Entre multilatéralisme et unilatéralisme : l'expression
de la puissance américaine depuis la Guerre froide.
Objectifs
:
Vocabulaire : hyperpuissance, superpuissance
hégémonie, isolationnisme.
Problématique :
Savoir-faire :
Document
: Pierre Haski, France Inter, 5 janvier 2021.
Téhéran
a annoncé avoir repris l’enrichissement d’uranium à 20%, en violation de
l’accord nucléaire de 2015. Un message de défi à Donald Trump , et possiblement
à Joe Biden pour éventuellement négocier en position de force.
Difficile de dire si nous avons à faire aux
derniers soubresauts de l’ère Trump, ou aux premières manœuvres de celle de
Biden. Le dossier nucléaire iranien est l’un de ceux qui différencient le plus
les deux hommes en politique étrangère, et l’Iran manœuvre entre ces deux
époques, après quatre années particulièrement agitées.
Hier, l’Iran a procédé à une escalade à un
moment de forte tension : Téhéran a annoncé avoir repris l’enrichissement
d’uranium à 20%, se mettant clairement en infraction par rapport à l’accord
international de 2015. Celui-ci limite le taux d’enrichissement à 3,6%, qui
ne permet pas de développer une arme nucléaire.
Il y a plusieurs symboles dans cette annonce,
qui compliquent son interprétation. L’Iran avait annoncé son intention au lendemain
de l’assassinat
du savant nucléaire Mohsen Fakrizadeh. C’est donc la mise en œuvre d’une
escalade annoncée, et qui intervient au lendemain du premier anniversaire d’un
autre assassinat,
celui du général Qassam Soleimani. A Téhéran, ces signes-là ont leur
importance.
La première conséquence, immédiate, de cette
décision, c’est que l’Iran s’expose à des mesures de sanctions prévues par
l’Accord de 2015.
Mais ce n’est sans doute pas le plus
important. Il y a surtout un double message : l’un en direction de Donald
Trump, afin de montrer que l’Iran ne se laisse pas intimider par ses menaces,
alors que Washington a déployé des forces aéronavales dans le Golfe. Mais
Téhéran ne fait rien qui puisse justifier une attaque américaine immédiate.
Le deuxième message est en direction de Joe
Biden, et il est plus subtil. En procédant à une escalade, l’Iran pourrait se
préparer à négocier : quel meilleur signe de bonne volonté que d’annuler ce qui
vient à peine d’être décidé ?
Car la principale difficulté de la phase qui
s’annonce avec l’administration Biden, est celle de savoir qui fait le premier
pas. Jake Sullivan, le futur Conseiller national à la Sécurité, déclarait
dimanche sur CNN que si l’Iran revenait dans les clous de l’Accord de 2015,
Washington reprendrait sa place dans ce traité dénoncé par Donald Trump. Mais
Téhéran demande d’abord la levée des sanctions pour pouvoir revenir dans
l’accord, insoluble cercle vicieux.
Les chances de succès sont faibles. Car il ne
s’agit pas seulement de revenir au statu quo de 2015, lorsque l’Iran renonçait
à son programme nucléaire. Dans la même interview, Jake Sullivan ajoutait que
les États-Unis demanderaient que son programme balistique fasse partie d’une
nouvelle phase de négociation, une fois l’Accord de 2015 restauré. Téhéran
refuse catégoriquement.
En fait, chacun a ses contraintes.
L’administration Biden ne voudra pas prêter le flanc aux accusations d’être
trop « soft » avec l’Iran ; tandis que l’équilibre politique à Téhéran penche
désormais en faveur des durs du régime.
Si les fils de la négociation ne parviennent
pas à être renoués, ce sera une victoire a posteriori de Donald Trump, car la
confrontation se poursuivra autour du nucléaire iranien, avec tous les risques
que ça comporte dans cette région en fusion.
Pierre Haski,
France Inter, 5 janvier 2021
Questions :
Présentez le document :
En quoi consistaient les Accords de Genève sur le nucléaire iranien ?
Quelle décision a été prise par Donald Trump
au sujet des Accords de Genève sur le nucléaire iranien ?
Quelle est la dernière décision de l'Iran à
ce sujet ?
Quel rôle semblent jouer les EU dans le monde
?
Définissez le multilatéralisme.
Définissez l'unilatéralisme.