DISPO
Le monde de 1945
à nos jours.
I
Au sortir de la guerre un monde dominé par des vainqueurs inégalement
affaiblis.
a)
« La fin de la prépondérance
européenne », Maurice Vaïsse.
Le nombre de victimes européennes de la seconde
guerre mondiale est de 35 millions. Les victimes civiles sont
d’ailleurs plus nombreuses que les victimes militaires. A lui seul le génocide
est responsable de 5 à 6 millions de morte Dans ce contexte d’ailleurs, la
légitimité de la création d’un Etat d’Israël en 48 est renforcée. Sur un
autre plan, les dégâts matériels sont également importants. Des villes
sont détruites (Le Havre –Saint-Malo). En Allemagne on parle d’ailleurs d’année
0.
Selon le pays, la production agricole et industrielle chute de 30 % à 70 % par
rapport à 1939 Les empires coloniaux
britanniques et français restent immenses mais cette domination est remise en cause en 45 (proclamation
de l'indépendance du Vietnam, massacre de Sétif en Algérie, fondation de la
ligue Arabe).
b)
Une URSS meurtrie mais auréolée du prestige
de la victoire
L’URSS à elle seule compte près de 20 millions de
victimes (17 millions pour certains auteurs). Elle est en partie détruite. On
estime que les destructions de ce pays représentent la ½ du total des 1000
milliards à 2000 milliards de destruction de la seconde guerre mondiale.
Cependant, malgré les pertes humaines et
matérielles, l’URSS s'impose comme l’une des deux grandes puissances
grâce au prestige de sa victoire contre le nazisme et à la progression de
l’armée rouge en Europe de l'est. Elle ’étend d’ailleurs son territoire vers
l'ouest en annexant 483 000 km2 au dépend des Pays Baltes et d'une
partie de la Pologne. Staline se constitue ainsi un glacis protecteur face
à une éventuelle agression occidentale. Les frontières de la Pologne sont
décalées vers l'ouest et le nord. Les nouvelles frontières polonaises sont
fixées le long de la ligne Oder-
Neisse. Enfin, l’URSS occupe avec les EU, le RU et la France, l’Allemagne et
l’Autriche.
c)
L’affirmation de la puissance américaine.
Pour
les Etats-Unis bilan matériel et humain est moins lourd même si beaucoup
d’Américains se sont sacrifiés dans ce conflit. En effet, ce pays n’a pas connu la guerre sur son
territoire. L'effort de guerre lui a permis de résorber la dépression
des années 30. Il a désormais la suprématie financière en détenant 80 % du
stock d' or mondial (stock soviétique non compris). En outre en 45, il est le
seul à posséder l'arme nucléaire qu’il a utilisé en août 45 contre le Japon.
La
fin de la guerre est donc marquée par l’affaiblissement
de l’Europe et l'affirmation de deux grandes puissances rivales les
Etats-Unis et l'URSS. Cette opposition se traduit par ce que Winston Churchill
appelle dès 1946, à Fulton aux Etats-Unis, le « Rideau de fer ». Des précautions sont pourtant prises pour
éviter un nouveau conflit, avec notamment la création de l’ONU (charte de San Francisco- 26 juin 46) mais l’ombre d’un nouvel affrontement plane
sur le monde.
II
De 1947 à 1989, les relations internationales sont marquées par le contexte de la guerre froide.
a)
La bipolarisation du monde
Mais par leurs
discours, Harry Truman en mars 47 et
Andreï Jdanov en septembre 47 annoncent
la guerre. Pour Truman le monde se divise entre démocraties libérales et
régimes totalitaires. Il veut pratiquer la politique de l'endiguement (containment). Il s'agit
d'aider systématiquement les pays menacés par l'expansion communiste en
proposant le plan Marshall, une aide
de 17 milliards de dollars destinée à 16 pays. L'OTAN est crée en 1949. Elle comprend alors 16 pays. Toute la
chaîne de commandement est contrôlée par les E-U. Pour Jdanov en septembre 47,
le monde est partagé entre le camp des puissances
impérialistes dirigé par les EU et
celui le bloc des démocraties
populaires solidaires, avec l’URSS, des peuples colonisés désireux de
s’émanciper. Le Kominform est donc
crée. Son rôle est de coordonner l’action des partis communistes européens sous
la direction de Moscou. Le camp des pays communistes s'étoffe progressivement.
D'abord, le passage à la démocratie populaire se fait progressivement (Pologne,
Roumanie). Mais en Tchécoslovaquie en 1948, les communistes réalisent le coup de Prague. En 1949, Mao fait de la
Chine une République Populaire.
Démocratie libérale: régime où les
libertés fondamentales sont respectées et où existent plusieurs partis
politiques.
Kominform: Organisation de liaison des partis communistes, créée en
1947.
