L'Europe
de 1945 à nos jours : des enjeux en évolution ?
Au sortir de la
seconde guerre mondiale l’Europe est détruite et affaiblie. Les puissances coloniales européennes sont
remises en cause alors que l’URSS et les
Etats-Unis, les deux grands vainqueurs de la seconde guerre mondiale
s’affirment sur la scène internationale.
L’Europe doit être
reconstruite de préférence dans la paix alors que se manifeste de façon de plus
en plus évidente un nouveau conflit dont le vieux continent devient l’un des
théâtres. Les enjeux européens sont donc
multiples : comment préserver la paix ? Quelle attitude adopter face à l’influence des
deux grands ? La chance de l’Europe réside-t-elle dans un
transfert de souveraineté à une instance fédérale ? L’Europe en construction
incarne-t-elle un modèle alternatif ? Comment maintenir ou
créer une puissance
européenne ? Où s’arrête l’Europe ? Ces questions se posent
alors que le contexte change entre 1945 et 2010. En 1947, la guerre froide est
clairement enclenchée. En 1951 débute la construction de ce qui deviendra
l’Union européenne. En 1989, les démocraties populaires se libèrent les unes
après les autres du joug soviétique. En 1991, on assiste finalement à la
dislocation de l’URSS.
Pb : Entre
1945 et 2010, se pose-t-on toujours les mêmes questions au sujet de
l’Europe ? Les réponses sont-elles toujours les mêmes compte tenu de
l’évolution du contexte ?
a)
Face
à l’influence des deux grands
En Europe de l’est, la mise en place d’un
régime communiste se fait selon trois processus
différents :
-Dans certains cas,
les partisans communistes qui ont résisté à la domination nazie prennent le
pouvoir dès la libération : Yougoslavie, Albanie.
-Dans d’autres cas
plus nombreux la prise de pouvoir est plus progressive et suit un mode
opératoire assez semblable :
1 Libération par
l’armée soviétique.
2 Participation des
communistes à des gouvernements de « front national ». Ils sont
minoritaires.
Front national :
gouvernement d’union nationale issu de la résistance, regroupant des
communistes, des socialistes, des partis paysans, des libéraux et des
nationalistes.
3 Noyautage de
l’administration et conquête des ministères clefs (Défense, intérieur,
justice)
4 Organisation
d’élections truquées : Pologne (janvier 47), Roumanie (novembre 46),
Bulgarie (novembre 45).
5 Elimination des
adversaires et des autres structures.
Calomnies, accusation d’espionnage.
On a donc la mise
en application de la tactique du salami (expression inventée par le communiste hongrois Rakosi)
Tactique du
salami : expression décrivant l’élimination
progressive des pouvoirs extérieurs aux communistes (Eglise et autres partis)
« tranche après tranche , jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien »
A ce moment là, les
sociétés civiles sont réduites au silence dans les démocraties
populaires.
Société
civile : toutes les structures non-étatiques qui de
la famille jusqu’aux associations et aux églises rassemblent les individus
autour d’opinions et d’activités communes. C’est l’ensemble des structures
sociales indépendantes de l’Etat.
-Dans le cas de la Tchécoslovaquie,
il y a résistance des autres forces politiques. Les communistes réalisent donc
le coup de Prague en février 48
pour s’emparer du pouvoir et obliger le président Benès
à la démission.
Coup de Prague :
Les communistes utilisent la pression de la rue pour pousser à la démission les
ministres modérés. (Manifestation à l’appel du PC et du Conseil central du
Parti communiste).
Dans les démocraties populaires de l’Europe de
l’est on peut parler de soviétisation car s’impose le modèle soviétique
caractérisé par
une dictature
politique, un dirigisme économique avec des nationalisations
dans les secteurs de l’industrie, des banques et du commerce, une planification de l’activité.
L’Europe de l’est
est nettement sous
l’influence de l’URSS. On peut parler de satellisation. Le Kominform
(1947- 1956) est l’organe de liaison, sous le contrôle de Moscou, des partis et
des pays communistes. Le COMECON (CAEM-conseil d’assistance économique
mutuelle) (1949) assure la coopération
économique au sein du bloc de l’est. En réalité, se met en place une division socialiste du travail au profit
des intérêts de l’URSS. Le pacte de Varsovie (1955) est un
système d’alliance militaire réunissant les démocraties populaires d’Europe
centrale et orientale autour de l’URSS.
