Les
totalitarismes face aux démocraties dans les années 30.
En 1929 a lieu le krach de Wall
Street qui marque le début de la dépression des années 30. En 1929, Mussolini
et Staline sont déjà au pouvoir. Par contre, c’est dans ce contexte de crise
qu’Hitler s’empare du pouvoir en 1933 avec la complaisance de certains milieux
politiques et économiques. Dans ce contexte, les démocraties sont fragilisées.
Les totalitarismes eux sont tentés d’imposer si ce n’est leurs modèles du moins
leur domination dans le reste de l’Europe et du monde.
Problématique : Quelles relations entretiennent donc
les totalitarismes avec les démocraties dans les années 30 ?
I Les totalitarismes inspirent …
a) …en France
Dans les années 30, la France
connait une crise économique (à partir de 1931), sociale (340 000
chômeurs en 1934) et politique. Dans ce contexte, certains
croient que la solution passe par l’établissement de régimes forts. L’extrême
droite profite en effet du marasme lié à la crise et des scandales
politico-financiers (affaires Stavisky révélée en 1933) pour remettre
en cause la Troisième république. Le 6 février 34, des
ligues d’extrême-droite organisent une manifestation de 100 000 personnes
qui tourne mal. Le bilan est de 15 morts et de 2000 blessés. La Troisième
république ne chute pas mais le Président du Conseil, Edouard Daladier
est obligé de démissionner le jour même de son investiture
sous la pression de ce mouvement. Certaines des ligues impliquées comme le francisme de Buccard ou les
faisceaux de Georges Valois sont largement inspirées par le fascisme
italien. Le Parti Communiste français comme les radicaux et la SFIO,
interprète ce jour comme un coup d’Etat fasciste. Il rallie donc la
coalition à l’origine en 1936 du Front Populaire sans pour
autant participer au gouvernement.
b) ,… et
ailleurs.
Au Royaume-Uni, le British Union
of Fascists (BUF), mouvement nationaliste et raciste
de Mosley, connait un relatif succès. Certains
responsables britanniques ne cachent d’ailleurs pas leur sympathie pour Hitler.
Aux Etats-Unis des gens comme l’industriel Henri Ford ou l’aviateur Lindbergh
se montrent tout à fait bienveillants vis-à-vis du régime nazi.
c) Ils
contribuent à la chute de la République espagnole
En 1931, est établie
démocratiquement une république Espagnole. C’est gouvernement
de Front Populaire réunissant des républicains, des socialistes et des
communistes qui la dirige en 1936, lorsqu’éclate en juillet 1936 un soulèvement
nationaliste dirigé, entre autres, par le général Franco. Ce dernier
obtient le soutien de Mussolini qui envoie 700 000
« volontaires » et par Hitler qui fournit des armes et notamment la
légion Condor. Celle-ci s’illustre tristement en 1937 en bombardant Guernica.
Le Royaume-Uni et surtout la France refusent d’intervenir officiellement.
Des Brigades internationales réunissant des effectifs en
provenance de 50 pays sont constituées pour soutenir la jeune République. Mais
cela ne suffit pas. En 1939, profitant des divisions des forces
républicaines soutenues de façon ambigüe par Staline, les
nationalistes l’emportent. Franco établit un régime
dictatorial et conservateur mais son emprise sur la société
n’est pas totale. On ne peut donc pas qualifier ce régime de tout
à fait totalitaire.
II ….avant de précipiter l’Europe dans la guerre…
a) …en
multipliant les provocations
De 1933 à 1938, Hitler n’a de cesse de remettre en cause
les principes du traité de Versailles. En 1933, il met fin au
paiement des réparations. A partir de 1934-35, il lance
des programmes de réarmement et le service militaire
obligatoire est rétabli. En 1936, la Rhénanie est remilitarisée.
Réparations : Sommes que l’Allemagne doit verser
aux Alliés pour compenser leurs destructions. Elles sont d’abord
fixées à 132 milliards de marks/or. (Conférence de Londres 1921).
b) … en
menant une politique d’extension
En octobre 1935, l'Italie fasciste envahit l’Ethiopie. En mars
1938, Hitler rattache l’Autriche à l’Allemagne. C’est l’Anschluss. En
octobre 1938, il annexe le territoire des sudètes. En mars 39,
Hitler annexe aussi la Bohème-Moravie (ouest de la Tchécoslovaquie). Enfin, en
septembre 1939, il envahit la Pologne.
Anschluss :(rattachement) Rattachement de l'Autriche à
l'Allemagne.
Sudètes : Région tchécoslovaque à forte population
allemande.
c) et en
créant les conditions favorables à une entrée en guerre.
D’abord en octobre 1936 est
signé par Hitler et Mussolini, l’Axe Rome-Berlin. C’est
le début d’une alliance confirmée en 1939 par le pacte d’Acier. Plus surprenant
par contre est le rapprochement qui intervient entre Hitler et Staline dont les
idéologies sont en principe opposées. Le 23 août 39 Molotov et Ribbentrop signent donc le Pacte
germano-soviétique. C'est un pacte de non agression qui prévoit le partage de
la Pologne en zones d'influences et qui concède les Etats baltes à l’Union
soviétique. Hitler a donc le champ libre à l’est. L’attitude de
Staline s’explique en partie par la politique étrangère menée par la France et
le Royaume-Uni….
III Non sans bénéficier de certaines défaillances des démocraties
libérales.
a) Celles-ci
se montrent en effet peu réactives….
La remilitarisation de la
Rhénanie et l'Anschluss ne provoquent que de faibles
réactions de la part de la Grande-Bretagne et de la France. En 1938,
le premier ministre Chamberlain déclare : " Si nous devons nous battre, il
faut que ce soit pour des causes plus vastes ". Les 29 et 30
septembre 1938 sont signés les accords de Munich. Chamberlain pour les
britanniques et Daladier pour les français reconnaissent ainsi l'annexion du
territoire sudète par l’Allemagne. Il faut dire qu’en 1938 seul un tiers des
français se dit hostile aux accords de Munich (sondage IFOP). Le pacifisme de
l'après première guerre mondiale reste dominant dans l’opinion publique. Dans
ces conditions, Hitler a le sentiment qu’il peut poursuivre sans réactions ses
agressions.
b) ….avant
d’adopter tardivement une attitude intransigeante.
Ce n'est qu'au printemps 1939 que
la France et la Grande-Bretagne se rapprochent pour garantir aux autres pays
victimes d'une agression de l'Allemagne de leur soutien militaire. Ces
garanties sont notamment données à la Pologne. Mais cette dernière
est envahie en septembre 1939 par l’Allemagne puis
par l’URSS.
Conclusion :
Dans les années 30, les
démocraties parviennent difficilement à se maintenir. Elles chutent en
Allemagne et en Espagne. En France et ailleurs, les régimes totalitaires
deviennent la référence pour certains. En matière de diplomatie, les
démocraties ne contestent que trop mollement les provocations et agressions des
régimes totalitaires. L’attitude de Staline explique aussi la mise en place de
conditions favorables au déclenchement d’un nouveau conflit mondial.