Démocratie
populaire:
régime où il n'existe qu'un parti, le parti communiste qui représente la classe
ouvrière.
b)
Un conflit d’intensité variable
Le début de la
guerre froide est marqué par de très fortes tentions. Le blocus de Berlin (1948-1949) au cours duquel les américains
répondent à l’isolement de la ville imposé par Staline par un immense pont
aérien, aboutit à la partition de l’Allemagne entre RFA et RDA. La guerre de
Corée (50-53) où Mac Arthur envisage l’emploi de l’arme nucléaire se solde
également par la division du pays. L’arrivée au pouvoir de Nikita Khrouchtchev
correspond à une volonté de coexistence pacifique
dans un contexte d’équilibre de la
terreur. Mais au début des années 60, les relations internationales sont
déstabilisées par deux crises majeures la construction du mur de Berlin en 1961 et la crise
des fusées à Cuba en 62 qui font prendre conscience d’une détente nécessaire. (Téléphone rouge,
principe du condominium exercé par
les deux grands sur le monde).
c)
L’émergence du tiers-monde
Pendant ce temps, s’amorce un processus de décolonisation
qui concerne pour commencer le continent asiatique avec notamment
l’indépendance de l’Inde en 47 et celle de l’Indonésie en 49. Certaines
indépendances s’acquièrent progressivement ou à l’issue de négociations
comme en 1960 dans les colonies subsahariennes françaises mais d’autres font
l’objet de conflits comme en Indochine entre 46 et 54 ou comme en
Algérie entre 54 et 62. Ces peuples émancipés veulent faire entendre leurs voix
sur la scène internationale. En 1955, la conférence de Bandoeng réunit
29 états désireux, dans un souci de paix, de n’appartenir ni à l’un ni à l’autre des deux camps. En 56 la
puissance des métropoles britannique et française est remise en cause dans la crise de Suez qui suit la
nationalisation du canal par Nasser. Le même Nasser avec Nehru et Gandhi,
définit d’ailleurs en 1961 à Belgrade le principe de non alignement même
si celui-ci fut difficile à tenir par la suite.
d)
Les facteurs de déstabilisation
Dans les années 60, les deux blocs se révèlent moins
monolithiques. De Gaulle retire la France du commandement intégré de l’OTAN en
66 et la Chine prend ses distances avec la Russie dans les années 60. Par
ailleurs, la domination soviétique est contestée lors du Printemps de Prague
en 1968. En 1967, la guerre des six jours où Israël attaque de façon
préventive mais illégale ses voisins arabes montre que les tensions restent
fortes au Proche-Orient.
A la fin des années 70, l’influence communiste est à
son apogée En Asie, en 1975, les nord-vietnamiens communistes
entrent dans Saigon (Ho Chi Minh-Ville) et remportent la guerre du Vietnam.
En Afrique, en Ethiopie, en Angola
ou au Mozambique des dirigeants communistes prennent le pouvoir et signent des
traités d’amitié avec l’URSS. En Amérique latine, la gauche progresse (Grenade,
Nicaragua en 1979).En Europe, la
même année, les soviétiques commencent
l’installation des SS20. En
Afghanistan, l’URSS intervient en 1979 pour soutenir un gouvernement
prosoviétique menacé par une insurrection islamiste. Pendant la même période,
les Etats-Unis connaissent des doutes et des difficultés. Ils perdent un allié
pro-occidental précieux, à l’occasion de
la révolution islamiste iranienne en 79.
En 1980, débute la guerre Iran-Irak. Finalement à la fin des années 70, c'est
le Moyen-Orient qui semble déstabilisé.
III A l’issue de la
guerre froide un monde incertain.
a)
1985-1991 : la
fin de la guerre froide.
La
chute du bloc soviétique s’explique par la combinaison
de plusieurs facteurs. On peut distinguer des facteurs internes au bloc : le développement de l’opposition dans les sociétés civiles des démocraties populaires, l’arrivée
au pouvoir en mars 85, de Mikhaïl
Gorbatchev, les réformes qu’il engage (Perestroïka
et Glasnost) et le refus
d’intervention dans les démocraties populaires. Mais il y a également des facteurs externes qui contribuent à la
chute du bloc soviétique : la volonté américaine d’affaiblissement de
l’URSS par une politique de coût des hydrocarbures faible et par une relance de
la course à l’armement (guerre des étoiles- crise des euromissiles). Certains
considèrent également que l’élection d’un pape
Polonais, jean Paul II et son
soutien à des mouvements comme Solidarnosc, a pesé dans la fin du conflit mais
il ne faut peut-être pas exagérer ce rôle.
Face
à la résistance, des moudjahiddins afghans, il retire les troupes soviétiques d'Afghanistan
en 1989. Or, en 89, se succèdent des événements qui aboutissent à la chute du
mur de Berlin. Ainsi en Hongrie, en mai
89 sont annoncées des élections
libres, l’abandon du marxisme léninisme et l’ouverture de la frontière avec l’Autriche. Le 4 juin, des élections législatives libres ont lieu en Pologne. En octobre-novembre
se déroule en Tchécoslovaquie la «Révolution
de velours». Des Allemands de l’Est, profitent de cette situation dans les
pays voisins pour passer à l’Ouest. Les
manifestations se multiplient en RDA. Le 9 novembre, les dirigeants allemands ne pouvant compter sur un
soutien de l’URSS, décident d’ouvrir le
mur de Berlin. C’est donc la mobilisation
civique d’une ampleur variable selon les démocraties populaires qui oblige les dirigeants communistes à
accepter des transitions démocratiques.