L’Europe de l’ouest s’inscrit dans la sphère
d’influence américaine. Dans le cadre de
leur politique d’endiguement (containment)
de l’influence soviétique, les
Etats-Unis mettent en place le plan Marshall. Il s’agit d’aider
financièrement la reconstruction des pays d’Europe afin qu’ils ne tombent pas
dans la sphère d’influence soviétique. Annoncé en 1947 et appliqué en 1948, le
plan Marshall prévoit une aide de 13 milliards de dollars sous forme de dons (
85 % ) et de prêts (15%) destinée à 16 pays, dont la Turquie perçue comme européenne dans
le cadre de l’European Recovery
Program. Pour appliquer ce plan est créée l'OECE. Inquiétés
par le « coup de Prague », les États-Unis, le Canada et dix pays
d'Europe de l'Ouest signent en avril 49, le traité de Washington et créent ainsi l'Organisation du
traité de l'Atlantique Nord (OTAN, en anglais NATO) pour contrer
une éventuelle agression soviétique.
OECE :
Organisation européenne de coopération économique, devenue en 1960,
organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
Conclusion :
l’Europe est donc à nouveau divisée mais par un conflit d’un genre nouveau.
Elle est désormais soumise à deux influences majeures.
b) Le rejet des
guerres
Au début des années
50, les fondateurs de l’Europe, des hommes comme le belge Paul
Henri Spaak, les français Robert Schuman et Jean
Monnet souhaitent préserver la paix. Ils
proposent pour cela de mettre en commun les productions de charbon et
d’acier de l’Allemagne de la France et éventuellement d’autres pays. La CECA
( Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) est créée en 1951.
Ils envisagent également
de créer une fédération. Ce mot recouvre au moins deux conceptions :
Un système
fédéral : c’est sur un territoire défini, la
superposition de deux niveaux de pouvoir .
Les Etats réunis
possèdent une assez grande autonomie ( justice, éducation). L’Etat fédéral
détient lui des pouvoirs importants délégués par les Etats fédérés (défense,
diplomatie, monnaie).
Une
confédération : ensemble permanent d’Etats ayant des
objectifs communs mais dont les états membres restent souverains et autonomes.
Souveraineté : Caractère d’un Etat qui n’est soumis à aucun autre
Etat.
Conclusion :
pour garantir la paix les fondateurs de l’Europe proposent dans un premier
temps une coopération économique et à plus long terme un projet politique.
c) Une différenciation
marquée des pays du bloc de l’Est.
Par exemple, en
Yougoslavie Tito met en place un autre modèle dès 1948. On parle de titisme.
Le titisme désigne en Yougoslavie l’attitude du gouvernement de
Tito qui se caractérise à l’extérieur par une certaine indépendance vis à
vis de l’URSS, une promotion du non-alignement et à l’intérieur par
une voie originale du socialisme qui privilégie l’autogestion des usines
par les ouvriers.
Après la mort de
Staline en 1953 , Tito rencontre son successeur Khrouchtchev qui déclare alors
que « plusieurs voies sont possibles vers le socialisme ».
Dans les années 50
et 60 apparaît une contestation de la tutelle soviétique menée
par des dirigeants réformateurs des démocraties populaires appuyés par une société
civile en développement .
RDA : en 1953,
des émeutes éclatent en Allemagne à l’annonce d’un relèvement des normes de
production. Il s’agit d’un mouvement ouvrier et étudiant.
Pologne : En
56, Gomulka un ancien dirigeant écarté du pouvoir durant la
période stalinienne est rappelé au pouvoir sous la pression de la rue. Il
commence la décollectivisation des terres et renoue
des relations avec les soviétiques.
Hongrie : En
56, en Hongrie, c’est dans les mêmes conditions qu’Imre
Nagy arrive au pouvoir en 56 dans une contexte d’insurrection généralisée. Il
proclame le retour au pluripartisme et dénonce le pacte de Varsovie.
Tchécoslovaquie. En
janvier 68, Alexandre Dubcek qui semble incarner un « socialisme
à visage humain » devient secrétaire général du PC tchécoslovaque. Il
est soutenu par un mouvement populaire. Il mène une politique de réforme tout
en affirmant sa loyauté à l’égard des soviétiques. Le retour au pluralisme, aux
libertés de la presse, et de réunion sont envisagés. C’est le « Printemps
de Prague ».
