes européennes avec son projet Euratlantique.

 

 

Cette compétition des métropoles s’observe à plusieurs échelles. Ainsi, la ville de Paris figure avec Londres au sommet de la hiérarchie des métropoles européennes mais certains ou certaines lui contestent le titre de ville globale à l’instar de New York, Tokyo ou Los Angeles. C’est dans cette logique que s’inscrit le projet gouvernemental de Grand Paris. Mais cette ambition pour la capitale française ne va pas sans poser quelques problèmes. Ainsi le rôle de collectivités territoriales telles que la région Ile-de-France ou la Ville de Paris est remis en cause par les nouvelles formes de gouvernance envisagées. On peut ensuite se demander si la volonté de privilégier Paris ne se fait pas au détriment des métropoles de province que l’on avait cherché à dynamiser dans le cadre de la politique des métropoles d’équilibre.

 

Métropolisation : concentration de la population et des fonctions de commandements dans les villes de niveau supérieur. En ce sens, la métropolisation renforce les hiérarchies urbaines existantes. La métropolisation est aussi un processus de développement des relations de nature variée entre les villes constituées en réseaux. Enfin par métropolisation, on désigne également la polarisation d’une région par une ville, le rayonnement de cette dernière sur un territoire.

 

Métropoles mondiales ou villes globales : Ce sont des métropoles se situant au niveau supérieur de la hiérarchie urbaine à l'échelle mondiale, où se concentrent les pouvoirs centraux des entreprises et de l'économie mondiale. Elles sont productrices d'activités et de richesse.

 

Conclusion :

En France, l’élévation du taux d’urbanisation se traduit par une extension spatiale des villes d’une part et par une métropolisation croissante du territoire d’autre part. La nomenclature de l’INSEE cherche à rendre compte de cet étalement et des relations centre-périphérie qu’il génère. Les métropoles concentrent populations et activités. La variété et la qualité des services présents déterminent  leur attractivité mais aussi leur classement dans les hiérarchies urbaines nationale, européenne et mondiale. Le système urbain français est largement dominé par Paris. Mais à l'échelle mondiale, quels sont les atouts et les faiblesses de Paris dans le cadre de la concurrence que se livrent les villes globales et autres métropoles mondiales ? 

 

Auteur : Nérée Manuel

Bibliographie :

MARCONIS R.,  Urbanisation et urbanisme en France, Les métropoles de province, DP n° 8025.

DECORSE J-M, Combien nous sommes, La Dépêche, 31 décembre 2011.

BONNET J., Les grandes métropoles mondiales.

GUGLIELMO R., Les grandes métropoles du monde.

BOYER J-C, Les capitales européennes, DP n°8020.

DAMETTE F., La France en Villes.

LACOUR C. et PUISSANT S. La Métropolisation croissance diversité et fractures,  Anthropos.

CATTAN N., PUMAIN, D., ROZENBLAT C., SAINT-JULIEN T., Le système des villes européennes, ANTHROPOS, 1994.

DEZERT, METTON, STEINBERG, La Périurbanisation en France, Sedes, 1991

PUMAIN D., SAINT-JULIEN  T., Atlas des Villes de France, Reclus documentation française 1989. 

 

 

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