En décembre 1991, après la démission
de Gorbatchev, on assiste à l’éclatement
de l’URSS.
Perestroïka : Restructuration,
reforme des institutions pour rendre leur fonctionnement plus démocratique et
tentative d’améliorer les résultats économiques
Glasnost : Politique de plus
grande transparence dans les médias.
b)
La fin d'un
affrontement Etats-Unis /Russie ?
A
l’issue de la guerre froide, on a assisté à un net rapprochement entre les E-U
et la Russie. A la suite du 11 septembre, Vladimir Poutine s'est même présenté
comme un allié des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme international
qu'il assimile à la question Tchétchène. Mais dans le même temps, la Russie
n’apprécie pas de perdre le contrôle de son proche étranger avec l’adhésion à l'OTAN de pays comme la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque,
les pays Baltes, la Roumanie ou la Bulgarie. Il est à noter qu'en 2003, la
Russie a, comme la France, rejeté le principe d'une intervention en Irak. le
rapprochement n’est donc pas total.
c)
La fin d'un péril
nucléaire ?
Depuis
la fin de la guerre froide, les deux grands cherchent à réduire leur arsenal
nucléaire. Par exemple, en avril 2010,
B. OBAMA et V. POUTINE ont signé
un accord START (Strategic Arms Reduction Talks) destiné à réduire leur armement de 1550
ogives. De ce point de vue, on observe donc un processus de déprolifération verticale. C'est à dire
qu'il y a une réduction du nombre des armes nucléaires. Seulement, le risque de
prolifération horizontale demeure.
Le nombre d'États soupçonnés de posséder l'arme nucléaire ou des programmes
avancés augmente. Aux 5 États qui possèdent officiellement l'arme nucléaire (
E-U, Russie, France, R-U, Chine), s'ajoutent désormais des États qui possèdent
l'arme nucléaire sans le déclarer ( Inde , Pakistan, Israël), des États sur
lesquelles prétendent la maîtriser (Corée du Nord) et des Etats qui cherchent activement
à l’obtenir ( Iran).
d)
La fin des conflits ?
Il
est évident que la fin de la guerre froide ne correspond pas à une fin des guerres. On distingue, en général, deux
grands types de conflits :
Les
conflits internationaux ou conflits inter-étatiques, dont les
motifs sont variés [conflits
territoriaux (Inde -Pakistan ; Syrie -Liban ; Guerre Iran -Irak), rivalités ancestrales à dimension
politique et religieuse (conflits israélo-arabes), convoitises économiques (guerre Irak - koweit)].
Les
conflits internes aux causes
diverses également. [conflits de
minorités (ex- Yougoslavie, Rwanda, Nigeria, Sri Lanka, Indonésie,
Philippines), conflits à dimension
révolutionnaire (Chiapas au Mexique- FARC en Colombie) ]
On distingue
aussi les conflits dissymétriques qui
opposent des armées comparables dans leur organisation mais pas dans leur
puissance (le début de l'intervention en Irak en 2003) des conflits
asymétriques qui opposent des forces très différentes dans leurs natures
(l'enlisement américain face au harcèlement de rebelles irakiens).
Il convient enfin de noter la menace que fait
planer le terrorisme. Ainsi en
perpétrant les attentats du 11 septembre
2001, Al Qaida : (la base en
arabe) donne naissance à un hyper
terrorisme de dimension globale. En 2015, la présence à Paris de près de 50
chef d'Etats après les attentats de Charlie Hebdo illustre la dimension prise
par cette menace.
Face à ce terrorisme, les États sont
fragilisés mais pas démunis. La question est de savoir si les réponses
conventionnelles sont adaptées à ce type d'affrontement qui n'est pas nouveau
mais dont les dimensions ont changé. Les Etats se son enlisés dans le "guerre globale contre le
terrorisme" menée en Afghanistan et
en Irak.
Al
Qaida :
structure informelle créée en 1988, qui regroupe 24 organisations réparties
dans 40 pays au moment des attentats du
11 septembre 2001.
Guerre
:
lutte entre deux ou plusieurs peuples ou pays en armes ( on admet que la guerre
oppose deux partis de forces relativement égales).
Conclusion :
finalement entre 1945 et aujourd’hui, on assiste à une complexification du monde.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, le monde est largement dominé par les
vainqueurs de la guerre. Dès 1947, l’influence exercée par les Etats-Unis et
l’URSS provoque une bipolarisation du monde.
Mais dans les années 60, les blocs sont moins monolithiques et le
tiers-monde émerge. A la fin des années
70, les facteurs de déstabilisation sont nombreux notamment au Proche et au
Moyen-Orient. Pour finir, à la fin de la guerre froide, la disparition de l’un
des protagonistes ne signifie pas la fin des conflits. Le nouvel ordre mondial
reste exposé à de nombreuses menaces.
Auteur
: Manuel Nérée
12/2017