Mais dans tous les
cas on assiste bien vite à une normalisation.
Les autorités
soviétiques (Khrouchtchev puis Brejnev) font très vite comprendre que
l’émancipation des démocraties populaires a des limites.
En 1953 en RDA, Ulbricht
appelle les soviétiques pour réprimer le mouvement et se maintenir au pouvoir.
L a répression fait des centaines de morts.
En 1956, Les
chars russes écrasent l’insurrection de Budapest le 4 novembre 1956. Des
milliers de morts et de blessés, 15000 déportés, 100000 à 200000 exilés.
En 1968, le 20
août, les troupes du pacte de Varsovie occupent la Tchécoslovaquie.
Dubcek est arrêté. Le parti est épuré.
La situation est
donc normalisée dans les démocraties populaires.
Normalisation :
expression utilisée pour désigner le retour « aux formes normales de la
démocratie socialiste », c’est à dire la mise au pas du pays.
Dans les années 60,
Brejnev développe également la notion de souveraineté limitée.
Souveraineté
limitée : principe Brejnévien selon lequel la
souveraineté de chaque Etat passe après les intérêt de la communauté socialiste
( bloc de l’Est).
d)Les limites
du processus d’intégration en Europe de l’ouest.
L’intégration
économique se poursuit à l’ouest. Le traité
d’Union lancé à Messine en 1955 se concrétise en 1957 par la mise en place du Marché commun. ( Communauté Economique Européenne) à
l’occasion du traité de Rome. La CEE ne rassemble alors que six
pays. Dans ce contexte, la PAC (
Politique Agricole Commune) est mise en place en 1961 .
Si la CEE compte
une assemblée parlementaire constituée de députés parlements nationaux. L’intégration
politique n’en resta pas moins limitée. Par exemple, le projet de
CED ( Communauté Européenne de défense) échoue en 1954 face à l’opposition en
France de Communistes et de Gaullistes.
Les craintes
sont les suivantes :
La peur d’un
réarmement de l’Allemagne.
La perte d’une
souveraineté française.
La mise en place
d’une défense Atlantiste dominée dans le cadre de l’OTAN par les
Etats-Unis.
En retirant la
France du commandement intégré de l’OTAN , De Gaulle a aussi manifeste la
souveraineté de la France.
En outre, il qui
voit dans le Royaume-Uni un allié systématique des Etats-Unis oppose son veto
à l’admission du ce pays dans la CEE. Les britanniques fondent donc une
zone de libre échange : l’AELE en 1959. A l’ouest aussi, il existe
donc des Europes.
Conclusion :
De 1945 à 1969, l’Europe est divisée. L’Europe de l’est est satellisée
par l’URSS qui impose non sans difficultés son modèle. L’Europe de l’ouest s’inscrit
dans la sphère d’influence américaine. A l’ouest, justement une intégration
économique sert le projet politique de maintenir la paix. La construction
politique reste alors limitée. L’attachement aux souverainetés
nationales reste grand.
II Le rapprochement
des europes ( 1969-1989)
a) Le rapprochement
entre les deux allemagnes, un aspect de la détente
Jusqu’en 67,les
relations entre la RFA et la RDA sont très mauvaises. Les deux Etats ne se
reconnaissent pas mutuellement. Mais à partir de 1969, Willy Brandt chancelier
de RFA de 1969 à 1973 prône
l’Ostpolitik qui
aboutit à la reconnaissance mutuelle des deux Allemagnes en 1970.
En 1972, les deux
Allemagnes signent un traité par lequel ellse
reconnaissent leurs frontières respectives. Elles se garantissent également une
non ingérence dans leurs affaires intérieures.
Les deux Allemagne
sont admises à l’ONU en 1973.
b) En Europe de
l’Ouest la construction d’un autre modèle.
Dans ce contexte
l’Europe, s’affirme comme un nouveau modèle entre les deux autres. Le modèle
Européen est un modèle libéral mais où l’Etat à un rôle redistributif
important dans le cadre de l’Etat providence.
On observe
cependant des variantes : le modèle est plus libéral au Royaume Uni
en particulier sous Margaret Thatcher. Le modèle allemand est fédéral et
fonctionne sur le principe d’une économie sociale de marché ( économie
libérale- protection sociale garantie- dialogue social ouvert avec de puissants
syndicats) , le modèle français est plus centralisé. L’Etat intervient
alors beaucoup dans le domaine économique.
Durant cette
période de 1972 à 1986, l’Europe connaît une nouvelle impulsion et poursuit son
élargissement. En 1972,l’ élargissement est ratifié. Le Royaume Uni, le
Danemark et l’Irlande entre dans la CEE. En 1981, ils seront rejoints par la
Grèce puis par l’Espagne et le Portugal en 1986. Dans le domaine économique, en
1978 est crée le système Monétaire Européen (SME) avec une unité de
compte commune qui préfigure l’euro : l’écu. Politiquement également, l’intégration se
poursuit puisqu’en 1979, le Parlement européen est élu au suffrage universel.
L’acte unique
ratifié en 1986 crée le conseil Européen. Un vrai pouvoir
politique est installé au sein de l’Europe. Cet approfondissement renforce le caractère original de cette organisation
qui n’est plus seulement une zone de libre échange et un marché unique. Elle
devient également une organisation politique.
c) Un bloc de l’est
de plus en plus poreux mais toujours menaçant.
Le rideau de fer semble
en effet de plus en plus perméable et fragilisé :
Le contexte a en effet changé :
En 1972 s’ouvre en
effet, à Helsinki, la conférence sur la sécurité et la coopération en
Europe à laquelle participe l’URSS.
Dans l’acte
final de la conférence signé en Août 1975, 32 pays européens, les E-U,
le Canada et l’URSS s’engagent à respecter les principes comme la souveraineté
des Etats et les droits de l’Homme.
De plus, le système
économique des pays d’Europe de l’est montre ses limites. Il y a
pénurie, inflation ( 60% /an en Yougoslavie) et dans certains cas apparition du
chômage.
Enfin, au sujet de
la Pologne, en 1978 , le polonais Karol Wojtyla
devient pape (Jean-Paul II). Il soutient l’opposition au régime
communiste. Il fait un voyage en Pologne en 79.
Dans ce contexte,
la contestation se développe dans la société civile. En 1977, 257
citoyens tchécoslovaques signent une Charte qui, sur les bases de l’acte final
de la conférence d’Helsinki, réclame le respect des libertés fondamentales.
C’est la Charte 77. Le leader de ce mouvement est l’auteur dramatique Vaclav
Havel.
En Pologne, en
1980, les ouvriers de Gdansk se mettent en grève et créent le premier syndicat
indépendant Solidarnosc (leader Lech Walesa). Le mouvement
est brisé en 1981 par le général Jaruzelski qui décrète « l’état de
guerre ». 10000 personnes sont arrêtées.
Cependant, l’URSS
reste menaçante et l’Europe est toujours un enjeu de la guerre froide. En
particulier lorsqu’on assiste à un refroidissement. La crise des
Euromissiles en témoigne. L’URSS déploie des SS20 en Europe de l’est.
L’OTAN réplique en installant des fusées Pershing. En dépit des manifestations
pacifistes, la course à l’armement est relancée.
Elle finit par
épuiser l’URSS. A son arrivée au pouvoir Michael Gorbatchev considère qu’il est
nécessaire de signer un traité de non prolifération Washington 1987. Il engage
des réformes ( Perestroïka-Glasnost ) et annonce aux dirigeants des
démocraties populaires qu’ils ne pourront plus compter sur l‘intervention de
l’Armée rouge en cas de crise grave. Il déclare également aux dirigeants
hongrois qu’une sortie du pacte de Varsovie est envisageable.
Conclusion :
Même si cette partie du monde reste
pendant cette période un enjeu de la guerre froide, un rapprochement est
perceptible entre les différentes europes. A l’ouest,
le processus d’intégration se poursuit par des élargissements et un début
d’approfondissement. Emerge alors un autre modèle. Les occidentaux peuvent le
présenter aux sociétés civiles du bloc de l’est qui semble de moins en moins
monolithique.
III Les enjeux de
la construction européenne depuis 89. Vers une intégration complète.
a)1989-1991 :
l’implosion de la zone d’influence socialiste, la fin d’une division
européenne.
En 1989, suite à de
nouvelles grèves le gouvernement polonais, reconnaît le syndicat Solidarnosc et
permet des élections pluralistes. La victoire de Solidarnosc entraîne la
nomination d’un premier ministre non communiste, Mazowiecki.
En Hongrie, le
Parti Communiste abandonne son rôle dirigeant. L’opposition gagne les premières
élections pluralistes en juillet. Le 2 mai 1989 le e « rideau de
fer » est ouvert.
En RDA, de nombreux
allemands de l’est profitent de l’ouverture du rideau de fer en Hongrie pour
émigrer en RFA. D’importantes manifestations ont lieu à Dresde et à Leipzig.
Finalement, Honecker accepte l’ouverture des frontières en novembre 89,
c’est la chute du mur de Berlin. ( 9 novembre 1989).
En Tchécoslovaquie,
la « Révolution de velours » entraîne la démission des
dirigeants communistes et l’élection à la présidence de la République de Vaclav
Havel, le 29 décembre 1989.
En Roumanie,
Ceausescu, refuse de céder le pouvoir. Il est lâché par l’armée et Moscou. Son
départ se fait sous la pression populaire. Il est fusillé le 25 décembre après
un jugement sommaire.
Cl :
L'implosion de la zone d'influence soviétique ouvre la voie à l'élargissement
de l'Union européenne à l'est.
b) 1989-2003 :
la poursuite de la construction européenne.
En Europe de
l’ouest, la construction économique se poursuit.
En 1992 est
adopté le traité de Maastricht. Dans le domaine économique, les
conséquences sont les suivantes :
En 1993, le marché
commun issu du traité de Rome devient un
marché unique sans frontières intérieures avant 1993.
Marché commun :
non donné à l’Union douanière de la CEE.
Union douanière :
zone de libre échange tarif extérieur commun
Marché
unique : Union douanière avec libre circulation des
hommes et des capitaux
En 1999 est créée
une monnaie unique, l’Euro. La
Banque centrale européenne (BCE) est établie. Elle est
indépendante des gouvernements, elle
définit la politique monétaire et veille à la stabilité des prix. En 2002,
les euros entrent en circulation dans 12 pays ( 15 depuis janvier 2008).
La libre circulation
des personnes se met progressivement en place.
Les accords de
Schengen signés en 1985, rentrent en vigueur en 1995. Ils permettent une
libre circulation entre 8 puis 13 des 15 pays membres à l’époque et un
renforcement des contrôles aux frontières extérieures. (Depuis décembre 2007,
l'espace Schengen concerne 24 Etats membres
La politique
agricole commune est réorientée pour devenir moins productiviste et plus
conforme au principe de développement durable.
Conclusion : La
construction d’une Europe économique garde donc une certaine avance sur la
construction politique.
Poursuite de
l’intégration politique.
Le traité
de Maastricht renforce l’intégration
politique. L’Union européenne est créée et ses compétences sont
élargies, mais le traité de Maastricht n’a pas abouti pour autant à la
formation d’une fédération.
Certes les Etats se
soumettent aux décisions communautaires dans certains domaines ( commerce,
monnaie, agriculture, la pêche, le transport). Dans d’autres s’applique
également le principes de subsidiarité. Mais des domaines importants
échappent encore à la supranationalité. C’est le cas, par exemple, de la
politique étrangère même si il est depuis longtemps prévu de mettre en place
une PESC ( politique étrangère et de sécurité commune), et de la défense
même si des embryons de corps d’armée européens existent. Ainsi, en 1999, l’UE
se révèle dans l’incapacité d’intervenir militairement au Kosovo. L’OTAN
intervient.
Principe de
subsidiarité : l’Union européenne n’intervient que
si l’action isolée d’un état membre se révèle insuffisante pour atteindre les
objectifs.
L’intégration
politique connaît donc encore des limites.
La répartition des pouvoirs dans les institutions européennes donne le
sentiment qu’elles souffrent encore d’un déficit démocratique même si les traités
d’Amsterdam (1997) et de Nice (2000) renforcent le rôle du parlement.
c) 1990-2017 :
enjeux de l’élargissement européen et débats
L'implosion
de la zone d'influence soviétique ouvre la voie à l'élargissement de l'Union européenne à l'est. Dès 1990, en réalisant son unification,
l’Allemagne rattache des länder qui
constituaient la RDA à l’Ue. En 1993, à Copenhague
sont définis les critères d’adhésion à l’Ue :
appartenance géographique, respect et garantie des libertés fondamentales et du
droit des peuples, acceptation de tous les textes communautaires. En 1995, trois
pays « neutres » dans le contexte de la guerre froide intègrent l’Union européenne (Finlande,
Autriche, Suède). En 2004, 10 pays la rejoignent: Estonie, Lituanie, Lettonie,
Pologne, République Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Slovénie, Chypre, Malte. La
plupart d’entre eux appartenaient au bloc
de l’est. En 2007, c’est au tour de la
Roumanie et de la Bulgarie. Le dernier Etat à intégrer l'Union européenne
est la Croatie en 2013.
Les
avantages espérés de ce processus sont alors nombreux. On attend une extension en
Europe de l'aire de prospérité et de paix créée par l'Union Européenne,
un développement du marché européen qui passe ainsi de 375 millions de
consommateurs à plus 500 millions. On
espère également une augmentation du poids de l’UE sur la scène
internationale.
Mais
l’élargissement de l’UE suscite également quelques craintes liées au coût
exagéré de l' aide au développement de pays dont le niveau de vie en
moyenne est de 23 % inférieur à la moyenne communautaire à l’époque, à la nouvelle
répartition des aides de l’Union européenne au bénéfice des nouveaux états
membres, à la délocalisation des activités industrielles à valeur
ajoutée faible ou moyenne vers ces pays, au développement de phénomènes
migratoires internes (question des Roms). Désormais, la question se pose d’une éventuelle
déstabilisation de l’Europe. La Croatie dernière venue sort d’un conflit
avec la Serbie. La Macédoine est
candidate. Or ses relations avec la Grèce ne sont pas apaisées. La Turquie
adversaire géopolitique de longue date de la Grèce, souhaiterait intégrer
l’Union européenne. Elle a cependant une frontière commune avec l’Irak et la
Syrie. Elle est actuellement déstabilisée par une grave crise politique
interne. Plus récemment la question d’un élargissement intégrant l’Ukraine a
été posée. Or une telle situation pourrait créer des tensions avec la Russie de
Poutine jalouse de son « Proche étranger ».
L’implosion
de la zone d’influence soviétique, fait apparaître un autre enjeu géopolitique
majeur. En effet, certains anciens pays du Pacte de Varsovie adhèrent à
l’OTAN, complétant ainsi la
liste des pays de l’Union européenne
également membres de l’OTAN [22 sur 28(UE)- 28 (OTAN)]. L’influence des Etats-Unis en Europe est donc
croissante et la Russie s’estime menacée dans son proche étranger. Par
ailleurs, la question de l’intervention en Irak en 2003 a montré que les pays
de l’Union européenne ne parlaient pas tous forcément d’une seule et même voix
dans le sillage des EU.
Aujourd'hui, l'Union européenne doit gérer trois
enjeux majeurs : la sécurité
dans le contexte des attentats, l'accueil des réfugiés dans le contexte
des conflits du Moyen-Orient et enfin le risque de dislocation à la suite du
Brexit. On assiste, en effet, au développement de
l'euroscepticisme dans plusieurs pays membres de l'Ue.
Conclusion :
Finalement en 2017, même si les processus d’intégration, d’approfondissement et d’élargissement sont très avancés, se posent encore un certain nombre de questions présentes dès le début de la période étudiée. Par exemple, Robert Schuman et Jean Monnet parlaient souvent d’Etats-Unis d’Europe. On constate aujourd’hui que le sujet divise encore les tenants d’une Europe fédérale et les partisans du maintien des souverainetés nationales. La guerre froide est terminée pourtant l’extension d’une Europe atlantiste vers l’est suscite quelques interrogations en particulier lorsque l’Europe est divisée face à la politique étrangère américaine. Dans le contexte de la guerre froide, le modèle Européen pouvait sembler alternatif en conciliant économie de marché et politique sociale. Ce modèle doit-il s’effacer maintenant que le bloc soviétique s’est effondré ? Un certain nombre d’enjeux traversent donc l’histoire de l’Europe de 1945 à nos jours. Si certaines questions restent en suspens, un acquis demeure : la paix.
Dernière mise à jour 12/17